Un livre chargé d'émotions et d'une grande rigueur dans la documentation et le récit.
Le 6 juin 1944 est synonyme de libération, grâce au débarquement.
Et pourtant, ce jour fatidique a vu mourir environ soixante-dix prisonniers retenus à la prison de Caen.
Soixante-dix personnes fusillées. Les fusillés de la maison d'arrêt de Caen.
Le ton est celui du récit, mais un récit très riche de précision. Beaucoup de noms, de lieux cités, de dates… Ce récit n'est pas romancé. Il s'appuie sur les témoignages recueillis à l'époque, ou plus récemment.
Le livre est ponctué de photos, celles des résistants qui ont péris à Caen, celles d'autres résistants qui ont été en contact avec eux, celles des collaborateurs aussi. Elles donnent de la réalité au récit. Mettre un visage sur un nom, rien de mieux pour ressentir que ces faits sont réels.
Haine. Peur. Courage. Inconscience. Hasard. Dégoût. Exaltation. Colère. Déception. Incompréhension…
Il me faudrait raconter tout le livre pour vous expliquer.
La Normandie a abrité de nombreux collaborateurs. Ce sont d'abord eux que l'on nous présente. En particulier la « bande à Hervé », funeste bande.
Le jour du débarquement, des résistants qui sont retenus à la prison d'arrêt de Caen sont fusillés. En vertu du décret « nuit et brouillard ». Peut-être parce qu'ils ne peuvent pas être emmenés ailleurs, faute de camions. Tous n'y passeront pas. C'est sûrement le jour le plus long pour les rescapés, qui ont entendus leurs camarades se faire tuer toute la journée et une partie de la nuit, sans savoir le sort qui leur était réservé.
Pour découvrir qui étaient ces fusillés, nous plongeons dans l'histoire. La grande et la petite.
La Normandie, comme lieu probable du débarquement, a été une région très fortement investie par les allemands, qui ont cherché à établir des défenses solides. Il y a donc eu une très forte activité de résistance également. On découvre à travers les figures des fusillés de Caen, quelques-unes des organisations de la résistance de cette région : Montchamp, village patriote, le réseau Cohors-Asturies, le maquis FTP de la suisse normande, le groupe Arc-en-Ciel, les réfractaires du bois de Hamars, le groupe du Front national de la gare de Caen, le réseau Alliance, le groupe du docteur Derrien.
Pour chacune de ses organisations, le récit finit par l'arrestation, ou la mort de nombre des hommes ou femmes les constituant, à la suite de dénonciations ou d'enquêtes.
Plusieurs jours, ou plusieurs semaines après le 6 juin, les corps des fusillés ont été déterrés et emportés. Sûrement brûlés. Cependant, à ce jour, malgré les nombreuses investigations, on n'a jamais retrouvé la trace des corps des fusillés. Il reste un doute sur la présence de certaines personnes ce jour-là et l'endroit où les corps ont été emmenés n'a pas été identifié.
D'anecdotes en faits historiques, je connais un peu mieux cet aspect de la guerre et l'histoire de ma région.
La vie évoquée de certains, résistants ou collaborateurs, donne aussi à réfléchir sur les circonstances qui font d'une vie ce qu'elle est, prompte parfois à basculer du « bon » ou du « mauvais » côté…
Je garderai un souvenir ému de ces hommes et femmes !
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