Jules de Grandin, le Sherlock Holmes du surnaturel

Les noms de Robert Howard, Hoffmann Price, Fritz Leiber ou Lovecraft vous sont bien sur familiers. Mais qu'en est-il de Seabury Quinn ? Je suis quasi certaine que vous situez plus difficilement. Et pourtant, dans les classements des lecteurs de Weird Tales, il surclassait quasiment toujours ses illustres collègues. Il était même un des seuls auteurs à toucher des avances du magazine pour ses récits. S'il ne fait aucun doute que le temps a fait son oeuvre et n'a retenu pour la postérité que les meilleurs, Seabury Quinn et son héros fétiche méritaient-ils pour autant de tomber dans l'oubli ?

Ce recueil composé de deux nouvelles et d'un roman (à l'époque paru en feuilleton dans Weird Tales) m'a permis de découvrir cet auteur et de me faire une opinion qui ne sera guère positive.

Pourtant ces récits avaient de nombreux ingrédients pour me plaire. Imaginez des ersatz de Sherlock Holmes et du Dr Watson enquêtant sur des affaires surnaturelles. Alléchant, n'est-ce pas ?!
D'ailleurs, les deux nouvelles proposées dans ce recueil ne sont pas foncièrement antipathiques. Les intrigues sont plutôt plaisantes, comportant bien des ingrédients de séries B d'antan : héros omnipotent, intrigues peuplées de revenants et autres menaces diaboliques, jeunes femmes en détresse (la détresse étant souvent dénudée), dialogues amusants (les expressions de Grandin sont parois savoureuses : "Par la barbe du bouc vert", "Mort de ma vie !", " Par la barbe et la tête de St-Denis")...

Cependant ces récits n'emportent pas l'adhésion du lecteur. La faute en premier lieu à un personnage principal assez antipathique. En effet, Jules de Grandin, le héros imaginé par Quinn, est imbu de sa personne, pédant et se montre souvent odieux avec son acolyte, le Dr Trowbridge qui, lui, est complètement fadasse.
L'autre gros défaut des oeuvres de Quinn est le style en lui-même. L'écriture est plate, terne et le rythme pas particulièrement enlevé. Et ce qui est tout juste supportable sur une nouvelle devient assommant sur un roman. Que c'était long ! Que c'était ennuyeux ! Ajoutez à ces défauts de rythme et de style, un propos bien réactionnaire et caricatural (en résumé, les athées sont des gros gros vilains méchants).

Pour revenir à ma question de début de critique, Seabury Quinn et son héros méritaient-ils de tomber dans l'oubli, ma réponse est donc oui, même si je suis contente d'avoir lu ce que je considère comme une curiosité.