«
La femme Dieu » est l'un des rares romans de
Rachilde qu'il ne m'avait pas encore été donné de lire. On y retrouve son ton, sa patte, son humour décalé, bref, son univers si caractéristique avec ses héroïnes féminines déterminées, bien décidées à ne pas s'en laisser conter.
Ici, c'est Louise, 15 ans, un pied encore dans l'univers de l'enfance et l'autre dans celui des adultes qu'elle sait parfaitement manoeuvrer, quand il le faut et comme il le faut, pour parvenir à ses fins.
Autour d'elle gravitent Madame de Valrasse, sa mère, avare invétérée, dont le seul but dans la vie est de préserver ses possessions, Monsieur de Saint-Charles, le promis quinquagénaire de Louise, ravi de faire, en l'épousant, ce qu'il croit être, sur tous les plans, une excellente affaire, l'abbé Raoul qui est à la fois le confesseur et le précepteur de Louise et le docteur Servière son parrain, bien souvent dépassé par les événements.
De l'intrigue elle-même, il n'est pas possible de dire quoi que ce soit sans courir le risque de la déflorer, ce qui, en l'occurrence, serait vraiment dommage tant elle est menée de main de maître jusqu'au rebondissement final qui donne tout son sens aux événements qui l'ont précédé. Disons toutefois que c'est dans la province du début du vingtième siècle qu'elle se déroule, avec ses macérations, ses haines recuites, ses domestiques à l'affût des failles de leurs maîtres et son clergé rarement présenté sous son meilleur jour.
Un grand plaisir de lecture.