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sur 1396 notes
Qui n'a jamais entendu parler de l'histoire d'amour entre Titus et Bérénice ? L'action se passe à Rome, on y suit un triangle amoureux. Bérénice, princesse de Judée à l'origine est ici reine de Palestine, elle est courtisée indirectement par Antiochus. Les confidents des deux personnages ont un rôle important, ils sont sages et humbles. J'ai lu l'incipit d'Aurélien de Louis Aragon, la phrase "Je demeurai errant dans Césarée" est restée dans ma tête comme une parole marquante de chanson. Antiochus, roi de Comagène, n'a qu'un seul désir : se marier avec la belle et douce Bérénice. Titus emmène la reine à Rome après être sorti vainqueur d'une bataille, il espère se marier avec sa belle. le roi de Comagène cache son amour au début, en espérant que l'amour entre Bérénice et Titus devra surmonter des obstacles imprévus et destructeurs. L'originalité de cette pièce a été reprochée mais aussi admirée par beaucoup. La versification racinienne en cinq actes relève d'un coup de maître. Il n'y a pas beaucoup d'actions mais une confuse de sentiments est perceptible ici. le succès de Racine a été si grand que son oeuvre a été considérée supérieure à celle de Corneille. Cette pièce de théâtre est à lire pour tous les amateurs de tragédies classiques avec une fin prévisible et touchante.
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"Bérénice" de Jean Racine, tragédie classique par excellence, se distingue par sa profondeur émotionnelle et sa maîtrise impeccable de la langue. Composée au XVIIe siècle, cette oeuvre théâtrale explore les méandres de l'amour contrarié et des conflits intérieurs. Racine, dans un style sobre et élégant, captive l'attention du lecteur en dépeignant les tourments des personnages pris dans les filets de leur passion et de leur devoir.

L'intrigue, centrée sur le triangle amoureux entre Bérénice, Titus et Antiochus, révèle la complexité des relations humaines et les choix moraux auxquels sont confrontés les protagonistes. Les dialogues ciselés et les monologues introspectifs confèrent à l'oeuvre une intensité émotionnelle saisissante, faisant vibrer les spectateur.

Racine excelle également dans la représentation des affres de la passion amoureuse et des tourments de la séparation. À travers ses vers magnifiquement rythmés, il exprime avec une poésie envoûtante les émotions les plus intenses, capturant ainsi l'essence même du sentiment amoureux.

"Bérénice", par sa profondeur et sa beauté formelle, demeure une oeuvre intemporelle qui résonne encore aujourd'hui avec force. C'est sans nul doute mon oeuvre de Racine préférée, que je relie allégrement avec Phèdre. Son exploration des thèmes universels tels que l'amour, le devoir et la souffrance en fait une pièce théâtrale d'une richesse inégalée, qui continue de fasciner et d'émouvoir les spectateurs, des siècles après sa création.
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En dehors de ''Britannicus'', j'ai surtout l'habitude de lire des pièces de Racine reprenant les mythes grecs, mais je trouve qu'il excelle tout autant dans l'histoire romaine. On suit ici l'amour contrarié entre le nouvel empereur Titus et son amour de jeunesse, Bérénice. Celle-ci est reine, elle porte un titre abhorré par Rome depuis Tarquin l'ancien, leur union au grand jour est donc trop difficilement concevable, leur séparation inéluctable. Titus n'est pas prêt à abandonner le pouvoir par amour comme le fera longtemps après lui le roi Edward VIII d'Angleterre, il doit annoncer la dure nouvelle à Bérénice. Ce n'est pas sa pièce la plus tragique que j'ai lue, mais ça ne m'a pas empêché d'aimer la fin pour autant. J'aime beaucoup ce genre de pièce qui nous fait revisiter les mythes ou l'histoire, d'autant plus qu'ici le personnage masculin principal, Titus, est l'un des empereurs, et je dirais même l'un des hommes les plus étonnants de son temps en dépit de la courte durée de son règne. Bien que je sois très peu porté sur la poésie, je trouve que cette pièce en vers est un délice à lire, comme toutes les pièces de Racine (à ma connaissance tout du moins), et c'est à nouveau une réussite pour cette nouvelle lecture d'une oeuvre de Racine que je n'avais pas lu depuis longtemps.
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J'ai lu cette oeuvre dans la collection "Le Livre de Poche", et non en ''Folio poche'', donc il s'agit de la même pièce mais il n'y pas le même dossier en conclusion du livre, j'ai aussi beaucoup apprécié l'introduction de Georges Forestier qui présente cette oeuvre comme étant une "tragédie élégiaque" et en explique toute l'originalité par rapport à la violences d'autres tragédies à succès comme "Phèdre" par ex. Car ici ni meurtre, ni suicide, pas de vengeance divine et point de trahison coupables, seuls règnent les sentiments authentiques dont sont animés les principaux protagonistes de ce triangle amoureux qui a pour seul pendant la froide et implacable raison d'Etat, qui finira par s'imposer aux trois destinées qui demeureront malgré tout dignes dans leur douleur et leur souffrance assumée. Bref, c'est un autre chef d'oeuvre qui mériterait d'être mieux connu et surtout pas effacé par d'autres tragédies de Jean Racine, peut-être plus célèbres et plus populaires car ici point d'étalage de furie, de violence, de déchaînement incontrôlable et incontrôlé, mais la valeur, la force et l'authenticité des sentiment n'en n'est pas amoindrie pour autant, bien au contraire, pour ma part je me suis surpris à me laisser embarquer par cette histoire d'amour qui se trame dans les plus hautes sphères du pouvoir, tant le thème qui est ici abordé est magnifique, intemporel et possède toujours un retentissement d'une brûlante actualité,
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J'ai lu cette oeuvre dans la collection "Le Livre de Poche", et non en ''Folio poche'', donc il s'agit de la même pièce mais il n'y pas le même dossier en conclusion du livre, j'ai aussi beaucoup apprécié l'introduction de Georges Forestier qui présente cette oeuvre comme étant une "tragédie élégiaque" et en explique toute l'originalité par rapport à la violences d'autres tragédies à succès comme "Phèdre" par ex. Car ici ni meurtre, ni suicide, pas de vengeance divine et point de trahison coupables, seuls règnent les sentiments authentiques dont sont animés les principaux protagonistes de ce triangle amoureux qui a pour seul pendant la froide et implacable raison d'Etat, qui finira par s'imposer aux trois destinées qui demeureront malgré tout dignes dans leur douleur et leur souffrance assumée. Bref, c'est un autre chef d'oeuvre qui mériterait d'être mieux connu et surtout pas effacé par d'autres tragédies de Jean Racine, peut-être plus célèbres et plus populaires car ici point d'étalage de furie, de violence, de déchaînement incontrôlable et incontrôlé, mais la valeur, la force et l'authenticité des sentiment n'est n'est pas amoindrie pour autant, bien au contraire, pour ma part je me suis surpris à me laisser embarquer par cette histoire d'amour qui se trame dans les plus hautes sphères du pouvoir, tant le thème qui est ici abordé est magnifique, intemporel et possède toujours un retentissement d'une brûlante actualité,
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Étonnant que cette pièce m'ait autant plu.
Pourtant, il ne se passe pas grand-chose. Bérénice, ce n'est finalement que l'histoire d'une rupture. Et on ne peut pas compter sur un aspect sanglant. Comme le dit Racine lui-même : « ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ». Voilà une position qui me surprend. Si je trouve que, parfois, certains auteurs en font trop en assassinant et suicidant tout le monde à tire larigot à la fin, j'ai du mal à considérer comme justifié le point de vue de Racine. Il faut un minimum quand même, sinon, on reste dans un registre tout juste dramatique.
Mais à la lecture de Bérénice, j'ai jeté ces considérations dans la poubelle de mon PC. Fi des classifications ; le texte est superbe !

Il raconte comment Titus, devenu empereur de Rome à la suite du décès de son père Vespasien, rejette contre son gré son amour pour la reine Bérénice pour des considérations politiques. Titus et Bérénice s'aiment depuis un bout de temps, mais tant qu'il n‘était que prince, cela pouvait être considéré comme une foucade. Mais dès lors qu'il est amené à représenter Rome, c'est un personnage d'une autre stature qu'attendent le peuple et le Sénat. Comment pourrait-il épouser une orientale ? Une reine de surcroît, alors que les Romains honnissent le concept de royauté depuis les balbutiements de la Ville (seulement trois rois à ses débuts, et puis fini) ? Ce serait se rabaisser à un Marc-Antoine, qui en oublia Rome avec sa Cléopâtre. Lui, jeune, en pleine gloire militaire après les guerres de Judée, obscurcirait immédiatement un règne qui s'annonce magnifique.

Mais Titus ne veut pas renoncer si facilement. Même quand il cède à son entourage, il ne trouve pas le courage d'en parler directement à son aimée. Bérénice ne comprend d'abord pas pourquoi Titus est si fuyant, lui qui lui promettait hier encore la place d'impératrice. Elle lui cherche des excuses – le désespoir dû à la mort du père – jusqu'au moment où cela ne suffit plus. La nouvelle finit par lui parvenir : elle est déchue. C'est l'incompréhension, puis la colère.
L'histoire est un peu compliquée par la présence d'Antiochus, roi de Comagène, ami de Titus et amoureux depuis toujours de Bérénice, qui apparaît comme un vrai dindon de la farce, bousculé entre les réactions de l'un et de l'autre, obligé de servir de médiateur, voyant enfin une ouverture à son amour mais qui se referme aussitôt. Pauvre gars.

Les raisons politiques, les tergiversations, les passions, les colères sont sublimées par les vers de Racine, et ce faisant prennent effectivement une teinte tragique. Seul défaut à mon avis, ce sont les chantages au suicide qu'imposent les trois acteurs à la fin. Chacun dit aux deux autres « tu auras ma mort sur la conscience » avant que la raison vienne mettre de l'ordre dans tout cela.

Avec cette pièce, j'achève le premier tome du théâtre complet de Racine. le tome 2 attendra un peu.
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On ne peut pas critiquer une oeuvre d'un auteur classique de cette qualité, mais uniquement faire part de son ressenti.
Bérénice peut paraître une oeuvre difficile, car rédigée en vers dans le français de son époque (XVIIe siècle de la Cour de Louis XIV) avec des phrases ampoulées. Cependant, le lecteur s'adapte aisément et est rapidement séduit par la pureté de la langue et la qualité de l'écriture. L'intrigue de cette tragédie est simple, Titus et Antochius aiment Bérénice. Bérénice aime Titus, mais ce dernier est tiraillé entre son amour et son statut d'Empereur Romain.
L'Antiquité et l'étude des auteurs gréco-romains sont en vogue depuis longtemps déjà et un nombre important d'auteurs se sont inspirés des mêmes sujets, mais sans doute pas avec le brio de Racine, très érudit et fin lettré, ayant une connaissance approfondie du Grec, du Latin et de l'Histoire. Toutefois, si les protagonistes de la tragédie ont vraiment existé pendant l'antiquité romaine, Racine a eu le génie d'adapter la pièce à la vie de Cour contemporaine du 17 ème siècle, écrivant pour plaire au Roi et aux puissants qui assuraient sa subsistance.
Une tragédie rédigée par un courtisan talentueux, et un chef-d'oeuvre qui a su traverser les siècles.
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Bérénice
Jean Racine (1639-1699)
Académie Française
Jean Racine né en 1639 à La Ferté-Milon est orphelin de mère à l'âge de deux ans et de père à l'âge de quatre ans. Il est élevé alors par sa grand-mère paternelle. À l'âge de dix ans il peut grâce à une abbesse qui aide sa grand-mère dans le besoin, accéder à une des meilleures écoles du royaume, l'École de Port-Royal des Champs, où l'enseignement est dispensé dans le respect d'une foi catholique teintée de jansénisme, c'est à dire humilité et ascèse, par de grands intellectuels. Il poursuit au collège janséniste de Beauvais, et termine sa rhétorique au collège d'Harcourt à Paris.
Il commence à fréquenter alors les mondanités parisiennes à la recherche d'un mécène pour survivre, car il veut écrire et non pas être avocat comme le souhaitait son entourage. Il trouve en Chapelain, poète académicien, une aide précieuse. Après un séjour chez son oncle à Uzès, il revient à Paris et entre à la cour du roi en 1663, y rencontre Molière avec qui il se lie un temps.
Il entre à l'Académie Française (créée en 1635 par Richelieu) en 1673, se marie en 1677 avec Catherine de Romanet avec qui il a sept enfants, devient l'intime du roi pour en devenir le secrétaire particulier en 1696. Il meurt à Paris en 1699.
Cette tragédie dédiée à Colbert, la cinquième de son auteur, fut présentée pour la première fois au public parisien en novembre 1670 à l'Hôtel de Bourgogne et apporta la consécration à Jean Racine. La très célèbre Marie Champmeslé, maîtresse de Racine, était alors Bérénice et Charles Chevillet était Titus.
L'intrigue : depuis la mort de Vespasien, père de Titus, tous s'attendent à une légitimation des amours qui lient celui-ci à Bérénice, reine de Palestine. Ainsi s'exprime Antiochus s'adressant à Bérénice:
« Il est donc vrai, Madame ? et selon ce discours,
L'hymen va succéder à vos longues amours ? »
Et réponse de Bérénice parlant de Titus :
« Moi qui, loin des grandeurs dont il est revêtu
Aurais choisi son coeur et cherche sa vertu. » (Acte I scène IV)

Antiochus, roi de Commagène (un royaume situé au sud-est de la Turquie), ami proche de Titus, est secrètement amoureux de Bérénice depuis de longues années ; il décide, à l'approche du mariage désormais imminent, de fuir Rome - ce qu'il annonce à Bérénice en même temps qu'il lui avoue son amour. de son côté, Titus ayant sondé les assemblées romaines qui s'opposent aux noces proposées décide de renoncer à prendre pour femme Bérénice. Phénice, la confidente de Bérénice la met en garde :
« Rome vous voit, Madame, avec des yeux jaloux ;
La rigueur de ses lois m'épouvante pour vous.
L'hymen chez les Romains n'admet qu'une Romaine ;
Rome hait tous les rois, et Bérénice est reine. »
Réponse de Bérénice convaincue de la toute puissance de l'amour de Titus :
« le temps n'est plus, Phénice, où je pouvais trembler.
Titus m'aime, il peut tout, il n'a plus qu'à parler :
Il verra le sénat m'apporter ses hommages,
Et le peuple de fleurs couronner ses images.
De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur ?
Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur ? » (Acte I scène V)
Titus demande à Paulin, son confident, quel est le sentiment du peuple ; il lui répond :
« Rome, par une loi qui ne se peut changer,
N'admet avec son sang aucun sang étranger,
Et ne reconnait point les fruits illégitimes
Qui naissent d'un hymen contraire à ses maximes. » (Acte II scène II)
Titus à Paulin :
« Je voulais que ton zèle achevât en secret
De confondre un amour qui se tait à regret. » (Acte II scène II)
Bérénice s'interroge sur l'attitude de son amant et Titus répond :
« N'en doutez point, Madame, et j'atteste les dieux
Que toujours Bérénice est présente à mes yeux.
L'absence ni le temps, je vous le jure encore,
Ne vous peuvent ravir ce coeur qui vous adore. » (Acte II scène IV)
Titus, qui a pris sa décision, alors envoie Antiochus annoncer la nouvelle à la reine.
Titus à Antiochus :
« Je n'attends pas de vous de ces sanglants exploits,
Et je veux seulement emprunter votre voix.
Je sais que Bérénice, à vos soins redevable,
Croit posséder en vous un mai véritable.

Au nom d'une amitié si constante et si belle,
Employez le pouvoir que vous avez sur elle.

D'un espoir si charmant je me flattais en vain :
Prince, il faut avec vous qu'elle parte demain.

Soyez le seul témoin de ses pleurs et des miens ;
Portez-lui mes adieux, et recevez les siens.(Acte III scène I)
Antiochus est accablé par cette mission :
« Titus m'accable ici du poids de sa grandeur :
Tout disparaît dans Rome auprès de sa splendeur ;
Mais, quoique l'Orient soit plein de sa mémoire,
Bérénice y verra les traces de ma gloire.

Entrons chez Bérénice ; et puisqu'on nous l'ordonne,
Allons lui déclarer que Titus l'abandonne… »(Acte III scène II)
Bérénice force Antiochus à parler et alors ne peut croire que Titus renonce. Antiochus confirme la décision :
« Il faut que devant vous je lui rende justice :
Tout ce que dans un coeur sensible et généreux
L'amour au désespoir peut rassembler d'affreux,
Je l'ai vu dans le sien. Il pleure ; il vous adore ;
Mais enfin que lui sert de vous aimer encore ?
Une reine est suspecte à l'empire romain.
Il faut vous séparer, et vous partez demain. »(Acte III scène III)
Bérénice est désespérée. Titus également. Bérénice s'exclame :
« Eh bien ? il est donc vrai que Titus m'abandonne ?
Il faut nous séparer ; et c'est lui qui l'ordonne !
Titus de répondre :
« N'accablez point, Madame, un prince malheureux.
Il ne faut point ici nous attendrir tous deux.

Je sais tous les tourments où ce destin me livre,
Je sens bien que sans vous je ne saurais vivre,
Que mon coeur de moi-même est prêt de s'éloigner,
Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner.
Alors Bérénice parle et les phrases prononcées sont parmi les plus belles qu'ait écrites Racine :
« Pour jamais !Ah, Seigneur ! songez-vous en vous même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ? »( Acte IV scène V)
Bérénice veut partir et ajoute à l'adresse de Titus :
« Hélas ! et qu'ai-je fait que de vous trop aimer ?

Êtes-vous pleinement content de votre gloire ?
Avez-vous bien promis d'oublier ma mémoire ?
Mais ce n'est pas assez expier vos amours :
Avez-vous bien promis de me haïr toujours ? »
Et Titus répond :
« Non, je n'ai rien promis. Moi que je vous haïsse !
Que je puisse jamais oublier Bérénice ! »(Acte V scène V)
Dans l'ultime scène, les trois héros sont réunis pour la dernière fois, et Antiochus avoue à Titus qu'il fut son rival. Bérénice annonce la séparation et le départ avec pour seul viatique les souvenirs.
Antiochus :
« Oui, Seigneur, j'ai toujours adoré Bérénice.
Pour ne la plus aimer j'ai cent fois combattu.
Je n'ai pu l'oublier ; au moins je me suis tu.
Et Bérénice vers Antiochus, désespéré, qui souhaite mourir :
« Sur Titus et sur moi réglez votre conduite :
Je l'aime, je le fuis ; Titus m'aime, il me quitte. »
La culture du XVIIe siècle était très sensible au thème choisi à savoir l'évocation des instants cruels précédant la séparation forcée et définitive d'un empereur romain Titus, et d'une reine de Palestine, Bérénice, deux êtres qui s'aiment infiniment. le thème du renoncement amoureux est on ne peut plus romanesque et la pièce séduisit immédiatement un public avide de culture antique. Les temps ont changé de nos jours mais cette pièce reste très attractive avec des acteurs de grande renommée comme Lambert Wilson, Carole Bouquet et Gérard Depardieu.
Titus et Bérénice : deux êtres émouvants et particulièrement Bérénice, reine étrangère d'un pays vaincu et colonisé, victime de xénophobie de la part de nationalisme et de l'impérialisme romains. Seule contre tous, Bérénice ne peut rien pour sauver l'amour de sa vie, Titus obéissant à la raison d'État. La tragédie nait de l'affrontement de deux impératifs inconciliables, car Titus ne peut mettre en danger sa mission à la tête de l'Empire au nom d'une passion amoureuse.
La relecture de cette sublime tragédie cinquante ans après l'avoir découverte m'a procuré un plaisir immense. La beauté du texte et le rythme des alexandrins est totalement envoûtant. Sans doute le chef-d'oeuvre de Jean Racine.

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Ma tragédie préférée de Racine ! Les vers sont magnifiques et saisissants, et l'amour de Bérénice et Titus si puissant ! Alors oui, cette pièce est connue pour son absence de véritables actions, mais la montée des sentiments des personnages et l'approche de leur adieu sont si intenses que j'ai été bouleversée par leur destin
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Jean Racine, pour moi, cela datait du collège. Pas comme Corneille, surtout pas comme Molière, fréquemment joué.

Et là, je suis tombée sur l'histoire de ce duel Corneille/Racine pour les beaux yeux de la princesse d'Angleterre.

J'ai relu Bérénice. C'est grandiose. La tragédie de Corneille est dépassée. Là où il n'y avait que contingences politiques, voici une analyse des passions humaines.

J'ai évidemment adoré le personnage d'Antiochus et ne comprends guère les critiques faites à ce personnage, essentiel à mes yeux pour ne pas tomber dans la romance.

Bref, une lecture salutaire. J'adore le théâtre dit "classique".
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