Beaucoup l'ont déjà lu, nombreux sont également ceux à l'avoir vu, ce diable au corps que je ne connaissais que de nom. Il aura fallu que
Philippe Besson fasse de
Raymond Radiguet un des héros de son
retour parmi les hommes pour que je le lise.
Et je ne suis pas déçu ; la langue de
Radiguet d'abord est un vrai bonheur pour l'amateur de langue classique que je suis. La force destructrice de l'amour, cet égoïsme à deux, qu'il décrit si bien est comme ressentie à la lecture. Ces phases d'attraction-répulsion, ce manque maladif de l'autre, l'interprétation excessive, dans le bonheur comme dans le malheur, de tous les signes donnés ou reçus sont autant de miroirs.
Ce n'est qu'une histoire d'amour finalement entre un jeune homme de 16 ans et une jeune femme de 19 ans… qui a juste le « défaut » d'être déjà une épouse, mariée à un soldat qui se bat sur un des fronts de la grande guerre.
C'est là tout le scandale… juste après guerre, ce
Radiguet qui n'a pas encore 20 ans, écrit cet amour dont on peut comprendre qu'il put choquer. Cet aspect scandaleux a pu être accentué par la simple adhésion à cette belle histoire, cette passion mortifère, adhésion à laquelle on ne résiste pas, tant l'emballement vous emporte pendant deux cents pages qui se lisent d'une traite et fait vibrer en chacun de nous ce coeur parfois endormi, mais qui n'est toujours au final, qu'une braise qui attend un souffle nouveau pour déployer la flamme.