Le fils de Zahwa

La scène sur laquelle s'ouvre le fils de Zahwa est d'une rare intensité émotionnelle. Amazon propose de la lire à l'écran : si vous êtes curieux, lisez-la. Je ne vois pas comment on peut ne pas avoir envie de se jeter sur la suite quand on a lu ce premier chapitre... et je pourrais fort bien arrêter là ma petite chronique.

J'ajouterai quand même qu'on peut lire le fils de Zahwa de deux manières. La première, c'est celle à laquelle incite la quatrième de couverture du roman : la découverte d'une page d'histoire, de notre histoire, que nous connaissons mal, et qui est relatée au travers de l'histoire d'un personnage, Amine, le fils de Zahwa. C'est d'abord l'histoire de ses parents qui est racontée, histoire qui commence au Maroc et raconte les blessures et les rêves d'une génération. Ce livre est très bien écrit, il se lit facilement, il est instructif quand on connaît mal cette population, et il est certainement émouvant quand on la connaît et qu'on y reconnaît des éléments de sa propre histoire.
 
Mais on peut également lire ce livre comme une oeuvre d'imagination, dressant notamment un très beau portrait de femme, Zahwa, femme excessive, aux frontières de la folie parfois, et de son mari, Madani, inguérissable des blessures psychiques infligées par la seconde guerre mondiale. Je dirais même que c'est quand le livre fait des incursions aux frontières de la folie et des contradictions humaines qu'il devient réellement captivant et oblige à le lire d'une traite pour connaître la destinée des personnages.
 
Une très belle découverte.

Le fils de Zahwa, d'Assmaâ Rakho-mom

Il m'a fallu rassembler tout mon courage pour écrire cet avis.
J'ai tellement peur de ne pas trouver les mots pour exprimer la somme de sentiments que cette lecture a déclenché.

Avant de rencontrer Amin, le fils de Zahwa, c'est d'abord ses parents que nous apprenons à connaître.
Zahwa, jeune femme fougueuse, décidée, excessive en bien des domaines. Et Madani, son mari, abîmé de l'intérieur par la Seconde Guerre Mondiale.
Le destin qu'ils construisent en quittant leur belle campagne dans l'espoir de donner un avenir différent à leurs enfants.
Leur arrivée dans le bidonville de Casablanca. Et là, vivre, faire sa place, évoluer, élever des enfants.

Ce livre dresse une galerie de portraits complexes et nous emmène au plus près des sentiments de tous ces personnages pleins de contradictions qui doivent composer avec les coutumes de cette société. Vivre, parfois à la limite de la folie.
Et fleurir, coûte que coûte.

Ceux qui ne connaissent pas où très peu les modes de vie marocains apprendront certainement beaucoup de choses.
Quant à ceux qui les connaissent, ils regarderont avec émotion se dérouler devant leurs yeux des destins fascinants.

J'ai souri, sursauté, espéré me tromper, pleuré.
Vous l'aurez compris, ce livre est un coup de coeur absolu.

J'avais une tendresse particulière pour tous ces gens qui quittent leur pays, leurs racines.
Aujourd'hui, j'ai en plus de l'admiration.

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Superbe livre, bien écrit, structuré, qui restitue parfaitement le déchirement qu'à été celui de tous ces gens qui ont dû s'expatrier pour subsister, et qu'on a souvent bien mal accueillis.
Ce livre m'a émue et je trouve bien dommage qu'il ne soit pas encore réédité.