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New-York dans les années 1920-1930 bouillonne d'activité et d'ambition. Les gratte-ciel s'élèvent, les fortunes se font et se défont, les empires de la presse s'érigent. Un roman-fleuve, une saga philosophique sur le monde de l'architecture et de la presse, qui relate de manière brillante les idées capitalistes et individualistes qui ont fait cette ville. La longueur et l'artificialité de certains dialogues, l'absence d'évolution des personnages, la froideur de la narration et, paradoxalement, le manque d'ancrage social et historique lassent cependant trop souvent le lecteur, épuisé par la densité du propos et le peu d'empathie qu'il ressent pour les personnages.
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Ayn Rand, La Source Vive, 1943, 1945 pour la version française, que j'ai découverte en 1965 et souvent relue depuis pour la force qu'elle m'a insufflée.

Dans ce roman l'auteure, philosophiquement et politiquement engagée, fait l'éloge de la farouche ténacité du créateur qui défend avec acharnement ses convictions et son indépendance, qu'elle oppose à la médiocrité et au conformisme de la société dans laquelle il vit et se débat.

C'est la lutte désespérée contre vents et marées de l'individu habité par une compréhension novatrice de son art et dont la passion confine au martyre en se heurtant et s'opposant à celle, classique mais à la mode, de son groupe social, troupeau mécanique qui constitue la majorité.

Il ne s'agit pas ici de l'éloge de l'individualisme mais de l'individualité, honnie, détestée par le courant socialo-communiste égalitaire qui voit dans toute originalité un adversaire, un opposant à l'uniformité totalitaire qui est son essence ; il s'agit ici de la défense de cette pensée individuelle qui a façonné les civilisations, toutes les grandes oeuvres comme tous les progrès, en dépit de l'opposition et des obstacles que dresse le conservatisme protecteur de toute société, de ses codes comme de ses lois, de ses coutumes comme de ses croyances.

La société, ce troupeau imbécile qui suit au lieu de précéder, est bien sûr constituée d'individus qui ont chacun une individualité propre mais qui ne s'exprime pas, ne se manifeste pas, en sommeil ou paralysée par les circonstances, par le dressage socio-culturel de l'éducation ou par quelque autre accident de la vie. D'autre part, le conservatisme de la société, qui impose ses règles par les automates que sont nécessairement les fonctionnaires, les militaires, les forces de l'ordre et les prêtres des différents clergés, est indispensable à son équilibre et à sa survie. D'où le dilemme si bien décrit dans La Source Vive.

Au sein de la reproduction mécanique d'une espèce vivante cet individu différent n'est-il pas le produit d'une mutation, comme il en est des mutations dans la chaîne de l'évolution ? Ceci n'est peut-être pas une analogie. Et toute mutation, négative ou positive, est un drame ou un espoir incertain. 

Alors que, d'une façon générale, nous ne faisons qu'appliquer ce que l'on nous a appris, c'est-à-dire dupliquer nos connaissances, notre dressage, de très rares exceptions dérogent en effet à cette règle en innovant, c'est-à-dire en apportant une nouveauté, une invention qui, avec plus ou moins de bonheur, modifiera la chaîne de production. C'est cette mutation que nous appelons le progrès. En ce sens le créateur est un mutant. D'où le rejet, pour non conformité, qu'il suscite.

C'est le Howard Roark du roman de Ayn Rand, ce héros détesté qui ne peut s'exprimer, certes avec difficultés, que dans un système social relativement ouvert, c'est-à-dire de structure libérale, contrairement à un système fermé de type totalitaire qui n'accepte pas la différence, à l'exemple des régimes socialo-communistes.

Dans les sociétés primitives, très conservatrices, le mutant est éliminé. C'est aussi le cas dans les théocraties radicales et les dictatures administratives ou militaires, au sein desquelles tout progrès est quasiment impossible. À l'inverse, ce sont les pays libres qui produisent le plus d'avancées dans tous les domaines, dont les USA sont le meilleur exemple. C'est là tout l'objet du roman de Ayn Rand qui défend avec une rare vigueur l'individu dans un pays libre, en opposition à une culture de la tradition, paralysante, sclérosante, que l'on peut observer dans certains vieux pays européens résolument tournés vers leur passé.

Ayn Rand s'est en partie inspirée du père de l'architecture organique contemporaine que fut Frank Lloyd Wright pour transposer son propre ressenti, elle-même être d'exception – tout comme Donald Trump aujourd'hui pour qui ce roman est sa bible. On retrouvera la mise en scène de tels êtres exceptionnels passionnés dans les romans Martin Eden de Jack London et L'Oeuvre d'Émile Zola.

Vilamoura, le 28 juin 2020
Olivier Fougerat
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Que de longueurs!! On tourne et tourne en rond. Les idées de l'auteure se suivent et se répètent dans une boucle épuisante!
Les personnages sonnent faux dans leur recherche d'absolu et d'idéal.
c'est indegeste.
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Un ouvrage long, déroutant, parfois acerbe et incompréhensible. A l'image de son héros, ce roman sort des schémas préétablis et constitue une véritable expérience de par ses choix littéraires, son récit qui apparait parfois irrationnel, et la profondeur du message délivré. C'est une oeuvre qui se mérite. le lecteur doit s'y investir. Elle est malheureusement aujourd'hui totalement dévoyée par les interprétations que des politiques americains en font et s'en prévalent pour justifier un libéralisme effréné.
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Un roman pas tout jeune et qui a donné une adaptation au cinéma avec Gary Cooper (Le rebelle de K. VIDOR). Un très beau roman que je suis ravie d'avoir trouvé par hasard ... C'est l'histoire de 2 jeunes gens dans l'Amérique des années 20 :
- Howard ROARK va être viré de l'école d'architecture dans lequel il est censé apprendre les grands maîtres de l'Antiquité à la Renaissance, parce qu'il trouve qu'il ne faut pas se contenter de copier, mais qu'il faut créer l'architecture de demain ...
- Peter KEATING, bon élève, mais laborieux, diplômé, qui ne remet pas en cause les règles, se contente de séduire et de suivre les dernières idées à la mode.
Le bon élève va vite intégrer un cabinet prestigieux (de Guy FRANCON) et devenir le prodige à la mode, tandis que ROARK va s'instruire auprès de Henry CAMERON, architecte novateur, qui a vécu le même parcours que ROARK, mais qui en a été brisé
Parce qu'il refuse les compromissions et croit en ses idées, ROARK (il a la particularité physique d'être roux ...) va perpétuellement être en butte à l'hostilité du plus grand nombre, la grande masse populaire qui pense ce qu'on lui dit et recrache les idées, les opinions qu'on lui a donné à manger via les médias (à l'époque, les journaux essentiellement , ici "L'étendard" le de Gail Wynand, un homme puissant issu d'un milieu très défavorisé et qui s'est construit lui même, comme ROARK). Passionné par son travail, ROARK n'hésite pas à faire tous les métiers du bâtiment pour apprendre comment se créé une maison, un building : il profitera toujours de ses longues périodes d'inactivité en temps qu'architecte pour apprendre ce que ne connaissent pas ces collègues : pas de maison sans ouvriers de tous corps de métier. Il y gagnera le respect des hommes et l'indépendance financière. Libre et détaché autant que faire ce peut des biens matériels, ROARK peut continuer son objectif de création, son objectif de vie : ce qui compose l'essentiel de son être. Sa richesse personnelle, son intelligence et sa confiance en lui lui permettront de mener à bien ses projets sans se trahir.
J'ai beaucoup pensé à un architecte que j'aime beaucoup Frank Lloyd WRIGHT en lisant ce roman, créateur de maisons insérées dans la nature, aux lignes épurées (Falling Water House est à tomber)
Un roman à redécouvrir pour sa puissance d'écriture et sa finesse d'analyse.
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Il y a trois mois je dois avouer que je n'avais jamais entendu parler d'Ayn Rand jusqu'à une série de cinq émissions "penser avec" sur France Culture.
Depuis j'ai passé quasiment ces trois mois à lire les 2 titres les plus connues de cette écrivaine américaine d'origine russe, "La source vive" et "La grève" , qui sont de solides pavés, surtout "La grève", 1800 pages A4 en tous petits caractères.

Les 2 romans, assez similaires, sont une sorte de mélange de la "Route de la liberté" de Milton Friedmann, de Nietzsche et de Dostoïevski. Mais ce qui les rend proprement stupéfiant est que c'est Nietzsche écrit par une femme, et que ce sont très largement, et même surtout pour La Source Vive, des romans d'amour, d'amour extrêmement violent, sexualisé. Les 2 romans, et particulièrement La Source vive, comportent des scènes d'amour inouïes bien au delà ce qu'on peut trouver par exemple dans la littérature française, de Madame Bovary à Albert Cohen.

"L'idéologie" de Rand, anti socialiste voir même anti politique voir même anti société peut être considérée comme odieuse - même si certaines scènes de l'actualité quotidienne comme le psychodrame autour de la vente de livres en supermarchés semblent droit sorties de la grève - mais la force littéraire de l'oeuvre, les dialogues entre la soeur et le frère dans La Grève, les renoncements multiples des personnages au nom de la recherche d'un idéal, sont souvent sublimes et génèrent toutes les quelques pages des paragraphes inouïs.

Si ces romans (hypothèse certes improbable) avaient été écrit par un homme, seraient ils classés au niveau de Nietzsche ou Dostoïevski... La question reste peut-être ouverte.
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