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Un homme seul, un artiste, un créateur peut-il résister à la pression abêtissante de la société dans laquelle il vit ? Ayn Rand naquit Alissa Zinovievna Rosenbaum en 1902 à Saint Petersbourg. Elle assiste donc à la naissance de la Révolution bolchévique qui conduira très vite aux pires excès du communisme. Or Alissa aime la culture et la littérature de l'Occident et des Etats-Unis, elle se passionne pour son cinéma. Subissant les affres du collectivisme, elle ne rêve que de liberté et d'individualisme. Cette enfance russe sera la source de toute son inspiration romanesque, de toute sa philosophie. En 1926, elle s'installe aux Etats-Unis et obtient la nationalité américaine. Elle commence aussi à travailler en tant que scénariste pour le cinéma, écrit pour le théâtre et aura une détestable attitude lors de la terrible purge des communistes du milieu artistique et cinématographique en 1947, dénonçant ceux qu'elle sait sympathiser avec le Parti. Parallèlement, elle écrit ses premiers grands romans mettant en scène ses idées dont cette « Source Vive » qu'elle mettra 7 années à écrire et qui sera refusée par plusieurs éditeurs avant de devenir un Best-Seller avec plus de 6 millions d'exemplaires vendus. Il faut être courageux pour entamer la lecture de ce livre de 700 pages d'une impression serrée et sans espacements ou presque mais quel chef-d'oeuvre ! Ayn Rand avait une très grand admiration pour Hugo et cela se retrouve dans ce monument littéraire. Le récit décrit la vie d'Howard Roark, un jeune architecte solaire (il a d'ailleurs les cheveux rouges) et d'un exceptionnel génie. Mais comme tout individu qui dépasse la norme basique de la société dans laquelle il vit, il est impitoyablement rejeté. Roark illustre donc toutes les thèses philosophiques de Rand qui placent l'homme au-dessus de toute collectivité. Car sans cela, cet homme devra renier sa créativité, sa différence, son intégrité. Cet homme maître de sa technique, l'est aussi de ses émotions. Face à Roark, plus que son pâle condisciple Keating qui accepte, pour se hisser aux sommets, toutes les compromissions, se dresse Ellsworth Toohey. Toohey est le chantre du collectivisme que déteste Rand pour en avoir vu les effets à l'oeuvre en URSS. Cette philosophie commençait à faire de nombreux adeptes aux Etats-unis. Aussi Toohey est-il présenté comme un manipulateur hors pair, froid et cynique, pervers aussi. Ce splendide méchant est une véritable vipère qui instille son venin social et va tout mettre en oeuvre pour abattre le monolithique Roark. Si Rand se sert du milieu de l'architecture pour base de son roman, elle explore aussi tous les rouages de la Presse, des milieux intellectuels et démonte les manipulations qui permettent à des minables de passer pour de grands talents. A ce titre, le récit est d'une acuité intemporelle ! Le lecteur est emporté par le récit dense et les personnages forts de ce roman fleuve. Comme chez Hugo quelques coïncidences paraissent fort improbables mais elles disparaissent dans la richesse de l'oeuvre. Comme Valjean, Howard Roark restera un grand personnage de la littérature mondiale. Cependant, très étrangement les romans d'Ayn Rand restent peu connus en France. Ces thèses continuent très certainement à y déranger un certain intellectualisme de gauche qui a longtemps eu main mise sur le monde de l'édition et de la pensée française. + Lire la suite |