Ils répugnent à cette image du poète « parlementaire du peuple » ayant reçu mandat impératif d'instaurer un régime meilleur. Ils répondent avec Nietzsche : « Nous ne trouvons pas désirable que le règne de la justice et de la concorde soit fondé sur la terre, puisque ce règne serait celui de la médiocratie. Devant la populace nous ne voulons pas être égaux. » et ils écoutent son exhortation suprême : « Hommes supérieurs ! éloignez-vous de la place publique I Surmontez les petites vertus, les petites prudences, les égards pour les grains de sable, le fourmillement des fourmis, le misérable contentement de soi, le bonheur du plus grand nombre. Toute parole ne convient pas à toute gueule I »
M. Halley expose le but de la réunion, qui est de resserrer entre tous les poètes les liens de la confraternité littéraire et de préciser l'état actuel du lyrisme français. « Après quinze ans d'essais, de luttes, de batailles, de manifestes tapageurs, il serait bon de voir où nous en sommes. » Il n'ose pas avouer d'abord la véritable pensée des organisateurs : décentralisation poétique, condamnation du vers libre. Il se borne à constater leur vœu éclectique de faire appel impartialement à tous les groupements, à tous les partis. Il suffit de jeter un coup d'œil autour de soi pour se convaincre que toutes les nuances, toutes les fractions du Parnasse sont largement représentées,
L'année 1901 fut marquée par deux manifestations contraires : le Congrès des Poètes et l'inauguration du monument Rimbaud. Si les symbolistes pouvaient s'applaudir de la seconde comme d'une victoire, la première, dressée contre leur influence, ne pouvait que leur démontrer combien ils avaient peu réussi à s'implanter chez la génération qui les suivait.