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3,73

sur 222 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'aurais très facilement pu passer à côté de ce roman.
En raison de sa petite taille sans doute, de sa faible épaisseur, de sa couverture d'une sobriété confondante ou de son titre énigmatique.
En raison de sa date de parution également : trop récente pour avoir pu creuser son trou dans les coeurs, trop ancienne déjà pour pouvoir se pavaner sur le tapis rouge des nouveautés en librairies.
Bref, si la Bibliothèque municipale de Vevey ne l'avait pas placé bien en vue, sur le tourniquet réservé aux nouvelles acquisitions, ce serait tout naturellement et sans faire de vagues que je serais passée à côté, à la recherche d'une autre pépite.

Mais parfois, le hasard fait bien les choses!
Cela faisait quelques jours que, pour une raison qui m'est inconnue, je ne parvenais plus à lire. Mon esprit, sans cesse, divaguait, se perdait dans d'innombrables circonvolutions et finissait systématiquement par guider paresseusement mon bras vers mon ordinateur et privilégier, pour la soirée, l'option « streaming », plus à même de me vider la tête de l'infinité d'étoiles et de peurs qui s'y livraient alors un véritable combat. Les deux romans que j'avais successivement entamés ne parvenaient pas à maintenir mon attention et mon âme s'en trouvait perdue. Perdue de n'avoir assez de mots à se mettre sous la langue.

Pourtant, lorsque j'ai ouvert sans y croire vraiment, Manifesto de Léonor de Récondo, je dois admettre que la magie a de nouveau opéré. J'ai immédiatement été saisie par la pureté de la langue et la beauté des mots qui en couvraient les pages et n'ai pu décrocher mon regard de ses phrases avant d'en avoir lu la dernière.

« Pour mourir libre, il faut vivre libre. » La vie et la mort s'entrelacent au coeur de ce « Manifesto » pour un père bientôt disparu. Proche de son dernier souffle, le corps de Félix repose sur son lit d'hôpital. A son chevet, sa fille Léonor se souvient de leur pas de deux artistique – les traits dessinés par Félix, peintre et sculpteur, venaient épouser les notes de la jeune apprentie violoniste, au milieu de l'atelier. L'art, la beauté et la quête de lumière pour conjurer les fantômes d'une enfance tôt interrompue.
Pendant cette longue veille, l'esprit de Félix s'est échappé vers l'Espagne de ses toutes premières années, avant la guerre civile, avant l'exil. Il y a rejoint l'ombre d'Ernest Hemingway. Aujourd'hui que la différence d'âge est abolie, les deux vieux se racontent les femmes, la guerre, l'oeuvre accomplie, leurs destinées devenues si parallèles par le malheur enduré et la mort omniprésente.

Les deux narrations, celle de Léonor et celle de Félix, transfigurent cette nuit de chagrin en un somptueux éloge de l'amour, de la joie partagée et de la force créatrice comme un ultime refuge à la violence du monde.

Ce Manifesto m'a littéralement happée dans les flux de ses vagues. J'ai vécu ses deux récits comme une succession de marées,
répétitives et uniques à la foi,
dangereuses et merveilleuses.

J'ai été éblouie par la luminosité des mots de Léonor de Récondo, leur souplesse, leur naturel, leur capacité à nous faire entrer immédiatement dans les souvenirs de ses personnages.
J'ai eu le sentiment d'avoir entendu les mots de ce vieux sage sous l'arbre centenaire de Guernica,
j'ai cru frissonner en sentant la main froide de Félix posée sur sa couverture jaune pâle,
et j'ai été certaine de sentir sur ma joue, la caresse moite du vent, allongée dans ce champ.
La douceur et les lumières de cette Méditerranée d'antan m'ont saisie de plein fouet et transportée dans les souvenirs de Félix et d'Ernest. Elles m'ont enivrée de leurs angoisses et de leurs exils et les fantômes de leurs souffrances ont submergé mon coeur.

Alors merci Mme de Récondo pour la beauté de ce récit, cette puissance d'évocation, cette lumière diffuse et rayonnante et son infinie sagesse. Elles m'ont sortie de ma léthargie et ont empli mon coeur d'un soleil tout méditerranéen.
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Léonor de Recondo, née en 1976, est une violoniste réputée, mais aussi une écrivaine - que j'ignorais jusqu'ici. Lors d'une visite à ma bibliothèque préférée, un macaron "coup de coeur" apposé sur ce livre a attiré mon attention; je l'ai emprunté
"Manifesto" est un très beau récit sur les dernières heures du père de l'auteure, où vie et mort se côtoient et s'entremêlent. Un chapitre sur deux relate le vécu de Léonor et de sa mère au chevet du mourant, prénommé Félix. S'intercalent des dialogues fictifs entre Félix et Ernesto (ce dernier n'étant autre que Ernest Hemingway). Ces deux hommes remarquables évoquent ensemble la vie qu'ils ont adoré, en particulier leur amour de l'Espagne.
Ce livre est illuminé par la délicatesse, la dignité, la sobriété d'expression. Il traduit bien l'intensité des derniers moments d'un homme qu'on chérit. le seul élément qui m'a un peu surpris, c'est l'apparition de Hemingway (qui n'était pas un contemporain de Felix de Recondo) dans ce livre.
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Léonor de Récondo fait partie de mon univers littéraire depuis, déjà quelques années. Et je ne le regrette pas. Je l'avais rencontré à travers son livre « Amours en 2015. J'ai fait plus ample connaissance avec elle à travers « Rêves oubliés » Elle avait abordé un sujet délicat, comme la transsexualité , avec beaucoup de bienveillance dans « Point cardinal » Je ne veux plus manquer un rendez- vous avec elle.

Manifesto, son dernier livre est un véritable coup de coeur, un écrit passionnant. Léonor de Recondo rend un hommage vibrant, touchant et bouleversant à son père Félix qui dès sa plus tendre enfance a fui l'Espagne pour échapper au franquisme comme tant d'autres républicains comme ma grand-mère. C'est pourquoi cette histoire résonne tant en moi.
Je rencontre Léonor et sa mère Cécile, dans un hôpital où elles ont été appelées d'urgence pour accompagner Félix dans ses derniers instants de vie. J'ai donc décidé de les accompagner dans la douloureuse épreuve de la perte d'un être cher Je les retrouve tous les soirs avant de dormir. Lorsque je tourne les pages du livre et que mes yeux commencent à montrer des signes de fatigue, je lutte, le plus longtemps possible pour ne pas les abandonner j'ai l'impression de les soulager de leur peine en devenant en quelque sorte leur confident
Cependant, il n'est pas facile de trouver le sommeil. Mon imagination est en ébullition. L'auteur a réussi à maintenir mon esprit en éveil, en instaurant un dialogue imaginaire entre son père et l'écrivain Ernest Hemingway (Ernesto) où les deux hommes se racontent chacun à leur tour. J'ai donc imaginé avec plaisir que Félix avait quitté son enveloppe corporelle pour rejoindre l'autre bord. Et retrouver le célèbre écrivain .Il s'est donc instauré une certaine complicité entre Félix, Ernesto et moi. Plus j'avance dans la lecture, plus je m'attache à tout ce petit monde. Quitter cet univers va s'avérer difficile.
Lien : http://www.babelio.com/monpr..
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Les chapitres, très courts, alternent les voix de Félix, de Léonor et d'Ernesto, pour nous rendre compte des belles choses du passé. La voix de Félix pour évoquer l'enfance, Amatxo et la grand-mère, l'amitié avec Ernest Hemingway, mais aussi la guerre civile espagnole, la destruction de Guernica, le franquisme, la lutte, la fuite vers la France, et l'exil, définitif qui vous ampute d'une partie de vous-même, la mort de ses enfants d'un premier lit. La voix de Léonor pour évoquer l'enfance aussi, avec ce père artiste qui lui façonne un violon unique, mais aussi pour évoquer la douleur de la perte du père, que l'on aime par-dessus tout, et ses dernières heures qui s'étirent dans la douleur et le souvenir, dans une austère et impersonnelle chambre d'hôpital. La voix d'Ernesto pour évoquer l'amour, les femmes, la guerre, la mort.
lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire : https://domiclire.wordpress.com/2019/01/11/leonor-de-recondo-manifesto/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Un père vit ses derniers instants sur un lit d'hôpital. A son chevet, sa fille et son épouse se relaient, lui parlent, le veillent. A la première personne, Léonor de Récondo, parle à bâton rompu de son père, de ce qu'il a été, de l'artiste qu'il a été, l'homme engagé qu'il fut, l'exilé, le père, le mari….
Parallèlement, l'âme de Felix (le père) s'exprime également ; il se rappelle sa jeunesse, son compagnonnage avec Ernest Hemingway.

La vie, la mort se donnent mutuellement la main dans ce roman (et récit à la fois) écrit avec infiniment de délicatesse. La création artistique réunit les deux récits lesquels finiront par se confondre.
Léonor de Récondo rend un vibrant hommage à son père, dans un récit très personnel sans pour autant donner l'impression d'impudeur. Elle l'avait déjà fait à mots couverts dans Rêves oubliés ; ici c'est plus viscéral.
Comme pour chacun de ses livres, Léonor de Récondo parvient à se renouveler, à me surprendre, et m'émouvoir. C'est le mélange de sa plume, délicate et musicale, et de ses sujets qu'elle aborde avec profondeur.


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Décidément, cette auteur a du style, un talent de poète et une aptitude certaine à recueillir l'adhésion du lecteur. Dans Point Cardinal, sa plume retraçait les affres d'un transgenre ; ici, il s'agit de la fin de vie de son père et, à nouveau, son écriture est empreinte de douces douleurs, de musique poétique, d'amour, en somme, comme dans l'attitude du père de Point Cardinal, avouant à ses enfants qu'il veut vivre comme une femme.... Eléonor de Recondo possède là un vrai talent de communicante au service du souffrant...
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Avec Manifesto, Léonor de Récondo sort de la fiction pour nous offrir un sublime tombeau littéraire, qui magnifie la douleur et pose, une nouvelle fois, l'art comme un pont entre la vie et la mort, à l'instar de Pietra viva, où deuil et création s'unissaient dans le marbre et où la figure du père, Félix, était déjà présente derrière Michel Ange.

Pitié-Salpétrière. Au coeur de la nuit, Léonor et Cécile sont appelées au chevet du père, Félix. L'infection post-opératoire le gagne, il ne passera pas la nuit. Alors une longue veille commence. Dans cette chambre froide et aseptisée, les souvenirs surgissent, hachés, sporadiques. La fille se remémore l'atelier de sculpteur du père, le soin apporté à la matière. La lumière du pays Basque, celle de l'Italie où il a été appelé à travailler, toujours dans ce mélange de solitude et de recueillement. Et puis, le violon. le lien indestructible entre le père et la fille. Ce violon unique qu'il a sculpté de ses mains et offert à Léonor.

Ce violon si extraordinaire qu'il se retrouve aussi dans le dialogue fantasmé entre Félix et Ernest Hemingway. le dernier lien entre la vie et la mort, ce violon qui résonnera comme le glas, qui jouera l'ultime partition. Comme l'écrivain, la vie de Félix fut frappée par la guerre. Pour l'un, les tranchées de la Première Guerre, ce lieu de boue, de mort, mais aussi de fraternité. Et puis la guerre d'Espagne, l'expérience commune : l'écrivain en tant que journaliste, Félix, enfant, contraint de fuir en France l'avancée des Franquistes avec sa famille, devenu plus qu'un exilé, un étranger. Une première fracture, un premier paradis perdu. Mais aussi le premier mouvement vers la création.

Au fil du récit, alternant entre le reportage précis des dernières heures passées au côté du père et les rêves de Félix, déjà détaché du monde des vivants, on découvre une vie marquée par l'amour et les deuils. Les femmes sont au coeur du dialogue entre l'écrivain et le sculpteur, elles sont une force de vie, une source de joie et d'inspiration. Dans leurs bras, c'est le repos des âmes tourmentées. le refuge des êtres blessés. Félix aurait-il pu surmonter la mort de ses trois aînés sans Cécile, sans Léonor, et sans l'art qui le maintiennent debout ?

Manifesto est un récit où l'on retrouve encore une fois cette plume simple qui en disant peu distille l'essentiel. Sortant un peu de la fiction, Léonor de Récondo offre à son père un tombeau littéraire et un hommage émouvant à la création artistique. Un récit sensible et épuré, dans lequel l'écrivaine violoniste livre avec pudeur des souvenirs comme autant d'impressions.
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Ce récit est d'une beauté inouïe, cristalline. On pénètre à pas feutrés dans cette antichambre de la vie de Félix. Pas de voyeurisme, pas de passage en force. Seul, le rai de lumière invite à la grâce d'une écoute en bénédiction de Léonor de Récondo. On reste en silence appuyé contre le mur des paroles en délivrance. le champ flamboyant fait reculer tout Bovarysme. Ici, ne passe que la beauté raffinée. Les souvenirs contés par Léonor de Récondo sont des blés fauchés en plein pré au sombre du soir. Félix va mourir. Pas de pathos, dans ces lignes murmurantes. Félix aussi se rappelle. En lui, se fraie les images de son passé. Combattant en Espagne le noir vil d'une montée fascisante auprès d'Ernest Hemingway son frère d'armes et de valeurs. Félix l'artiste, le magnanime, sculpteur, peintre de renom aux mains ridées d'un générationnel de quatre enfants et deux épouses dont Cécile la mère de l'auteure. « Manifesto » est un symbole, celui d'Ernesto Guevara . Une métaphore lucide aussi d'un Gernika aux écorces toujours vivifiantes. Ce récit est à l'instar d'un livre religieux. Les confidences déployées sont si donnantes, si sincères, que la ferveur en est osmose. On reconnait l'écriture de l'auteure riche de plusieurs romans, ses mots pliés dans un mouchoir si précieux qu'ils sont posés dans les pages un à un délicatement. « Je ne me suis jamais senti espagnol, jamais français non plus, toute ma vie durant. Les seuls territoires qui me restaient étaient ceux du dessin, de la sculpture et de la création, qui m'élevaient au-delà des idiomes et des frontières. » Malgré la tristesse de toute mort, ce récit est le retour vers la vie. Ce qui brille dans « Manifesto » est l'invisibilité. La puissance vitale de Félix est éternelle et le lecteur ressent ce courant magnétique. Félix est tombé. Mais l'arbre ne se brise pas. Reste cette essence rare et formidable d'un héros qui a laissé son bagage d'orfèvre pour l'après. « le très vieux les mène sur le chemin de la colline. » le lecteur devient berger. Publié par les Editions Sabine Wespierser, ce récit culte est en lice pour le Prix France télévisions le Livre 2019 catégorie roman .
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J'ai adoré ce roman autobiographique. C'est un récit intime et émouvant. L'écriture est magnifique.
Malgré la mort triste et imminente du père, il règne dans ce livre un climat de douceur, d'amour, et de beauté.
Léonor de Recondo mêle au récit de cette dernière nuit une conversation qu'elle imagine entre son père et son ami Ernest Hemingway. C'est une manière de revenir sur le parcours de son père que la vie n'a pas épargné. Les 2 hommes échangent sur leurs souvenirs, leur passé marqué notamment par l'exil, par la guerre d'Espagne et par des drames familiaux horribles.
Quel poignant hommage à son père !
Merci !
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Ce roman c'est l'histoire d'un adieu . C'est l'histoire d'une fille qui dit adieu à son père, c'est l'histoire d'une épouse qui dit adieu à son mari.Un adieu qui se fait dans une chambre d'hôpital, en une nuit.

Ce roman c'est l'histoire d'un dialogue entre Félix de Recondo et Hemingway.

Ce livre dépeint des tranches de vie de Félix de Recondo et Hemingway .

Ce texte est tellement lumineux.
C'est sublime !

Je vous le recommande.
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