Ce livre est intéressant à plusieurs endroits : non seulement il retrace la genèse historique du "mouvement wahhabite" (dans son contexte particulier), mais aussi montre à quel point son discours a eu une importance fondatrice dans l'avènement d'autres mouvements dits "réformateurs", alors que, autrefois, les "traditionalistes" (même les juristes de l'école "littéraliste" hanbalite) ont toujours vu le wahhabisme comme une protubérance hérétique de l'Islâm, ne lui donnant aucune crédibilité - encore moins légitimité - théologique... jusqu'à ce que les affiliations politiques, avec d'abord la maison des Sauds et, ensuite, avec les Américains (que l'auteur appelle, avec ironie, le "pacte du Quincy", suite au "pacte de Najd" avec les précédents), car ce mariage du religieux et du politique triomphant a permis à la doctrine de non seulement se répandre (merci aux pétrodollars!) mais aussi de gagner en crédit.
Soulignons aussi l'écriture romanesque qui permet une lecture plus aisée.
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Pour ceux et celles qui veulent connaître comment le "salafisme, wahabbisme" est apparue voici un excellent livre.
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Bonjour,
Je recherche ce livre désespéramment en format papier.
Avez vous des adresses pour que je puisse l'acquérir ?
Cordialement
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Bon livre et étude critique moderne .
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En effet, l'opposition commence à s'organiser alors qu'Ibn Abd al-Wahhab réside encore à Al-Uyayna (1740-1745). La réaction de son frère est très représentative du peu de crédit qu'on accordait, à cette époque, à la doctrine d'un illuminé dont on redoutait l'hérésie. Suleyman ibn Abd al-Wahhab (mort en 1793), à qui on doit le néologisme wahabbiyya (que d'aucuns ont pourtant imputé aux « orientalistes » !), a été l'un des premiers à rédiger, vers 1753, Les Foudres divines réfutant le wahhabisme. Il s'y adosse aux écrits d'Ibn Taymiyya, qu'il retourne contre son disciple. (p. 98)
Pour leur part, les muftis des quatre Écoles de droit avalisent très tôt (en 1743) une réfutation « contre l'égaré qui égare », faite par les soins d'un certain al-Tandawi, savant d'origine égyptienne, résidant à La Mecque, et intitulée Le Livre de la prévention de l'égarement et de la répression de l'ignorance. Une fois rédigé, le manuscrit est adressé à dix autorités dont les muftis des quatre rites de La Mecque. Ils ont adjoint au réquisitoire de brefs commentaires d'appui (taqarith), y compris celui du mufti hanbalite. Ce dernier, après avoir lu celle des trois autres muftis, s'est contenté d'ajouter : « Ma réponse est également affirmative, similaire à celle de nos maîtres et du cheikh Abd al-Wahhab [le père du prédicateur]. Dieu, gloire à Lui, est le meilleur de ceux qui connaissent. » (pp. 101-102)
Les Matins de France Culture - Les matins - Tunisie, Algérie : regards croisés sur la démocratie dans le monde arabe