Lettres à Tolstoï et à sa famille. de Ilya Répine
Laure Troubetzkoy (2021)
Troubetzkoy Laure, cousine par alliance de la famille Tolstoï signe ce livre qui était à faire dans le fond. Bien vu donc, en plus à la faveur de cette expo d' Ilya Répine qui se tient actuellement au Petit Palais. Heureux rendez-vous donc !
Laure filait sans doute un bon coton en enseignant à la Sorbonne la littérature russe classique. de cet engouement sont apparus de nombreux séminaires consacrés à Tolstoï naturellement et à d'autres. Elle ne se dit pas spécialiste du célèbre auteur russe mais en connaît un rayon qui fut et qui demeure adossé au savoir de son tendre époux grand critique littéraire qui s'en est allé en 2009 à l'âge de 66 ans, issu de la grande famille princière de la noblesse russe : Troubetzkoy.
Une abondante correspondance vit le jour entre la famille Tolstoï et Répine, peintre, celui-ci étant devenu ami de la famille, faisait de nombreux séjours au domaine d'Iasnaïa Poliana, ainsi qu'a la maison d'hiver de Moscou. C'est au cours de ces séjours que Répine appris à peindre à
Tatiana Tolstoï.
Si l'on en juge par les graffitis que Tolstoï laisse apparaître dans ses brouillons d'Enfance et Adolescence, l'écrivain avait des talents de dessinateur, il croquait avec excellence des portraits de son entourage ou de personnages en vue de la société russe, non pas sous une forme satirique, mais sous une forme d'exutoire à un travail qui ne laisse pas en repos. Je ne dis pas ça avec affectation comme on a l'habitude de le faire quand on se perd en idolâtrie vis-à-vis de son chouchou, mais parce que je le pense, Bien sûr ses mérites sont allés ailleurs, mais on ressent comme ça une propension dans sa littérature à bien pointer les caractéristiques des personnages si nombreux qu'il a pu décrire. Au passage, ses personnages ont toujours eu du relief parce qu'il les a vus et représentés avec force. ça n'a jamais été de vagues vues de l'esprit, seule la vraisemblance comptait pour lui. Guerre et Paix en est une parfaite illustration.
Il ne transforma pas non plus ses dessins en peinture, car ses émois allaient plus vers la musique et donc l'écriture;
Très tôt des peintres étaient invités à la maison de famille des Tolstoï : ils sont nombreux à y être passés pour des séjours, le temps de portraiturer l'un d'eux, mais il va de soi que la vedette visée était le grand écrivain, c'est vers lui que se projetaient tous les regards.
Ilya Répine grand peintre russe réaliste, peut-être le plus grand avec Kramskoï, est en tout cas connu comme le peintre qui a le plus peint Tolstoï dès qu'on se met au diapason russe : Tolstoï assis un livre ouvert à la main et Tolstoï à la charrue et à la herse pour les plus connues.. Il y en avait pour Monsieur le Comte Tolstoï qu'il était, honneur dû à son rang, et pour le paysan qu'il voulait être quand il se piquait au jeu du laboureur parce qu'il avait une âme profondément russe tout simplement : le peuple russe avec sa rustrerie, sa foi inébranlable, sa simplicité humaine presque biblique, sans oublier ses plantureuses paysannes .. l'a toujours séduit. Il s'habillait comme eux, peut-être que le tissu était juste un peu meilleur. Oui je pense que Répine son ami a bien vu ça ! Ce qu'on ne peut pas lui enlever en tout cas, c'est qu'il avait une connaissance parfaite du cheval : peut-être lui qui a le mieux écrit sur le cheval avec son "kholstomier", son dernier cheval, noir, "Délire" qu'il montait encore quelques jours avant sa mort, lui fera dire tout son attachement indicible au moment de le quitter : il fut immortalisé avant par la peintre formée pas moins par Répine : Tatiana qui en fit cadeau à son père par surprise un jour de fête .; Ah ! il y aurait tant à dire !.. Ce Délire fut accroché par lui-même au mur de sa chambre. On peut penser que dans l'esprit de Tolstoï la vénérable bête occupait l'espace comme celle d'un homme et ami parfait : "doux, intelligent, patient" !..
J'ai connaissance de lettres adressées de Tolstoï à Répine qui sont des lettres d'amitié et d'attachement mutuel, je n'ai pas lu celles de Répine, aussi attendrai-je la lecture du livre pour en dire plus. En revanche j'ai déjà vu ses toiles à Trétiakov Moscou, et à l'Ermitage Pétersbourg qui sont vraiment de grands tableaux d'une réalité sociale bouleversante et des témoignages saisissants d'une époque représentant aussi parfois l'imaginaire russe. Ce sont des pages d'Histoire à voir absolument. On sait que Répine était hostile à tout académisme et se faisait une haute idée de la culture populaire, il n'eut donc pas de mal à s'entendre avec l'impétueux Maître d'Iasnïa Poliana.PG
MH17 a ici guidé mes pas et je la remercie chaleureusement