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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a déjà quelques années que je m'intéresse à la langue française, à l'origine des mots et des expressions. Autant dire que Henriette Walter, Jean-Louis Beaucarnot et bien sûr Alain Rey sont bien présents dans ma bibliothèque. Et je m'aperçois que plus je m'y intéresse, plus j'apprends et plus il m'en reste à découvrir. Alors ce bel ouvrage des éditions « Le Robert » est un joli cadeau.

Certains lecteurs ont réalisé des commentaires en intégrant de nombreuses expressions du livre dans leur texte. L'idée est bonne, mais je ne me risquerai pas sur ce terrain. (Je ne suis pas du tout sûr de faire mieux)
Il n'est pas vraiment simple de faire une critique d'un livre de chroniques tel que celui-ci.
Le charme de ce document, en dehors de l'intérêt de son sujet, réside dans l'écriture d'Alain Rey. C'est un homme érudit et plein d'humour, et cela transparaît dans chacun de ses textes.
En revanche, j'ai nettement moins apprécié les petites interventions de Stéphane de Groodt. Celui-ci peut être excellent à l'oral, mais ses textes supportent moins bien l'écrit. Je pense qu'il n'apporte rien à l'ouvrage, mais ce n'est que mon avis. Peut-être l'ouvrage semblait-il un peu austère sans ces petites insertions.

Cela n'enlève rien en tout cas à l'intérêt de ce livre passionnant qui devient chez moi un livre de chevet supplémentaire, à picorer au fil des envies. On peut relire tous ces articles, il y a toujours de nouvelles découvertes à faire.
Merci Alain Rey de nous faire partager votre savoir.
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Dans son costume de chasse, Jean-René Trinquetier, trempé comme une soupe, était à la fois à l’affût et aux abois, son coeur battait la chamade, et de son havresac il ne restait qu’une peau de chagrin.

Pour le moment, il faisait le pied de grue devant une mare. A moins d’avoir la berlue, il avait vu une poule d’eau décoller en cinq sec devant lui. Elle lui avait donné du fil à retordre et il en connaissait un rayon à ce sujet. Il était tombé des nues en la voyant se dandiner à nouveau à portée de fusil, l’air de lui caqueter « bisque bisque rage ! «Il parlait à la cantonade aux arbres gris qui ne répondaient pas, et s’exclama «dans un quart d’heure, dernier carat, je tire !»

Il rejoignit son abri de chasse où la fête battait son plein et les invités étaient en liesse. Il plaça son discours de bienvenue sous l’égide de son hospitalité légendaire, mit en exergue la rude amitié des chasseurs, et à bon escient jugea important de conclure par un «carpe diem» inattendu. La formule allait faire florès.
Il aurait pu prendre la poudre d'escampette, en catimini, mais c’était une personne de bon aloi, et par acquit de conscience, sans aller jusqu’à faire amende honorable, il tenait à payer son écot et à s’assurer qu’aucun des associés ne le payait en monnaie de singe.

Jean-René était du genre à se casser la nénette, mais pas une saint-nitouche non plus, ni un type collet monté d’ailleurs, il n’avait jamais connu de joyeux drilles de cet acabit, des faux jetons qui menaient une vie de patachon, buvaient à tire-larigot et étaient dans le coaltar la moitié du temps, sachant que l’autre moitié il la passait à faire la nouba, à courir le cotillon pour certains ou le guilledou pour d’autres.
Les us et coutumes, ils s’en tamponnaient le coquillard et réclamaient à cor et à cri toujours plus de vin en bouffant comme des chancres. Ils étaient sans cesse pendus à ses basques.

Et c’est là que le bât blesse. Anémone l’avait prévenu :
- Jean-René, pendre la crémaillère de ton nouvel abri de chasse en invitant des inconnus avec lesquels tu n’as aucun atomes crochus, tu es à côté de la plaque, tu vas payer les agapes rubis sur l’ongle et ces gens ne vont te donner que de la roupie de sansonnet en échange. Mets la pédale douce de temps en temps.

Il fut un peu gêné aux entournures et ne sut quoi répondre. En son for intérieur il savait qu’elle avait raison et ne pouvait l’envoyer aux pelotes ni lui monter le bourrichon.
T’es bouché à l'émeri ! mon pauvre Jean-René reprit Anémone.
Il ne répondit rien et lui promit de se lever dès potron-minet pour préparer la fête, de trier les invités sur le volet, en évitant d’inviter le ban et l’arrière ban, tout cela en veillant à ne pas semer la zizanie parmi ses collègues.
C’est peu ou prou le quadrature du cercle ton histoire dit sa femme à brûle pourpoint encore que Jean-René pensa qu’elle l’avait dit au débotté, question de timing selon lui.
Lâche-moi la grappe, rétorqua-t-il, je ne vais pas faire tout un pataquès d’une simple sauterie, il y a belle lurette que je ne suis plus sous ta houlette comme tu veux bien le faire croire et pour ta gouverne, tu n’as pas voix au chapitre
T’es fier comme un pou ! reprit Anémone, t’as toujours eu besoin de jeter de la poudre aux yeux, même si t’es loin d’être plein aux as ! Tu n’as plus un sou vaillant en poche ! Tu pourrais les recevoir à la bonne franquette tes «amis» et pas leur sortir tout le saint-frusquin ! Tu vas faire un four !

Ce huis clos pesait à Jean-René. Il se faisait du mouron assez facilement.

Anémone lui reprochait sans arrêt de s’endormir sur ses lauriers, de passer sous les fourches caudines de son patron, d’être taillable et corvéable à merci, de ronger son frein et finalement d’amuser la galerie à ses dépens.
Notre mariage pensa-t-il soudain, est en train de tomber en quenouille et part à vau-l’eau, alors que durant leurs premières années de vie commune, il les emmenait par monts et par vaux.
Depuis, il avait l’impression d’être l’unique cheville ouvrière de son couple et il en avait sa claque. Anémone elle, se portait comme un charme, elle faisait bonne chère, et lui rabaissait le caquet à la moindre occasion, elle marchait sur les brisées de sa mère Odette...
Pourtant, il n’était pas disposé à battre sa coulpe. Il se réfugiait dans une nostalgie rassurante et se remémorait à l’envi leur histoire d’amour.
A l’époque, alors qu’il était déjà fondé de pouvoir à la Providentielle, sorti frais émoulu de l’école supérieur de commerce de Lille, Anémone Pillet-Jacquemard était stagiaire de fin d’études et à croquer.
Anémone cherchait un homme tous azimuts, les candidats étaient légion et se pressaient à la queue leu leu devant la porte de son bureau, elle faisait un tabac et misait sur tous les tableaux.
Jean-René décida d’entrer en lice et de jouer son va-tout en lui contant fleurette - l’usage de cette expression montre à quel point il était vieux-jeu - il coiffa au poteau Maurice Blanchard du contentieux. Ce dernier était au trente-sixième dessous et poussait des cris d'orfraie après sa défaite.
Le succès de Jean-René coupa le sifflet à nombre d’agités du bocal dans la maison et plus personne ne lui cherchait des noises.
Pour lui, l’affaire se présentait sous les meilleurs auspices, il ne comptait pas renvoyer aux calendes grecques sa demande en mariage.
Par la force des choses, jeux de main jeux de vilain, ils s’étaient retrouvés à prendre leur pied dans le plus simple appareil, et peu de temps après, ils convolèrent en justes noces et se marièrent en grande pompe. Ils ne voulaient pas rater le coche et atteindre l’âge canonique où le célibat pèse.

Depuis tout avait changé. Au grand dam de Jean-René, Anémone portait au pinacle son frère Valéry. Lorsque le frère et la soeur partaient en goguette, ils lui taillaient des croupières et le vouaient aux gémonies. Il avait déclaré forfait depuis longtemps, ce n’était pas un foudre de guerre, du moins n’avait-il pas la science infuse comme son beau-frère Valéry.

Il voulait profiter de cette journée de chasse, car demain il serait sur la sellette face aux inspecteurs fiscaux qui ne manqueraient pas de tirer à boulets rouges après le coup de semonce qu’ils avaient tiré en lançant une accusation de fraude,
Ils avaient la Providentielle dans le collimateur, et ne se priveraient pas de faire un carton. Il était sur le qui vive et s’attendait à être cloué au pilori à la place des responsable qui l’avaient laissé en rade.

En s’entendant répondre à leurs questions « cela semble frappé au coin du bon sens », Jean-René comprit qu’il n’était pas dans son assiette, à l’aune de son expérience passée des contrôles fiscaux cela n’était pas de bon augure. Comble de tout, il était à la bourre ce matin.
En temps normal il aurait pu donner le change, tailler une bavette avec les deux inspecteurs, discuter avec eux à bâtons rompus, mais là, il était tombé sur un bec.
Joseph Colignon de Verdier, l’inspecteur en chef, descendant d’une famille de grands commis de l’Etat depuis Colbert, en profita pour mettre Jean-René sous sa coupe et celui-ci ne put éviter de tomber dans le panneau :
«J’ai noté sur mes tablettes, lors du dernier contrôle, que vous aviez, à juste titre, fait une coupe sombre dans les dépenses de bouche...»
Sortons des sentiers battus, reprit l’autre inspecteur, un syndicaliste formé sur le tas, pas vraiment un boute en train, Roger Beresinsky. Il était sans arrêt en bisbille avec ses collègues qu’il jugeait mous :
«Il y a péril en la demeure Mr Trinquetier ! Si vous ne bougez pas, cette affaire va défrayer la chronique, et vous ne ferez pas long feu, c’est moi qui vous le dit ! »
Joseph Colignon de Verdière ajouta avec un sourire carnassier :
«L’opinion va crier haro sur le baudet et vous serez mis à l’index ! »

les arguments des inspecteurs semblaient faire mouche, mais Jean-René, s’en tenait à sa devise : motus et bouche cousue.

« Nous allons croire que vous êtes de mèche avec votre patron, lui non plus n’est pas en odeur de sainteté, cela fait des lustres que nous le traquons, et nous le ferons tomber sans coup férir...croyez-moi, il va se retrouver à faire la manche !»

jean-René était sur la brèche, mais il n’avait qu’une envie : regagner ses pénates. Il était au bout du rouleau.

Il aurait mieux fait de sonner le branle-bas de combat dès le réveil, de s’équiper de pied en cap, de prendre ses cliques et ses claques, en un mot de faire l’école buissonnière. Il était vraiment dans la panade, Jean-René, il l’avait bel et bien dans le baba.

« D’ores et déjà notre conviction est faite. Nous vous laissons quartier libre jusqu’à demain matin, à vous de nous mettre sur la voie, vous avez les coudées franches, mais attention, pas d’entourloupe ! »

Jean-René rentra chez lui. Anémone l’attendait.
« Je te trouve bien mal luné ! » fit-elle.
Il la mit au courant en deux mots :
«J’ai maille à partir avec les services fiscaux, et les dés sont pipés ! Mais je leur ai posé un miroir aux alouettes et lorsqu’ils penseront avoir fait une touche, nous serons déjà loin.»
Avant qu’elle n’ait pu réagir, il poursuivit :
«Je pense que cette affaire est du pipeau, et comme dit ton frère, l’occasion fait le larron. Je n’ai jamais eu pignon sur rue, tu me l’a souvent reproché. Il est temps pour nous de passer la rampe et de profiter tout notre soûl de ce que nous avons bien ou mal acquis. Je ne voudrais pas que cela tombe dans l’escarcelle d’un suppôt de Satan désireux de nous placer sous sa férule.»

Merci aux éditions Christine Asin et Emmanuelle Pellé, aux dictionnaires Le Robert, et à Babelio de m’avoir attribué 200 drôles d’expressions dans le cadre d’une masse critique.
Sous la plume d’Alain Rey et avec l’apport facétieux de Stéphane de Groodt, ce livre est une référence indispensable aux amoureux des mots et de la langue française.
C’est au pied du mur que l’on voit le maçon, me répétait mon père. Confronté à l’écriture d’une critique pas évidente à rédiger, j’ai pris le parti de considérer l’ouvrage d’Alain Rey comme un mécano et, avec mes vis et mes boulons, j’ai assemblé les 200 expressions dans cette histoire que vous venez de lire. C’est un exercice que je vous recommande.
Livre indispensable, à placer dans votre bibliothèque, ou dans toute autre pièce de la maison, il enchantera votre famille et vos invités en leur procurant d’agréables instants de lecture, et favorisera les débats lors des soirées d’hiver ou les dîners familiaux.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Cela faisait des lustres! j'aurais pu renvoyer cette lecture aux calendes grecques mais par acquit de conscience ,n'ayant pas la science infuse et l'occasion faisant le larron ,challenge oblige, je me suis plongée dans ce recueil édité aux éditions Le Robert: 200 drôles d'expressions que l'on utilise tous les jours sans vraiment les connaître sous la gouverne d'Alain Rey.
Sans être ni vieux jeu ni rabat-joie ni faire un pataquès de mes connaissances en expressions diverses et variées, je suis très fière de ma "culture" ...par contre quand il s'agit d'expliquer le pourquoi et le comment de telle ou telle expression je prends la poudre d'escampette vite fait.
Un ouvrage où il fait bon flâner et picorer de ci delà une ou deux pépites de quoi jeter de la poudre aux yeux à la prochaine occasion ...
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D'ores et déjà, je vous le dis, je suis tombé dans le panneau, j'ai cédé à la tentation de faire ma critique en mettant en exergue et à bon escient quelques unes de ces drôles d'expressions, mais à la bonne franquette, comme il se doit et pour amuser la galerie. Voilà donc un bouquin qui devrait faire un tabac (peut-être même un carton) dans les librairies en cette fin d'année, car c'est un cadeau idéal pour tous les curieux et les amoureux de la langue française. Sans se casser la nénette, les auteurs, sous l'égide d'Alain Rey, nous expliquent l'étymologie d'expressions comme : Il y a belle lurette et ça fait des lustres (ou d'autres du même acabit), nous renvoyant au parler populaire du moyen-âge ou à l'Histoire Romaine. Les expressions sont remises dans leur contexte avec des citations littéraires de bon aloi ou avec quelques bons mots de ce boute-en-train qu'est Stéphane de Groodt. On peut le lire de A à Z ou en piochant au hasard. Il nous montre la richesse de notre langue et sa vitalité. C'est pas du pipeau, ce bouquin fait mouche, il est à croquer, après sa lecture, on se porte comme un charme. J'espère qu'il fera florès et qu'il y aura un 2ème tome, car de ces expressions, il y en a à foison (celle-ci pourrait y être). Bon, là je suis à la bourre, alors je mets les bouts (celle-là aussi). Voilà.
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Je n'allais tout de même pas renvoyer aux calendes grecques la chronique d'un ouvrage aussi passionnant que celui d'Alain Rey! Dès potron minet donc, branle-bas de combat! Notre spécialiste fouille comme un joyeux drille dans la vieille langue française depuis des lustres! On peut dire qu'il fait un tabac avec ses expressions triées sur le volet. Jamais à côté de la plaque, ce linguiste émérite part en goguette sur les sentiers battus du langage et sans coup férir fait florès en nous expliquant l'origine de tournures existant parfois depuis belle lurette. Et ne croyez pas qu'il parle en collet monté : les explications à la bonne franquette abondent. Même si vous êtes bouché à l'émeri ou agité du bocal, vous finirez par en connaître un rayon et épater la galerie lors du prochain dîner mondain! Bon, je ne vais en faire tout un pataquès si vous ne partagez pas mon avis, mais je me suis tout de même cassé la nénette pour intégrer pas mal de ces expressions dans ma chronique. Surtout ne déclarez pas forfait, c'est à juste titre un ouvrage à posséder même si on n'est pas plein aux as. Les autres, à côté, c'est de la roupie de sansonnet. Allez, je regagne mes pénates, je suis à la bourre…
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J'ai reçu ce livre via Masse critique : merci à Babelio et aux éditions Le Robert ! Ce petit dictionnaire en format poche (ou presque) explique de manière simple 200 expressions plutôt courantes (comme l'indique le titre). Bien sûr, ce n'est pas un livre qui se lit de bout en bout, mais que l'on picore de temps en temps. le sens des expressions choisies dans cet ouvrage est quasiment toujours connu puisque ce sont des expressions « que l'on utilise tous les jours », mais on en apprend beaucoup sur leur origine, l'étymologie des mots qu'elles contiennent. Tout cela agrémenté de jeux de mots, et de références littéraires et historiques. C'est très instructif, parfois drôle, bien que les (très rares) interventions de Stéphane de Groodt m'ont semblé inutiles et sans intérêt. Je suppose que ces quelques petites remarques de l'acteur sont là pour des raisons de marketing et/ou pour rendre le livre plus ludique, mais personnellement je m'en serais passé, elles n'apportent rien et les articles d'Alain Rey sont largement suffisants.

Pour chaque expression, on trouve un petit encadré bonus à la fin de l'article : souvent une citation qui permet de lire l'expression en contexte, parfois une définition supplémentaire pour aller plus loin, ou une des fameuses petites « blagues » de Stéphane de Groodt.

Je reprocherais à cet ouvrage la qualité un peu trop « livre discount » (les pages sont très (trop) transparentes), la présentation vraiment sommaire (quelques efforts de mise en page, quelques couleurs et une présentation un peu plus « design » auraient rendu le livre plus agréable à lire et à feuilleter, plus attrayant). Évidemment, ceci n'enlève rien à la qualité du contenu, mais je trouve que c'est quand même dommage.
Lien : http://excalibri.blogspot.fr..
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Un régal pour les amoureux de la langue française !

Mais pas seulement pour eux ... C'est un régal tout simplement.
Des expressions d'autrefois, souvent encore en usage aujourd'hui, qu'Alain Rey récupère et décrit. On voyage alors à travers la sémantique, à travers l'étymologie, à travers l'histoire !

Un livre qui peut se lire d'une traite mais qui peut aussi se parcourir sur quelques petits moments de la journée ...

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Alain Rey, rédacteur en chef des éditions Le Robert – et dont il est inutile de vanter la connaissance impeccable de la langue française –, démontre, par ces 200 drôles d'expressions, la relation charnelle qu'il entretient avec les mots. Autant dire qu'en la matière, même s'il n'est pas un moine autorisé à parler, il a tout de même « voix au chapitre » !
En effet, ce linguiste et lexicographe de haut vol se penche, dans le présent volume, sur ces expressions héritées de nos aînés, que nous répétons tel un héritage. Mais si nous en connaissons le sens contemporain, nous ignorons souvent son origine et son évolution dans le temps. D'où la pertinence de ce livre à valeur anthropologique.
« Tous azimuts » – d'abord point d'horizon dont se servait le navigateur pour se repérer –, cette lecture, aussi divertissante que didactique, nous permet d'« en connaître un rayon » qui, depuis les abeilles jusqu'à « chaque partie d'un magasin réservée à un type de marchandise », signifie désormais qu'on maîtrise son sujet.
Ces expressions très imagées explorent aussi l'histoire. Ainsi, « tomber sur un bec » – autrement dit, un obstacle, rappelle qu'autrefois les rues étaient éclairées par des becs (lampadaires) de gaz, avantageusement remplacés depuis par l'électricité…beaucoup moins explosive !
Certaines font partie du langage courant (« déclarer forfait » ou « être à côté de la plaque ») ; d'autres sont plus rares : « tomber en quenouille », « être abandonné, laissé à l'abandon, en parlant d'un pouvoir, d'un privilège, d'un domaine ».
Certaines encore nous sont très familières tout en étant composées de mots dont nous avons oublié le sens premier : l'huis, de « huis clos », évoquant des débats non publics – et occasionnellement l'enfer avec les autres (Sartre dixit) –, désigne une porte.
Toutefois, ces explications étant déjà pleines d'humour, était-il nécessaire de faire intervenir un Stéphane de Groodt comme caution drolatique, lequel fait ici figure de Desproges du pauvre ? Ses traits d'esprit, forcés, sont définitivement de trop dans cet ouvrage.
Je leur préfère de loin les citations d'écrivains, plus légitimes, car, comme ses 200 expressions, leurs oeuvres donnent à voir. Ecrire des romans, entre autres, n'est-ce pas une abstraction magique qui crée des mondes visibles avec des mots ?
Enfin, ce qui est rassurant pour l'enrichissement de la langue, ces expressions se perpétuent. le dialoguiste Michel Audiard en était le meilleur exemple qui, pour exprimer un degré avancé de connerie, parlait de « gabarit exceptionnel » !
Qui sait, peut-être dira-t-on un jour « Tu as la connexion lente » pour désigner le contraire d'un esprit vif ?
L'occasion pour moi d'affirmer que ce recueil d'expressions a vraiment « pignon sur rue », et plutôt que de le « clouer au pilori » je préfère le « porter au pinacle » !

Remerciements à Babelio et aux éditions Le Robert.


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Excellent support pour la culture générale.
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