Le savant travail de M. Rigollot n'était point, à vrai dire, une histoire; mais une série de dissertations très érudites sur les monuments désignés par lui au crayon de MM. Duthoit, et reliées entre elles par un aperçu général des progrès de l'art en chacun des siècles parcourus depuis la mosaïque antique découverte à Amiens dans le jardin des religieuses Ursulines, jusqu'au tombeau de Raoul de Lannoy et à une verrière attribuée à Jean Cousin.
Le mérite purement technique de Donatello est ce qui l'a surtout mis en estime auprès de ses contemporains; son esprit était d'ailleurs aussi pauvre que grossier; il borna son point de vue à l'exécution matérielle; aussi ses ouvrages peuvent bien exciter une certaine surprise, mais ne produisent aucune impression profonde et durable; il réussit bien moins dans le travail du bronze, et il était surtout un habile tailleur de pierre.
Il est fait mention par les écrivains de Venise d'une école de peinture ouverte dans cette république dès le XIIe siècle, par un constantinopolitain nommé Théophile ou Théophane. C'est peut-être la faire remonter trop haut, puisqu'on ne possède à ce sujet aucun document positif; mais il est incontestable qu'au commencement du XIIIe siècle il y eut en Italie de nombreux artistes qui ne se bornèrent pas à reproduire les caractères propres aux modèles grecs, mais qui s'approprièrent aussi leurs procédés d'exécution, sans atteindre toutefois, dès-lors, à leur habileté purement mécanique.
Au XIIIe siècle, la peinture perdit chez les Grecs tout son esprit et devint un art purement mécanique; les proportions s'allongèrent démesurément; le dessin fut très-faible; les visages semblèrent desséchés; les carnations sont tantôt sombres et plombées, tantôt d'une couleur orangée; les vêtements sont peints avec des couleurs tranchantes, particulièrement avec le rouge de cinabre et le bleu; les fonds sont entièrement dorés: les anciennes personnifications deviennent de plus en plus rares, mais parfois on y rencontre des représentations grotesques.
On convient que vers le milieu du quinzième siècle les peintres florentins traitaient généralement la plupart des sujets religieux, mystiques ou moraux, d'une façon superficielle et sans leur donner cette animation, ce sentiment intime que Fra Angelico avait su inspirer à ses productions; mais cette négligence ou le manque d'inspiration ne doit pas être attribué aux progrès extraordinaires que faisait alors l'étude ou l'imitation de la nature, ou le naturalisme, comme on dit maintenant. Ce serait confondre le symptôme avec la cause.