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EAN : 9782810009428
800 pages
L'artilleur (29/01/2020)
2.75/5   2 notes
Résumé :
Le communisme n'a jamais été un idéal de progrès et ses crimes monstrueux ne furent pas le fruit d'une malencontreuse dérive. Telle est la démonstration que fait ici Bruno Riondel, un siècle après la naissance de l'Internationale léniniste. Détruire la superstructure culturelle traditionnelle des sociétés par l'élimination de millions de personnes a toujours été le préalable obligé à la mise en oeuvre des révolutions marxistes-léninistes. Partout, celles-ci permiren... >Voir plus
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L'alliance électorale composée du PCF, de la SFIO et des radicaux socialistes emporta ainsi les élections législatives de 1936, avec, au soir du second tour, le 3 mai, 386 sièges obtenus à l'Assemblée sur un total de 608, dont 72 pour les communistes (15,3 % des voix), 147 pour la SFIO et 167 pour les radicaux. Les élections entraînèrent ensuite la naissance d'un gouvernement de Front populaire socialiste et radical, dirigé par Léon Blum, nommé président du Conseil, et auquel les communistes refusèrent de participer, tout en le soutenant activement, suivant en cela les volontés de Staline qui se montrait soucieux de ne pas renforcer l'anticommunisme. Pour la première fois de son histoire, le PCF s'intégrait ainsi la vie démocratique, donnant à son bolchevisme une coloration nationale inédite. (Selon Léon de Poncins, le coup d'Etat communiste fut évité de justesse dans les jours qui suivirent la formation du gouvernement du Front populaire. Un ordre d'insurrection aurait été donné dans la nuit du 11 au 12 juin 1936, puis différé et abandonné, l'URSS reportant vers l'Espagne le front qu'elle souhaitait ouvrir à l'ouest de l'Europe. Le contexte était pourtant favorable : occupation communiste des usines, ligues de droite dissoutes, gouvernement impréparé, les communistes disposant, de surcroît, d'un plan d'insurrection conçu par les stratèges de Moscou, ainsi que des moyens en argent et armement pour le mettre en oeuvre.)
Peu gêné par les contradictions que générait sa nouvelle stratégie antifasciste, le PCF, qui se posait désormais en champion de la démocratie française, allait bientôt soutenir les sanglantes purges staliniennes.
Le discours antifasciste fut atténué pour d'évidentes raisons stratégiques, lorsqu'en août 1939, Hitler et Staline signèrent, à la stupeur des communistes français, un pacte de non-agression par lequel le dirigeant soviétique ambitionnait de scinder en deux parties rivales le monde capitaliste.
(Pages 399 et 400)
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La recherche d'une reconnaissance offerte par le maître du Kremlin conduisait les auteurs faits courtisans à pratiquer une surenchère de dithyrambes ridicules, Paul Eluard prétendant que "Staline dissipe aujourd'hui le malheur" et que "la confiance est le fruit de son cerveau d'amour", tandis qu'Aragon voyait en lui le "plus grand philosophe de tous les temps [...], celui qui a proclamé que l'homme est la plus grande valeur sur terre". Henri Barbusse se fit même biographe du "Petit père des peuples", publiant, en 1935, la première biographie officielle consacrée au personnage et dans laquelle il célébrait "l'homme le plus grand de notre époque", le dirigeant à la fois "inflexible et souple comme l'acier", dont la "haute stature domine l'Europe, l'Asie, le passé et l'avenir". Et Barbusse, mal inspiré et peu avare de louanges faciles, voyait encore en Staline "l'homme à la tête de savant, à la figure d'ouvrier et à l'habit de simple soldat" et ainsi de suite, pour un crescendo d'interminables et médiocres litanies, si peu dignes du talent supposé du récipiendaire du prix Goncourt 1916.
(Pages 530 et 531)
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La guerre de 1936 fut en effet instrumentalisée par Staline, via le Komintern et le PC espagnol et relevait d'une tentative de conquête du pouvoir par l'Internationale pour faire de l'Espagne, écrit François Furet, "une vitrine antifasciste de la propagande soviétique".
Le gouvernement du Frente Popular était ainsi influencé en sous-main par Alexander Orlov, membre du NKVD qui recevait ses ordres directement de Nikolaï Iejov et de Staline, tandis que l'ambassadeur soviétique, Marcel Rosenberg, siégeait au Conseil des ministres espagnol. La bolchevisation du Frente Popular se caractérisa par l'envoi de 50 000 "conseillers" soviétiques (en fait, des commissaires politiques) et par la mise sur pied de "brigades internationales" (60 000 à 80 000 hommes) qui formaient une sorte de légion étrangère soviétique, "véritable armée communiste dont toutes les structures, le choix des cadres, de l'état-major, la stratégie étaient décidés à Moscou, où se trouvent toutes les archives" (Stéphane Courtois, Le Bolchevisme à la française, p.37).
L'envoi par les Soviétiques de brigades, ainsi que de matériel militaire (Les Républicains entrèrent dans Madrid aux commandes de chars russes et la capitale fut protégée par les troupes soviétiques du général Berzin, ainsi que par les blindés du général Pavlov), sans lesquels la guerre n'aurait pas excédé six mois, radicalisa un conflit particulièrement sanglant. Des "Checas" (Tchéka) locales causèrent la mort de dizaines de milliers de personnes.
(...) L'historien Georges-Roux estima à 110 000 le nombre de personnes tuées par les communistes.
(...) Le PCF organisa à cette occasion l'envoi de matériel militaire et de brigades internationales pour combattre le franquisme ; parmi ceux-ci se trouvait André Marty élevé au grade d'inspecteur général des Brigades internationales, sa particulière cruauté, à l'égard des siens notamment, lui valant le surnom de "boucher d'Albacete". Arnaud Imatz, spécialiste de la guerre d'Espagne estime que Marty fut à l'origine de l'exécution d'au moins 500 brigadistes internationaux qu'il envoya au "sanatorium" d'Alcala de Henares qui était en fait un centre d'exécution du NKVD. Dans un rapport du Komintern, daté de 1937, Marty préconisait aussi l'élimination de l'écrivain André Malraux qui combattait alors en Espagne.
(...) Quelques mois après la fin de la guerre d'Espagne qui avait mobilisé les énergies des communistes durant toute la seconde partie des années 1930, un autre conflit, opposant cette fois les Français aux Allemands, commença, dans le contexte inattendu d'un rapprochement germano-soviétique aux effets plus que problématiques sur le positionnement politique du PCF.
(Pages 401 à 404)
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Dans les faits, l'homme [Salvador Allende] n'était pas aussi démocrate que certains le prétendirent alors, car son programme politique relevait d'une classique ligne marxiste-léniniste qui ne pouvait, à terme, que conduire à imposer celui-ci par la force. Lors du 21e Congrès du Parti socialiste chilien qui se tint à Linares, en 1965, Salvador Allende avait déclaré : "le Parti socialiste, comme organisation marxiste-léniniste, pose la prise du pouvoir comme objectif stratégique à atteindre [...] pour instaurer un Etat révolutionnaire" et dans ce but, "la violence révolutionnaire est inévitable et légitime".
[...] L'expérience socialiste chilienne se passait mal et Allende, dont les services secrets et la police étaient "conseillés" par les castristes de Cuba, prévint ses adversaires que "la révolution au Chili [était] irréversible" et que, si nécessaire, "nous nous lancer[i]ons dans une guerre civile". Il nomma le général Pinochet, un proche de Carlos Prats - donc, à ses yeux, un fidèle - au poste de chef des armées. Mais Pinochet se retourna et renversa Allende, le 11 septembre 1973, lequel se suicida avec un fusil d'assaut AK 47 que lui avait offert Fidel Castro et sur lequel ce dernier avait fait graver : "De la part de Fidel, à mon bon ami Salvador, qui essaye par des moyens différents d'atteindre les mêmes buts".
La mort tragique d'Allende qui préparait subtilement l'avènement d'une dictature marxiste a fait de lui, dans l'imaginaire collectif, une innocente victime de la défense d'une démocratie qu'il ne concevait peut-être pourtant que selon la version pensée par Georgi Dimitrov, le chef de l'Internationale socialiste, dans les années 1930, celle de la "démocratie populaire" de type soviétique.
(Pages 579 à 581)
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Dans les usines d'armement françaises, plusieurs cas de destruction de matériel, commis par les communistes, furent signalés, comme à Montluçon où, en novembre 1939, selon Roger Holeindre, deux cents tubes de canon de 25mm ont été rendus inutilisables avant de quitter l'usine, alors que les dégradations commises sur l'aviso La Gracieuse en retardèrent le lancement, tout comme était retardée, pour les mêmes raisons, la livraison, par Renault, du char B1. Une fois livrés, les chars Renault tombèrent souvent en panne durant les opérations militaires, suite à la rupture de pièces qui avaient été au préalable partiellement sciées, ou à la coupure de fils d'alimentation. Plus grave, plusieurs avions de marque Farman explosèrent étrangement en vol, tuant leurs équipages sur le coup et l'ouvrier communiste, Roger Rambaud, arrêté avec plusieurs de ses camardes, expliqua à la justice qu' "on nous a[vait] fait un croquis du bâti moteur, en indiquant qu'il fallait sectionner le frein d'écrou reliant l'arrivée d'essence. De ce fait, le moteur en marchant faisait dévisser l'écrou et l'essence se répandait sur le tuyau d'échappement, ce qui provoquait une explosion détruisant l'appareil est ses passagers". Roger Rambaud, qui avoua avoir saboté dix-sept avions, et trois de ses complices, membres comme lui des Jeunesses communistes, furent condamnés à mort et exécutés pour ces faits criminels. Dans les usines spécialisées dans la fabrication de matériel de guerre, l'ampleur des sabotages fut telle qu'il fallut remplacer les contremaîtres par des ingénieurs spécialisés pour vérifier l'état de chaque article produit, avant de procéder à la livraison.
(Page 412)
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