AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 736 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un album, comme un chant, un hymne à la guerre ancestrale entre l'homme et le loup.
Le trait de Rochette est âpre, noir et précis. la mise en couleur participe à cette précision du propos: j'ai ressenti ce froid qui tue ou mutile l'imprudent piégé dans la montagne. J'ai participé au festin ivre du loup.
Entre le loup et l'homme, l'un des deux est-il vraiment de trop? Chacun ne doit-il pas trouver sa place, partager?
Gaspard le berger souffre et sa colère risque de l'anéantir. La louve est morte, et son petit a survécu. Entre le loup et l'homme, y'aura-t-il un vainqueur?
Une histoire magistrale, que postface à propos, baptiste Morizot.
Commenter  J’apprécie          834
- Loup, y es-tu ?
- Oh que oui, mon ami, et je vais te faire la misère !

Il était une fois un berger prénommé, non pas Michel, mais Gaspard.
Pas le gars taciturne, mais presque.
Son jardin, la montagne qu'il arpente en soliste au rythme des saisons.
Aussi, lorsqu'une louve vint chier sur ses plate-bandes en lui flinguant quelques dizaines de brebis et d'agneaux, le gars Gaspard, il a vu rouge.
Rouge comme le sang de la bête qui contraste désormais avec la neige immaculée, laissant derrière elle un louveteau peu rancunier, mais qui n'oublie pas.

Rochette, c'est chouette.
Véritable ode à la nature et à la liberté, cette montagne et les autochtones qui la peuplent peuvent parfois mettre en lumière des duels épiques.
De ceux qui marquent à jamais la cartographie mémorielle d'une région.

Ce livre m'a ramené au vieil homme et la mer, allez savoir pourquoi.
Deux ennemis ancestraux se livrant bataille tout en se respectant.
L'histoire peut sembler triste, elle s'avère porteuse d'une rare beauté assortie d'une humilité saisissante.

Si le trait parfois sombre m'a quelque peu échaudé, le récit bouleversant qui lui sert de support rafle à lui seul la mise.
Un combat sans merci entre deux belligérants bigrement intelligents et tenaces, ça a déjà de la gueule sur papier glacé, mais lorsque ce dernier va jusqu'à flirter avec une folie hallucinatoire, on touche au sublime.
Les paysages sont grandioses.
Les leçons de vie et de mort sont à l'unisson.

Ce récit est un hymne à l'intelligence et au respect mutuel.
Grand moment.
Commenter  J’apprécie          6910
Le loup est une magnifique BD de Jean-Marc Rochette, que j'ai découverte à la faveur d'une opération « Du vent dans les BD », à laquelle participe la médiathèque de ma commune.
Le scénario repose sur une histoire simple. Au coeur du Massif des Écrins, un grand loup blanc et un berger vont s'affronter, jusqu'à leurs dernières limites.
En entrant dans cette histoire, je venais avec mon vécu, à la fois passionné par la montagne, mais sensible aussi à celles et ceux qui défendent la cause des loups. Je connais bien certains endroits du Massif des Écrins. Je connais aussi le Mercantour, lorsqu'un été, dans un camping à la ferme, j'ai pu découvrir de plein fouet le drame d'un berger dont une centaine de ses brebis venait de se précipiter dans le vide à cause des loups...
Ici le propos n'est pas de défendre ni la cause des loups, ni celle des bergers. Alors me direz-vous, serait-ce une sorte d'entre deux, un compromis ? Oui, mais c'est bien plus que cela...
Nous suivons l'itinéraire de Gaspard berger, rythmé par les saisons. Sa vie solitaire se résume à accompagner ses brebis vers les alpages de haute montagne. Il a fait le choix de se couper du rester du monde, de la vallée où « la neige est moins belle ».
En tuant une femelle loup qui vient de décimer son troupeau, il ne soupçonne pas que le louveteau qui va survivre va très vite revenir grandi, occuper le terrain et crier vengeance. Ainsi se dressent les conditions pour accueillir le combat qui va commencer entre ces deux êtres : le berger et le loup.
C'est beau comme une tragédie. Il y a une lutte qui m'a fait inévitablement penser à l'oeuvre d'Ernest Hemingway, le vieil homme et la mer.
C'est le récit d'un affrontement magistral qui, finalement, n'est pas si important que cela dans son dénouement. Dans le chemin difficile, ardu, arpenté, nous voyons se dessiner une réflexion philosophique entre l'homme et l'animal, la place de l'un et l'autre dans un territoire où chacun revendique sa légitimité d'exister.
D'ailleurs, le récit soulève avec pertinence cette question de la légitimité d'appartenir et de dominer un territoire.
Ce que j'ai aimé, apprécié, lu dans ce récit est cette manière qu'a Gaspard d'évoluer dans son ascension pour tuer le loup. Gaspard se métamorphose en montant vers les sommets. C'est un récit initiatique, silencieux, il s'allège peu à peu de ce côté guerrier qu'on confie si facilement aux hommes des vallées face à la question du combat contre les loups.
Le trait du dessin est à la fois généreux et rude, comme les reliefs de la montagne.
Je me suis demandé, si les bergers étaient des femmes, ou plus souvent des femmes, la question du loup serait-elle traitée différemment ?
Dans ce voyage initiatique, j'ai vu se déployer une réconciliation du monde du vivant, vers une sorte de vivre ensemble...
Un très beau texte du philosophe Baptiste Morizot conclut en postface cette BD et illustre ce propos.
Commenter  J’apprécie          537
Quelle belle histoire et/ou fable ! Lorsque l'on tourne la dernière page, on y reste encore dedans à se poser des questions sur la relation entre l'homme et l'animal surtout après le postface de Baptiste Morizot, philosophe qui plaide pour de nouvelles alliances entre les hommes et les animaux. Impossible au lecteur de prendre parti pour le vieux berger ou le jeune loup blanc. Gaspard (un autre de la Meije) a tué sa mère qui s'est attaqué à ses moutons. Un vrai boutche qui ne s'est pas remis de la mort de son fils que la guerre a pris. Qui gagnera ? Existe-t-il un compromis ? Il y a un peu de L'oeil du loup de Pennac dans les dessins où leurs regards se croisent. Rochette nous offre comme cadre le Massif des Écrins. 2ème BD que je lis de lui, je suis conquise. Relève de London et de Hemingway.
Commenter  J’apprécie          490
Jean-Marc Rochette nous conte l'histoire d'un vieux berger et d'un jeune loup et nous offre à travers elle une très jolie réflexion sur la place de l'homme dans la nature.

D'un côté, un berger excédé de voir le loup dévorer ses brebis fait parler sa carabine.
Et, pan !
En face, la victime est une louve. Son louveteau se retrouve seul, démuni et désorienté par la perte de sa mère.
Gaspard n'a aucun état d'âme : "Elle m'avait déjà tué 150 brebis la saison dernière. C'était elle ou mon troupeau. J'ai choisi."
Dis comme ça, c'est simple. Mais la suite sera plus compliquée pour Gaspard.

Cet album nous offre une confrontation saisissante entre un vieil homme et un jeune animal.
Qui sortira vainqueur de ce terrible duel ?
L'homme ? L'animal ?
Et si les deux gagnaient, à travers ce qu'ils auront retenu de cette aventure ? de cette leçon de vie, finalement.

L'album de Jean-Marc Rochette, au-delà du plaisir d'une belle histoire pose les questions essentielles.
Le loup, animal sauvage, dérange les hommes, c'est certain.
Mais...
Qui, de l'homme ou du loup, est le plus légitime dans la nature ?
Qui, de l'homme ou du loup, est le plus sauvage ?
Le texte n'est pas bêtement moralisateur, non. Simplement, naturellement, il amène le lecteur à réfléchir.

Le dessin est magnifique et met vraiment en valeur la nature, qui offre un décor fabuleux. le lecteur est totalement immergé dans les paysages.
Moi qui aime tant la montagne, j'ai été servie.
L'auteur se fait caméraman : il zoome, il dézoome, il fait apparaître un détail ou nous montre la grandeur d'un ensemble. Tous ces effets utilisés à bon escient rendent le récit très vivant et lui donnent beaucoup de force.
Les personnages sont très bien dessinés, qu'il s'agisse de Gaspard ou du louveteau. Leurs regards sont tellement expressifs ! Certaines planches sont saisissantes.

Cet album est une triple réussite : graphisme, texte, message.
Que je n'oublie pas d'en mentionner une quatrième, conséquence logique des précédentes : un grand plaisir de lecture.
Commenter  J’apprécie          458
Cet album se passe au coeur du Massif des Ecrins, lieux qui est , je l'apprends , un lieux familier et aimé par Jean-Marc Rochette.
Dans ce paysage il va y avoir un duel entre un loup et Gaspard, berger solitaire. Un duel dans lequel chacun s'accroche, poursuit avec détermination et patience son objectif, mais c'est aussi une lutte qui bouscule les idées et amène le lecteur à se poser des questions.
J'ai tout aimé du début à la fin, aussi bien le texte que les dessins qui traduisent parfaitement le froid, la rage, la détermination l'introspection.
La nature est parfois peinte de façon paisible, sereine, les paysages sont grandioses , les couleurs sont repisantes, les traits sont doux,et parfois la nature est montrée comme rude, les paysages semblent hostiles à l'homme. Les traits sont hachés, durs, acérés , mais tout est en accord en harmonie avec le texte, c'est une vraie réussite.
L'analyse de Morizot, à la fin de cet album me plaît beaucoup. Les questions du territoire, de la cohabitation, de la consommation raisonnée sont posées avec intelligence et incitent à réfléchir.
Commenter  J’apprécie          432
Gaspard est berger. Il vit dans les Ecrins avec son chien Max et son troupeau de brebis.
Une nuit, une louve attaque son troupeau.Gaspard la tue. Son louveteau, affamé, et désormais seul au monde, viendra s'abreuver du sang chaud de sa mère.
Devenu plus grand,le loup reviendra sur les lieux. Pour se venger de Gaspard ?
C'est ce que croit le vieux berger...

Mais un loup reste un loup.


Quelle claque cette BD ! Jean-Marc Rochette, de main de maître, rend hommage à la montagne, à la nature, aux animaux qui y vivent, aux bergers et aux loups. Il met en avant toute cette difficulté à faire cohabiter éleveurs d'ovins et loups.
Gaspard ne cessera de le répéter : " le berger et le loup, c'est pas fait pour être ensemble."
Et on espère, au fil des pages, magnifiques, que l'histoire le fasse mentir.


A la fin de l'ouvrage, Baptiste Morizot, enseignant chercheur en philosophie apporte un éclairage fort intéressant sur les relations entre bergers et loups. Voici les propos fort justes qu'il tient à propos des brebis.

" Et si elles sont folles de terreur face au loup, au point de sauter dans le vide, c'est parce que les bergers les ont rendues inoffensives depuis des milliers d'années, par la domestication, pour pouvoir plus facilement les diriger, les tondre, les manger. de sorte que haïr le loup lorsque des brebis sautent dans le précipice, c'est oublier dans cette affaire la responsabilité des hommes qui les ont désarmées pour leur propre intérêt."

On pourrait penser que la possibilité de vivre ensemble pour les loups et les bergers est peine perdue mais cette BD et la conclusion de Baptiste Morizot apportent un bel espoir.
Commenter  J’apprécie          420
Texte et dessin : Jean-Marc Rochette
Couleurs : Isabelle Merlet

La découverte d'un livre, d'un auteur, d'un dessinateur est parfois le fait d'un hasard heureux.
En ce qui concerne Jean-Marc Rochette, la rencontre a eu lieu grâce à l'émission "Invitation au voyage " sur Arte. Les dessins montrés m'ont subjuguée. Et je me suis empressée d'emprunter celui-ci, seul dans son bac.
Je n'ai pas été déçue car j'ai vu la montagne telle que je ne la connait pas. En effet, pour moi, montagne = vacances d'été. Mais les troupeaux de moutons dévalant les pentes, telle une vague blanche, je connais et j'admire.
Petit bémol : je n'aime pas la chasse, au chamois, encore moins. J'aime les loups, si beaux, donc je n'aime pas qu'on les tue même si je comprends le problème que cela pose aux éleveurs, surtout en France. Car ailleurs, ils s'en sont accommodés. Dans le Queyras, nous avons souvent croisé des patous, gardiens féroces des troupeaux. Une fois qu'ils vous ont identifié comme non dangereux, ils vous laissent passer.
Les dessins, les couleurs, l'histoire tout est magnifique.
Je le recommande aux amateurs de montagne, en hiver comme en été.
Commenter  J’apprécie          366
Encore une histoire de loup, de berger, d'estive.
Au coeur du massif des écrins c'est l'hécatombe, cinquante brebis périssent. le loup a encore frappé, les brebis sont encore devenues folles. le berger vise. Tire. Une immense louve tombe. le berger extrait la balle. Pas de preuve.
L'année suivante c'est au fils de la louve que le berger est confronté. Une magnifique bête blanche. Il va le suivre dans le froid jusqu'à l'épuisement. C'est bien plus qu'une poursuite, c'est la rencontre de l'homme et du loup. C'est un mélange de peur, de rage, de respect.
La traque dans le froid, la nuit, la neige est époustouflante.
Très peu de couleurs, peu de texte mais une émotion à la limite du supportable.
Encore une fois les choses sont claires : l'homme a sa place, mais au même titre que le loup, ni plus, ni moins. Il faut faire avec !
Je l'ai relu plusieurs fois.
Commenter  J’apprécie          3419
Magnifique album !
Sans doute suis-je plus sensible à cette histoire ayant moi-même quelques brebis et m'étant intéressée au pastoralisme ancien et récent dans les Pyrénées .

Gaspard est un berger de "la vieille école", celui qui monte avec ses bêtes et son chien dans le Massif des Écrins et il n'hésite pas, à la barbe des garde-forestiers , à se défendre contre le loup qui décime les troupeaux .

C'est un homme solitaire et profondément marqué par la disparition de son fils, mais c'est aussi un homme respectueux , même si parfois il crie l'inverse dans ses moments de colère, la montagne ne lui appartient pas et il sait , comme certains peuples anciens , lui rendre hommage pour ce qu'il lui prend .
Son combat avec le jeune loup blanc se transforme peu à peu en fable et la fin n'en est que plus émouvante .

La post-face de Baptiste Morizot apporte une analyse poussée et très juste, prolongeant le plaisir de la lecture par une réflexion essentielle .

Chapeau l'auteur et direction la hotte du Père Noël pour cette BD...
Commenter  J’apprécie          330




Lecteurs (1195) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5229 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}