Ne cherchez pas le mot « HUZARDE » dans le dictionnaire. Cette création de
Karine Ronse désigne une créature au « regard vert », « moitié humaine, moitié lézarde » ( description répétée assez souvent tout le long du récit, comme un leitmotiv), « habitante de la Forêt Épineuse ».
Il s'agit du premier roman jeunesse (à partir de 9 ans, mais sans limite d'âge !) de
Karine Ronse qui est par ailleurs ancienne élève des beaux-arts, comédienne et conteuse.
J'ai tout d'abord apprécié l'aspect matériel de ce livre très bien conçu : une couverture à la fois originale et évocatrice, un chapitrage équilibré, un interligne très confortable pour la lecture.
J'ai ensuite entraperçu dans ce livre le résultat d'un labeur littéraire certain et minutieux. Pour la presse,
Karine Ronse a déclaré : «
Slaan la Huzarde a beaucoup de moi. J'ai travaillé [une année entière de recherches et d'écriture] autour des mythes et histoires nordiques, également trouvé des animaux étranges et vivants que j'ai transformé en personnages ».
Une fois qu'on a plongé dans l'univers de Slaan, on ne peut plus en arrêter la lecture. C'est très bien rythmé, et surtout très prenant comme histoire. Les dialogues sont très vivants et souvent empreints d'humour.
Précisions que Slaan est très bien équipée, grâce à son sac magique un peu à l'instar du sac à dos de Dora l'exploratrice : « Ses fantasmagoriques sont éparpillés sur la colline. Elle les récupère un par un et les glisse dans son sac Avale-tout.
- Ma cape de sommeil, mon casque puant, mon anneau de visibilité, mon trou sans fond, ma chaise porteuse à bretelles, mon arbalète lance-gluants, ma boule emmêleuse, mon GSM - gestionnaire sphérique de marches - mon GPS - godillot à propulseur supersonique, ma patate à goupille, mon éponge absorbante, ma lampe à lucioles rechargeable, mon coussin absorbeur de chocs et, pour finir, mon livre des mille et une façons de se planter ». (pp. 9-10) En faisant l'inventaire de ses accessoires, tous plus utiles les uns que les autres, on a déjà un bel aperçu de son espièglerie. D'ailleurs un peu plus loin, Avale-tout se décrit lui même comme étant « un sac à dos de luxe en peau de dragon et à lien de resserrage extensible » qui « parle quand le besoin s'en fait sentir » (p. 29).
Parmi les personnages il y a Croquenvert, le dragon et le maître du Bas Pays, Vertige, un plésiosaure hypnotiseur, des humains du peuple des Griffus, Sétor le père de Nakh, Batek, « chasseur imbattable de champignons », Ramina, « la raconteuse d'histoires » et tant d'autres.
Slaan doit être l'espionne de Croquenvent « parmi les Choes » et ne pas « lâche[r] Nakh d'un chausson » (p. 12), autrement dit la protéger. Y parviendra-t-elle ? À vous de découvrir ces péripéties faciles à suivre, mais si haletantes ! Une carte (p. 195) est là aussi pour mieux s'orienter dans ces contrées imaginaires.
La dernière phrase de l'épilogue (« Ainsi commence l'histoire de la cité des Maisons Tours, au milieu du marais de Nulle part ») augure une suite (attendue cette année, pour Noël) que j'ai hâte de découvrir.