Ouroboros fut une lecture des plus plaisantes. le roman est tout autant divertissant qu'enrichissant, allant au-delà des mots pour vous toucher en plein dans vos convictions. On y retrouve évidemment les messages souvent communiqués dans les romans cyberpunk, comme quelle est la part d'humanité restante chez les cyborgs, mais aussi chez les êtres humains.
Christophe Rosati, à travers son thriller et la mission d'espionnage de Clara, nous fait réfléchir sur la société et sur nous-mêmes. Mais s'il y a clairement le désir de faire passer un message à travers les lignes romancées, l'histoire en elle-même n'est pas bâclée, ni précipitée pour arriver à la conclusion tant attendue. L'intrigue est finement menée, les personnages sont réalistes (autant que peuvent l'être des créatures qu'on n'a pas forcément encore rencontrées pour certaines !), ils évoluent tout en restant fidèles à ce qu'ils étaient au départ, l'univers est des plus intéressants, le tout porté par une plume savoureuse.
Si les péripéties des protagonistes servent à passer un message, il est néanmoins discret tant on se plonge dans leurs aventures, leurs émotions. Car ces personnages sont loin d'être parfaits, d'être les preux chevaliers en armure, ils ne sont pas des héros. Ils ont leurs défauts, leurs blessures, leurs fêlures. Et chacun d'eux a une utilité, une partie de la mise en garde à faire passer, tout comme il a sa place cruciale dans la mission (la dernière et bien foireuse) de Clara. Que ce soit Clara elle-même, son ami cyborg Rob, son ex-petit-ami John, Raph le hacker, Gritt le pilote reclus... même Psycho-Jack et Luna. Clara dans son inquiétude de ce qu'elle laissera après sa mort. Rob dans ses interrogations sur les sentiments qu'il se surprend à ressentir. Raph dans sa naïveté et sa culpabilité (et autre chose, mais que je ne peux partager sans spoiler). Gritt dans sa retraite tant professionnelle que physique (puisqu'il a été s'exiler loin de toute technologie). Psycho-Jack et son addiction aux améliorations et la folie qui en a découlé. Luna, bien plus que Clara, et la place de la femme toujours incertaine, toujours objet, malgré les siècles qui ont passé.... et John. John, plus dans la nouvelle qui clôture le roman, sur l'utilité de ressentir encore des émotions, ou plutôt de les contrôler ou non.
Un roman a double-lecture donc. Une intrigue assez "simple", bien que le complot dévoilé n'est pas si prévisible que cela, avant l'un des flash-backs centré sur Raph, une mission d'espionnage comme on en lit assez souvent, mais intéressante dans sa construction, dans sa résolution... On ne s'ennuie pas, on est intrigué, tout du long. Si le roman est également profondément noir et pessimiste, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir malgré tout une pointe d'espoir quant à la fin de cette mission en apparence destinée à échouer. Mais ce qui reste après la lecture, c'est surtout cette mise en garde qui clôture le roman. Une mise en garde qui vous retourne le cerveau, tant les deux "arguments" peuvent être valable l'un comme l'autre.
Je vous le recommande très chaudement, que vous soyez fan de science-fiction et/ou de livres qui font réfléchir. Et surtout si vous aimez les protagonistes qui ne sont pas des héros et des gentils.
Lien :
https://bertieandellie.weebl..