Leila était malade depuis trois jours, maintenant. La fièvre la tenait et ne semblait plus vouloir la lâcher, faisant craindre le pire à ses proches. Pourtant, ce qui les inquiétait le plus, c’était les excès de délire qui la prenaient. Ce qu’elle disait n’avait ni queue, ni tête, et ils crurent qu’elle était devenue folle.
Elle se débattait en hurlant à pleins poumons qu’elle était en feu. Au point qu’on avait finalement dû se résigner à l’attacher au lit, pour éviter qu’elle ne se fasse du mal. Elle se contorsionnait dans tous les sens en suppliant qu’on l’aide. Le feu la brûlait et il fallait l’éteindre. Il fallait l’éteindre à tout prix.
Leila était au cœur d’un brasier inépuisable et nul ne semblait pouvoir l’aider. Elle avait la sensation de brûler de l’intérieur. Elle sentait des laves de flammes brûlantes parcourir ses veines. Encore et encore. Elles ne s’arrêtaient jamais, ne lui laissant aucun répit.
Leila se sentait affreusement gauche. Elle n’avait encore jamais proposé à un homme de rentrer chez ses parents. Encore moins en sachant qu’il n’y avait personne à demeure ! Une jeune fille de bonne famille n’aurait jamais dû faire une proposition aussi scandaleuse à un homme. Mais Leila était persuadée que si elle ne disait rien, il repartirait sans un mot. Et cela, elle ne pouvait l’envisager. Le revoir était pour elle inespéré et elle ne voulait surtout pas laisser passer sa chance. Sans doute la dernière qui lui soit accordée.
Généralement, quand une personne avait été blessée par une bête et qu’elle venait à survivre, ce qui relevait déjà du miracle en soit, elle devenait… une bête à part entière. Elle n’avait plus ni conscience, ni maîtrise. Elle était un monstre assoiffé de sang.
Mais pas elle.
La facilité n’apportait ni fierté, ni gloire. Pour un guerrier, la facilité n’avait pas la moindre valeur. Roderick avait donc l’habitude de faire face aux difficultés. Et comme toujours, il en était sorti vainqueur.
Il était un guerrier, que diable ! Pas une faible jouvencelle… Seuls les actes comptaient.