Nathan Zuckerman (
Philip Roth) se souvient de Seymour Levov dit « le Suédois » qu'il a connu pendant la guerre dans le quartier juif de Newark (New Jersey). Nathan était plus jeune que le Suédois mais il était le compagnon de ping-pong de son frère, Jerry. le Suédois était un jeune homme beau, fort, attentionné, doux, excellent joueur de base-ball qui le fascinait par sa perfection.
Dans la première partie du livre, NZ raconte l'histoire de sa relation avec le Suédois. Une fascination pour sa perfection qui, à la fin de sa vie, cinquante ans plus tard, tourne à l'ennui. Comment peut-on être aussi conformiste, aussi lisse que le Suédois ?
Puis NZ apprend par Jerry, la vraie histoire du Suédois : l'emprise d'un père tyrannique, son mariage avec une reine de beauté capricieuse, la révolte de sa fille, Merry, intelligente, rebelle, contrariée par un bégaiement qui, dans sa révolte va devenir une criminelle et miner la vie du Suédois.
Dès lors, dans sa deuxième partie, le livre change de narrateur. NZ se met dans la peau du Suédois et imagine ce qu'il a vécu à travers tous ces tourments.
Un homme profondément bon qui a essayé de satisfaire tout le monde : son père en reprenant la fabrique de gants au détriment d'une carrière de sportif professionnel, sa femme et ses lubies, sa fille qu'il a toujours aidée et essayé de comprendre. Il meurt d'un cancer, fou de chagrin d'avoir perdu sa fille, morte avant lui.
Sa vie, apparemment idéale, était en réalité un enfer. Toujours la
tromperie des apparences !
A la fin du livre, tragique, on se souvient à peine de la première partie dans laquelle on apprenait que le Suédois s'était remarié et avait eu trois fils. On la relit donc et on s'interroge sur la période manquante : la séparation de sa femme, qui le trompait, la rencontre avec sa deuxième femme, ses trois fils.
Mais cela importe peu, finalement. L'histoire du livre et du Suédois est celle de la relation avec sa fille perdue, l'amour de sa vie.
Un livre passionnant qui interroge. Un chef d'oeuvre.