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sur 366 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
e roman s'ouvre sur l'élection de François Mitterrand en 1981 et se referme sur celle de François Hollande en 2012. Entre ces deux dates, les aspirations, les rêves et les désillusions d'une génération à travers les destins croisés de quatre copains de lycée. Ça aurait pu être une chronique des années 80, tant le récit est remarquable de précision et d'intelligence sur les changements politiques, économiques et sociaux. François Roux en fait bien plus que cela: c'est une véritable réflexion sur le bonheur, souvent sacrifié au profit des idéaux qu'on ne veut pas trahir. Les années filent et on oublie simplement d'être heureux. J'ai retrouvé un peu de moi dans chacun de ces personnages même si une quinzaine d'années nous sépare. le est fluide, le ton juste, tout en nuance. La structure même du roman souligne l'évolution des protagonistes: aux chapitres courts et rythmés de la jeunesse succèdent les chapitres plus longs et plus introspectifs de la maturité. Lisez-le c'est une pépite!
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Le bonheur national brut est un indice de mesure du bien-être qui existe depuis 1972 au Bhoutan, petit royaume enclavé entre l'Inde et la Chine. Sur même principe que l'indicateur économique du PIB (Produit International Brut), le BNB a pour objectif de guider le développement économique du pays vers l'épanouissement et le bonheur de la population. C'est également le titre du deuxième roman de François Roux publié en 2014. L'histoire d'un groupe composé de quatre amis qui évoluent, entre l'arrivée des socialistes au pouvoir en 1981 avec l'élection de François Mitterrand, et celle de François Hollande en 2012. En même temps, c'est 30 ans de l'histoire de France qui nous est raconté. Quand la petite histoire rencontre la grande Histoire.

Le 10 mai 1981, François Mitterand est élu. La gauche prend le pouvoir, tous les espoirs sont permis. Quatre amis vivant en Bretagne, l'année de leur dix-sept ans, celle du bac, vont nous conter leurs espoirs, leurs rêves. Ils partent à la recherche du bonheur, de la réussite.

Une ellipse de trente ans passe et nous retrouvons nos protagonistes à l'aube de l'élection d'un autre président socialiste, François Hollande. Que sont-ils devenus ? Leurs rêves, leurs espoirs se sont-ils réalisés ?

D'un François à l'autre on voit l'évolution du monde politique, l'évolution de notre société, l'apparition du sida… On retrouve les personnages à l'heure d'un premier bilan à l'aube de la cinquantaine. Ont-ils trouvé le bonheur ?

Ce livre est la fresque d'une génération. Nul doute que ça parlera aux lecteurs de la tranche 30-40 ans car François Roux retrace avant tout une époque dans toutes ses composantes : on y retrouve les chansons, les films qui ont traversé notre jeunesse. C'est également un oeil critique sur notre société contemporaine. Une fresque politique et sociale qui dénonce les excès du capitalisme, du rôle et du pouvoir de l'argent, de notre société de consommation, du sida, de l'argent au centre des scandales politiques, du harcèlement moral et professionnel, de l'évasion fiscale, les pots de vin… La vision est juste, l'écriture percutante.

On ne s'ennuie pas une seule seconde pendant la lecture de cette brique de 768 pages. François Roux scanne avec grande précision la France des années 80 : on y retrouve ses vinyles d'AC/DC, Rocard et la 2e gauche, le Palace et les paillettes, Bernard Tapie comme ange noir annonciateur d'une économie fondée sur la finance, l'apparition du SIDA… C'est une véritable machine à remonter le temps qui nous est offerte. Il décrit ces années où l'économie était une affaire d'hommes et pas de finances, où la politique était guidée par les convictions et pas encore un objet de marketing. Un temps où les nouvelles méthodes de management n'avaient pas encore fait des ravages… C'est drôle, c'est vif, c'est bien documenté. Au fil des années, le récit se pose, devient moins drôle, moins vif, à l'image de cette France qui se crispe, qui se durcit.

« le bonheur national brut » est avant tout un roman sur la jeunesse, ses espérances et ses batailles. Sur la maturité ensuite, ses renoncements, ses relâchements, ses abandons. Comment vivre heureux ? le bonheur est-il toujours là où on le cherche ? Qu'est-ce que réussir sa vie ? le roman de François Roux pose toutes ces questions dans une perspective économique et politique autant que dans les trajectoires individuelles de ses personnages, les questionnements d'une génération, celle de « la crise, du chômage, de la surconsommation, de la mondialisation, de la croissance molle, de l'argent roi soudain devenu fou ».

Le parti-pris de François Roux, cette fulgurante ellipse, de coller le récit de la jeunesse à celui de l'âge mûr, est terriblement efficace. Vertigineux télescopage, qui met en évidence le choc entre les aspirations de la jeunesse et ce que la vie en a fait.

Enfin, c'est un roman sur l'amitié, ce sont ces pages qui offrent ses plus beaux extraits : « Et je me dis que l'amitié était décidément une chose bien étrange qui pouvait associer des individus aussi dissemblables que nous l'étions alors et que nous le fûmes pendant les trente années qui suivirent. Après tout, pourquoi pas ? » (p.14).

Une fresque captivante. La chronique d'une génération. Maitrisé de bout en bout, ce roman d'apprentissage à quatre voix est une photographie saisissante d'un monde en mutation. le lecteur est tout aussi attendri par les destins des quatre garçons devenus des hommes qu'aux descriptions d'une époque révolue.
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Un roman comme on les aime. L'auteur, François Roux , nous fait à la fois revivre les années de notre jeunesse pour les personnes ayant eu leur BAC à cette période(fin des années 70 et début des années 80) et nous entraîne dans le flot de la poursuite de nos rêves au travers du parcours de 4 jeunes garçons.
un seul regret, il manque peut-être une fille dans la bande, même si l'on en côtoie au travers du roman.
A lire ABSOLUMENT pour les personnes ayant eu 20 ans autour de ces années-là.
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Le 10 mai 1981, François Miterrand est élu, faisant basculer la France à gauche.

4 amis, à la fois proches et différents, vont passer le bac, en Bretagne, animés par des ambitions et pulsions différentes.

Paul, le narrateur, fils de médecin, homosexuel, va partir à Paris, pour "faire médecine", contre son gré.

Rodolphe, fils d'un ouvrier, militant communiste, brillant élève est attiré par la politique.

Tanguy, orphelin de père, entouré par sa mère et ses soeurs, entrera en classe préparatoire pour intégrer une grande école de commerce.

Benoit, fils d'agriculteurs, élevé par ses grands-parents, choisit de rester au pays, et s'adonne à sa passion, la photographie.

Nous allons suivre l'existence de ces 4 garçons, de 1981 à 1984, , puis presque 30 ans plus tard, de 2009 à 2012 : leur insouciance, leurs ambitions, leurs espoirs, leurs réussites, leurs amours, et les accidents de la vie : leurs échecs, leurs divorces, leurs doutes... A travers eux, nous découvrons les coulisses de la politique, du monde des affaires, la vie d'artistes...

L'auteur scanne la France et la société, des années 80 et son évolution jusqu'en 2012 : montée du chômage, de la crise, apparition du sida, consommation effrénée, capitalisme, nouvelles méthodes de management, mondialisation, recherche démesurée du profit, économie de plus en plus dirigée par la finance.

Je me souviens très bien du moment où j'ai appris l'élection de François Mitterrand, en mai 1981. J'avais 25 ans. J'étais en balade à Libourne avec mon futur ex-mari. Tout semblait devenu possible. Les taux d'intérêt et l'inflation étaient démesurés... Ils tiraient l'économie vers le haut ou du moins en donnaient l'illusion.

Et j'ai vécu les 30 années qui ont suivi. Comme les 4 héros, mes illusions se sont transformées en doutes puis en désillusions. le chômage a fortement progressé, les conditions de travail se sont durcies, le management s'est déshumanisé...

J'ai aimé les personnages, surtout Benoît, qui photographie les émotions dans ses portraits, et est resté humble malgré son succès international ; mais aussi Alice, la femme de Rodolphe, qui s'efforce de répandre le bonheur autour d'elle.

Ce roman est bien écrit, bien documenté, passionnant : une réussite totale !
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Un roman très, très puissant, sur la place écrasante et dominante que prend notre père dans notre vie. Les quatre jeunes gens qui passent leur bac au moment de l'élection de Mitterrand en 1981, qu'on retrouve ensuite dans les années qui précèdent l'élection de Hollande, connaissent des destins aussi dissemblables que possible et aux issues tout aussi variées ; mais ils sont tous écrasés par leur père d'une manière ou d'une autre.

Car le père, c'est toujours le soleil de notre vie, qu'il nous éclaire ou nous aveugle, qu'il nous réchauffe ou nous brûle. Dans le monde du Bonheur National Brut, toutes les configurations du rapport au père existent.
Il y a le père écrasant, méprisant, dogmatique et aveugle à tout ce qui fait la singularité des êtres qui l'entourent. Avec un tel père, se construire, c'est forcément le rejeter. Mais au prix de quelle amputation ? Il y a le père modèle, obstiné, qui a poursuivi un idéal toute sa vie et aurait voulu le transmettre à son fils. Avec un tel père, comment réussir en se différenciant ? Faut-il lui être infidèle, le peut-on, y a-t-il une seule façon de lui être fidèle ? Il y a le père absent parce que mort, qui devient alors le mètre-étalon ultime de toutes les ambitions et de toutes les décisions, qui peut être incarné par un grand-père blessé. Comment survivre, comment ne pas décevoir ?

Les fils font ce qu'ils peuvent, comme nous tous, avec ces conditions que la vie leur a faites. On comprend que les réussites sociales éclatantes peuvent cacher un puissant sentiment d'avoir déçu, que les échecs apparents peuvent se révéler fidélité profonde à ce que le père désirait, ou encore que les ruptures mutilantes n'empêchent hélas pas la culpabilité inoculée par une "autorité vampirique et intarissable". Comme dans la vie, on s'en rend bien souvent compte quand il est trop tard, trop tard pour le lui dire, trop tard pour qu'il le sache, trop tard pour le lui reprocher, trop tard pour le remercier. La vie nous blesse, mais si nous voulons vivre la nôtre, et pas celle d'un autre ou celle voulue par un autre, nous devons l'accepter.

C'est somme toute le travail de l'inconscient qui s'exprime et traverse tout le livre... Mais si aucune des critiques que j'ai lues sur ce livre n'en parle de ce point de vue, c'est parce qu'une de ses grandes forces est de ne pas chercher ostensiblement à démontrer quoi que ce soit sur le poids des déterminismes familiaux : c'est avant tout une grande fresque générationnelle, au travers du destin particulier de quatre jeunes à la fois proches et différents, qui, exactement comme dans la vie, comme dans nos vies, grandissent, conquièrent leur liberté et leur autonomie adultes, cherchent le bonheur et l'amour, en se débattant avec les conditions que leur a léguées leur enfance.

Oh là là, quel grand livre... quelle passion dans ces pages, quelle justesse dans l'analyse des destinées humaines... et en même temps, quel grand souffle, quelle précision dans la restitution de l'ambiance et des espoirs d'une époque... François Roux crée des héros et donne à la génération qui avait 18 ans en 1981 le livre dans lequel on retrouve tout ce qui a constitué sa jeunesse, son âge adulte, ses espoirs, ses désillusions et ses réussites. Tous ses grands repères, et toute sa diversité aussi. Ce n'est pas ma génération, mais j'avais quand même déjà onze ans en 1981 et j'ai retrouvé au travers de plusieurs personnages des souvenirs de ma propre enfance. Si vous êtes passé à côté de ce livre jusqu'à présent, lisez-le. C'est vraiment un de mes gros coups de coeur de 2018, et les trésors qu'il contient sont tout à la fois propres à une époque, et intemporels.
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Paul, Tanguy, Rodolphe, Benoit. 1981. Quatre jeunes hommes, l'année du bac, quatre milieux sociaux différents, quatre tendances politiques, l'année d'une élection politique qui va cristalliser aussi bien les craintes des uns que les espoirs des autres.
Paul, Tanguy, Rodolphe, Benoit, quatre parcours que nous allons suivre de l'obtention de leur bac jusqu'à 2012. Entre caractères qui s'affirment et caractères qui se cherchent, professions valorisantes ou difficultés, sexualité affirmée ou homosexualité difficilement vécue, quatre hommes dans la vie quotidienne qui évoluent en parallèle, se croisent, se jaugent, se comparent, se distend, se rapproche.
Le bonheur national brut, c'est donc une fresque, un tableau de la France de la décennie 1980 et des années 2000, entre vie privée et professionnelle, sur fond de politique.
Le livre est conséquent (531 p) mais se lit sans problème, on ne le lâche pas, les personnages ont de l'épaisseur, le ton est vif, mordant, combinant régulièrement humour, ironie et finesse des observations sociétales.
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Le bonheur national brut ne se contente pas d'être un bon gros pavé comme on les aime sur l'amitié masculine, la jeunesse, son insouciance, ses envies et ses espoirs de monde meilleur. Les héros sont attachants, intelligents et intéressants et à travers eux se dessine la fresque sociale, politique et affective de notre pays sur trois décennies. C'est frais, tantôt léger, tantôt drôle, souvent grave, et au milieu des destins croisés de vieux copains, c'est un roman bien construit sur le temps qui passe, les choix, les renoncements, les questionnements de tout un chacun… sur la vie, tout simplement. La vision de l'époque est juste, l'écriture percutante et fluide. D'amitié, d'amour, d'avenir, il en est question tout au long de ce livre, mais qu'en est-il du bonheur ? On les aime, ces quatre garçons devenus adultes qui se débattent dans un monde où le pouvoir de l'argent est roi, au sein de notre société de consommation et de ses maux, tout en essayant de rester fidèle à eux-mêmes et à leurs idéaux ! François Roux signe là un ouvrage fort, brillant, empreint d'humanité et c'est avec beaucoup d'émotion que je le referme.
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Très bon livre avec un style agréable même s'il m'a demandé un court temps d'adaptation.
J'ai beaucoup aimé le fait que le livre soit en deux parties: les années Mitterand et les années 2000; voir l'évolution des personnages sur 30 ans.
Le bonheur n'est pas toujours où on l'attend. Il ne se recherche pas, il se vit dans tous les petits moments que la vie a à nous offrir.
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Si l'indice communément utilisé pour évaluer la performance et la bonne santé économique d'un pays est le PIB (produit intérieur brut) le Bhoutan, un petit état asiatique coincé entre l'Inde et la Chine, a choisi d'aller plus loin et de mesurer le niveau de satisfaction de la population, le BNB (bonheur national brut).
Du Bhoutan, il n'est guère question dans le bonheur national brut de François Roux. D'amitié, d'amour, d'avenir, du devenir, du bonheur oui, c'est tout cela le Bonheur national brut. A travers le destin croisé de quatre amis d'enfance, le Bonheur national brut est une fresque sociale, politique et affective de la France de ces trois dernières décennies. Un roman générationnel à la française qui forcément fait écho.

Le Bonheur national brut c'est l'histoire de quatre copains issus de milieux différents, de la première élection de François Mitterrand à celle, 31 ans plus tard, de François Hollande.
Tout commence le 10 mai 1981, le visage de François Mitterrand se dessine sur les écrans de télévision. La France bascule à gauche. Pour Paul, Rodolphe, Benoît et Tanguy, bretons, pas encore le bac en poche, tous les espoirs sont permis. 6 juillet 1981, les derniers résultats du bac tombent. Rodolphe récolte la mention très bien, Tanguy, la mention bien, Paul la mention passable après un repêchage à l'oral, quant à Benoît, il a échoué. Leur avenir professionnel va se dessiner peu à peu. Rodolphe va découvrir l'université et la politique, milieu dans lequel il évoluera. Tanguy en véritable compétiteur va se battre pour réussir les concours d'intégration d'une grande école de commerce et suivre la voie d'un certain Bernard Tapie qu'il admire. Paul, le narrateur, va monter à Paris pour intégrer conformément aux souhaits de son père, la fac de médecine. Il va surtout y découvrir la vie nocturne et s'adonner à ses passions, ses désirs. Quant à Benoît, il ne quittera pas sa Bretagne natale, il aidera ses grands-parents à la ferme jusqu'à ce qu'il découvre son don pour la photographie. Ce quatuor va évoluer, se croiser, se perdre de vue, puis se retrouver à l'aube de leur cinquantaine. le 6 mai 2012, c'est le visage de François Hollande qui s'affiche sur les écrans de télévision. D'un François à l'autre, trente-et-un ans ont passé. Qu'est-il advenu des rêves, des désirs de ces quatre copains ? Ont-ils réussi leur vie ? Sont-ils heureux ?

Le bonheur national brut est un roman de société. C'est un roman sur la jeunesse, son insouciance, ses envies, ses espérances d'un monde meilleur. C'est aussi un roman sur la vie, les choix, les renoncements que nous devons faire, nos questionnements. C'est un roman sur le temps qui passe, sur la société qui évolue, qui progresse, qui régresse, sur ses maux, le chômage, le Sida, les affaires.
A l'instar d'Une vie Française, le roman de Jean-Paul Dubois qui se déroule de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, le bonheur national brut est une véritable chronique générationnelle.
François Roux réussit le pari de mêler le destin individuel de quatre garçons au collectif d'une époque dont il restitue le climat avec une sagacité et une justesse percutantes. le style est fluide, plaisant. On ne s'arrête plus de tourner les pages. La vie de ce quatuor, notre vie défile et au final, la fameuse question... Qu'est-ce que le bonheur ? François Roux termine son roman en nous proposant une réponse "C'est certain, le bonheur n'est pas du tout une affaire sérieuse. C'est même j'en suis convaincu, le seule chose que l'on devrait prendre à la légère".

Une chose est certaine, le bonheur national brut est un vrai bonheur à lire. Alors, pour être heureux, lisez-le !
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Nous sommes le 10 mai 1981, le destin de la France est en train de se jouer. Paul nous raconte ce qu'il a fait ce jour-là car il ne se sent pas vraiment concerné par l'évènement, n'ayant pas l'âge de voter alors que son ami Rodolphe, socialiste convaincu a pu le faire pour la première fois. Ils se retrouvent tous les deux ainsi que Tanguy, le troisième larron, et Myriam pour fêter cela en fumant un joint.
On retrouve le 6 juillet. Ils viennent de réussir leur bac, les uns brillamment tel Rodolphe, Paul rattrapé à l'oral au grand dam de son père, et se retrouve au café pour fêter cela. Tout le monde se réunit chez Tanguy et on fait la connaissance de Benoît le dernier de la bande, le seul qui a raté le bac. « Benoît était le quatrième et dernier élément de notre bande, que les mauvaises langues du lycée avaient surnommée « le Loup est ses Trois Petits Cochons », le rôle de l'affreux carnivore revenant évidemment à Rodolphe ».
Déjà, on perçoit leurs relations : Rodolphe, redoutable orateur qui réussi brillamment avec mention très bien, sans avoir vraiment travaillé, Tanguy, élève brillant peste contre sa mention bien, il s'estime aussi brillant que Rodolphe, donc pour lui c'est un échec : « Il voyait le nom de Rodolphe en tellement grand, et le sien, en dessous tellement plus petit »
Tous ont une idée de ce qu'ils vont faire en septembre, sauf Paul qui essuie la colère et le mépris de son père, gynécologue, qui a décidé de l'inscrire dans une école privée à Paris pour préparer le cours de médecine. Il a tout prévu, le logement, l'inscription, et à aucun moment, il ne se soucie de ce que désire son fils.
Ils se retrouvent en Grèce pour les vacances, où Paul rencontre un garçon pour une courte et brutale expérience qui va lui permettre d'accepter son homosexualité. « Ce fut le fin de les angoissants questionnements et peut-être le plus beau jour de ma vie »
Nous allons suivre notre quatuor du 10 mai 81 au 6 juin 2012, leurs études, leurs métiers, leurs vies amoureuses…

Ce que j'en pense :

C'est Paul qui joue le rôle du narrateur de ce roman et il nous raconte ses souffrances d'enfant, méprisé par son père, qui le rabaisse sans cesse, mais qui finit par trouver sa voie (sa voix pourrait-on même dire). le fait de s'éloigner de chez lui, et d'habiter Paris lui permet une certaine liberté. C'est le personnage le plus attachant, car il est humain, sensible, et n'essaie pas d'écraser les autres.

Rodolphe embrasse la carrière politique, on le sent venir très vite par sa rencontre avec Gabriel militant qui lui permet d'approcher Jean-Christophe Cambadélis qui le fascine (on est dans les années quatre-vingt) et dont il va copier les attitudes. Son père étant communiste, il a côtoyé la politique dès l'enfance, « Sur les genoux de son père, il avait appris à déchiffrer l'alphabet dans les manchettes de L'Humanité… »

Tanguy, obsédé par le travail jusqu'à l'addiction comme il a pu l'être dans les études, sans cesse en mouvement, boulimique de tout, la sexualité débridée, qui cherche à satisfaire un père décédé trop tôt et qui a une révélation en voyant Tapie à la télévision.

Benoît, qui a perdu ses parents tôt et a été élevé par son grand-père à qui il voue une vénération immense. C'est un artiste qui photographie les paysages, les gens et qui trouve sa voie.

Ce livre m'a énormément plu. Il nous parle de l'ambition ; on ne peut s'empêcher de penser à Rastignac « à nous deux Paris », mais lui se limitait à Paris bien-sûr, pour ces jeunes là, il faut New-York, le monde entier à leurs pieds.

Il retrace les espoirs, les illusions, désillusions de ces années qui ont vu émerger, les écoles de commerce avec leurs lois implacables qui poussent parfois les gens au suicide en leur demandant toujours plus de résultats au bénéfice des actionnaires, au détriment de l'humain.

On retrouve aussi au passage, les films, les chansons de l'époque, avec les vinyles, tout ce qui semblait léger tandis que dans l'ombre montait la bête immonde sous la forme vicieuse du SIDA, et ses conséquences funestes, les médicaments, la mort.

L'auteur a choisi de raconter l'histoire de quatre copains, et le rôle des femmes est limité : ce sont des épouses, des mères, avant tout et elles auraient pu occuper une plus grande place, même si elles ont du caractère, telle Alice fille d'un gros entrepreneur pas très honnête, Madame Ziegler la logeuse de Paul, ou Julia riche américaine, elles n'occupent pas le devant de la scène que l'auteur a désiré laisser à son quatuor.

Il y a des scènes hilarantes, comme le premier casting de Paul ou la façon dont il s'empêtre dans sa vie sentimentale, ou Tanguy interrogé sur "la sexualité des pots de yaourt"

l'analyse géniale de l'auteur, que j'ai adoré ce livre qui n'a pas eu le succès qu'il méritait à mon avis.

Tout est bien, l'histoire, l'étude de la société, le style, l'écriture. Un bon livre, un pavé de 679 pages que l'on ne lâche plus quand on l'a commencé, avec des phrases, des réflexions qui m'ont beaucoup plu.
Note : 9/10
challenge 1% rentrée littéraire 2014
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