Fin de la deuxième guerre mondiale. D'un aéroport anglais partent les bombardiers quadrimoteurs pour détruire les usines allemandes de la Rhur. Dans le vrombissement des moteurs, l'inconfort de la carlingue, le froid de la nuit, chaque membre de l'équipage est à son poste, pilote, mitrailleur, bombardier, navigateur, tendu et angoissé par les multiples dangers qui les guettent. C'est du navigateur d'un équipage français qu'il s'agit dans le roman éponyme de
Jules Roy, et de ses aventures : saut forcé en parachute au retour d'une mission, après une collision avec un autre appareil de l'escadrille, rencontre avec une jeune femme anglaise qui le recueille, retour à la base où son commandant s'empresse de la sanctionner. En effet, choqué par la mort du reste de l'équipage,
le navigateur refuse de repartir aussitôt en mission !
Le lecteur vit ce récit comme s'il y était, dans l'odeur de l'essence, le rougeoiement des échappements, les vibrations de la carlingue. Profitant d'une éclaircie, avec la navigateur, il fait une visée sur Arcturus pour confirmer la trajectoire déjà calculée. Il admire le spectacle pyrotechnique du tapis de bombes larguées, sans se soucier des conséquences terribles, tendu vers la réussite de sa mission et le retour à la base.
On est emporté dans cette histoire, qui s'inscrit dans
L Histoire (Roy était pilote de bombardier durant la guerre). Forte aventure humaine, dans l'esprit de
Saint-Exupéry, c'est aussi une réflexion sur la persistance du fonctionnement bureaucratique qui n'épargne pas ceux qui risquent leur vie à chaque mission. La couardise et la rouerie administrative du commandant qui cherche à se couvrir de l'envoi inconsidéré d'un chef d'équipage inapte dans une mission fatale est une incrustation courtelinesque dans ce récit très captivant de vies tissées dans l' «l'étoffe des héros».
Enfilez votre combinaison, ajustez votre parachute. Émotion assurée sur 160 pages
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