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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En attendant la mini-série TV du même nom créée par Jordan Peele, dont j'avais aimé Get Out ou US, lisons donc le roman de Matt Ruff, Lovecraft Country, qui lui servira de base. Nous sommes en 1954, Atticus Turner, jeune soldat noir récemment démobilisé de la Guerre de Corée rentre chez lui à Chicago. Là, il partira sur les traces de son père Montrose, avec son oncle créateur du Guide du voyage serein à l'usage des Noirs (inspiré du Negro Motorist Green Book qui indiquait au temps de la ségrégation, les endroits où les Noirs seraient bien accueillis dans leurs voyages à travers les États-Unis), et une amie d'enfance dans un coin perdu de la Nouvelle-Angleterre et tombera sur une loge mystique qui en veut à son sang. de cette aventure, Atticus, sa famille et ses amis vont être pris dans une guerre entre sorciers blancs (les Braithwhite et les Winthrop), qu'ils soient déjà morts ou encore vivants.
Malgré le titre du roman, les allusions à l'oeuvre de Lovecraft sont assez peu nombreuses dans les aventures des personnages. En revanche, certains de ses protagonistes étant grands amateurs de ses oeuvres et des autres titres de science-fiction de l'époque (dont les John Carter d'Edgard Rice Burroughs), il y a un débat intéressant et vif entre eux sur la possibilité de séparer l'homme de l'artiste. Chaque chapitre s'attache à un personnage principal différent et propose une aventure indépendante où les sorciers voulant utiliser Atticus pour le pouvoir dont il a hérité sont le fil conducteur. Jusqu'à la résolution finale.
Du coup, les points de vue se succèdent : hommes, femmes et même enfant, tous les proches d'Atticus ont droit à leurs lots d'expérience effrayante. Chaque chapitre gagne ainsi sa propre tonalité en s'appuyant sur la personnalité de son protagoniste. Certains relèvent plus de la science-fiction, d'autres de l'horreur pure ou du fantastique comme la maison hantée de Letitia. Et pourtant blindé par l'horreur du quotidien qui consiste à vivre en tant que Noir dans un monde pensé par et pour les Blancs, ils s'en sortent toujours et plutôt bien. Matt Ruff mélange un imaginaire fantastique à la description d'une classe moyenne noire dans les USA des années 50 où les lois Jim Crow étaient encore d'actualité. Il évite la plupart des écueils que rencontrent les auteurs blancs abordant ce thème en jouant notamment de façon intelligente avec le concept de « white savior » et en le détournant avec saveur. Au final, ses héros s'en sortiront sans avoir été sauvés par d'autres personnes qu'eux-mêmes. Et même si le choix de Ruby laisse un goût amer en bouche, il est pleinement compréhensible.
D'un point de vue européen, ce livre se dévore avec beaucoup de plaisir et m'a personnellement ravie par son originalité : tant du thème abordé que de ses choix narratifs et la façon dont tout se boucle à la fin. Une très belle découverte en espérant que la série sera à la hauteur….
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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Le titre est surprenant et pour le moins trompeur : Lovecraft Country de Matt Ruff (10/18, 2019) n'est lovecraftien que du bout des ongles, et encore. le titre résulte de l'erreur d'une lecture de carte par Atticus, un jeune homme passionné de SF, devant traverser les États-Unis en compagnie de son oncle à la recherche de son père, dans la localité d'Ardham. On imagine la déception du fan lorsqu'il comprendra que l'on ne va pas chez Lovecraft à Arkham ! Mais là n'est pas l'intérêt de ce gros thriller, habilement découpé en une série de mini-romans qui s'emboîtent parfaitement.
Nous suivons les périples de deux familles noires dans l'Amérique violemment ségrégationniste des années 50 (dite Amérique de Jim Crow), en butte à une société secrète blanche, l'Ordre Adamite de l'Aube Ancienne. Ce Ku Klux Klan ésotérique se targue de magie et recherche activement le dernier descendant d'Adam ! Et ce rejeton ardent, qui n'est autre que le sympathique Atticus, a la peau basanée… Manifestement un de ses lointains ascendants avait fauté avec une servante noire…. La lutte va se dérouler à grand renfort de thématiques fantastiques : monstres terrifiants (lovecraftiens ?), portes temporelles, pouvoirs supranormaux, élixirs improbables, le tout bourré de clins d'oeil amusants. L'un des jeunes noirs est un fan de comics et se sert de ses planches (Les Aventures Interplanétaires d'Orithya Blue) pour passer des messages discrets à sa famille. L'Ordre Adamite possède son livre Sacré, le Livre des Noms, dont on nous précise bien qu'il n'a rien à voir avec le Necronomicon qui est le Livre des Noms Morts.
Ce qui fait la force de ce roman, c'est la façon dont est traité le racisme au quotidien contre lequel il ne sert à rien de se révolter, mais qui permet aux victimes de développer toute une ingénieuse panoplie de parades pour tenter de passer entre les gouttes. Et ça fonctionne ! Bravo.

Note rédigée avant la diffusion en série sur OCS (août 2020)

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format audio
Le commentaire de Martine :
Lovecraft Country m'a vraiment surprise et épatée, c'est une histoire complexe, mais très réaliste. Les personnages, les thèmes, les sujets, les situations, sont si convaincants et cohérents que nous sommes automatiquement plongés et immiscés dans le contexte du roman.
Les personnages vivent des situations poignantes, des émotions qui viennent nous chercher, je dirais que j'ai ressenti, avec eux, beaucoup d'empathie, pas de la pitié, mais de la sympathie. Comme au début, nous suivons Atticus qui roule vers Chicago pour aller voir son père qui a besoin de lui, durant le trajet, il est harcelé par un policier sur la route, puisque Atticus est noir et que les personnes de couleur ne sont pas les bienvenues partout et surtout sur la route du Massachusetts. Il faut prendre en considération que nous sommes avant les années 60, donc en plein dans les comportements racistes avec de la ségrégation.
Le roman est composé de différentes histoires interconnectées, qui relient les personnages de différentes époques, situations, couleurs. Les ancêtres de la famille noire et les précédents propriétaires blancs. Chacune des histoires est captivante, intéressante, et brillante. Chaque histoire est fascinante et a une tournure lovecraftienne, une métamorphose (couleur de peau), une maison hantée, un voyage dans le temps, des cauchemars, etc.
Matt Ruff a construit le roman afin que chaque chapitre soit en soi une petite histoire autonome qui se connecte aux autres, la longueur est différente, ,mais qui a des personnages et des événements communs. C'est un excellent roman, Matt Ruff construit une histoire mêlant des éléments surnaturels, avec un fonds d'histoire d'horreur concernant le racisme des années 50. La plume est fluide, rythmée et captivante.
Je vous recommande ce roman et surtout en version audio qui nous met dans le bain avec les fluctuations de voix du narrateur qui aide à s'imprégner de tout ce qui se passe avec les personnages.
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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Atticus et sa famille avait déjà fort à faire avec la ségrégation et voilà que les blancs s'allient à présent à des monstres venus d'ailleurs… Il ne fait décidément pas bon vivre dans les années 50 états-unienne lorsqu'on est noir et amateur de science fiction.

Malgré de très bonnes critiques outre-Atlantique, il a parfois été reproché à ce roman de s'approprier illégitimement l'aura de Lovecraft et de sa créature Cthulhu alors que le style et les thèmes abordés s'éloigneraient trop de l'original. En effet on s'éloigne du cosmique, de l'immensité, de la folie et de l'absurde. Et selon moi, c'est pour le mieux. Matt Ruff reprend l'univers lovecraftien dans ce qu'il est devenu en partie grâce aux jeux de rôles L'appel de Cthulhu, c'est-à-dire plus proche de ses personnages, moins grandiloquents et aussi plus “Pulp”. Lovecraft country est avant tout une suite d'aventures, mettant en scène des personnages liés entre eux et faisant face à un ennemi commun. Les situations sont toujours prenantes, dynamiques, originales et déportent la réflexion des poncifs lovecraftiens vers les problèmes réels de l'oeuvre de l'écrivain de Providence. Ici l'univers cthulhuesque demeure profondément raciste, mais le point de vue change. Nos héros et héroïnes noirs, subissent et résistent à un système ultra violent qui les à pris pour cible. La menace la plus terrifiante vient bien plus souvent du shérif du comté que du monstre d'un autre monde…
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Chaque chapitre est un clin d'oeil à la littérature fantastique. Chaque chapitre pourrait être une nouvelle à part entière mais au final tout est lié.
Matt Ruff joue au petit poucet. Tout au long de notre lecture, il sème ses petits cailloux jusqu'à sa conclusion.
Tout au long de Lovecraft Country on jongle entre roman fantastique et roman historique. On ne s'ennuie pas une seconde.
Une excellente lecture.
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Partons à Chicago, en 1954. Atticus est un vétéran de la guerre de Corée. Il est rentré depuis peu au pays. Alors qu'il n'avait plus de contact avec son père qui ne voulait pas qu'il s'engage, Atticus découvre que ce dernier a disparu depuis plusieurs jours.

Accompagné de son oncle George et d'une amie d'enfance, le jeune homme va devoir traverser en automobile les Etats-Unis pour le retrouver. Or, la ségrégation règne dans de nombreux états et le périple s'avère dangereux. Heureusement, George est l'éditeur du précieux « Guide du voyage serein à l'usage des Noirs » ( un  » green book », pour ceux qui ont vu le film).

Toutefois, le racisme ne sera pas le plus grand danger à affronter. En effet, Atticus va se retrouver mêlé à une guerre entre deux loges maçonniques de sorciers.

Je ne suis pas férue de SF mais j'ai adoré ce roman atypique qui mêle avec brio la situation des Afro-américains et un monde parallèle rempli de sortilèges, de luttes pour le pouvoir entre sorciers.

A découvrir absolument.

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Un de mes énorme coup de coeur apporté dans ma vie grâce à l'adaptation à l'époque simplement annoncée. le résultat étant que j'ai dévoré le livre en très peu de temps et jamais regardé l'adaptation haha ! Pourtant le casting de ce que j'en est vu correspond parfaitement à l'image que je me faisais des personnages. C'est un livre qui a quelques rapports avec H.P. Lovecraft mais alors vraiment très minime. le roman a bienheureusement sa propre identité et offre un recueil de nouvelles qui ont une suite parfaitement logique entre elles et plusieurs liens. D'où l'adaptation logique en série. Les personnages sont parfaitement définis, attachants et étonnants. Les histoires sont soit tendues entre le thriller et l'horreur, soit fascinantes dans une plongée SF et magique. Top !
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Adorant Lovecraft et tout l'univers qu'il a créé j'ai été tout de suite attirée par ce lire rien qu'avec le titre. La 4e de couverture a fini de me convaincre

Ce livre nous plonge en pleine Amérique des années 50 où les noirs subissent de plein fouet le racisme et la ségrégation raciale. Nous suivons toute une famille de noirs au travers de plusieurs aventures qui prendront les personnages à part.
La dernière aventure les confrontera tous.

J'ai beaucoup aimé ce livre ! Déjà pour la part historique respectée. Un livre qui parle avec autant d'aisance de la ségrégation raciale aux USA c'est rare. Ensuite pour les différentes aventures que poursuivent les personnages. Chacune apporte sa pierre à l'édifice qui sera "construit" en fin de roman.

L'écriture est agréable, la traduction me semble correcte.

Il paraît qu'il va y avoir une série ! J'ai hâte !!
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