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La 4ème de couv' ne reflète absolument pas la complexité kaléidoscopique de cet étonnant roman. En fait, elle ne révèle qu'une des histoires type novella, chacune racontant les déboires de deux familles noires dans l'Amérique ségrégationniste des années 1950, confrontées à une organisation ésotérique raciste, l'Ordre adamite de l'aube ancienne, une sorte de Ku Klux Klan se piquant de magie !

Au delà de sa description de l'Amérique de Jim Crow, l'originalité de ce roman réside à injecter une grosse part de thématique fantastique : sorciers, fantômes, esprits frappeurs, livres ensorcellés, créatures de type shoggoth des bois, 4ème dimension, références à l'imaginaire de Lovecraft et à Dr Jekyll et Mr Hyde de Stevenson ...

Au fil des histoires, je me suis interrogée sur le pourquoi de ce dispositif étonnant. Et puis je crois que j'ai compris. Ou plutôt j'ai vécu ces intrusions fantastiques comme un exorcisme des démons de l'Amérique. Pas anodin que Matt Ruff ait choisi d'invoquer le pays de Lovecraft dans son titre, immense auteur et raciste notoire et autodéclaré. Là, en fait, ce ne sont pas les créatures d'un autre monde qui te font trembler, non, ce qui terrifie, c'est le quotidien des héros noirs, c'est l'horreur quotidienne à laquelle ils sont confrontés : violences policiers, arbitraires des arrestations qui font risquer sa vie, pourchasse par des racistes arriérés, harcèlement des voisins pour chasser les premiers Noirs installés dans un quartier blanc, insécurité permanente . Chaque page rend viscérales les terreurs des Afro-Américains durant cette période.

L'aspect choral du roman prend alors tout son sens. Chaque novella est consacré à un personnage : chacun a sa façon d'appréhender la ségrégation, entre intransigeance prête à en découdre, volonté de se faire oublier pour être le moins embêté possible ou art de la diplomatie et de la ruse, chacun a ses rêves et ses ambitions.

Pour rendre cette lecture inoubliable comme Underground Railroad de Colson Whitehead par exemple, il m'a juste manqué de vibrer. le seul récit qui m'a empli d'émotion est «  Jekyll dans Hyde park », autour du personnage de la jeune Ruby qui par le pouvoir d'une potion magique se change en blanche et découvre une autre vie, celle qu'elle aurait pu avoir si elle n'était noire. C'est brillant et très très puissant. L'épilogue est également très touchant

Un étonnant roman qui révèle un auteur dont l' imagination fertile est au service d'une critique sociale profonde de l'Amérique des années 50. le potentiel cinématographique est énorme et je comprends parfaitement pourquoi une adaptation est en cours, avec Jordan Peele à la manoeuvre ( géniale idée puisque c'est le réalisateur de Get Out et Us sur les mêmes thématiques ).
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IMPORTANT - AUX PERSONNES DE COULEURS
Petits Conseils de vivre ensemble par Jim Crow
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Les années 50-60 aux Etats-Unis
Image d'épinal : le Rock'n'roll, les diners, les voitures, la liberté, …
Réalité : Chasse aux sorcières, Ségrégation raciale, Meurtre, Violence policière, …

le titre évoque Lovecraft et non Chtullu, il sera bien plus question de l'homme et à travers lui, tous les autres racistes que de l'oeuvre, bien que certains évènements y soient directement liés. Ceci dit, le titre est clairement opportuniste.

A la demande de son paternel, un nègre fan de SF revient à la maison familiale. Leur rapport était conflictuel, le père voyant d'un mauvais oeil les lectures de son fils : est-ce que le fond prime sur la forme ? Faut-il différencier l'oeuvre de l'homme ? A la recherche de ses racines familiales, le père est parti pour Ardham, dans le comté de Devon. Armé de son Guide du voyage serein à l'usage des Noirs, qui répertorie les lieux où les Noirs ne sont pas traités comme de la merde, il va tenter de retrouver son père en compagnie d'un oncle et d'une voisine.

Matt Ruff nous met dans la peau d'un nègre et rien ne nous sera épargné. C'est une chose de savoir que la ségrégation raciale sévissait aux Etats Unis il n'y a pas si longtemps. C'en est une autre que de vivre dans la peau d'un Noir. Résultat, le lecteur s'en prend plein la gueule : les violences policières, les "bavures", les injustices, les regards de travers. Sans compter les difficultés pour se loger, faire réparer sa voiture… L'enfer blanc !

Le roman est en fait un fix-up, différents textes reliaient par un fil conducteur, la famille d'Atticus et l'Ordre Adamite de l'Aube Ancienne, qui rappelle un ordre tristement célèbre : le Ku Klux Klan.
La qualité est assez variable, la novella qui présente l'univers ainsi que celle où l'on découvre une jeune fille fan d'astronomie, ou lorsqu'une autre se transforme en femme blanche et découvre toutes les portes qui s'ouvrent face à ce changement de pigmentation. Un texte à l'humour pince sans rire.
Plus dommageable, l'élément fantastique vient faire légèrement vaciller l'ensemble très réaliste.
Mais l'auteur a la bonne idée d'alléger cette atmosphère lourde sous une bonne dose d'humour et des personnages qui valent le détour. En outre, il fait souvent le lien entre Noir et Femme, ce qui en fait un texte très actuel à mon sens, d'autant avec l'actualité récente américaine et les meurtres de jeunes Noirs.

Malgré tout, ce voyage au pays de Lovecraft vaut le détour, juste pour cette immersion réaliste, et non dénuée d'humour.
Une série devrait voir le jour l'année prochaine.
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Il était depuis bien longtemps dans ma PAL ! Lovecraft Country de Matt Ruff me tentait depuis son adaptation en série. Finalement, le Challenge SFFF me pousse ne fois de plus à sortir un roman de ma pile à Lire. Cette fois, c'est pour une lecture avec des monstres.

Le récit se concentre sur la famille Turner-Green. Afro-américains dans l'Amérique des années 50, ils tentent de survivre dans une société raciste, en pleine ségrégation. le livre surprend car il est en réalité divisé en plusieurs histoires. Chacune a pour personnage principal un membre de la famille Turner : Atticus, Montrose, Leticia… le point commun ? Ils croisent la route de la mystérieuse secte des Adamites et font face à des situations fantastiques déstabilisantes.

Mais les Turner ne sont pas simplement des victimes ! Résilients et pleins de ressources, ils ont toujours vécu dans un monde qui les considérait comme des monstres. Les Turner et les Green sont déjà combatifs. Ils publient un guide qui documente tous les lieux où les noirs peuvent voyager tranquillement, les hébergements où ils sont les bienvenus. Ils affrontent donc les délires de la secte adamite et ses monstruosités ensemble, montrant l'importance de la communauté face à l'adversité. Leticia est par exemple une forte personnalité, drôle et pleine de ressources.

Le titre prend plusieurs sens. On peut le comprendre littéralement, car il y a des références au reclus de Providence. La secte des Adamites réside à Ardham, une référence directe au maître de l'horreur. Les Turner-Green croiseront moult être étranges. Poupée ensorcelée, fantômes, village hors du temps… le fantastique est très présent et s'insinue dans le quotidien des personnages. J'ai cependant des commentaires déçus car certains lecteurs s'attendaient à un rapport plus frontal avec l'oeuvre de Lovecraft, le titre peut être perçu comme trompeur. On pourra ainsi reprocher au roman de ne pas aller assez loin dans l'horreur et l'étrange. Mais j'ai beaucoup apprécié l'ambiance ésotérique étrange qui régnait dans la plupart des nouvelles.

Cependant, le récit a comme thème prédominant le racisme institutionnel. Personne n'ignore aujourd'hui que l'auteur était xénophobe. Il y a par ailleurs un parallèle intéressant. Atticus est un grand lecteur de la science-fiction et de l'imaginaire de l'époque, et Montrose voit d'un très mauvaise oeil la passion de son fils pour des auteurs parfois problématiques. le récit fait ainsi un très bon travail à retranscrire cette ambiance haineuse. Arrestations intempestives, violences, menaces, discrimination à l'embauche, à l'immobilier… Chaque pan de la vie des personnages est conditionné par la couleur de peau. La partie consacrée à la soeur de Leticia est révélatrice. Grâce à une potion, Ruby devient blanche et vit donc une existence plus simple, sans être constamment soupçonnée, discriminée et violentée.

Récit d'une famille noire aux proies au racisme et à une mystérieuse secte. Lovecraft Country nous propulse dans les États-Unis des années cinquante, où ségrégation et violence sont le quotidien des afrodescendants. le fantastique met l'emphase sur les affres que connaissent les Turner-Green, famille soudée et combative face aux Adamites et autres monstres qui découlent de leurs tractations avec l'ésotérisme et la magie. Si l'aspect horrifique manque d'ampleur, la psychologie des personnages est bien creusée, notamment dans leur rapport avec la discrimination dont ils sont victimes.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Bon, déjà, vous pouvez oublier le titre.
Aucun rapport entre ce qui se passe dans le roman et les intrigues cosmiques d'un Lovecraft.
Nous ne sommes pas dans un hommage à la Derleth ou dans un pastiche.
En fait aucun rapport du tout avec Lovecraft... Je trouve d'ailleurs le titre très mal choisi, ça fait un peu opportuniste qui veut surfer sur la vague Lovecraft alors que ça n'a vraiment rien à voir.
Quand l'auteur parle de Lovecraft Country, il parle surtout de la perception des Noirs aux USA.
Et c'est le thème principal du roman.
Nous sommes en 1954 et il ne fait pas bon du tout être Noir aux USA, même dans le nord du pays.
Grâce à une série de petites histoires plutôt indépendantes (et de niveaux très variables...), basées sur le fantastique et la magie, (mais reliées par un fil commun qui se dénoue à la fin), l'auteur nous présente les difficultés énormes de vivre Noir aux USA à cette époque.
Je peux même dire que j'ai pris une claque sur ce sujet car même si on peut lire des articles sur le sujet (ou voir des films comme Missisippi Burning, qui se passe 10 ans plus tard, ce qui peut changer la donne), moi qui ne suis pas un expert, je n'avais pas réalisé à quel point cela pouvait être dur encore en 1954. On ne parle pas juste de racisme mais d'un racisme qui va jusqu'au meurtre, et au meurtre facile et "institutionnalisé".
Et on parle de personnes racistes qui ayant 15-20 ans en 1954 sont encore potentiellement en vie aujourd'hui et ont pu inculquer leur idées à leurs enfants et petits enfants. Cela permet de relativiser ce qui se passe aux USA aujourd'hui avec Black Matters par exemple.
Ca m'a fait du bien de me remettre en tête l'échelle de temps du ségrégationnisme aux USA, et ça fait aussi assez peur.

J'ai trouvé les personnages attachants et j'ai pris plaisir à suivre leurs histoires.
Le livre ne révolutionne rien sur le coté Fantastique, on a des pouvoirs magiques issus du langage d'Adam, des fantômes encore très bien conservés, des machines bizarres, rien de transcendant ou d'original. Et des intrigues de magiciens qui entraînent dans leur sillage une famille afro-américaine.
Et de toute façon le fantastique n'est pas le but de l'auteur, son but était clairement de montrer la vie des Noirs de l'époque dans un style de roman qui ne traite pas de ces sujets d'habitude.
Cela apporte parfois un peu de légèreté (ou de changement de cadre) et, avec un humour un peu présent et léger, ça permet dans doute de mieux faire passer les messages.
Ce n'est pas un grand roman, un must read, mais ce n'était pas désagréable et l'auteur a réussi son but, montrer à des gens qui ne vont pas lire des romans historiques ou journalistiques sur le sujet (comme moi), comment c'était il n'y a pas si longtemps dans la "plus grande démocratie du monde"...
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J'ai lu un tiers et je n'irai sans doute pas plus loin. le contexte qu'est la ségrégation aux USA est de très loin ce que ce roman a de meilleur à offrir. L'introduction, qui met en scène l'impunité totale de la population raciste du point de vue de noirs placés littéralement en position de survie, est glaçante. Par contre, dès qu'on rentre dans l'intrigue, ça devient plus que médiocre. Déjà, le titre, Lovecraft Country, est du pur racolage. Hélas, nos personnages sont peu crédibles tant ils foncent la tête la première dans un coin campagnard hyper raciste : l'introduction s'est évertuée à mettre en place cette tension de vie ou de mort, mais voilà qu'elle s'évanouit instantanément vu que les personnages ont l'air de s'en foutre. Ils manquent de se faire lyncher, mais non, ils ne font pas demi-tour, ils s'enfoncent encore plus en territoire hostile, puis, hop, un petit deus ex machina pour les sauver encore une fois. Quand le fantastique entre en scène, c'est encore plus grotesque : aucun enjeu, aucune tension, les personnages ne s'inquiètent jamais, rien n'est détaillé ou expliqué, et ils s'en sortent en un claquement de doigt par encore un deus ex machina. A cause de ce manque total d'enjeux, il n'y a aucune force narrative, c'est d'une rare platitude — et je sais de quoi je parle, des pastiches lovecraftiens, j'en ai lu plein. Puis les protagonistes rentrent chez eux comme si de rien n'était, ils ne sont pas traumatisés, ils ne parlent même pas de leur aventure entre eux, ils ne cherchent pas à en savoir plus, et on passe à autre chose à la façon d'un nouvel épisode de dessin animé. le deuxième épisode commence à mettre en place une énième histoire de maison hantée, mais malgré les détails intéressants sur la ségrégation, impossible de m'intéresser à cette narration inconséquente.

Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
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En attendant la mini-série TV du même nom créée par Jordan Peele, dont j'avais aimé Get Out ou US, lisons donc le roman de Matt Ruff, Lovecraft Country, qui lui servira de base. Nous sommes en 1954, Atticus Turner, jeune soldat noir récemment démobilisé de la Guerre de Corée rentre chez lui à Chicago. Là, il partira sur les traces de son père Montrose, avec son oncle créateur du Guide du voyage serein à l'usage des Noirs (inspiré du Negro Motorist Green Book qui indiquait au temps de la ségrégation, les endroits où les Noirs seraient bien accueillis dans leurs voyages à travers les États-Unis), et une amie d'enfance dans un coin perdu de la Nouvelle-Angleterre et tombera sur une loge mystique qui en veut à son sang. de cette aventure, Atticus, sa famille et ses amis vont être pris dans une guerre entre sorciers blancs (les Braithwhite et les Winthrop), qu'ils soient déjà morts ou encore vivants.
Malgré le titre du roman, les allusions à l'oeuvre de Lovecraft sont assez peu nombreuses dans les aventures des personnages. En revanche, certains de ses protagonistes étant grands amateurs de ses oeuvres et des autres titres de science-fiction de l'époque (dont les John Carter d'Edgard Rice Burroughs), il y a un débat intéressant et vif entre eux sur la possibilité de séparer l'homme de l'artiste. Chaque chapitre s'attache à un personnage principal différent et propose une aventure indépendante où les sorciers voulant utiliser Atticus pour le pouvoir dont il a hérité sont le fil conducteur. Jusqu'à la résolution finale.
Du coup, les points de vue se succèdent : hommes, femmes et même enfant, tous les proches d'Atticus ont droit à leurs lots d'expérience effrayante. Chaque chapitre gagne ainsi sa propre tonalité en s'appuyant sur la personnalité de son protagoniste. Certains relèvent plus de la science-fiction, d'autres de l'horreur pure ou du fantastique comme la maison hantée de Letitia. Et pourtant blindé par l'horreur du quotidien qui consiste à vivre en tant que Noir dans un monde pensé par et pour les Blancs, ils s'en sortent toujours et plutôt bien. Matt Ruff mélange un imaginaire fantastique à la description d'une classe moyenne noire dans les USA des années 50 où les lois Jim Crow étaient encore d'actualité. Il évite la plupart des écueils que rencontrent les auteurs blancs abordant ce thème en jouant notamment de façon intelligente avec le concept de « white savior » et en le détournant avec saveur. Au final, ses héros s'en sortiront sans avoir été sauvés par d'autres personnes qu'eux-mêmes. Et même si le choix de Ruby laisse un goût amer en bouche, il est pleinement compréhensible.
D'un point de vue européen, ce livre se dévore avec beaucoup de plaisir et m'a personnellement ravie par son originalité : tant du thème abordé que de ses choix narratifs et la façon dont tout se boucle à la fin. Une très belle découverte en espérant que la série sera à la hauteur….
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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Le titre est surprenant et pour le moins trompeur : Lovecraft Country de Matt Ruff (10/18, 2019) n'est lovecraftien que du bout des ongles, et encore. le titre résulte de l'erreur d'une lecture de carte par Atticus, un jeune homme passionné de SF, devant traverser les États-Unis en compagnie de son oncle à la recherche de son père, dans la localité d'Ardham. On imagine la déception du fan lorsqu'il comprendra que l'on ne va pas chez Lovecraft à Arkham ! Mais là n'est pas l'intérêt de ce gros thriller, habilement découpé en une série de mini-romans qui s'emboîtent parfaitement.
Nous suivons les périples de deux familles noires dans l'Amérique violemment ségrégationniste des années 50 (dite Amérique de Jim Crow), en butte à une société secrète blanche, l'Ordre Adamite de l'Aube Ancienne. Ce Ku Klux Klan ésotérique se targue de magie et recherche activement le dernier descendant d'Adam ! Et ce rejeton ardent, qui n'est autre que le sympathique Atticus, a la peau basanée… Manifestement un de ses lointains ascendants avait fauté avec une servante noire…. La lutte va se dérouler à grand renfort de thématiques fantastiques : monstres terrifiants (lovecraftiens ?), portes temporelles, pouvoirs supranormaux, élixirs improbables, le tout bourré de clins d'oeil amusants. L'un des jeunes noirs est un fan de comics et se sert de ses planches (Les Aventures Interplanétaires d'Orithya Blue) pour passer des messages discrets à sa famille. L'Ordre Adamite possède son livre Sacré, le Livre des Noms, dont on nous précise bien qu'il n'a rien à voir avec le Necronomicon qui est le Livre des Noms Morts.
Ce qui fait la force de ce roman, c'est la façon dont est traité le racisme au quotidien contre lequel il ne sert à rien de se révolter, mais qui permet aux victimes de développer toute une ingénieuse panoplie de parades pour tenter de passer entre les gouttes. Et ça fonctionne ! Bravo.

Note rédigée avant la diffusion en série sur OCS (août 2020)

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Scooby-Doo chez les racistes.

Lovecraft Country (2016) fait parti des livres qui veulent dénoncer le racisme (en mettant une ptite baffe à Lovecraft au passage) à travers un récit fantastique, au même titre que La Ballade de Black Tom de Victor LaValle (2016) ou La Quête onirique de Vellit Boe de Kij Johnson (2016...aussi).
Autant le dire de suite, je trouve le titre sacrément opportuniste, pour ne pas dire vilement marketing. Hormis quelques clins d'oeil (une partie de l'aventure se déroule à Ardham, *wink wink*), on ne peut pas dire qu'on retrouve l'atmosphère ou l'horreur des récits cthulhuesques. Pas de Grands Anciens ou d'indicible à l'horizon, le titre est clairement un appât à gogos auquel j'ai mordu. Un livre titré Racism Country se serait surement moins bien vendu.

L'histoire est découpé en plusieurs nouvelles qui se déroulent toutes à la même époque et qui partagent un fil rouge tout au long du livre. Les héros font partie d'une famille noir américaine, confrontée au racisme et à la ségrégation de l'Amérique des années 50. Atticus, ex-soldat, part à la recherche de son père, disparu en faisant des recherches sur son arbre généalogique trop mystérieux...

Chaque nouvelle se penche sur un des personnages. Ça parle des "lois jim crow" le tout enrobé dans une aventure surnaturelle. La partie non-fictive traitant des détails de la ségrégation (comme le green book ou le marché de l'immobilier) est intéressante, rien à dire là dessus. On sent que l'auteur veut nous instruire sur ces pratiques sordides et méconnues.
Par contre la partie "fantastique" est quand même beaucoup trop légère, dans le ton comme dans le contenu.

Fantômes, magiciens, passages secrets dans le musée d'histoire naturelle, livres en langue inconnue, manoir hanté, majordome étrange, sorcières, personnages jamais surpris et qui prennent tout à la rigolade....oui ça m'a fait penser dès la fin de la 1ere nouvelle aux épisodes de Scooby-Doo et cette image m'est resté gravée jusqu'à la fin. Je m'attendais à tout moment à ce que le grand méchant retire son masque pour que l'on découvre que c'était en réalité le vieux propriétaire du théâtre.

Je n'ai jamais réussi à y trouver le sérieux, le côté dramatique ou horrifique que ça aurait mérité (et qui semblait plus ou moins promis par la 4eme de couv). Beaucoup de poncifs sont accumulés, et les personnages sont trop peu creusés. Certaines nouvelles sont plus sympas que d'autres (le remake de Jekyll & Hyde, celle avec les portails sur la plage (coucou la tour sombre !)), mais au final on est quand même plus près du roman de gare que de l'incontournable.

La série télé arrive sous peu. Peut-être que remaniée par un autre auteur cela pourrait donner quelque chose de bien, mais en l'état, j'en doute.
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🌜 Lovecraft Country - Matt Ruff 🌛
Traduction : Laurent Philibert-Caillat @pressesdelacite

Nous sommes en 1954 à Chicago lorsque Montrose, le père d'Atticus disparait soudainement. Il serait parti avec un blanc ayant des informations sur la mystérieuse famille de sa défunte femme, à Ardham dans le Massachusetts. Atticus, son oncle George grand amateur de science-fiction et Letitia une amie d'enfance, vont prendre la route pour le retrouver et vont devoir affronter les dangers liés au racisme et à la ségrégation en chemin. Mais arrivés à destination, de plus grands périls les attendent, ils retrouvent Montrose enchaîné dans une cave et sont menacés par une loge de philosophes naturels (des sorciers qui jouent avec les règles de la Nature) qui veulent se servir d'Atticus pour une de leurs expériences...
En lisant le titre et le résumé de l'éditeur (pas celui au dessus 😉) je m'attendais à lire un roman d'horreur, qui mêlerait l'horreur historique de la ségrégation et l'horreur fantastique du monde de HP Lovecraft... La partie fantastique du livre n'a rien de bien angoissante ou d'inquiétante et relève de la littérature young adult, voire jeunesse avec des dialogues et une intrigue simples mais rythmés. La partie sur la condition des Noirs aux États-Unis dans les années 50 est la plus importante et la plus intéressante. Les personnages subissent le mépris, la suspicion, la violence et l'injustice du racisme et des lois Jim Crow. Ainsi George édite un guide qui permet aux noirs de voyager plus sereinement aux États-Unis en recensant les commerces, les stations-service, les restaurants et les autres établissements qui ne discriminent pas les afro-américains, leurs évitant ainsi bien des problèmes. On apprend d'ailleurs dans les remerciements à la fin du livre qu'un tel guide a réellement existé , édité par Victor H Green jusqu'en 1964 sous le nom de Negro Motorist Green Book.
Mais vous l'aurez compris j'attendais plus de ce livre qui reste tout de même une lecture divertissante et parfois instructive.
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format audio
Le commentaire de Martine :
Lovecraft Country m'a vraiment surprise et épatée, c'est une histoire complexe, mais très réaliste. Les personnages, les thèmes, les sujets, les situations, sont si convaincants et cohérents que nous sommes automatiquement plongés et immiscés dans le contexte du roman.
Les personnages vivent des situations poignantes, des émotions qui viennent nous chercher, je dirais que j'ai ressenti, avec eux, beaucoup d'empathie, pas de la pitié, mais de la sympathie. Comme au début, nous suivons Atticus qui roule vers Chicago pour aller voir son père qui a besoin de lui, durant le trajet, il est harcelé par un policier sur la route, puisque Atticus est noir et que les personnes de couleur ne sont pas les bienvenues partout et surtout sur la route du Massachusetts. Il faut prendre en considération que nous sommes avant les années 60, donc en plein dans les comportements racistes avec de la ségrégation.
Le roman est composé de différentes histoires interconnectées, qui relient les personnages de différentes époques, situations, couleurs. Les ancêtres de la famille noire et les précédents propriétaires blancs. Chacune des histoires est captivante, intéressante, et brillante. Chaque histoire est fascinante et a une tournure lovecraftienne, une métamorphose (couleur de peau), une maison hantée, un voyage dans le temps, des cauchemars, etc.
Matt Ruff a construit le roman afin que chaque chapitre soit en soi une petite histoire autonome qui se connecte aux autres, la longueur est différente, ,mais qui a des personnages et des événements communs. C'est un excellent roman, Matt Ruff construit une histoire mêlant des éléments surnaturels, avec un fonds d'histoire d'horreur concernant le racisme des années 50. La plume est fluide, rythmée et captivante.
Je vous recommande ce roman et surtout en version audio qui nous met dans le bain avec les fluctuations de voix du narrateur qui aide à s'imprégner de tout ce qui se passe avec les personnages.
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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