Bad Monkeys de
Matt Ruff
Le policier vous a-t-il arrêtés ?
Il nous a emmenés au commissariat, mais il ne nous a pas coffrés. Il nous a sorti le grand jeu : nous a montré la cellule, nous a présenté de pauvres types qu’il avait bouclés, nous a raconté des histoires horribles sur de vraies prisons, où c’était bien pire. Lorsque j’ai enfin compris qu’il n’allait rien nous faire, je n’étais plus impressionnée, mais j’ai fait comme si, parce que je me suis dit qu’il valait peut-être mieux que ce type m’ait à la bonne lorsque ma mère se pointerait. Je lui ai donc donné du « Monsieur » sans compter, et j’ai préféré passer pour une racaille plutôt qu’une petite garce.
Ma mère a fini par arriver, et elle s’est ruée sur moi, sans crier gare. À ce stade, je m’étais débrouillée pour me mettre plus ou moins l’agent Friendly dans la poche, mais il trouvait quand même toujours qu’il fallait que cette affaire me serve de leçon, et si ma mère s’était contentée de me flanquer quelques torgnoles, il aurait laissé couler. Mais c’était une vraie furie, elle déblatérait en hurlant ses histoires de mauvaise graine et elle s’est mise à, comment dire, m’étrangler, et alors j’ai perdu mon calme et je me suis rebiffée, et ça a donné une espèce de scène incroyable, avec les flics qui accouraient de partout pour nous séparer. Quand ils y sont parvenus, ils ont appelé une assistante sociale, et on a fait une séance de trois heures, durant laquelle ma mère leur a clairement fait comprendre que si je rentrais à la maison avec elle, elle ne se contenterait pas de m’envoyer au lit sans dîner, mais me noierait dans la baignoire. Il leur a donc fallu trouver un plan B.
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