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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La 4ème de couv' ne reflète absolument pas la complexité kaléidoscopique de cet étonnant roman. En fait, elle ne révèle qu'une des histoires type novella, chacune racontant les déboires de deux familles noires dans l'Amérique ségrégationniste des années 1950, confrontées à une organisation ésotérique raciste, l'Ordre adamite de l'aube ancienne, une sorte de Ku Klux Klan se piquant de magie !

Au delà de sa description de l'Amérique de Jim Crow, l'originalité de ce roman réside à injecter une grosse part de thématique fantastique : sorciers, fantômes, esprits frappeurs, livres ensorcellés, créatures de type shoggoth des bois, 4ème dimension, références à l'imaginaire de Lovecraft et à Dr Jekyll et Mr Hyde de Stevenson ...

Au fil des histoires, je me suis interrogée sur le pourquoi de ce dispositif étonnant. Et puis je crois que j'ai compris. Ou plutôt j'ai vécu ces intrusions fantastiques comme un exorcisme des démons de l'Amérique. Pas anodin que Matt Ruff ait choisi d'invoquer le pays de Lovecraft dans son titre, immense auteur et raciste notoire et autodéclaré. Là, en fait, ce ne sont pas les créatures d'un autre monde qui te font trembler, non, ce qui terrifie, c'est le quotidien des héros noirs, c'est l'horreur quotidienne à laquelle ils sont confrontés : violences policiers, arbitraires des arrestations qui font risquer sa vie, pourchasse par des racistes arriérés, harcèlement des voisins pour chasser les premiers Noirs installés dans un quartier blanc, insécurité permanente . Chaque page rend viscérales les terreurs des Afro-Américains durant cette période.

L'aspect choral du roman prend alors tout son sens. Chaque novella est consacré à un personnage : chacun a sa façon d'appréhender la ségrégation, entre intransigeance prête à en découdre, volonté de se faire oublier pour être le moins embêté possible ou art de la diplomatie et de la ruse, chacun a ses rêves et ses ambitions.

Pour rendre cette lecture inoubliable comme Underground Railroad de Colson Whitehead par exemple, il m'a juste manqué de vibrer. le seul récit qui m'a empli d'émotion est «  Jekyll dans Hyde park », autour du personnage de la jeune Ruby qui par le pouvoir d'une potion magique se change en blanche et découvre une autre vie, celle qu'elle aurait pu avoir si elle n'était noire. C'est brillant et très très puissant. L'épilogue est également très touchant

Un étonnant roman qui révèle un auteur dont l' imagination fertile est au service d'une critique sociale profonde de l'Amérique des années 50. le potentiel cinématographique est énorme et je comprends parfaitement pourquoi une adaptation est en cours, avec Jordan Peele à la manoeuvre ( géniale idée puisque c'est le réalisateur de Get Out et Us sur les mêmes thématiques ).
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Petits Conseils de vivre ensemble par Jim Crow
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Les années 50-60 aux Etats-Unis
Image d'épinal : le Rock'n'roll, les diners, les voitures, la liberté, …
Réalité : Chasse aux sorcières, Ségrégation raciale, Meurtre, Violence policière, …

le titre évoque Lovecraft et non Chtullu, il sera bien plus question de l'homme et à travers lui, tous les autres racistes que de l'oeuvre, bien que certains évènements y soient directement liés. Ceci dit, le titre est clairement opportuniste.

A la demande de son paternel, un nègre fan de SF revient à la maison familiale. Leur rapport était conflictuel, le père voyant d'un mauvais oeil les lectures de son fils : est-ce que le fond prime sur la forme ? Faut-il différencier l'oeuvre de l'homme ? A la recherche de ses racines familiales, le père est parti pour Ardham, dans le comté de Devon. Armé de son Guide du voyage serein à l'usage des Noirs, qui répertorie les lieux où les Noirs ne sont pas traités comme de la merde, il va tenter de retrouver son père en compagnie d'un oncle et d'une voisine.

Matt Ruff nous met dans la peau d'un nègre et rien ne nous sera épargné. C'est une chose de savoir que la ségrégation raciale sévissait aux Etats Unis il n'y a pas si longtemps. C'en est une autre que de vivre dans la peau d'un Noir. Résultat, le lecteur s'en prend plein la gueule : les violences policières, les "bavures", les injustices, les regards de travers. Sans compter les difficultés pour se loger, faire réparer sa voiture… L'enfer blanc !

Le roman est en fait un fix-up, différents textes reliaient par un fil conducteur, la famille d'Atticus et l'Ordre Adamite de l'Aube Ancienne, qui rappelle un ordre tristement célèbre : le Ku Klux Klan.
La qualité est assez variable, la novella qui présente l'univers ainsi que celle où l'on découvre une jeune fille fan d'astronomie, ou lorsqu'une autre se transforme en femme blanche et découvre toutes les portes qui s'ouvrent face à ce changement de pigmentation. Un texte à l'humour pince sans rire.
Plus dommageable, l'élément fantastique vient faire légèrement vaciller l'ensemble très réaliste.
Mais l'auteur a la bonne idée d'alléger cette atmosphère lourde sous une bonne dose d'humour et des personnages qui valent le détour. En outre, il fait souvent le lien entre Noir et Femme, ce qui en fait un texte très actuel à mon sens, d'autant avec l'actualité récente américaine et les meurtres de jeunes Noirs.

Malgré tout, ce voyage au pays de Lovecraft vaut le détour, juste pour cette immersion réaliste, et non dénuée d'humour.
Une série devrait voir le jour l'année prochaine.
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Il était depuis bien longtemps dans ma PAL ! Lovecraft Country de Matt Ruff me tentait depuis son adaptation en série. Finalement, le Challenge SFFF me pousse ne fois de plus à sortir un roman de ma pile à Lire. Cette fois, c'est pour une lecture avec des monstres.

Le récit se concentre sur la famille Turner-Green. Afro-américains dans l'Amérique des années 50, ils tentent de survivre dans une société raciste, en pleine ségrégation. le livre surprend car il est en réalité divisé en plusieurs histoires. Chacune a pour personnage principal un membre de la famille Turner : Atticus, Montrose, Leticia… le point commun ? Ils croisent la route de la mystérieuse secte des Adamites et font face à des situations fantastiques déstabilisantes.

Mais les Turner ne sont pas simplement des victimes ! Résilients et pleins de ressources, ils ont toujours vécu dans un monde qui les considérait comme des monstres. Les Turner et les Green sont déjà combatifs. Ils publient un guide qui documente tous les lieux où les noirs peuvent voyager tranquillement, les hébergements où ils sont les bienvenus. Ils affrontent donc les délires de la secte adamite et ses monstruosités ensemble, montrant l'importance de la communauté face à l'adversité. Leticia est par exemple une forte personnalité, drôle et pleine de ressources.

Le titre prend plusieurs sens. On peut le comprendre littéralement, car il y a des références au reclus de Providence. La secte des Adamites réside à Ardham, une référence directe au maître de l'horreur. Les Turner-Green croiseront moult être étranges. Poupée ensorcelée, fantômes, village hors du temps… le fantastique est très présent et s'insinue dans le quotidien des personnages. J'ai cependant des commentaires déçus car certains lecteurs s'attendaient à un rapport plus frontal avec l'oeuvre de Lovecraft, le titre peut être perçu comme trompeur. On pourra ainsi reprocher au roman de ne pas aller assez loin dans l'horreur et l'étrange. Mais j'ai beaucoup apprécié l'ambiance ésotérique étrange qui régnait dans la plupart des nouvelles.

Cependant, le récit a comme thème prédominant le racisme institutionnel. Personne n'ignore aujourd'hui que l'auteur était xénophobe. Il y a par ailleurs un parallèle intéressant. Atticus est un grand lecteur de la science-fiction et de l'imaginaire de l'époque, et Montrose voit d'un très mauvaise oeil la passion de son fils pour des auteurs parfois problématiques. le récit fait ainsi un très bon travail à retranscrire cette ambiance haineuse. Arrestations intempestives, violences, menaces, discrimination à l'embauche, à l'immobilier… Chaque pan de la vie des personnages est conditionné par la couleur de peau. La partie consacrée à la soeur de Leticia est révélatrice. Grâce à une potion, Ruby devient blanche et vit donc une existence plus simple, sans être constamment soupçonnée, discriminée et violentée.

Récit d'une famille noire aux proies au racisme et à une mystérieuse secte. Lovecraft Country nous propulse dans les États-Unis des années cinquante, où ségrégation et violence sont le quotidien des afrodescendants. le fantastique met l'emphase sur les affres que connaissent les Turner-Green, famille soudée et combative face aux Adamites et autres monstres qui découlent de leurs tractations avec l'ésotérisme et la magie. Si l'aspect horrifique manque d'ampleur, la psychologie des personnages est bien creusée, notamment dans leur rapport avec la discrimination dont ils sont victimes.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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1954, à Chicago. Nous rencontrons Atticus, son père Montrose, son oncle George, son amie Letitia… Citoyens noirs, dans une Amérique ségrégée, ils sont confrontés à des phénomènes fantastiques. le roman est en fait une succession de chapitres, centré sur un événement fantastique en particulier et sur un personnage. Chaque histoire est un hommage aux classiques du « Pulp » SFFF américain avec un fil rouge général qui nous présente un genre de secte mystique. On passe par exemple d'une histoire de maison hantée à une histoire de découverte de planètes mystérieuses, il y en a pour tous les goûts. Mais ce côté fantastique n'est en fait pas ce qu'il y a de plus intéressant dans ce récit (surtout qu'il me manquait très probablement des références quand à la littérature Pulp pour vraiment apprécier les occurrences de fantastique, étant personnellement assez peu familière du Pulp). Comme souvent, les pires monstres sont les gens que l'on croise, et chaque personnage nous parle du racisme qu'il subit, dans des anecdotes qui résonnent malheureusement trop avec l'actualité. Sidérants, glaçants, ces faits communs d'un racisme ordinaire et inacceptable bousculent et questionnent.

In fine, une bonne lecture, même si j'ai été un peu déroutée au début par le format qui se rapproche beaucoup de la nouvelle, avec une qualité assez inégale et des conclusions d'épisodes paranormaux assez rapides. L'aspect « sociétal » du roman contrebalance largement ces défauts à mes yeux.
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