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sur 458 notes
Guide de haute montagne, Rémy affiche un goût de plus en plus net pour l'hédonisme : loin de lui la recherche de l'exploit et le goût des grandes courses classiques, ce qui le motive est le plaisir immédiat de la grimpe pure, dont il a fait sa spécialité. Tout comme d'ailleurs les succès faciles auprès de ses clientes. Une rencontre vient toutefois troubler sa routine. Laure est parisienne, découvre l'alpinisme avec passion, mais évolue dans un milieu bourgeois à cent lieues du quotidien d'un village alpin. Amoureux, Rémy n'hésite pas à quitter ses montagnes pour la capitale...


Il n'aurait pu s'agir que d'une banale histoire d'amour, si elle n'était vouée à s'épanouir que dans l'atmosphère sublime et dangereuse de la haute montagne. Seigneur en ses terres, Rémy découvre en effet, à ses dépens, qu'il n'est personne sur la place parisienne, et que les différences de milieu et d'éducation, surtout en défaveur de l'homme, ont tôt fait de réduire un amour en cendres. Pour s'entendre, ces deux-là ont besoin d'altitude et de passion commune, et il leur faudra le naufrage d'une existence ordinaire pour mesurer à quel point ils dépérissent loin de leur vrai milieu d'appartenance : la montagne et son étrange alchimie, seule capable de les révéler à eux-mêmes en les affranchissant de tout faux-semblant social ou économique.


A travers ces deux personnages semblables à des fleurs coupées lorsqu'ils quittent leurs versants alpins, le roman oppose les artifices d'une société hiérarchisée par l'argent et aveuglée par les illusions qu'il procure, à l'impassible immobilité de la montagne, qui, par ses grandeurs, ses rudesses et ses dangers, a vite fait de vous ramener à la conscience de votre humilité et de dénuder votre véritable force d'âme. Dans cet environnement exigeant qui a toujours le dernier mot, il n'est point de mensonge ni de forfanterie qui tiennent, c'est l'homme dans sa plus simple expression qui prend conscience de la magie comme de la fragilité de la vie, et qui se met à en éprouver chaque instant avec davantage d'intensité.


Avec ce chant d'amour à la vraie montagne, celle de la périlleuse et âpre beauté des cimes, loin du clinquant et de la frime de certaines de ses stations, Jean-Christophe Rufin réussit son pari de renouer avec la littérature de montagne la plus pure, comme dans une version moderne de Frison-Roche. Et c'est avec le plus grand plaisir que l'on goûte avec lui cette ivresse des sommets, qu'il connaît si bien pour l'avoir expérimentée.

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Il est sans doute plus facile d'escalader le Mont Blanc que d'emprunter l'ascenseur social, de s'extraire de son milieu, constate Jean-Christophe Rufin dans cette allégorie, mais … sortir de sa caste conduit-il au bonheur ?

Trois personnages Rémy, Laure et Nadia, sont au centre de ce roman. Rémy, fils d'un ouvrier et d'une mère au foyer, est devenu, comme son frère Julien, guide à Chamonix. Un sportif apprécié par une clientèle féminine que Julien fait grimper au septième ciel. Cette vie de gigolo est bousculée par l'apparition de Laure, ravissante blonde, à l'attitude hiératique masquant la fille d'un odorant laveur de camion poubelle.

Laure s'est émancipée de son milieu à l'incitation de Nadia, immigrée algérienne déterminée à se libérer du carcan culturel qui finit par la tuer. Grâce à une bourse, Laure intègre une classe préparatoire et réussit le concours d'accès à une grande école puis est recrutée par une banque, intégrée aux équipes « Transactions Services », et contribue à des deals juteux qui lui valent des primes exceptionnelles de quelques centaines de milliers d'euros. Elle mêne une vie aisée et confortable s'approprie les codes des Bobos et, à chaque fois qu'elle doit prendre une décision vitale, s'interroge « que ferait Nadia » ?

Dans l'ensemble de l'OCDE, il ne faut pas moins de cinq générations en moyenne pour qu'un enfant issu d'une famille en bas de l'échelle des revenus arrive au milieu de celle-ci. En France il faut six générations, 180 années, pour parvenir au même résultat. Laure est une incarnation exemplaire de la « mobilité sociale » et de « l'école républicaine ». Une réussite qui intimide et paralyse un temps Rémy qui monte, tel Rastignac, à Paris retrouver Laure.

Commence alors la seconde moitié de l'ouvrage et la descente aux enfers qui, de casse en carambolage, foudroie Rémy et Laure et les oblige à s'interroger sur leurs vocations respectives. le temps panse les plaies et les bosses, un avenir sobre et naturel, en montage, sera leur refuge.

Jean-Christophe Rufin, avec Les flammes de Pierre, se renouvelle et nous bouscule en mettant le doigt là où ça fait mal, sur les fractures de notre société, sur la démission du corps enseignant à promouvoir une élite intellectuelle, à faciliter ainsi la mobilité sociale, mais aussi, et surtout, nous oblige à réfléchir sur les valeurs qui hiérarchisent nos priorités personnelles.

Un roman qui interpelle tout en peignant une belle histoire d'amour dans un cadre alpestre ; un ouvrage auquel j'attribue cinq étoiles sans aucune hésitation ; un sommet littéraire et sociologique.
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C'est avant tout de la très belle littérature de montagne, celle d'un grand écrivain qui a mis des années, dit-il lui-même, pour "gravir ce mur infranchissable", celui de "la rédaction d'un roman de montagne". Ensuite, viendront quelques nuances qui n'entament pas la qualité globale stylistique de ce roman d'amour et de montagne.

Un début vraiment alléchant avec l'escalade de l'aiguille de la République en compagnie, notamment, de l'arrière-petite-fille du "premier conquérant de ce sommet" et aussi d'un nommé Sylvain, que ses fans reconnaîtront sans coup férir.

Et puis, inattendue, une histoire d'amour, longue, douloureuse, qui par moments s'enlise quelque peu, surtout lorsqu'un guide de haute montagne se retrouve, le pauvre, perdu dans les couloirs du RER ou au pied d'autres sommets, ceux des tours de la Défense.

Heureusement, la montagne reste présente et les descriptions de ses orages, de ses crépuscules, des anneaux de la mer de Glace, de cette forêt d'aiguilles chamoniardes rachètent largement les errements parisiens.

Enfin, une apothéose, dans les Drus, où le mélodrame laisse la place au drame. Et ces dernières pages où l'héroïne des négociations économiques devient gardienne de refuge m'ont semblé les plus belles et font oublier quelques errements dans la jungle de la vie, ou plutôt de l'absence de vie, de l'entreprise, monstre économique servi par courtisans, maîtres et valets.

On peut ne pas goûter l'exercice auquel s'est livré Jean-Christophe Rufin dans cet assaut des flammes de pierres, mais on ne peut contester son talent littéraire capable de donner toute à sa force à ce qui est, finalement, un beau roman.
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Les Flammes de pierre n'ont pas suscité chez moi un ardent enthousiasme. Elles ont plutôt fait l'effet d'une douche froide. Je suis restée de marbre en suivant les péripéties de cette bluette qui trouverait mieux sa place dans la collection Harlequin que chez Gallimard.

Nos héros sont façonnés comme des figurines stéréotypées : d'un côté, un beau guide-moniteur musclé-bronzé qui séduit sans états d'âme ses clientes. de l'autre, une svelte et sportive Parisienne, qui maîtrise la godille en hors-piste aussi bien que les déhanchements sauvages sur le dance-floor.
Une faune urbaine pas très sympathique qui s'offre de coûteux séjours dans des tanières de luxe à Megève, Couchevel ou Val d'Isère.
On devine facilement la suite: notre brave moniteur perd tous ses moyens devant cette amazone blonde "à la beauté hiératique". Il est devenu docile comme un cabri et cède aux appas de cette déesse au "sourire énigmatique".
Celle-ci retourne rapidement à son job dans une banque d'affaires, après quelques galipettes dans les bras du beau montagnard.

Une histoire banale, dont l'originalité pourrait se trouver ailleurs. Car le troisième personnage du récit, c'est.......Je vous laisse deviner......
La Haute Montagne ! Nous sommes conviés à un séjour dans
le cadre majestueux du massif du Mont-Blanc, dont aucun sommet ne nous est épargné. Pics, aiguilles, glaciers, névés et moraines, crampons, baudriers et mousquetons, descentes en rappel, tout l'univers de l'alpiniste est convoqué pour camper le décor, faire souffler sur le lecteur le vent des cimes et l'odeur de la magnésie.
L'ensemble à un je ne sais quoi d'artificel, de factice, de convenu. Même les péripéties dramatiques font partie de la mise en scène. Un peu comme dans un film tourné en studio.

Sans compter les épisodes invraisemblables où on voit l'héroïne, plutôt tailleur strict et escarpins, se mettre à pratiquer l'escalade en deux coups de cuillère à polenta. Un vrai conte de fée !
Ensuite, c'est au tour du Chamoniard de vouloir quitter sa veste en gore-tex et ses godillots pour endosser un costume-cravate afin de rejoindre sa dulcinée. le monde à l'envers !

J'ai été gênée aussi par des effets stylistiques assez maladroits, comme "l'athanor de son coeur", ou par certains mots peu usités qui ne semblaient pas à leur place.

J'ai envie de conclure cette sévère critique en faisant valoir qu'elle est à la hauteur de ma déception. À croire que le talent est soluble dans les honneurs, et qu'une épée d'académicien n'est d'aucun secours pour atteindre les sommets dans l'art décrire. Dans cette ascension, la cordée s'est emberlificotée les brodequins dans la pâte de guimauve.
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Depuis Rouge Brésil, Christophe Rufin est un auteur que je lis régulièrement et dont j'apprécie les romans, excepté sa série de polars.
Dans « Les flammes de pierre », titre magnifique et mystérieux, j'espérais retrouver le plaisir que j'avais éprouvé, adolescente, lorsque je dévorais les livres de Frison-Roche.
Oui, Rufin n'a pas son pareil pour décrire la montagne qui devient sublime à force de beauté. Il sait aussi nous entrainer dans de folles courses, nous faire ressentir l'adrénaline de la grimpe et l'apaisement que procure aussi la montagne dans sa solitude. Rufin aime la montagne et sait nous transmettre cette passion éprouvée par le grimpeur
« le rocher était enthousiasmant de pureté et de solidité. L'environnement de glaciers s'accordait comme un écrin de soie blanche à cette paroi élégante, taillée dans la matière cristalline et que Rémy offrait à Laure comme un bijou ».
Si la montagne est au coeur de ce roman, les héros en sont Rémy et Laure. Rémy, séduisant guide de montagne et bourreau des coeurs. Laure, une parisienne cadre dans la finance et amoureuse des sports de glisse et d'ascension. Entre ces deux-là, bien sûr, nait une romance sans violons mais avec le vent frais des cimes. Nous assistons à moults rebondissements plus ou moins crédibles dont je ne révèlerai rien. Après le cadre majestueux de la montagne, son air pur on découvre Paris et sa faune dans la grisaille citadine.
De l'histoire sentimentale entre le guide et la parisienne, je n'en retiens pas grand-chose. Par contre, on trouve au gré de sa lecture quelques morceaux d'anthologie sur des escalades célèbres et des sommets mythiques autour du Mont Blanc comme, les Drus, les aiguilles rouges, les aiguilles vertes, la chaîne des Ecclésiastiques, les pointes du Midi et d'autres qui évoquent les romans de Frison-Roche. C'est aussi l'occasion pour JC Rufin, d'évoquer en passant l'exploit de grands alpinistes comme Rebuffat.
Le lecteur, s'il n'est pas alpiniste, doit se familiariser avec la technique et le vocabulaire : crampons et baudriers, système d'assurage, chaussures d'approche et chaussons d'escalade, magnésie et tant d'autres. Bon, le néophyte s'y retrouve quand même et j'avoue avoir apprécié les passages sur l'histoire de l'alpinisme.
Une partie du roman se déroule au refuge de la Charpoua perché à 2841 mètres au pied des Drus. Cette cabane construite en 1904 n'a qu'une seule pièce et propose 12 couchages. Pas de douche mais un tuyau d'eau froide. Et son gardien…est une gardienne qui aura sans doute inspiré notre romancier. Sarah la gardienne capte l'eau et refuse les bouteilles en plastique, elle cuisine à partir de produits bios et locaux. Si vous êtes curieux, allez donc faire un saut sur le site du refuge de la Charpoua, pas besoin d'être alpiniste et ça vaut le détour.
Parfois, il n'y a qu'un pas entre fiction et réalité. Parfois, aussi, la réalité peut se révéler plus enthousiasmante que la fiction.



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Les flammes de pierre est une dénomination pour situer une partie de la montagne proche de la mer de glace, dans le massif du Mont-Blanc. Pour moi, qui suis une néophyte de la montagne, il était important de signaler cet état de fait. Je ne connais la montagne ni en hiver, ni en été. Je ne skie pas, je ne randonne pas. La montagne est pour moi une terre inaccessible, mais je prends toujours un énorme plaisir à en lire des récits. Ça me fascine et m'effraie tout à la fois.
C'est un ami, adepte de randonnée et d'escalade en montagne, qui m'a prêté ce livre. Il connaît mon gout de l'aventure. Enfin à mon échelle, celle de la lecture. Et ce roman m'a fait passer un très agréable moment, c'est un vrai roman plein de romanesque, d'aventure et d'amour. Jean-Christophe Rufin a réussi à conjuguer de façon équitable ascension (sans en faire un roman uniquement de montagne et de difficultés en tous genres à affronter) et réflexion sur la nature humaine (amour, dépassement de soi, regard sur l'autre).

Remy, guide de haute montagne dans le massif du Mont-Blanc, est plutôt attiré par la vie facile de gigolo auprès de riches clientes venues s'encanailler près de Chamonix, que par le côté sport de haut niveau. Jusqu'au jour où il rencontre Laure, jeune parisienne cadre supérieur dans le domaine de la finance, et passionnée de montagne. Ces deux-là vont tout à tour quitter leur milieu d'origine pour essayer d'adopter celui de l'autre. Il leur faudra cependant plusieurs années et bien des concessions et renoncements avant de pouvoir partager un avenir commun.

On pourrait penser qu'il ne s'agit que d'une histoire d'amour. Mais c'est bien la montagne qui détient ici le rôle principal. C'est elle qui amène réflexions sur le comportement, sur les valeurs personnelles, qui soigne aussi quand le temps du doute et des blessures advient. Elle enseigne la retenue et l'humilité. Et se laisse apprivoiser quand enfin l'homme a trouvé sa place au sein de cette immensité verticale.

Même si j'ai goûté cette histoire, même si j'ai touché du doigt ce sentiment étrange de ne pouvoir partager en mots ces sensations exceptionnelles d'éternité que le grimpeur ressent, je dois aussi admettre que la montagne et son côté romanesque, je les ai peut-être encore mieux appréciés chez Paolo Cognetti (la félicité du loup). L'écriture y est plus libre et flamboyante. Les sentiments plus exacerbés. Mais j'arrête de faire ma grincheuse : c'est un beau roman, c'est une belle histoire.
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L'idée du livre, c'est lors d'une escapade entre amis à l'assaut d'un « doigt de granit » dans le massif du Mont-Blanc qu'elle a germée dans l'esprit de Jean-Christophe Rufin, apprend-on dès le premier chapitre (du roman, s'entend). Parmi les présents à cette occasion en plus de l'auteur, Sylvain Tesson, Cathy l'arrière-petite-fille du conquérant de l'aiguille qu'ils s'apprêtent à escalader, et Daniel le guide chevronné, « ancien champion du monde d'escalade et grimpeur hors pair ». Une discussion sur la littérature de montagne avec Frison-Roche en tête de cordée, et voilà notre auteur-personnage confronté à un Daniel versé en destins de guides d'exception, à qui il opposera sa vision du bon roman de montagne, justement en dehors des chemins trop balisés d'exploits insensés : « D'aucuns pouvaient écrire sur ces faits des récits admirables, il leur manquerait toujours quelque chose d'essentiel pour constituer à mes yeux des sujets de roman. Ce supplément d'âme qui transforme un sujet en intrigue, une personne en personnage, c'est ce que l'on appelle une histoire. Il y faut un début, une fin et surtout, au-delà des faits, des sentiments. »
Ironie du sort, c'est ce même Daniel qui lui fournira une histoire sans le vouloir. Il connaît un guide, peu distingué en exploits d'alpiniste, plus connu pour ses conquêtes amoureuses. Il a vécu une histoire intéressante, selon la vision de Jean-Christophe. On s'attend dès lors à l'histoire du récit d'un passeur d'histoire locale, Daniel en conteur au coin de la cheminée retranscrit par Jean-Christophe le romancier. On aura droit au romancier tout court. Exit Daniel (tout autant que l'auteur en tant que personnage), la main est prise dès le deuxième chapitre par un narrateur omniscient, en guide de cordée romanesque. Dans la plus pure tradition, le romancier pose dès lors les jalons solides de son histoire, entre actions (parfois anodines), descriptions (somptueuses pour les paysages, au vocabulaire précis et érudit), psychologie (souvent amoureuse) et rebondissements (dosés de bout en bout), dans le rythme sûr et patient du randonneur, avec sur ses pas le lecteur qui n'aura aucun mal à lui déléguer sa confiance et le suivre.
Il faut dire aussi que l'histoire d'amour en question ne laisse pas insensible, les personnes en présence devenant bien personnages. Tout semble opposer Rémy, montagnard hédoniste au « métier de gigolo des neiges », à Laure, la parisienne affairiste nimbée de mystère aux yeux de son guide lorsqu'elle repart pour la capitale. Marqué du sceau de l'attraction dès leur rencontre, leur couple se teintera aussi d'intrigue et de répulsion, avec les mouvements de perte de soi et de fusion inhérentes à la passion. Une histoire se dessinant autant à deux avec Laure en villégiature alpestre que lors de ses absences, Rémy se révélant plus tout à fait le même sans elle dans son pays natal. le guide local bien enraciné ira ainsi jusqu'à envisager une vie parisienne, devenue attrayante à ses yeux éblouis.

Reconnu pour ses romans d'aventure, l'auteur de « Rouge Brésil » dévoile ici une autre de ses facettes dans un roman de littérature de montagne soulignant sa connaissance aiguë du milieu, à la résonance plutôt classique voire académique si l'on considère l'histoire et sa construction, original si l'on s'attendait à un contenu épique d'exploits en altitude. Mais « Les flammes de pierre » se révèle dans tous les cas efficace, et prenant.

« Il n'avait pas grand monde pour partager ses états d'âme. En montagne, à cette saison, chacun se cache plus ou moins chez lui, vaque dans son chalet ou son appartement. Personne ne pose trop de questions aux autres. Ce repli sur soi fait partie de la vie, revient chaque année après l'hystérie de l'été et avant que l'hiver ne rallume une lumière éclatante qui nettoie l'âme. »
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En fin d'ouvrage, Jean-Christophe Rufin écrit : "Je tiens à remercier d'abord Sylvain Tesson. Jamais avare d'idées farfelues, c'est à lui que je dois d'avoir gravi l'aiguille de la République en compagnie d'une arbalète et de Cathy Simond, arrière-petite-fille du célèbre Joseph, premier conquérant de ce magnifique sommet."
Cette arbalète visible sur la photo en couverture, ainsi que celui qui n'est « jamais avare d'idées farfelues » et que j'apprécie tant : c'est certain, je vais me régaler !

Quatre amis, dont l'auteur et Sylvain Tesson, partent à la conquête de l'aiguille de la République dans le massif du Mont-Blanc et pour pimenter leur ascension, ils ont décidé d'utiliser la méthode ancienne : lancer une corde par-dessus le sommet à l'aide d'une arbalète. Tellement plus original et amusant qu'une escalade classique !
Chemin faisant naissent des discussions échevelées sur l'alpinisme, sur la littérature de montagne, Premier de cordée et Les conquérants de l'inutile entre autres.
J'aime cette ambiance, cette camaraderie dans l'effort en altitude, ces échanges joyeux. J'aime aussi les quelques descriptions qui s'intègrent bien dans le récit :
"La montagne, pour cette occasion, nous avait offert de merveilleux cadeaux : un refuge presque vide en cette fin de septembre, qui bradait ses dernières tartes aux myrtilles ; un départ nocturne dans une harmonie de bleus, celui, d'encre, du ciel étoilé et jusqu'à la réverbération pastel de la glace dans le faisceau de nos lampes frontales ; une température relativement douce pour une fin de nuit en haute montagne."

Le hic, c'est que tout ceci ne concerne que l'introduction, et prend fin à la page vingt-cinq.
Après, le livre bascule dans tout autre chose.

Après, arrivent Rémy et Laure.
Le guide beau gosse tout bronzé qui joint l'utile à l'agréable en enchaînant les aventures avec ses clientes et la businesswoman parisienne qui vient de temps à autre loger dans les appartements de ses riches amis et s'offrir un peu de frisson montagnard.
Devinez-vous ce qui va se passer ? Allez, un tout petit effort... ou même, pas d'effort du tout tellement le scénario est prévisible. du coup, je ne dirai rien de plus.

Quelle banalité affligeante, quelle guimauve sucrée et écoeurante, j'ai cru être dans un mauvais téléfilm.
J'ai poursuivi vaillamment ma lecture, espérant que l'on revienne à quelque chose de plus intéressant... en vain.

Je connaissais la passion de l'auteur pour la montagne, je l'avais déjà entendu parler de ce sujet et lorsque j'ai appris qu'il avait franchi le pas, qu'il avait écrit son "roman de montagne", je me suis réjouie de cette lecture à venir.
Hélas, je n'aurais pas dû m'enflammer ainsi, la déception a été à la hauteur de l'attente.
Ce roman n'a éveillé aucune passion en moi ; ces flammes se sont avérées bien faiblardes, je ne leur accorde que le statut de toutes petites braises.

Ai-je donc un coeur de pierre pour que ces flammes m'aient laissée de marbre ?
Que les lecteurs qui ont aimé ce livre me pardonnent d'avoir dégainé mon lance-flammes dans ces lignes, j'aurais tellement préféré m'enflammer alors, s'il vous plaît, ne me jetez pas la pierre !

Pour ceux qui voudraient lire de très beaux romans de montagne, plongez-vous dans Premier de cordée de Roger Frison-Roche ou Les huit montagnes de Paolo Cognetti, d'un tout autre intérêt que ces flammettes.
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QUE LA MONTAGNE EST BELLE

Jean-Christophe Rufin nous emmène à la découverte de la verticale sous couvert d'une histoire d'amour somme toute banale.
Remy, guide de montagne pas trop friqué, se tape ses clientes, jusqu'au jour où il tombe sur LA cliente, belle et riche. Il tombe même amoureux. Il quitte tout pour la suivre mais ça ne fonctionne pas... et ensuite c'est elle qui quitte tout pour le retrouver... A ce niveau-là, oui on est un peu sur du Sophie Kinsella mais en nettement mieux écrit, parce que Rufin c'est aussi une plume.
Par contre ce qui est magnifique dans ce roman, c'est la montagne. Belle majestueuse, dangereuse. C'est la montagne des petits refuges où on se mange une croute avec un petit vin blanc, suivi d'une tarte aux myrtilles devant le glacier du Bosson (et ailleurs d'ailleurs : amatrice de croute forever !) . Pour moi qui suis une adepte de la montagne en été et de ses sentiers de randonnées, oui, ce roman m'a parlé. Ce sont des tonnes de souvenirs de vacances qui sont remontés. Chamonix, la mer de glace, les Drus, Megève,... mes yeux ont vu tout ça et m'ont donné envie d'y retourner. Cette année ce seront les Alpes autrichiennes en mai, du côté de Salzbourg, l'an prochain la Haute Savoie certainement !
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Roman qui se situe à mi-chemin entre le récit de montagne et la bluette sentimentale.
C'est bien écrit, agréable à lire.
Pour l'histoire elle-même, n'étant pas un premier de cordée dans la montagne, mais ayant lu deux ou trois choses sur le sujet, j'ai tiqué aux premiers pas verticaux de l'héroïne sciences potée, néanmoins transfuge de classe pour amoindrir le choc culturel.
Elle a tous les talents, elle est même belle apparemment. Et blonde. Cela fait beaucoup de clichés, beaucoup de grosses ficelles de la taille de cordes.
Le héros, lui, c'est le guide de haute montagne simple (simplet ?) et bronzé.
Et les deux se rencontrent, coup de foudre et compagnie...
Jusqu'à la fin, avec patience et sans déplaisir, j'ai attendu un dénouement à la hauteur du refuge de la Charpoua, au pied des Drus. En vain. La voie entamée lors du premier regard entre les deux caricatures de personnages va jusqu'au bout. À une altitude d'environ 3 000 m, la longue vire horizontale en bas de la face sud de leur amour au premier regard conduit inéluctablement à l'arête sud-ouest des Flammes de Pierres de son heureuse conclusion .
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