En fin d'ouvrage,
Jean-Christophe Rufin écrit : "Je tiens à remercier d'abord
Sylvain Tesson. Jamais avare d'idées farfelues, c'est à lui que je dois d'avoir gravi l'aiguille de la République en compagnie d'une arbalète et de Cathy Simond, arrière-petite-fille du célèbre Joseph, premier conquérant de ce magnifique sommet."
Cette arbalète visible sur la photo en couverture, ainsi que celui qui n'est « jamais avare d'idées farfelues » et que j'apprécie tant : c'est certain, je vais me régaler !
Quatre amis, dont l'auteur et
Sylvain Tesson, partent à la conquête de l'aiguille de la République dans le massif du Mont-Blanc et pour pimenter leur ascension, ils ont décidé d'utiliser la méthode ancienne : lancer une corde par-dessus le sommet à l'aide d'une arbalète. Tellement plus original et amusant qu'une escalade classique !
Chemin faisant naissent des discussions échevelées sur l'alpinisme, sur la littérature de
montagne,
Premier de cordée et Les conquérants de l'inutile entre autres.
J'aime cette ambiance, cette camaraderie dans l'effort en altitude, ces échanges joyeux. J'aime aussi les quelques descriptions qui s'intègrent bien dans le récit :
"La
montagne, pour cette occasion, nous avait offert de merveilleux cadeaux : un refuge presque vide en cette fin de septembre, qui bradait ses dernières tartes aux myrtilles ; un départ nocturne dans une harmonie de bleus, celui, d'encre, du ciel étoilé et jusqu'à la réverbération pastel de la glace dans le faisceau de nos lampes frontales ; une température relativement douce pour une fin de nuit en haute
montagne."
Le hic, c'est que tout ceci ne concerne que l'introduction, et prend fin à la page vingt-cinq.
Après, le livre bascule dans tout autre chose.
Après, arrivent Rémy et Laure.
Le guide beau gosse tout bronzé qui joint l'utile à l'agréable en enchaînant les aventures avec ses clientes et la businesswoman parisienne qui vient de temps à autre loger dans les appartements de ses riches amis et s'offrir un peu de frisson montagnard.
Devinez-vous ce qui va se passer ? Allez, un tout petit effort... ou même, pas d'effort du tout tellement le scénario est prévisible. du coup, je ne dirai rien de plus.
Quelle banalité affligeante, quelle guimauve sucrée et écoeurante, j'ai cru être dans un mauvais téléfilm.
J'ai poursuivi vaillamment ma lecture, espérant que l'on revienne à quelque chose de plus intéressant... en vain.
Je connaissais la passion de l'auteur pour la
montagne, je l'avais déjà entendu parler de ce sujet et lorsque j'ai appris qu'il avait franchi le pas, qu'il avait écrit son "roman de
montagne", je me suis réjouie de cette lecture à venir.
Hélas, je n'aurais pas dû m'enflammer ainsi, la déception a été à la hauteur de l'attente.
Ce roman n'a éveillé aucune passion en moi ; ces flammes se sont avérées bien faiblardes, je ne leur accorde que le statut de toutes petites braises.
Ai-je donc un coeur de pierre pour que ces flammes m'aient laissée de marbre ?
Que les lecteurs qui ont aimé ce livre me pardonnent d'avoir dégainé mon lance-flammes dans ces lignes, j'aurais tellement préféré m'enflammer alors, s'il vous plaît, ne me jetez pas la pierre !
Pour ceux qui voudraient lire de très beaux romans de
montagne, plongez-vous dans
Premier de cordée de
Roger Frison-Roche ou
Les huit montagnes de
Paolo Cognetti, d'un tout autre intérêt que ces flammettes.