Ce livre est ma première rencontre avec
Carlos Ruiz Zafón, et il a su se montrer convaincant ! Un roman jeunesse ? Peuh ! On ne peut pas le limiter à ça. L'histoire est travaillée, elle plairait à des adolescents tout autant qu'à des quinquagénaires, et l'écriture est vraiment belle. Les personnages sont touchants et justes, et le mystère est très bien gardé – jusqu'aux ultimes révélations. J'ai beau réfléchir, je n'ai pas vu de points négatifs à cette lecture.
Sauf peut-être deux-trois longueurs de temps en temps ?
Mais ce n'est rien comparé à la profondeur des protagonistes.
Prenez
Marina, par exemple. C'est une jeune fille à la fois belle et mystérieuse. On la voit à travers les yeux d'Óscar, qui est fasciné par son physique et ses yeux transparents. Et pourtant, on se rend rapidement compte qu'elle est beaucoup plus qu'une jolie fille. D'une part, elle est très intelligente. Et d'autre part, elle a des limites. Elle n'est pas parfaite : elle est terrifiée à de multiples reprises au cours de l'histoire (et à juste titre !), elle a ses humeurs, comme toute jeune fille normalement constituée, ses faiblesses, etc. Au début, on la perçoit presque comme un être féérique qui possède les clés d'un univers magique imbriqué dans le nôtre. Mais non. Elle est aussi humaine que n'importe quelle fille de seize ans. Et cet univers magique ne l'est pas tant que ça.
Le sentiment de surréalisme qu'Óscar ressent à son contact est aussi dû à sa relation avec son père. Tous les deux sont très proches et forment un foyer d'autant plus uni que la maladie menace de les séparer. Óscar, presque totalement dépourvu de relations familiales, cherche refuge dans cette famille aimante, mais déséquilibrée par l'absence de mère.
Bon, ces relations utopiques ne durent pas car les choses finissent par se gâter. Mais ça reste quand même beau.
Tous les personnages sont touchants. Même les opposants, car l'auteur a pris soin de leur donner une raison d'agir – une motivation raisonnable et compréhensible. Finalement, on ne peut que se dire que c'est dommage pour eux, car ils ont juste joué de malchance.
À un moment, Óscar est confronté au même choix que le « méchant » de l'histoire, et la seule chose qui l'empêche de faire le même que lui est qu'il est dans l'impossibilité matérielle de le faire.
Moralité : c'est notre histoire qui nous forge. Pas notre nature. Les petits hasards qui ponctuent notre vie nous façonnent.
Dans ce livre, l'équilibre entre réalité et surnaturel est à mon sens presque parfait. Plusieurs événements surviennent, inexplicables, terrifiants, mais ils ont une raison logique. Cependant, quand on y regarde de plus près, cette raison dépasse la science (aucun sérum ne pourrait donner la vie à des corps à mi-chemin entre l'organique et l'inorganique). Zafón a un peu triché avec les lois naturelles, mais qui pourrait lui en vouloir ? C'est là tout l'intérêt du réalisme magique, je trouve.
Ce roman, j'ai dû le lire en catastrophe pour compléter le Challenge ABC qui se termine demain. Il a été récupéré dans une grande surface uniquement sur le critère de sa petite taille et du nom de son auteur (il fallait que ça commence par un Z). Mais si je devais refaire ce choix, ce serait le même. Sans hésiter.