Un petit livre (80 pages) où l'auteur nous propose, après avoir succintement défini les bases de la pratique méditative, quelques méditations sur de grands thèmes tels que la pensée, le désir, le temps, l'espace ou encore l'humilité. Les réflexions qu'apportent l'auteur sont intéressantes et peuvent nous accompagner bien après la pratique.
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Quelle que soit la profondeur de nos états méditatifs, le degré de spiritualité que nous croyons avoir atteint, il faut donc toujours accepter de se voir tel que l'on est. Toutes les petites susceptibilités, tous les mouvements d'irritation que révèle le quotidien ne doivent pas nous échapper. Ce sont les marques que nous n'avons pas renoncé à nous-même, au sentiment de notre propre importance. Et tant que nous serons encore susceptibles d'être vexé, irrité, d'avoir des accès de vanité ou d'orgueil, c'est le signe que le « moi » est bien présent, et donc que nous sommes encore étroitement liés au devenir et à I'illusion.
Pour refonder notre être, le transformer, en changer radicalement le cours comme le demande toute vie spirituelle authentique, cette présence à nous mêmes, vécue pendant les périodes d'intériorisation doit progressivement imprégner tous les aspects de notre quotidien.
II nous faut arriver à maintenir comme un arrière plan clair, conscient, serein, un espace de silence, su lequel glissent les pensées et les émotions, quelles que soient les circonstances.
En fréquentant les grands textes spirituels et les maîtres authentiques nous nous rendons compte que partout l'oubli est considéré comme l'origine de toutes les erreurs, de toutes les souffrances et le souvenir, le "rappel à soi", comme le vrai commencement de la voie.
Et il ne faut pas oublier que la plupart des doctrines orientales ou même des philosophies comme celles de Kant demeurent inaccessibles à beaucoup de nos contemporains précisément parce qu’ils ne peuvent pas se placer dans cette perspective. Ils sont tellement imprégnés par la mentalité « objectivante » qui prédomine à notre époque qu’elle fait partie intégrante de leur être.
Le secret de toute transformation intérieure réside donc dans la connaissance ou plus exactement la réalisation de cette conscience. C'est elle que nous devons cerner, découvrir. Elle est le fond ultime, la source de mon identité vraie. N'étant pas conscience de ceci, ou de cela, mais pure conscience vierge de toutes représentations, elle est dénuée de formes, sans contenu, vacuité. Et ce sont les images qui I'obscurcissent et nous voilent son éclat.
L'état de pleine réalisation n'est pas l'effacement de la pensée, mais, comme le dit fort justement Hui-Neng, l'absence d'identification avec elle. Les pensées peuvent être là, mais l'être ne s'identifie plus. Elles glissent comme les nuages sur un ciel bleu.