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Un très beau « roman » autobiographique et documentaire qui croise les recherches et entretiens de la narratrice à propos des « combattants » d'Action Directe et ses propres souvenirs d'enfance et d'adolescence, entre un beau-père angoissant (Yves S.) et une mère fugitive. Les interrogations se font écho, et la narratrice passe de spectatrice à réprobatrice puis à avocate, et chacun des témoins qu'elle interroge devient peu à peu membre d'une famille élargie, celle qu'elle se choisit. Une belle écriture et une grande sensibilité font de certains passages de petits bijoux.
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Pour accepter son histoire, ses blessures et refermer les cicatrices, il faut parfois s'inspirer de celles des autres... Monica Sabolo nous livre son histoire et celle des membres d'Action Directe, groupe terroriste d'extrême gauche. En enquêtant sur ce groupe, elle pensait simplement écrire un bon roman qui faisait sensation et pourtant, elle découvre que ce groupe a bien plus de choses en commun avec son histoire familiale qu'elle ne le pensais au début. Au fil de l'enquête, on découvre les secrets de sa famille et sa vie clandestine. Chaque membre d'Action Directe qu'elle rencontre lui apporte un peu plus de réparation avec sa propre histoire.
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Je crois que j'ai lu une grande partie des textes de l'auteure et je voudrais remercier Les Editions Gallimard NRF et Babelio pour m'avoir permis de lire en avant première ce nouveau titre.
J'ai attendu longtemps avant de me lancer à l'assaut de "La vie clandestine" : quand je sens que le livre sera bon, je veux le déguster comme une friandise ou un plat délicieux et je n'aime pas le finir car je me sens triste de devoir quitter l'histoire.
Il m'a semblé que cette fois-ci, pour des raisons qui apparaissent au fur et à mesure de la lecture, Monica Sabolo, s'aventurait dans un autre univers, une autre dimension. Sinon comment expliquer le lien entre l'histoire personnelle de l'auteure et l'un des groupes Action Directe, aboutissant à la mort du patron de du groupe automobile Renault, Georges Besse, en novembre 86 ?
De Milan à Genève, Lausanne, Paris, la campagne française, entre son voisin, Monsieur M. persuadé qu'elle fait des bruits la nuit, celui qui fut son père d'adoption, Yves S., sa maman qu'elle connaît si peu, l'auteure va faire revivre des décennies entre 70 et nos jours alternant les témoignages de journaux, ses questionnements. Où se trouve la vérité, que représente-t-elle en fonction des personnes concernées et de leurs vécus ? Tandis qu'elle remonte la piste de certains membres d'Action Directe, l'auteure enquête aussi sur son passé, sur un univers de silence, de bruits, de complicité, de révolte, d'incompréhension.
Encore une fois, Monica Sabolo me touche au coeur. J'ai grandi à la même époque qu'elle, pas dans les mêmes circonstances, ni les mêmes lieux, mais je me pose souvent la question de savoir ce qu'on perçoit d'un évènement, de la plasticité des souvenirs.
Nous n'avions pas accès à autant d'informations à l'époque, maintenant, nous en sommes submergés. L'immédiateté, l'instantanéité des réseaux sociaux, ce qu'il convient bien d'appeler la "novlangue" du roman 1984 d'Orwell, éloignent les individus les uns des autres, creusant une fracture entre des personnes qui réagissent à chaud sans réflexion. Je ne nie pas l'impact que peuvent avoir ces mêmes réseaux sociaux dans la lutte contre des discriminations quelles qu'elles soient, mais ce monde étrange me fait peur : sans filtre et où la culture, l'envie de découvrir l'autre, d'autre univers au delà de l'image perçue, disparaît sans bruit.
Monica Sabolo par ses deux enquêtes parallèles, va au delà de l'image, de ses trous noirs, de ses souvenirs d'un aquarium si joli. On dit de la curiosité que c'est un vilain défaut (en anglais : "Curiosity kill the cat"), mais je ne suis pas d'accord quand elle s'accompagne de bienveillance/ de réflexions et l'auteure en est l'exemple.
Encore merci pour ce roman si particulier et les pensées qui l'accompagnent.
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D'un côté, la violence des actions terroristes perpétrées par les membres d'Action Directe, de l'autre, la douleur lancinante dans le quotidien d'une femme.
Dans « la vie clandestine », l'autrice se rapproche des principaux membres du groupe terroriste d'extrême gauche « Action directe » qui, dans les années 8O, utilisait la violence comme arme politique. Dans sa propre vie, son père, « Yves S. » est la figure du criminel. Monica Sabolo explore les personnalités des meurtriers et des victimes.
Comprendre un criminel, pardonner, vivre avec les stigmates d'un passé tumultueux…sachant que « Tout glisse , dans l'existence, même la mémoire des instants les plus tranchants, ceux qui nous poursuivent jusqu'à la fin de nos jours, et pourtant, ils n'ont pas eu lieu, ou alors pas de cette manière, pas à ce moment-là ». Et si la dérive des souvenirs était maîtresse de nos douleurs intérieures ?

L'histoire d'Action Directe est intéressante, la vie de l'autrice torturée par son passé tout autant, mais de là à établir un parallèle, je n'ai pas vraiment trouvé le point de convergence. Cependant, j'ai beaucoup aimé la plume acérée de Monica Sabolo et son analyse de la psychologie des personnages.
Merci à Babelio pour cette découverte en avant-première.

Lien : https://mireille.brochotnean..
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L'entremêlement de la vie privée de l'autrice et de l'enquête sur le groupe Action Directe paraît étrange mais s'éclaire peu à peu . La question fondamentale sur l'autre est : « Comment peut-on ? » Comment peut-on tuer de sang-froid un père de famille (Georges Besse) parce qu'il représente le capitalisme ? Comment peut-on abuser sexuellement sa fille pendant des années ? Et : peut-on comprendre les assassins, leur humanité ? Peut-on pardonner au père ? Cette vie clandestine est celle du groupe Action directe, mais aussi celle de l'autrice contrainte de cacher sa douleur, sa honte (qui ne devrait pas être). Des éclairs d'humanité et de glace mêlées (Nathalie Ménigon vérifiant l'âge des enfants de Georges Besse : ça va, mon frère avait leur âge quand maman est morte). Quant au père de l'autrice…. Lorsque sa fille lui dit : « Tu sais, je n'ai rien oublié », il lui répond  : « Je comptais te demander pardon, un jour , quand nous serions morts ». Ajoutant, c'est très courant dans les familles…
Monica Sabolo fait revivre aussi les années 70, les années Tapie. Et le personnage, non la personne d'Hélyette est bouleversante . Un très beau texte, après un début que j'ai trouvé un peu lent.
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Elle a grandi au bord du lac. Sur ses rives s'est construit une vie chargée de dissimulations, de faux-semblants et de secrets. L'existence à la périphérie d'une vérité recouverte par cette étendue, celle qui ne reflète qu'une vie de fiction à travers son miroir d'eau, une territoire imaginaire construit sur des mensonges. le lac autour duquel elle gravitait et tournoyait ; qu'elle contournait et évitait, sans jamais s'y précipiter, s'y enfoncer. le lac qui recélait en son fond l'espace souterrain d'une réalité cachée. le lac comme métaphore d'un espace enfoui au fond de la conscience, d'un réel clandestin recouvert par la fiction. Quand un milieu physique rejoint une place mentale, en l'allégorie d'une réalité périphérique réelle et fictive, consciente et inconsciente, propre et figurée ; tournant autour d'une vérité enfouie. le lac, espace central d'une vie au coeur de la mythologie. le lieu de création du monde, de la re création d'un monde. Un espace clandestin où s'invente une autre réalité ; celle qui se manifeste dans la réinvention même, un domaine reculé qui habite le réel pour en faire une fiction ; donnant à l'imaginaire la valeur de réalité. le lac qui déborde d'un savoir inconscient, s'infiltrant, coulant dans les veines et suintant de tous les pores. A Une source fondatrice qui conflue vers le gouffre niché dans les entrailles de la terre, vers le territoire dangereux des origines dissimulé dans les entrailles d'une âme. Pour y parvenir, elle remontera le fil d'une histoire de la clandestinité consciente ; celle dont le réel n'est qu'entrave quand la sienne, inconsciente échappée recouvrait le champ de la fiction et de l'imaginaire. Suivant les méandres des années Action Directe, s'immergeant dans la biographie de ses membres, dans le flottement des émotions et le glissement de son esprit, elle engagera une conversation souterraine entre leur réalité et sa fiction, entre leur foi et sa vérité, entre leur Histoire et son histoire. Qui se rejoindront dans ce lieu sacré qu'est la littérature ; où le réel prend sa source dans l'imaginaire.
De « La vie clandestine », j'ai été subjuguée par les passages concernant le vécu de Monica Sabolo dans sa quête de vérité. Qui, par une écriture délicate et métaphorique questionne brillamment son identité en lien avec la fonction littéraire, son existence par la problématique entre réel et imaginaire. J'ai cependant peiné à m'intéresser aux paragraphes concernant son enquête sur Action Directe, qui interrompent la recherche de vérité de l'auteure dans une conversation souterraine qu'il m'a fallu du temps à saisir. Bien que l'histoire d'Action Directe soit prépondérante dans l'appréhension de son histoire par l'auteure, l'absence de lien apparent entre les deux m'a longtemps fait l'effet d'un artifice littéraire, dans les méandres duquel je me suis longtemps perdue. Et dont je n'ai compris la pertinence que dans les dernières pages.
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Voici un livre que je n'aurais pas lu de ma propre initiative. Il aura fallu qu'il soit au programme du club de lecture pour que je m'y attèle ! C'est le sujet qui ne m'attirait pas : le monde du terrorisme, de l'anarchie, des combattants révolutionnaires.
Mais au final, c'est une révélation grâce au talent de Monica Sabolo. En effet, elle nous embarque dans une épopée sur les traces « d'Action Direct » à la fin des années 1970 et au début des années 1980, dans le monde d'hier, un monde de braquages et d'attentats oubliés, que j'ai pourtant connus mais sans réellement m'y intéresser à l'époque ou de loin, dans une jeunesse insouciante.
Avec ces événements et leurs protagonistes, Monica Sabolo nous raconte en parallèle sa vie familiale compliquée et perturbée.
Elle nous narre le tout dans une langue qui vit. Elle se pose des questions, elle nous posent des questions sur l'impossibilité de communiquer avec des personnes qui vivent dans un autre monde que le nôtre. Elle est à la recherche d'elle-même à travers l'histoire des autres. Elle cherche à comprendre et à sonder le coeur et le regrets de ces combattants.
Un livre fabuleux que je conseille au plus grand nombre !
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Monica Sabolo pensait avoir trouvé un sujet facile pour son prochain livre : raconter la vie de membres du mouvement Action Directe qui a marqué les années 70 et 80 par ses actions violentes, assassinats, attaques de banque, attentats. .. au nom du peuple, pour essayer de comprendre, entre autre, comment les deux sages jeunes filles qu'elle suit particulièrement ont pu devenir des tueuses de sang-froid. Mais sa quête s'avère plus compliquée qu'elle ne le pensait : les sources sont limitées, les témoins fuyants, la mémoire et les souvenirs fragiles, contradictoires, changeants, surtout quand on s'intéresse à des personnes pour lesquelles la clandestinité est une condition de survie, même 40 ans après les faits. Fascinée, elle lit et visionne tout ce qu'elle peut trouver, réussit même à « infiltrer » progressivement ce milieu clandestin en gagnant la confiance et même l'amitié de certains membres, mais, elle a le sentiment que plus elle avance, moins elle comprend ce qu'elle cherche, sauf, peut-être à retrouver des rapports humains apaisés.
Car cette quête historique et romantique a provoqué en parallèle une réflexion douloureuse sur ses propres fragilités, sur les trous noirs de son histoire familiale, entre un père biologique absent et un père adoptif disparu après des agissements plus que douteux, sur son parcours de fille et d'adulte en souffrance, plein de non-dit et de mystères comme engloutis qu'elle n'arrivait à formuler, le tout lui ayant créé finalement comme une vie clandestine, à elle aussi.
Un livre original, très prenant, qui nous fait découvrir cette période mal connue, même si ce n'est pas un travail d'historien, qui représente surtout une réflexion passionnante sur la nature humaine : la violence politique ou familiale et les souffrances qu'elle provoque, les faiblesses de la mémoire et la dissociation et le déni de réalité qui peut apparaître chez les auteurs et/ou les victimes de ces violences, le pardon que l'on peut accorder (ou pas) ; tous sentiments que l'auteur essaie d'appliquer aux grands événements comme dans sa vie personnelle.
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On pourrait présenter La vie clandestine comme une enquête sur les membres d'Action Directe, combattants révolutionnaires d'extrême gauche, qui ont perpétré des attentats dans les années 1980, notamment en assassinant Georges Besse, PDG de la régie Renault, dans une période de licenciements de masse. Mais c'est en réalité un récit beaucoup plus complexe.

Monica Sabolo s'interroge sur sa vie personnelle et professionnelle, entre ombres et lumière, de la vie affichée à la vie clandestine, en s'inspirant des poupées gigognes. Elle approfondit ses réflexions sur le secret, en alternant les chapitres sur le sujet qu'elle a choisi de raconter, une étude sur Action Directe en compulsant des documents et en organisant des rencontres, et sur sa propre enfance, de la face cachée de sa filiation, au comportement de son père dans la sphère familiale et dans la sphère publique, avec la gestion de financements occultes sous couvert d'un poste au Bureau International du Travail.

Cette construction déstabilise en raison de la diversité des fils conducteurs choisis. Cependant, elle permet, au-delà des apports intellectuels liés à des recherches fouillées, de s'interroger sur ce qui nous définit, sur les causes et conséquences de ce qui reste secret dans nos vies.

C'est un roman qui ne se lit ni très facilement ni très rapidement, mais qui reste en mémoire. Une expérience de lecture qui sort de l'ordinaire !
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LA VIE CLANDESTINE

Monica SABOLO


Monica SABOLO est une journaliste et romancière française née en 1971.


En panne d'imagination, elle choisit de s'inspirer de l'histoire d'Action Directe alors qu'elle écoute une émission qui est consacrée à ce groupe et à l'assassinat de Georges Besse sur France Inter.


Elle découvre alors une bande de personnages liés par la violence ne reculant devant rien et entretenant le secret jusqu'au moment de leur procès où ils ne dévoileront jamais le nom de celui ou celle qui a tué Georges Besse patron de Renault.


Elle rencontrera d'ailleurs les membres du groupe encore vivants et libérés de prison, notamment Nathalie Ménigon et Régis Schleicher.


Parallèlement elle s'aperçoit que sa propre vie à des points communs avec celle des membres d'A. D., elle qui est née d'une liaison de sa mère alors jeune fille avec un homme marié qui l'a abandonnée dès qu'elle a été enceinte. Reconnue ensuite par le mari de sa mère, Monica connaît l'inceste. Son père adoptif a lui-même exercé une profession pas très claire : expert en art précolombien.


Monica Sabolo fait un parallèle entre sa vie personnelle et le mouvement A. D. en ce sens que secret, silence et violence sont leurs caractéristiques communes : les membres n'exprimeront jamais de regrets, de même que son père adoptif.


Il s'agit d'un roman très intéressant qui nous replace dans l'époque des années 1980 avec la violence de groupes terroristes comme A. D., les brigades rouges ou la bande à Bader. Il dresse le portrait de terroristes qui ont défendu leurs idéaux dans leur jeunesse mais qui ont semble-t-il changé après avoir purgé leurs années de prison. Se pose tout de même la question suivante : comment vivre après avoir accompli l'irréparable ?


Ce roman conduit l'autrice à une sorte d'introspection. Il n'est pas toujours facile à lire mais reste un ouvrage prenant, mêlant à la fois enquête et autobiographie.
Lien : https://annemariequintard.fr
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