Si le papier est doux, le format agréable, souple, le texte semble inextricable. L'on se démène pour trouver un sens à certains passages, parfois avec un échec répété, l'on rebrousse alors chemin, un peu désolée de n'avoir pas saisi grand-chose. L'écriture est inégale, très opaque par instants ; j'ai cru au départ que la traduction était vraiment mauvaise ? Je ne sais qu'en penser. le style est-il délibérément ombrageux ? Mais pourquoi alors ce choix ? Sada décline à toutes les sauces la figure du duo, du deux en un, du semblable, du miroir, etc., et celle de la couture avec ses rapiéçages en tous genres (la ponctuation sauvage jouant ce rôle, comme un fil pour raccommoder le récit).
Je n'ai pas lu les Ménechmes de
Plaute, ce récit me fait plutôt penser à "Faux-semblant", ce film étrange, embarrassant, pesant même, de
David Cronenberg. L'on retrouve ici dans ces pages le tissu de mensonges, de mystères, d'hypocrisies, de sournoiseries, qui habille la vie de jumeaux. Comme dans un film d'atmosphère, il ne se passe rien, ou si peu, mais les rapports entre les personnages prennent le champ, emplissent le vide de leurs tensions, de leur flou, de leur irréalité. L'écriture semble chercher à déployer un univers distant, étrange, étranger, monstrueux presque, l'intrigue est un pré-texte. Les mots se chevauchent, s'emmêlent, se multiplient, s'effilochent.
Il manque le talent hypnotique de Cronenberg ; ce livre on le rattrape à contre-coeur, pour en finir. Il ne tient pas en haleine, il dérange, mais à peine.