Je me félicite toujours un peu plus d'écouter et ré-écouter passionnément «Personnages en personne » , la belle émission de
Charles Dantzig, sur
France Culture.
A la suite d'une de ces écoutes, j'ai d'abord eu envie de lire la biographie de
Dorothy Parker, cette poétesse et novelliste américaine de la «Génération perdue » contemporaine des Fitzerald,
Hemingway, et restée célèbre pour ses mots d'esprit, son humour acéré et mordant.
Puis, dans la foulée, ce charmant petit roman de
Sagan qui date de 1968, lui aussi plein d'humour désabusé, de propension à l'alcoolisme, d'amoralité assumée… Certes la Dorothy Seymour de
Sagan n'est pas absolument calquée sur
Dorothy Parker, la vraie. Elle n'est pas une « flapper » (garçonne) des années vingt, et moins encore une garce spirituelle, mais terriblement méchante , tout au contraire c'est une belle femme de 45 ans, scénariste à Hollywood, heureuse en amour comme sur le plan professionnel. Cependant la filiation paraît plus que certaine, en particulier dans l'hédonisme teinté de noir [« C'est drôle: peut-être faut-il, comme je l'ai toujours fait, haïr la vie dans le fond pour l'adorer sous toutes ses formes »] ou encore dans le tranchant des aphorismes [« Des galopins qui sentent encore le lait n'ont pas à se blottir dans les bras de dames qui sentent le scotch…..
- C'est très astreignant , le bonheur, on ne peut pas plus s'y soustraire qu'à la neurasthénie. » ].
J'ai pris tant de plaisir à les rencontrer, les deux Dorothy, que je m'en vais de ce pas, je crois, relire
La Femme fardée - cet autre petit roman qui me semble-t-il appartient lui aussi à la veine comique de
Sagan , et dont je garde un si excellent , mais lointain, souvenir.