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EAN : 9782369350590
220 pages
Le Passager Clandestin (09/06/2016)
4/5   2 notes
Résumé :
« On s’est promis que ça n’aurait pas de fin, qu’on ouvrirait des lieux en veux-tu en voilà, qu’on s’y retrouverait toujours, qu’on y rassemblerait, avec d’autres naufragés du béton, les plus fiers équipages de pirates.
(...) Dans les ministères de la parole publique, on refuse de comprendre ce qui se joue durant ces nuits. On reprend, pour la répandre une fois encore, l’image indécrottable et bien commode du casseur opportuniste. »

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cosma Salé témoigne de ce qu'est la vie dans les zones à défendre (zad) et les communautés autogérées. Un livre qui montre une forme de société anarchiste : à vitesse humaine, solidaire, écologique.
- Les zones à défendre (zad) sont des communautés dressées sur les grands projets inutiles et imposés (GPII, comme Notre-Dame-des-Landes, Sivens, le Larzac, Testet…) pour les empêcher de se construire. Au-delà du lieu à défendre, il s'y crée un véritable espace anarchiste, alternatif, écologique, qui concrétise l'utopie d'une société solidaire et à vitesse humaine.

Cosma Salé vit depuis plusieurs années dans les zad et les communautés autogérées et il ne se voit plus vivre autrement. Cet ouvrage réunit des textes écrits durant ses voyages tissés de la mémoire collective et du bouche-à-oreilles. Les chapitres sont consacrés à des sujets en particulier : le voyage, la cabane comme lorsqu'on est un enfant de la campagne, les barricades, l'installation et la désinstallation d'un squat…

Résider dans une zad ou dans une communauté, c'est imaginer une autre manière de vivre, vivre des moments hors du temps, hors de ce qui est quantifié, cloisonné, surveillé. Quand la propriété privée et l'Etat ont tout dévoré, il s'agit d'occuper l'inoccupé, mais aussi de faire un choix de vie différent des voies qui sont toutes tracées.

À travers des anecdotes, Cosma Salé raconte la lutte, les stratégies pour défendre un lieu de façon créative, résister et survivre dans des milieux souvent inhospitaliers. Les communautés visent l'autonomie dans la construction et l'isolation de l'habitation, dans l'alimentation et l'énergie.

Il évoque rapidement les galères inhérentes à toute vie en communauté, les violences policières, et notamment la mort de Rémi Fraisse, et le fait que casser devient nécessaire, car c'est le seul langage que comprennent les flics et les dominants.
- Tôt ou tard, j'aurais tenu ce livre entre mes mains, car les zad et les communautés m'intéressent beaucoup depuis quelque temps. Ce qui est curieux, c'est que le mot « anarchiste » n'est jamais écrit chez Cosma Salé, alors que ces initiatives en sont indiscutablement une concrétisation.

Pour vivre comme Cosma Salé et les autres, il faut un goût certain pour la vie clandestine, l'aventure, l'intranquillité, l'imprévu, la conspiration. Il faut aussi une bonne dose de débrouille, d'ingéniosité, de savoir-vivre et aimer la campagne pour mener une vie entre sédentarité et nomadisme. Ce mode de vie me séduit certes beaucoup, mais d'une part j'ai pu voir sur le terrain que je n'avais pas ces qualités, étant foncièrement une citadine, et d'autre part j'aime trop le livre pour quitter mon métier.

Cosma Salé considère que nous faisons partie de la « génération zéro » (on a le même âge), celle qui a connu les changements écologiques irréversibles (« avec nous, le déluge2 »), qui conduisent un certain nombre d'entre nous à se détourner des chemins dictés. On dit souvent qu'on n'aura pas de retraite. Mais comment envisage-t-il le moment où il sera trop vieux pour manier un outil et être actif au sein de la communauté ? C'est une question qui tourne en boucle dans ma tête.

Peu d'écrits sont consacrés à ce sujet vital, mais cet ouvrage est trop court, trop elliptique pour assouvir ma soif de détails sur la vie quotidienne et sur ce qui a poussé à la « désertion ». Il est sans commune mesure avec le très gros livre-somme Constellations. Trajectoires révolutionnaires du 21e siècle qui m'apporte davantage de réponses (je vous en parle bientôt). Et bien sûr, rien ne vaudra d'aller voir par soi-même !
- L'article sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/chroniques-de-la-zone-libre-cosma-sale-a127146102
Lien : http://www.bibliolingus.fr/c..
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Voici un livre qui se lit lentement, qui se savoure. Parce que la pensée et les mots sont beaux. Voici un livre comme une invitation à la réflexion, à l'éveil des consciences, au passage à l'acte, à la désobéissance. Voici un livre qui parfois m'a intimidée. Parce que je ne m'attendais pas à y trouver tant de poésie, parce que j'ignorais à quel point il résonnerait en moi, et combien il soulèverait de questions. Voici un livre qui donne l'espoir et l'envie. Et qui réveille ce que l'on a pu enfouir.
Voici un livre que je termine le jour où, à Sivens, on rend hommage à Rémi Fraisse. Je ne crois plus au hasard.

Merci Babelio, le Passager clandestin et Cosma Salé pour ce beau partage.
Lien : https://labouquineriedecham...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ensuite, les choses vont très vite. Quand des centaines de personnes s’approprient un lieu comme celui-ci, le temps semble se dissoudre. Les chaînes humaines s’organisent, le matériel est acheminé à l’intérieur de la maison, une cuisine collective est aménagée au rez-de-chaussée. À l’étage, on passe le balai avant d’étaler les matelas et d’installer un premier dortoir. Dehors, un ballet de véhicules décharge du matériel de construction et des vivres. Jusqu’à une heure avancée de la soirée, tout le monde s’active pour rendre possible ce qui doit suivre. Pendant que certains commencent à préparer le repas, d’autres organisent déjà les premières défenses à l’entrée du chemin. Sur le toit, les câbles électriques sont rebranchés, et le compteur remis en route. La vanne d’eau est à nouveau opérationnelle, tandis qu’autour d’un feu, à l’extérieur, entre deux retrouvailles, on recense les personnes qui resteront dormir et celles qui seront présentes au matin en cas de visite de la police. Un tableau d’affichage est mis en place sur lequel il sera possible de dresser la liste des besoins ou de suggérer les éventuels points de discussion lors de l’assemblée qui se tiendra après le repas. À l’écart, quelques journalistes conduisent leurs interviews dans l’agitation des groupes qui vont et viennent près du chantier.
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À l’heure où les mémoires collectives s’éteignent une à une sous le poids de la rationalité instrumentale et des logiques de fragmentation sociale, çà et là, il est des espaces où elles peuvent emprunter des sentiers pour renaître, où elles prennent à nouveau corps et nourrissent les âmes. Là émergent les imaginaires nouveaux qui inverseront peut-être le rapport de domination.
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À ceux qui nous demandent ce que nous faisons de nos vies, comme pour nous extorquer une obéissance constructive et froide, une lettre de motivation, ce livre est à la fois une ébauche de réponse, une pirouette affective et une invitation – pourquoi pas ? – à transgresser ce qu’il y a de policé et d’indécent dans toute approche quantitative, une invitation à boxer avec nous l’esprit du monde contemporain, à rejoindre les bosquets où nous vivons déjà, à goûter avec nous l’air libre de la zone, à se mouiller à nos côtés dans le tumultes des crues, à venir voir ce qu’il reste de ciel.
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Si nous appartenions à la famille des insectes, nous serions des bousiers, qui construisent leur espace de vie avec le merdier dont les autres espèces sont repues.
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