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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai grande envie de vous parler de ce roman, mais je me trouve bien ennuyée au moment de le résumer, ce qui semble à peu près impossible à faire de manière claire. Essayons de citer au moins quelques faits : des cadavres sont découverts dans la petite ville de Willnot, et le médecin du coin est appelé à la rescousse pour donner son avis sur cette trouvaille. On suit ensuite Lamar, le médecin, dans sa vie quotidienne, parmi ses patients se trouve un vétéran passablement déboussolé qui disparaît aussi vite qu'il était apparu. Quant au lycée local, on suit aussi ce qui s'y passe grâce à Richard, le compagnon de Lamar, qui y enseigne.

L'auteur était aux Quais du Polar et j'ai eu le plaisir de l'écouter dans une table ronde avec Ron Rash et Chris Offutt, à parler tous trois, non sans humour, de l'Amérique dans tous ses états et d'écriture.
Voici une excellente surprise glanée sur l'étagère des nouveautés à la bibliothèque. Après un début qui évoque un polar, l'aspect chronique de petite ville prend le dessus, et de quelle façon : avec malice, tendresse, et une énorme dose d'humanité. S'il faut au début prendre un peu ses marques, s'habituer à l'humour de l'auteur qu'on rencontre pour la première fois, la suite est juste un régal. Mélangeant avec dextérité les thèmes de la vie difficile dans les petites villes, du stress post-traumatique, du vieillissement, qui peuvent sembler sombres, le roman convainc par sa sincérité. Au début, le texte reste un peu hermétique, fermé sur lui-même, et sur les questions qu'il pose, mais grâce à cela, il devient difficile à lâcher.

Imaginez lorsque l'humour se mêle de philosophie, de réflexions sur la vie, sur la foi en l'humanité, sur le sens de l'histoire, sur la mort, parsemées de citations pertinentes, de dialogues réjouissants, et d'anecdotes sur la vie à Willnot, moitié ville réelle, moitié ville-fantôme…
Ce mélange des genres, qui pourrait sembler un peu désordonné, marche particulièrement bien, un peu à la manière de Richard Russo quand il décrit la ville imaginaire de Mohawk. Parfait pour les adeptes de chroniques américaines de la vie rurale, ce roman séduira aussi de nombreux autres lecteurs, pourvu qu'ils ne s'attendent pas à un polar classique ou à un thriller. On en est loin !
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Willnot, petite ville américaine, a des airs de havre de paix pour ses habitants qui, sans être complètement versés dans la contre-culture ni le libertarianisme, cultivent un mode de vie simple et des relations qui le sont tout autant. On s'entraide, on évite de juger ses voisins et parfois, comme Lamar, le narrateur, et son compagnon Richard, on coupe télévision, radio et internet pour ne pas se sentir agressé par l'état du monde. La découverte d'un charnier à l'écart de la ville, le retour de Brandon Lowndes, qui a grandi là avant de partir faire la guerre en Irak, l'arrivée d'une agent du FBI, viennent sensiblement perturber le quotidien de cette ville idéale et en particulier celle de Lamar.
Faux roman noir, mais véritable oeuvre qui s'emploie à saisir en creux l'esprit du temps à travers la description d'une communauté qui s'en tient éloignée autant que possible, Willnot est un récit totalement dépouillé dans lequel James Sallis ne cherche à donner aucune réponse aux débuts d'intrigues qu'il a semés.
Par contre, à travers les yeux de Lamar, médecin et, à ce titre, connaisseur de tous les habitants et d'une grande part de leur intimité, il dévoile toute une galerie de vies certainement sans importance pour d'autres que ceux qui les vivent et leurs proches. Mais, il le montre aussi, ce sont ces vies insignifiantes qui forment une société et en tissent l'âme. Lamar, lui, comme il le dit « rafistole les gens » et fait ce qu'il peut « pour les remettre en état de marche ». Sans doute essaie-t-il en même temps, maladroitement, de se réparer lui-même en réparant les autres.
Rempli de non-dits, d'impressions fugaces, de portraits dont la concision n'interdit pas la profondeur, Willnot est écrit avec la même apparente économie de moyens. James Sallis évite autant les intrigues alambiquées qu'une écriture trop clinquante. Et derrière cette simplicité de façade, il y a des mots littéralement mis en musique – on saluera au passage Hubert Tézenas à la traduction –, une orchestration ou une chorégraphie des destins qui se croisent à Willnot et en révèlent la vie telle qu'elle est : complexe sous son évidente simplicité – on naît, on meurt et, entre temps on essaie de se débrouiller avec ça, avec la perte de ceux qu'on aime, avec ce que l'on voudrait accomplir pour se réaliser soi-même. Difficile d'ailleurs de ne pas voir derrière Lamar et son père, qui hante ses souvenirs, des parcelles de James Sallis lui-même et du regard qu'il porte sans doute aussi sur sa vie.
Récit intime mais sans pathos, polar dont la résolution des intrigues importe moins que celles et ceux qu'elle permet de découvrir, portrait d'une Amérique idéale sous la menace d'une intrusion de la triste réalité mais qui se défend plutôt bien, Willnot est un roman doux-amer, émouvant et néanmoins optimiste.

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Willnot est le 3e roman de James Sallis que je lis après Drive (le fameux) et Sarah Jane (le dernier sorti). Toujours chez Rivages noir. Je m'attendais à rien sinon à retrouver ce style, synthétique et évocateur, léger et évident. Et c'est le cas.

Avec James Sallis, ce n'est pas tant une intrigue qu'on vient chercher qu'une atmosphère. Je me suis posé la question de savoir si Willnot est un polar tant la vie quotidienne du protagoniste médecin prend toute la place. Même si on déterre des cadavres, les révélations ne pleuvent pas sur les enquêteurs comme ce qui se fait habituellement. Policier réaliste alors ? En un sens, James Sallis fait du naturalisme.

De loin en loin, James Sallis nous ramène à l'intrigue, sans lourdeur ni fracas mais n'oublie pas le romanesque car Willnot n'est pas qu'atmosphère. Je ne suis pas certain d'avoir compris toutes les conclusions, si celles-ci en était ou non et c'est le seul reproche que je pourrait faire à ce roman, celui de ne pas assez appuyer la compréhension du lecteur. surtout le lecteur distrait que je suis.

En tous cas, la lecture est très agréable par la légèreté du style. James Sallis fait confiance à son lecteur et cela se ressent. Willnot ne sera pas un grand roman mais une oeuvre intéressante, surtout pour qui, comme moi, aime les auteurs avec style.
Lien : http://livrepoche.fr/willnot..
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FUCK LA DÉSESPÉRANCE

Traduction : Hubert Tézenas

L'époque est rude ou c'est moi ? Ces temps me désespèrent et je ne convoque pas là la nostalgie de temps anciens fantasmés ou tout était plus pur : l'air, la discipline, la patrie, le sang. Cette nostalgie rance qui me désespère, cette croyance qu'avant c'était le bon temps. Que vivre à la Cour de Louis XIV c'est classe, on en reparle quand tu devras aller chez le dentiste, ok ?

La bonne nouvelle est que l'on peut lutter contre la désespérance. On peut se réconcilier avec le genre humain. On bazarde la télé et on écoute en boucle le solo de saxo à la fin de Jungleland de Bruce Springsteen. C'est un exemple. On peut aussi lire James Sallis.

James est un conteur. Un écrivain de roman noir. Il ne verse pas dans l'édulcorant. Mais il ne plonge pas non plus dans une obscurité sans issue. Sallis est dans un entre-deux. Il nous montre le cormoran mazouté, un crève-coeur, il s'insurge contre les nappes s'échappant du tanker éventré mais il n'oublie pas non plus celle qui rince les plumes, celui qui se bat contre le pétrole. Voyez ..?

Son Willnot tient tout entier dans cet équilibre. Peinture fine et subtile d'une ville moyenne des Etats-Unis, ce roman comble nos paupières de ce qu'il y a de pire et meilleurs dans cette humanité fragile, de ce combat incessant entre nos penchants : « Il y a une crapule en chacun de nous, une crapule contre laquelle nous devons nous battre. »

L'intérêt de ce joyau réside dans cette galerie de portraits, ces destins qui se percutent, on déambule plus qu'on ne lit. On habite Willnot plus qu'on ne tourne les pages. Sallis rend immédiatement sensible les êtres de cellulose qui défilent au cabinet du docteur Lamar, arpentent les rues de Willnot, sirotent des cafés, immédiatement incarnés par cette plume empathique, d'une générosité vacillante, la bonté ce n'est pas une faiblesse.

Notre époque est la seule qui nous sera donnée de vivre et elle en vaut parfois la peine. C'est ce que j'ai ressenti à la lecture de Willnot. Il m'arrive d'être d'accord avec cette assertion.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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