Une histoire sans rebondissement mais avec une très belle écriture, cette auteure nous fait comprendre toute la bêtise, les frustrations, la colère et la haine qui animent ceux qui ont peur des étrangers mais aussi de tous ceux qui ne pensent pas comme eux et font preuve d'ouverture d'esprit, de respect et d'empathie.
C.Meaudre
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J'ai découvert Lydie Salvayre récemment dans l'émission "Des Livres et Vous", et j'ai immédiatement été séduit par la femme. J'ai donc cherché à découvrir son oeuvre, en commençant par son Goncourt, "Pas pleurer", que je n'ai pu finir, "porque el estilo... porque la historia..." La lecture doit être, pour moi, un plaisir, et non pas un cours de langue étrangère ou d'Histoire !
Ayant décidé de lui donner une seconde chance, j'ai opté pour "Tout homme est une nuit". Mêmes caractéristiques : deux mondes s'affrontent, chacun avec son propre langage.
A ma gauche, les gentilles Bisounours, des immigrés qui cherchent par tous les moyens à s'intégrer, s'exprimant en un français châtié, rempli (à l'excès) de subjonctifs, imparfait qui plus est, de mots académiques nécessitant parfois l'usage du Larousse, et d'inversions de sujet/verbe du style "vous dirais-je", "pensais-je", et autres "...ais-je", qui alourdissent péniblement le discours, un brin mièvre.
A ma droite, ou plutôt à mon extrême droite, "devrais-je dire", les beaufs racistes et poivrots, chasseurs et homophobes, utilisant jusqu'à l'excès des mots grossiers, bref on ne peut plus caricaturaux. Aucune place, ou si peu, pour un centriste raisonnable de se faire entendre. Et la pression monte au "Café des Sports"...
Après avoir été tenté plusieurs fois d'abandonner ce duel trop contrasté, je suis enfin parvenu au dénouement dont je vous laisse la surprise...
"Tenterais-je" un troisième essai ? Peut-être "La puissance des mouches"...
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Je ne raconte pas le livre, il est déjà présenté.
On peut effectivement être dérouté par la caricature des propos des trois habitués du café des sports, des premières interrogations face à l'étranger basané qui arrive seul aux alentours d'Aix en Provence, puis, au fil des jours, à l'exaspération de ne rien savoir, s'ajoute la colère et la haine qui gonfle, qui gonfle. Je pense qu'il faut cette exagération, qui prêterait aussi à sourire, pour nous rappeler que malheureusement, le racisme ordinaire existe, que la colère et la lâcheté des faibles peut conduire à des actes irréversibles.
"Chaque jour la colère montait.
La dire ne suffisait plus à l'apaiser. On avait même l'impression que la dire l'augmentait."
On reconnaît bien là, l'effet de groupe.
J'ai apprécié le contraste entre les propos de bas étage et le journal tenu par par le jeune professeur, la victime. Il utilise l'imparfait du subjonctif pour garder la belle langue qui lui est rempart contre l'incompréhension puis la peur.
Il y a aussi le troisième personnage, Jacques le "parisien" ,représentatif du groupe médian : le témoin qui n'intervient pas, quelle qu'en soit la raison.
"Quant à Jacques, il se taisait, appuyé au comptoir, le nez dans son verre, le front soucieux, coupable".
Un livre qui secoue.
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Ce qui m'a plu : la structure du roman, les styles qui s'opposent, la montée en puissance de l'intrigue, le dénouement.
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