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sur 386 notes
Un premier roman de cette autrice prolifique qui donne bien le ton de son oeuvre ultérieure, son souci de contribuer à l'émancipation de la femme de la tutelle sociale dans laquelle elle est bien installée ! Une histoire d'amour au charme suranné racontée avec un style brillant convoquant avec bonheur toute la panoplie d'une conjugaison sophistiquée de la langue Française.
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"Enfin je commençai Indiana, sans projet et sans espoir, sans aucun plan, mettant résolument à la porte de mon souvenir tout ce qui m'avait été posé en précepte ou en exemple, et ne fouillant ni dans la manière des autres ni dans ma propre individualité pour le sujet et les types. On n'a pas manqué de dire qu'Indiana était ma personne et mon histoire. Il n'en rien. J'ai présenté beaucoup de types de femmes, et je crois que quand on aura lui cet exposé des impressions et des réflexions de ma vie, on verra bien que je ne me suis jamais mise en scène sous des traits féminins. Je suis trop romanesque pour avoir vu une héroïne de roman dans mon miroir. Je ne me suis jamais trouvée ni assez elle, ni assez aimable, ni assez logique dans l'ensemble de mon caractère et de mes actions pour prêter à la poésie ou à l'intérêt, et j'aurais eu beau chercher à embellir ma personne et à dramatiser ma vie, je n'en serais pas venue à bout. Mon moi, me revenant face à face, m'eût toujours refroidie".
[Histoire de ma Vie. Ed.Stock]
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Indiana, c'est un peu le souvenir de tous ces livres issus du romantisme qui m'ont passionnée quand j'étais ado. le romantisme poussé à l'extrême, les sentiments puissants qui balayent tout, les émotions indescriptibles qui poussent les personnages à accomplir des choses étonnantes, la poésie des décors et une sensibilité ma foi assez émouvante...

Déchaînement de passion, drames, c'est tout cela que l'on retrouve dans ce roman de George Sand, et je dois dire que j'ai été très satisfaite de cette découverte. de George Sand, c'est Lélia qui m'a le plus marqué lorsque je l'ai lu (il y a très longtemps !), et j'ai retrouvé beaucoup des émotions ressenties à l'époque à la lecture d'Indiana.

Mais Indiana, qui est-elle ? Une femme en apparence fragile, issue des terres ensoleillées situées de l'autre côté de l'océan et qui traîne une mélancolie mortelle depuis son retour en France, depuis, surtout, son mariage avec un riche industriel qui la rend malheureuse. Elle endure sa vie morne en silence entre un époux égoïste et stupide, et un ami de longue date qui a suivi le couple sur ses terres. Ça c'est ce que l'on découvre dès les premières lignes du roman. Mais Indiana est bien plus que cela. C'est avant tout une femme à la volonté sans pareille, étonnamment forte et souveraine dans la douleur qu'elle subit sans une plainte malgré un grand état de faiblesse lié à sa langueur, qui cherche désespérément le bonheur auprès de son entourage sans jamais réussir à éveiller la compassion de ses proches, et que tout le monde regarde dépérir sans réagir. C'est une âme incomprise, pure et chaste qui ne connaît rien de la vie mais qui livre naïvement son coeur au premier séducteur venu. Et lorsque les évènements s'enchaînent, elle devient une de ces figures courageuses et résolues, capables par amour de jeter leur réputation aux orties en accordant au passage un regard arrogant sur une société hypocrite prompte à juger les erreurs des autres. C'est une véritable amoureuse digne des vraies héroïnes de romans, devant laquelle les hommes pâlissent de honte en réalisant leur propre lâcheté. Indiana est tout cela et bien plus encore. Elle est fière, elle est droite et elle aime sans concession.

Face à elle, on retrouve des figures masculines souvent pathétiques, que la plume de l'auteur révèle tour à tour méprisables, manipulatrices, violentes et même despotiques parfois. L'époux, le père ou l'amant, tous subissent l'exaspération de George Sand lorsqu'elle souligne les duretés d'une époque terriblement intransigeante pour son sexe et si laxiste pour les poseurs, les donneurs de leçon et les mielleux. Usant tour à tour de menace, de violence, de subterfuges ou de propos habilement menés, chacun d'entre eux fournit des entraves auxquelles il est bien difficile de se soustraire. Qu'on soit emprisonnée dans un mariage forcé, condamnée à subir le joug du mari, ou victime des machinations d'un amant prêt à toutes les bassesses pour mettre la main sur votre vertu, George Sand cristallise dans ce récit féministe avant l'heure toutes les épreuves et les humiliations qui ne sont pas épargnées aux femmes, et démontre par la même occasion les limites de leur rôle.

Elle dénonce la dure réalité de la condition féminine de son époque, et à travers celle de son héroïne, les destinées tragiques et les existences inconnues de toutes ces femmes auxquelles on ne laissait pas d'autre choix que d'obéir et de se plier aux règles, et dont les libertés apparentes se résumaient à peu de chose. L'habileté de l'auteur pour détailler la psychologie de chacun de ses personnages est admirable. Que ce soit Raymon, M. Delmare, Ralph Brown ou encore Indiana elle-même, l'évolution de leurs sentiments et chacune des étapes de leurs pensées, de leurs doutes et de leurs émotions nous sont rapportées avec beaucoup de justesse et de profondeur.

George Sand excuse l'époux - certes violent et querelleur - en décrivant son passé de soldat et en évoquant sa pudeur devant la délicatesse de sa femme à laquelle il est incapable d'exprimer sa tendresse. Elle pardonne à Raymon, l'amant - peut-être la figure la plus intéressante de ce roman - en évoquant les sources de son égoïsme : son éducation et ses ambitions politiques peuvent expliquer son éternel besoin de reconnaissance. Un besoin qu'il cherche à assouvir auprès des femmes et dans la société de ses contemporains avec lesquels il rivalise de charisme et de subtilité dans des discours politiques pour lesquels il est passé maître. Son érudition et son ascendant sur tous en font un homme incroyablement séduisant. Et malgré un manque de sincérité flagrant, c'est un homme tendre et passionné mais incapable d'assumer les conséquences de ses actes parce qu'on ne lui a jamais appris à le faire.

Les femmes de ce roman subissent elles-même les conséquences dramatiques de leur naïveté et du déchaînement de leurs émotions, mais ce sont les hommes les premiers que l'on nous désigne comme véritables coupables des tragédies qu'ils entraînent. Ce qui empêche cette histoire de devenir un véritable coup de coeur pour moi, c'est l'aspect religieux brandit une fois de plus comme unique obstacle à la perfidie des hommes et à leurs instincts les plus pervers. Indiana est chaste et le reste, et sa formidable force de caractère intimide même ses plus rudes adversaires...

A travers le récit des tourments d'Indiana, l'auteur en profite donc pour souligner toutes les imperfections de la société de l'époque et offre ainsi un récit dense, passionnant, lyrique qui s'apparente à un hymne à la liberté mais porte aussi tout le désespoir d'un combat dur à remporter...

Un long billet pour une très grande oeuvre littéraire !
Lien : http://tranchesdelivres.blog..
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Depuis le touchant La Mare au diable, je n'avais plus eu le plaisir de replonger dans les délices de la plume de George Sand. L'un de mes objectifs littéraires 2022 était ainsi de lire l'une de ses oeuvres. La collection « Romans éternels » ayant proposé une réédition de certains de ses romans, mon choix s'est porté sur Indiana, premier roman publié par George Sand.

Indiana, jeune créole originaire de l'île Bourbon, est mariée au Colonel Delmare, bien plus âgé qu'elle et qui ne lui témoigne qu'indifférence. Entourée de Noun, sa fidèle suivante et de Ralph Brown, son « protecteur » et ami depuis ses plus jeunes années, Indiana fait la connaissance du jeune Raymon de Ramière dont elle va s'éprendre.

Les personnages de ce roman sont intéressants à suivre, bien que loin d'être attachants ! Indiana, bien sûr, est le personnage central : belle, d'une gentillesse exemplaire, elle est d'une tristesse infinie au début du roman…Sa vie est morose, sans but, sans joie, jusqu'à sa rencontre avec Raymon de Ramière ; l'amour lui redonne alors le goût de vivre. Indiana est une femme difficile à cerner, dont j'ai apprécié la loyauté, la pudeur, la bienveillance, mais qui m'a déçue par certains actes, un abandon total de sa vie à un amour sans avenir, ou encore une certaine « mollesse » de caractère. Raymon m'est tout d'abord apparu comme un « Armand Duval » dont j'ai bien vite compris les divergences : si Armand reste fidèle à Marguerite, Raymond est né pour vivre des amours éphémères, briller en société, assouvir ses désirs sans penser aux conséquences de ses actes sur les autres. Ce personnage ne fera donc pas partie de mes héros préférés de la littérature, loin de là ! Ralph est certainement le personnage m'ayant le plus touchée, en particulier durant les dernières pages qui dressent un portrait émouvant d'un homme dévoué et sincère…

Si j'ai été envoûtée par les mots d'Aurore Dupin / George Sand, ainsi que par sa quête du paradis (dont la conclusion est une merveille en soi), j'ai néanmoins trouvé l'histoire d'amour peu romanesque et décevante !

Indiana a donc été une lecture qui m'a laissé un sentiment mitigé, par le manque d'éclat de son histoire et des personnages peu marquants, mais dont la narration et le surprenant épilogue m'ont toutefois ravie.

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Indiana est un roman de George Sand paru le 19 mai 1832. le premier roman publié sous son pseudonyme de George Sand. Il marque le début de la carrière littéraire de la géniale berrichonne de Nohant.
L'intrigue en est simple. Simpliste pourrait-on oser dire.
Indiana une jeune fille de 19 ans dont les parents ont vécu sur l'île Bourbon (la Réunion maintenant) a épousé le Colonel Delmare, « vieille bravoure en demi-solde, homme jadis beau, maintenant épais, au front chauve, à la moustache grise, à l'oeil terrible ».
Indiana écrit George Sand est « (…) toute fluette, toute pâle, toute triste, le coude appuyé sur son genou, elle toute jeune, au milieu de ce vieux ménage, à côté de ce vieux mari, semblable à une fleur née d'hier qu'on fait éclore dans un vase gothique, vous eussiez plaint la femme du colonel Delmare, et peut-être le colonel plus encore que sa femme. »
De cette île elle est revenue accompagnée des personnes qui font vivre ses souvenirs :
Son cousin Ralph « ma chère cousine, en te portant bien, en reprenant ta gaieté, ta fraîcheur, ta vivacité d'autrefois ; rappelle-toi l'île Bourbon et notre délicieuse retraite de Bernica, et notre enfance si joyeuse et notre amitié aussi vieille que toi... » ;
Sa servante Noun « Noun était la soeur de lait de Mme Delmare ; ces deux jeunes personnes, élevées ensemble, s'aimaient tendrement. Noun, grande, forte, brillante de santé, vive, alerte, et pleine de sang créole ardent et passionné, effaçait de beaucoup, par sa beauté resplendissante, la beauté pâle et frêle de Mme Delmare ; mais la bonté de leur coeur et la force de leur attachement étouffaient entre elles tout sentiment de rivalité féminine. » ;
Elle en est revenue avec une sensibilité à fleur de peau « (…) je ne sais quelle catastrophe se prépare autour de nous. Il y a ici un danger qui pèse sur quelqu'un... sur moi, sans doute... mais... tenez, Ralph, je me sens émue comme à l'approche d'une grande phase de ma destinée... J'ai peur, ajouta-t-elle en frissonnant, je me sens mal. »
Le drame que pressent Indiana Delmare se nomme Raymon de Ramière, « M. de Ramière n'était pourtant ni un fat ni un libertin. Nous avons dit qu'il avait de l'esprit, c'est-à-dire qu'il appréciait à leur juste valeur les avantages de la naissance. C'était un homme à principes quand il raisonnait avec lui-même ; mais de fougueuses passions l'entraînaient souvent hors de ses systèmes. »
Il s'amourache de Noun « M. de Ramière était amoureux de la jeune créole aux grands yeux noirs qui avait frappé d'admiration toute la province à la fête de Rubelles ; mais amoureux et rien de plus. », mais très vite, s'intéresse à la maitresse Indiana « Que voulez-vous ! Raymon était un homme de moeurs élégantes, de vie recherchée, d'amour poétique. Pour lui une grisette n'était pas une femme, » l'occasion lui en est donné lors d'un bal à Paris « En parlant, Raymon tenait la main de Mme Delmare, prêt à se mêler avec elle dans la contredanse. Il pressa doucement cette main dans les siennes, et tout le sang de la jeune femme reflua vers son coeur. »
Voilà l'essentiel de l'intrigue et des personnages. Bof me direz-vous. Mais non, pas Bof ! J'ai terminé la lecture d'Indiana il y a quelques jours, après une lecture ancienne de près de 40 années qui m'a laissé très peu de souvenirs.
Le personnage d'Indiana est présenté sans concession. La jeune femme voit plus loin que le vieux mari qu'on lui a imposé, elle est prête à sombrer pour cela, à se ruer sur le danger, à se renier. Ce qu'elle fera. : « Elle avait compris sous les charmilles taillées du Lagny que la pensée même devait avoir là plus d'entraves que sous les palmistes sauvages de l'île Bourbon ; et, lorsqu'elle se surprenait à dire encore par l'habitude : « Un jour viendra... un homme viendra... », elle refoulait ce voeu téméraire au fond de son âme, et se disait : « Il faudra donc mourir ! » »
Raymon lui, est un homme, il ne se soucie que de son bien-être. Ses états d'âme ne sont que les expressions variables et parfois Ô combien hypocrites de cet objectif :
« Il avait aimé Noun avec les sens ; il aimait Mme Delmare de toute son âme. Il n'avait menti jusque-là ni à l'une ni à l'autre. Il s'agissait de ne pas commencer à mentir, et Raymon se sentait également incapable d'abuser la pauvre Noun et de lui porter le coup du désespoir. Il fallait choisir entre une lâcheté et une barbarie. Raymon était bien malheureux. Il arriva à la porte du parc du Lagny sans avoir rien décidé. »
Vis-à-vis de Noun, qui porte son enfant, il atteint les sommets de l'abjection :
« Alors, faisant usage de toutes les ressources de langage et d'esprit que la nature lui avait données, il lui fit comprendre que ce n'était pas à elle, mais à l'enfant dont elle allait être mère, qu'il voulait offrir ses secours.
– C'est mon devoir, lui dit-il ; c'est à titre d'héritage pour lui que je vous les transmets, et vous seriez coupable envers lui si une fausse délicatesse vous les faisait repousser.
Noun se calma, elle s'essuya les yeux. »
Mais ces sommets seront dépassés lorsque, pour son confort il admet « (…) qu'avec de l'adresse il pouvait encore tromper ces deux femmes à la fois. » et encore plus, « Il pouvait, en se donnant un peu de peine, exercer sur son Indiana un ascendant illimité ; il se sentait assez d'adresse et de rouerie dans l'esprit pour faire de cette femme ardente et sublime une maîtresse soumise et dévouée. Il pouvait la soustraire au courroux de l'opinion, la cacher derrière le mur impénétrable de sa vie privée, la garder comme un trésor au fond de sa retraite, et l'employer a répandre sur ses instants de solitude et de recueillement le bonheur d'une affection pure et généreuse. » et plus encore « Il ne s'agissait plus pour lui que de profiter des derniers moments d'exaltation de Mme Delmare, et de laisser ensuite à son destin bénévole le soin de le débarrasser de ses pleurs et de ses reproches. »
En lisant ces phrases, on se dit, Indiana est perdue. On pense à Emma Bovary. Mais non. Mille fois non. Indiana n'est pas Emma Bovary. Elle sombre, songe au suicide, mais renonce et considère sa situation avec froideur : « L'intérieur de Mme Delmare était cependant devenu plus paisible. Avec les faux amis avaient disparu beaucoup des difficultés qui, sous la main féconde de ces officieux médiateurs, s'envenimaient jadis de toute la chaleur de leur zèle. »
Les différences entre Indiana Delmare et Emma Bovary sont nombreuses. Peut-être parce que Flaubert est un homme et George Sand une femme puisant dans sa propre expérience les traits de caractère contradictoires de son personnage.
Et, en comparant les deux histoires, on se dit que la cause des femmes n'est jamais mieux défendue que par une femme.
Même si, poussant très loin l'analyse de la société de son époque, George Sand nous met en garde contre notre admiration de son personnage
« Voilà ce que je vous répondrais si vous me disiez qu'Indiana est un caractère d'exception, et que la femme ordinaire n'a, dans la résistance conjugale, ni cette stoïque froideur ni cette patience désespérante.
Je vous dirais de regarder le revers de la médaille, et de voir la misérable faiblesse, l'inepte aveuglement dont elle fait preuve avec Raymon. »
Pour ceux que ça intéresse, j'ai concocté un quiz sur ce roman à découvrir absolument : https://www.babelio.com/quiz/28203/Indiana




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Le premier roman féministe, véritable pamphlet contre le mariage, qui lança la carrière de George Sand en 1832 !

Mariée à un vieux colonel antipathique et autoritaire, Indiana, âgée de 19 ans, se laisse courtiser par un jeune homme, Raymon de la Ramière, qui n'est qu'un séducteur opportuniste.

Tout la disposait à être sauvée par l'amour. Indiana se trouve prise dans les turpitudes de la passion : le désir du jeune homme se révèle bientôt d'un appétit plus redoutable encore que la brutalité du mari repu. Oppressée par son mariage, Indiana cherche un peu de liberté dans une aventure : celle-ci achèvera de l'opprimer...

"Indiana" est un récit romanesque engagé dénonçant la condition des femmes au 19 siècle, rendues esclaves par une société patriarcale conservatrice et hypocrite.

Ce qui fait toute la modernité de ce roman classique, c'est que, contrairement à de nombreuses héroïnes romanesques, Indiana n'est pas sauvée par l'amour : elle ne doit son salut et sa liberté qu'à son courage.

Ce récit féministe divisa aussi bien l'opinion publique que l'élite littéraire car il bouscule les conventions sociales et magnifie la révolte des femmes en exposant les sentiments de ses contemporaines.

Ce roman bien structuré est divisé en quatre parties, chacune nous dévoilant l'évolution progressive des sentiments d'Indiana allant de la mélancolie à l'exaltation, de la rancoeur au pardon. L'intrigue amoureuse met en lumière la duplicité et la perfidie d'Edmon qui joue avec les sentiments d'Indiana, ce qui contraste avec la sincérité et l'abnégation de Ralph, le cousin protecteur d'Indiana.

La finesse et la complexité du portrait psychologique des différents personnages est ce que j'ai le plus apprécié car le lecteur ressent vraiment de l'empathie pour Indiana, mais aussi pour Ralph. La plume poétique et le style fluide, si inimitable, de George Sand rendent la lecture très agréable.

Je remercie les éditions @Hugopublishing et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de redécouvrir ce roman classique intemporel que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
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Dans le manoir de Lagny (en Brie), Indiana est une toute jeune femme créole, mariée au colonel Delmare, plus âgé qu'elle, un industriel chanceux et riche, possédant de nombreuses entreprises florissantes. Il est autoritaire et brutal, et ne comprend pas les états d'âme de sa jeune épouse. Indiana s'ennuie terriblement, elle trouve sa vie morne. Elle ne peut y échapper que dans ses rêves.
De plus, native de l'île Bourbon, elle ne s'adapte que difficilement à sa nouvelle vie, et au climat qui règne autour de sa demeure, malgré le fait que son cousin, Sir Ralph, ait pu suivre le couple, afin de continuer à veiller sur elle, comme il l'a toujours fait depuis son enfance.
Un soir d'automne où tout le monde s'ennuie, et où la jeune Indiana est souffrante, un jeune noble s'introduit dans le parc du manoir. Prévenu par le majordome, le maître des lieux prend son fusil, et tire. Il le blesse légèrement, mais le fait tomber du mur par lequel il tentait de s'enfuir. Indiana va lui donner les premiers soins. C'est Raymon de Ramière, le jeune voisin, venu rendre une visite nocturne et secrète à Noun, la jeune dame de compagnie et soeur de lait d'Indiana.
Le colonel est un homme très jaloux, il pense que ce jeune homme bien-né, est venue dans le parc pour Indiana, ce qui n'est pas le cas. Mais pour elle, c'est le début d'une vie rêvée, et le début d'une idylle entre les deux jeunes gens, une idylle complexe, bâtie sur des malentendus, qui au fil du temps ne pourront que s'aggraver, car entourée de non-dits et de mensonges, tout le monde et en particulier Ralph, désirant ménager au maximum la santé et le moral d'Indiana...

Ce roman, paru en 1832, est le premier écrit par l'auteur sous ce pseudonyme de George Sand, mais le second paru après "Rose et Blanche" publié, lui en 1831.
L'auteur de son vrai nom : Amantine Aurore Lucile Dupin est mariée et devenue baronne Dudevant. Elle a 28 ans et devient un écrivain reconnu.
C'est une belle histoire de femme. Sa lecture nous permet de poser un regard critique sur la société telle qu'elle était au XIXe siècle. le roman dénonce en effet, les conditions de vie des femmes mariées, esclaves de leur époux, condamnées à ne jamais donner leur avis et à se taire en toutes circonstances. Il révèle en cela les souffrances faites aux femmes.
J'ai été très surprise de découvrir qu'à chaque page, l'auteur incite la jeune femme à se rebeller, à se défaire de l'emprise de son mari, et de la société bien pensante, tout comme de la religion, des préjugés et du "quand dira-t-on", pour prendre ses propres décisions et rechercher le bonheur que personne ne semble vouloir pour elle.
Ce n'est donc pas étonnant que ce roman constitue une oeuvre marquante pour le mouvement féministe.
Cependant, c'est un roman assez sombre. Il nous laisse entrevoir plusieurs intrigues amoureuses qui s'entrecroisent, sans que le lecteur ne puisse voir apparaître une issue heureuse à l'une d'entre elles. En tant que roman classique, il est à la fois étude de moeurs et critique de la société du XIXe siècle. Il présente quelques longueurs, l'histoire prenant du temps pour se mettre en place.
La jeune Indiana nous livre ses états d'âme, ses tergiversations, elle ne veut pas céder aussi facilement aux avances du jeune Raymon de Ramière qu'elle trouve pourtant très attirant, et qui la séduit avec de belles promesses, sans pour autant arriver à ses fins.
Le roman aborde les thèmes du racisme, du colonialisme, de l'injustice, et de la supériorité masculine. Il nous fait réfléchir sur les relations entre les hommes et les femmes, toujours problématiques aujourd'hui dans la plupart de nos sociétés, comme hélas l'actualité nous le rappelle quotidiennement.
L'histoire nous fait voyager car elle débute en Brie, puis à Paris et enfin sur l'île Bourbon (La Réunion d'aujourd'hui). La description des paysages et de la nature tient une place importante dans l'oeuvre de George Sand. Dans celui-ci le lecteur pénètre aussi dans l'histoire de l'île Bourbon ce qui est très intéressant.
Chronique complète sur mon blog (adresse ci-dessous)
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Indiana est un roman de Georges Sand .C est son premier ouvrage .Sa lecture
remonte à bien longtemps Je ne pense pas avoir gardé quelques souvenirs de ce récit .D 'où l 'impossibilité de donner un avis .
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Ce roman relate la vie personnelle et sentimentale d'une jeune créole, mariée à un colonel brutal. Malheureuse dans son ménage, elle va trouver un espoir et un bonheur éphémères dans les bras d'un amant, Raimon. Ce livre est inspiré en partie de la vie de Goege SAND, marié avec Casimir Dudevant, homme brutal. Elle va tenter de trouver du réconfort auprès d'un jeune amant. Certaines répliques sont d'ailleurs inspirées de celles de George SAND. Très beau roman, avec des descriptions psychologiques et sentimentales très juste. Je ne peux que recommander cette découverte originale.
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Indiana, quel nom plein de mystère pour l'héroïne de ce premier roman de George Sand ! Elle est jeune – dix-neuf ans –, belle, fragile, et se morfond dans un château en Brie auprès d'un mari âgé, ancien officier de Napoléon reconverti dans l'industrie. le couple est mal assorti et le caractère emporté de l'époux, son autorité cassante, figent la jeune Créole dans une soumission glacée et résignée. La présence du cousin d'Indiana, sir Ralph, ne la sauve pas de la mélancolie dans laquelle elle s'enfonce peu à peu.
Une nuit, un homme est blessé par le colonel Delmare dans le parc du château, il s'agit de Raymon de Ramière, un jeune aristocrate du voisinage amant de la soeur de lait d'Indiana, Noun. La première scène du roman réunit tous les protagonistes de l'histoire avant que ne se mette en action un engrenage qui va, tour à tour, broyer chacun d'entre eux.
George Sand confie à un narrateur le soin de nous conter les passions agitant ses personnages. L'intrigue est romantique à souhait, toutefois le roman fait la part belle à une peinture sociale très précise de la Restauration. Si le colonel Delmare, fidèle à ses convictions bonapartistes, incarne une figure de la bourgeoisie entrepreneuriale au moment de la première révolution industrielle, Raymon de Ramière est l'archétype du jeune aristocrate convaincu de la nécessité de revenir à un ordre ancien et persuadé de se tailler une place en politique à la mesure de ses talents. Quant à Ralph Brown, sa lutte pour l'émancipation des esclaves de l'île Bourbon le place du côté d'un certain libéralisme politique en défenseur de la liberté de l'homme et de son épanouissement.
Certaines questions soulevées par le roman, l'adultère, l'obéissance de la femme dans le couple, le suicide, ont provoqué au moment de sa sortie les foudres des bien-pensants. L'égoïsme de Delmare, mari jaloux, sourcilleux, prêt à tuer pour sauver son honneur n'a d'égal que le narcissisme de Ramière, faible, inconstant et à l'affût de toutes les occasions qui s'offrent à lui, qu'elles soient amoureuses, mondaines ou financières.
George Sand, sans occulter la part autobiographique du récit (son union malheureuse avec Casimir Dudevant, sa liaison avec Aurélien de Sèze et ses tendances mélancoliques voire suicidaires), expose des convictions fortes sur l'assujettissement des femmes à la puissance maritale et montre un vif intérêt pour les évolutions politiques de la société à la veille des 3 Glorieuses (1830).
L'intrigue n'est pas avare de rebondissements et la quatrième et dernière partie du roman se clôt sur un certain sentimentalisme qui n'enlève rien à la critique sans équivoque des moeurs patriarcales, comme à ses remarques cinglantes sur la politique réactionnaire menée par les ultras à la fin du règne de Charles X.
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