AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 386 notes
Dans ses deux préfaces, celle de 1832, lors de la sortie d'Indiana, et celle de 1848, lors d'une nouvelle publication, George Sand explique dans quel état d'esprit, pourquoi et comment elle a écrit ce roman.

George Sand avait alors 28 ans, déjà une grande expérience de la vie, pour une si jeune femme, au début du 19ème siècle, et surtout, une intelligence lumineuse.
« J'ai écrit Indiana, j'ai dû l'écrire (…) La cause que je défendais est-elle donc si petite ? C'est celle de la moitié du genre humain, c'est celle du genre humain tout entier ; car le malheur de la femme entraîne celui de l'homme, comme celui de l'esclave entraîne celui du maître, et j'ai cherché à le montrer dans Indiana. On a dit que c'était une cause individuelle que je plaidais ; comme si j'eusse été le seul être infortuné dans cette humanité paisible et radieuse ! Assez de cris de douleur et de sympathie ont répondu au mien pour que je sache maintenant à quoi m'en tenir sur la suprême félicité d'autrui.
(…) j'ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l'injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l'existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société. Je n'avais point à faire un traité de jurisprudence, mais à guerroyer contre l'opinion ; car c'est elle qui retarde ou prépare les améliorations sociales. La guerre sera longue et rude ; mais je ne suis ni le premier, ni le seul, ni le dernier champion d'une si belle cause, et je la défendrai tant qu'il me restera un souffle de vie. »
George Sand était pleine de force et de sincérité quand elle décrivait « le rapport mal établi entre les sexes, par le fait de la société ». Elle n'a fait qu'exercer son métier de conteuse en racontant la vérité sur la société de son temps qui plaçait la femme en-dessous de tout.

Pourtant, le personnage d'Indiana, la femme, est bien misérable : il lui faudra bien des années à cette toute jeune femme innocente, inculte, pas aimée, pour comprendre les hommes autour d'elle et de se comprendre elle-même. Elle livrera, tout au long du roman, un combat épuisant contre la société qui nie son être de femme, qui veut faire d'elle un ange alors qu'elle est un être de chair, de sang et de coeur.
Le mari, qui représente la légitimité, la loi, est aussi aveugle qu'elle. Oh, il n'a pas le plus beau rôle !
L'amant, le tentateur, la société lui a donné l'illusion que le monde n'était là que pour lui faire plaisir, que les richesses n'étaient là que pour être saisies par sa main blanche et lisse, que les femmes n'étaient là que pour satisfaire le plaisir des hommes comme lui. Pourquoi chercherait-il à changer cette société qui le comble de ses bienfaits ?
Quant à l'homme bon, il se reconnaît facilement : c'est celui qui ne cherche pas à briller en société, celui qui s'oublie lui-même au profit des autres.

Oui, vous pouvez lire Indiana pour son plaidoyer pour la liberté de la femme, pour connaître l'Histoire au travers de cette histoire, ou tout simplement pour lire une bonne et très belle histoire. Mais quand vous aurez lu ainsi Indiana, vous y reviendrez pour vous imprégner de l'intelligence du monde qu'avait George Sand, pour sa profonde connaissance de l'âme des hommes et des femmes, pour son intelligence qu'elle met à votre portée dans un style clair et simple, si lumineux et si touchant.
Gabrielle Dubois©
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
Commenter  J’apprécie          50
L'histoire, une romance, un drame, une lourde histoire d'amour qui se déroule dans la société haute bourgeoise de la restauration, ne mérite pas plus que ça qu'on lui accorde quelque intéret que ce soit. Mais c'est l'écriture de G.S. qui a attiré mon attention et qui finalement m'a encouragé à lire ce roman jusqu'à la fin. Elle révèle une utilisation très précise des mots (et oui, cela s'appelait écrire) qui la fait dense, cela se lit lentement. Et l'on finit par être envouté.
Commenter  J’apprécie          40
Indiana est le premier roman de Georges Sand. Quelle claque!
Elle nous raconte l'histoire d'Indiana, une jeune femme condamnée à rester aux cotés d'un homme qu'elle n'aime pas, emprisonnée dans son mariage. Mais un jour, Raymond, un jeune libertin entre dans sa vie, lui offrant un semblant d'amour et bouleverse son avenir.
Je ne suis pas vraiment bonne à résumer les grands textes classiques. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de la faire à vrai dire.
C'est un roman du XIXe, qui nous dépeint parfaitement ce siècle, le désaroi politique, la jeunesse perdue, la détresse des femmes n'ayant aucun droit...
Ce livre est surprenant par la modernité de l'écriture ainsi que par les contestations politiques qu'il contient. Sand, de son très jeune age est déjà engagé et affirme son style ainsi que ses sujets de prédilections qui influencerons ses contemporains. Notamment Flaubert pour Madame Bovary qui n'est pas sorti de mon esprit tout au long de cette lecture.





Commenter  J’apprécie          40
"Vous m'ennuyez à faire des phrases de roman" déclare l'un des personnages à une femme dont il critique le caractère trop romanesque, et c'est le sentiment que j'ai aussi ressenti.
Les personnages sont d'abord des types : le vieux militaire tyrannique, la servante vive et alerte, la vieille mère dévouée, l'Anglais impassible... Raymon ressemble à beaucoup de personnages masculins de George Sand, je retrouve tous les défauts que je n'apprécie pas chez eux : un jeune homme présenté comme très intelligent, comme un génie même, mais sans que je comprenne ce que les femmes lui trouvent. C'est un fat et, pour dire les choses clairement, c'est un sale type qui manipule les femmes et joue de leurs sentiments. Il n'est jamais vraiment amoureux, il ne pense qu'à son propre désir - il est prêt à violer Indiana, malgré ses refus répétés, et à son amour-propre : il aime s'entendre parler d'amour, écrire sur l'amour. La comparaison revient plusieurs fois : il "plaide", et "s'échauffe" comme un avocat, devenant plus amoureux quand il en parle, se refroidissant quand il ne voit plus les femmes face à lui. Il se détache de la situation présente pour commenter dans sa tête ce qui se passe et tout analyser. Oui, il ne mérite pas tous les sacrifices d'Indiana et est insupportable - cependant c'est peut-être le regard d'une lectrice du XXI ème siècle, les contemporains de George Sand ne le voyaient peut-être pas comme cela. J'ai ainsi trouvé son attitude face à Nun est particulièrement ignoble : après l'avoir séduite et mise enceinte, il l'abandonne lâchement et la pousse au suicide. Toutefois, pour le XIX ème siècle, la morale est sauve : un noble proche du pouvoir n'aurait pas pu avoir une liaison longue, voire un mariage, avec une domestique : un adultère avec une femme du monde, s'il est contraire à la religion, il est habituel pour le monde - le grand monde - qui l'admet. Cependant, Indiana elle aussi est peu intéressante, trop éthérée, trop nerveuse, trop rêveuse.
Je n'ai donc pas été intéressée par ces personnages et ce qui leur arrive qui est très prévisible. En revanche, j'ai apprécié certaines idées de George Sand qui traduisent ses convictions qu'on pourrait qualifier de féministes, notamment lorsqu'elle critique le pouvoir absolu qu'un mari exerçait sur sa femme selon le Code Civil napoléonien - pouvant aller jusqu'à la tuer en cas d'adultère, ou en regrettant le manque d'éducation des jeunes filles. Indiana est décrite plusieurs fois comme "imbécile". Cependant, les idées progressistes de George Sand baignent dans une valorisation du "trône et de l'autel" qui peut être pénible à lire aujourd'hui.
Ce n'est donc pas du tout le meilleur roman de George Sand pour moi.
Commenter  J’apprécie          40
Indiana ou la difficulté d'être une femme au XIXᵉ siècle. Indiana ou le courage et la détermination. Indiana ou rêver l'amour.

Dans son premier roman, George Sand commence par une charge menée tambour battant sur les bourgeois et nobliaux de son époque.

Indiana, jeune créole douce et résignée est mariée à un vieux barbon brutal et ordinaire, le Colonel Delmare. Elle vit tristement dans un château de province, avec pour seules amitiés sa soeur de lait Noun, et son cousin Ralph.

L'amour surgit soudain, sous les traits d'un jeune séducteur dépourvu de scrupules. Après avoir séduit Noun qu'il abandonnera lâchement alors qu'elle attend un enfant de lui, (elle se donnera la mort), il entreprend la conquête de Madame Delmare. Dès lors, il traque toute information visant à lui permettre de la rencontrer et se lie d'amitié avec le mari.

Indiana ne tarde pas à succomber à ce sentiment si nouveau pour elle. Mais elle rêve d'un amour chaste et merveilleux alors que Raymon, collectionneur de conquêtes habitué aux succès faciles, attend tout autre chose : une reddition complète et sans condition.

La plume légère, élégante de George Sand court à toute allure, les sentiments les plus intimes sont dépecés : l'amour, la jalousie, le doute, la rage, la douleur, les remords, le devoir, l'honneur, la religion.
Elle démontre aussi quelle force d'âme exceptionnelle il faut à la femme pour résister à l'anéantissement de sa personnalité : tant que l'égalité n'est pas reconnue dans le couple, la seule liberté que puisse conserver la femme est celle de sa conscience.

Dans ce quasi-huis clos, G Sand dresse un portrait des quatre personnages principaux tantôt émouvant, tantôt cruel, mais sans concession aucune :

Indiana : le coeur vierge de tout amour et l'âme fière, rebelle sous une apparente soumission, étouffant sous le carcan des conventions et d'un mariage non voulu. " Vous pouvez lier mon corps, mais sur ma volonté, vous ne pouvez rien."

Le mari : bougon, autoritaire mais pas si mauvais homme, honteux même d'être parfois si dur avec sa femme qu'il ne comprend pas.

Raymon : volage, jouisseur, opportuniste, imbu de ses titres et de sa fortune, incapable d'aimer vraiment.

Ralph enfin : jeune homme taciturne, qui passe pour un égoïste. Il est dévoué à Indiana corps et âme. Pour ne pas troubler sa pureté, il s'est forgé une armure en airain afin d'étouffer les battements de son coeur.

Il faudra bien des tourments et bien des tempêtes pour que la jeune femme comprenne qui de Raymon ou de Raoul est le plus digne de son amour, de son dévouement, de son abnégation.









Commenter  J’apprécie          40
Indiana, délicate fleur de l'île Bourbon préemptée par une ganache atrabilaire, l'austère Delmare, se flétrit lentement sous la cloche de verre de son globe de mariée. Veillent sur sa lente consomption provinciale, l'ami fidèle mais médiocre, Sir Ralph et la vibrante créole, soeur de lait et servante, Noun. Dans cette sinistre serre ouatée s'introduit un merle jaspineur, le très séduisant Raymon de Ramière (ah, les charmes de l'onomastique !)... On devine les conséquences de pareille intrusion.

Avec cette chronique d'une passion adultère entre un lis virginal et un oiseau beau parleur et intrigant, George Sand tente l'écrire vrai. Ses quenottes acérées, son esprit affûté dilacèrent une société où les femmes sont les immuables victimes d'une virilité autocratique, où leur mariage est vécu comme une peine capitale et où le moindre faux pas peut les entraîner dans une chute éternelle.

Point de prudes voiles de gaze ni de périphrases embarrassées dans le roman : on y désire, on y consomme et on y paie de lourds tributs. Les filles-mères se noient, les femmes infidèles sont bannies, c'est la loi des mâles ! Sand cherche la vérité au détriment des conventions et c'est rafraîchissant.

Les crayonnés psychologiques de ses personnages sont tout sauf académiques car jamais elle ne les enrobe d'un miel de convenance. La nullité de Ralph, la veulerie et l'inconsistance de Raymon, la brutalité stupide de Delmare ou la naïveté confondante d'Indiana sont soulignés sans ménagement mais avec une acuité remarquable.

Le portrait-charge acerbe de Raymon est, tout au long du roman, étourdissant de cruauté : chacun de ses gestes est dépiauté et ce Valmont au petit pied (lointain écho des Liaisons dans l'une de ses lettres "Ce n'est pas ma faute si je ne suis pas un dieu, (...)"), baudruche de l'éternel masculin, ne cesse d'être dégonflé par la grâce d'une plume vengeresse.

L'innocente Indiana ne sort pas indemne de cette histoire où, malmenée par les hommes, elle est dépeinte à l'occasion comme une sotte crédule nourrie de romans "à l'usage des femmes de chambre". L'auteure impartiale lui donne cependant l'occasion de se venger d'un amant phallocrate et manipulateur dans une missive dont la hauteur d'âme écrase de son excellence la petitesse du greluchon.

On regrettera que le roman s'éteigne dans une resucée de Paul et Virginie trop artificielle à mon goût. C'est beau mais un peu fade si on le rapporte aux charmes poivrés du reste.

Un premier essai transformé pour celle qui a pris pour nom de plume la moitié du patronyme de son amant Jules Sandeau : de toute évidence, elle lui a laissé l'eau et a gardé le sang.

Un énorme coup de coeur et une invitation à découvrir ce plat aux saveurs mascarines (cumin, girofle, cardamome, gingembre et piment...)
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          40
Parce que j'adore ce livre et ce qu'il représente ! Un monument de la littérature française, à découvrir absolument !
Commenter  J’apprécie          40
Fluide, sympatoche, oeuvre fraîche d'un auteur frais. Son moins mauvais livre.
Commenter  J’apprécie          41
Histoire d'amour et aussi étude sociale. La jeune Indienne, lassée de son mari antipathique et autoritaire, est courtisée par un homme plus jeune, Raymon de la Ramière, qui n'est qu'un séducteur peu fiable. Inscrit dans les romans féministes de George Sand, il dénonce les conditions de vie peu enviables des femmes en France à l'époque. Grand succès public et critique lors de sa publication, il permet à George Sand de débuter sa carrière littéraire.
Commenter  J’apprécie          30
Roman très cucu, avec jeune homme franchissant des grilles de parc, évanouissements, amours ancillaires, femmes abandonnées, pleurs abondants, séducteur pénitent, grands sentiments à la louche, mari jaloux, émotions à tire-larigot, le tout assez maladroit il m'a semblé.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (1419) Voir plus



Quiz Voir plus

Quizz George Sand

George Sand est un pseudonyme pour :

Stéphanie-Félicité de Crest
Marie-Antoinette de Nohant
Amantine-Aurore-Lucile Dupin
Anne-Claire De Paris

10 questions
295 lecteurs ont répondu
Thème : George SandCréer un quiz sur ce livre

{* *}