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Insa Sané nous fait retourner en 1994, l'année où Djiraël entame sa Terminale. C'est donc une variation au sein de la Comédie urbaine entamée avec Sarcelles-Dakar. Cette année est importante pour le héros et ses amis, ils souhaitent terminer le lycée en beauté et pour Djiraël c'est le moment ou jamais de déclarer sa flamme à Tatiana pour laquelle il brûle depuis la Seconde. Il va être élu délégué et avec ses potes ils vont donc essayer de passer une année mémorable tout en tirant profit de leur situation. Mais embrouilles dans la cité et au collège, complications amoureuses, remises en question vont aussi être de la partie, l'année sera donc sans doute moins glorieuse, mais malgré tout riche en solidarité et en prises de conscience.
Un parler de « jeune des cités » émaillé de nombreuses références littéraires, le tout au service de la crédibilité et de la sensibilité du récit. Ces jeunes gens n'ont pas une vie facile et ne la rendent pas aux professeurs, sauf à un seul, qui les respectent et les estiment. Ils se servent de leur bagout, de leur humour et de leur tchatche pour avancer dans la vie, en rire un maximum pour ne pas se laisser déborder par le négatif. Ils sont drôles et attachants. Bien sûr ils ont leurs défauts, mais au fond ce ne sont pas des « méchants », ils ne sont pas aussi cancres que le corps professoral semble le croire.
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Un vrai coup de coeur pour ce roman adolescent.
On plonge directement dans la banlieue parisienne avec ces lycéens de Terminale en Zone d'Education Prioritaire. Les clans des cités sont présents, on ressent la tension dans les mots choisis par l'auteur. La guerre, les représailles, la vengeance sont maitresses entre ces clans.
Malgré toute cette tension, on succombe à cette bande d'amis, ayant chacun un atout à apporter à ce cercle restreint.
Dans l'histoire, on suit Djiraël et ses péripéties de cancre, qui malgré tout, va devenir délégué des délégués des élèves. Il se mettra à dos certains et en rameutera d'autres, car il veut le droit de liberté des choix. Bien évidemment, ses amis seront toujours là pour lui et pour eux-même.
L'auteur aborde aussi la famille, et la relation complexe d'un père avec son fils. le racisme est également présent dans ce roman. Et enfin, il ne serait pas un bon roman sans qu'il y ait un triangle amoureux !!
Pour finir, l'auteur s'est manié les mots avec humour, ce qui rend ce roman accrocheur.
On s'immerge totalement avec ces cancres de Rousseau...

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1994, Sarcelles. Djiraël rentre en terminale. Pour lui, cette année est décisive et scelle à jamais son avenir. Faisant sa plus grande joie, il partage sa classe avec ses meilleurs potes : Rania, Armand, Jazz, Doumam et Sacha, tous cabossés par la vie. Avec pour professeur principal, leur chouchou adoré, Monsieur Fèvre. Mais surtout, il y a Tatiana, et Djiraël, qui en est love, décide de tout faire pour la séduire. « C'était hier. Je jouais aux billes. Et puis…je courais. Après un ballon. Après les ennuis. Après les copains, à ‘chat' ou à la ‘Déli-Délo'. Après des notes qui sonnaient faux. Après un but. Après le flouse. Après les filles ? Non ! Après, une fille. Cette fille. Celle pour laquelle on use des semelles, des méninges et ses draps le soir. » Son objectif principal est de mettre en lumière les cancres de Rousseau pour cette dernière année mais voilà, rien n'est simple lorsque l'on est originaire de la cité. « Car s'il est vrai que l'homme n'est que poussière d'étoiles, je voulais croire que nous, les cancres de Rousseau, étions nés pour briller- un jour. Quand notre heure viendrait. »

Insa Sané nous propose une immersion dans cette cité de Sarcelles, celle où lui-même a vécu lors de son arrivée en France. Il a tout d'abord détesté cette ville d'adoption, faite d'interdits, et puis il l'a apprivoisée et a découvert ce qui s'y cachait pour ensuite la mettre en avant et en faire un personnage à part entière dans ses romans.
Pendant un an, nous suivons ces ‘cancres', ces adolescents que la vie n'a pas épargné et qui sont contraints à la débrouillardise. Délaissés par leurs parents pour certains, par la société pour d'autres et au milieu il y a ce prof, ce guérisseur, cette bouée de sauvetage, qui tente envers et contre tout de sauver ces gosses et d'en faire des adultes responsables avec le peu de moyens dont il dispose. Vivre dans la cité n'est pas toujours idyllique et ces jeunes vont être bousculés, dérangés, humiliés. « -Tu ne dois en aucun cas faire payer à tes camarades le prix de tes déceptions, ne l'oublie pas. le pouvoir n'est pas un privilège. Tu n'es pas aussi méchant que tu voudrais qu'on le pense…mais c'est à toi de faire les bons choix. » Entre coups de gueule, coups de poing, coups de coeur, on ne s'ennuie jamais dans sa lecture. J'ai aimé chacun d'eux même s'ils ne sont pas parfaits, et heureusement sinon cela ne serait pas drôle. Qu'ils soient mythomanes, éternels insatisfaits, bagarreurs ou loufoques j'ai traversé les quartiers de Sarcelles-cité et tendu la main à chacun d'eux afin de les aider à faire les bons choix. Ces jeunes ont la rage de vivre et nous prouvent à travers ce roman que tout est possible lorsque l'on s'en donne les moyens.
C'est beau, tendre, réaliste à souhait et poétique. Insa Sané est un auteur unique qui sait s'adresser au lecteur ado avec une plume juste et authentique. Il manie les mots dans cette comédie urbaine d'une très grande qualité dont il faut clamer haut et fort la langue.
Vous pouvez suivre les aventures de Djiraël et ses amis avec ‘Sarcelles-Dakar' (déjà paru) chez le même éditeur.
Je ne suis jamais déçue des éditions Sarbacane, c'est une valeur sûre et la preuve encore avec ‘Les cancres de Rousseau'.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/11/29/37826887.html
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Le quotidien d'une bande de lycéens de Sarcelles est ici raconté avec beaucoup de tendresse. Chaque personnage a ses fêlures, mais tous ont l'humour en bandoulière... Avant d'être des "jeunes de banlieue", ce sont des adolescents avec tout le bouillonnement que ça implique, l'esprit potache, l'amitié, l'amour, la colère, l'espoir... Une bien jolie découverte.
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Je suis étonnée de voir les critiques quasi unanimes au sujet des Cancres de Rousseau. Je l'ai lu dans le cadre du travail et je me suis franchement ennuyée. Déjà je ne m'attendais pas du tout à ça comme histoire. Je pensais qu'il allait y avoir un côté philosophique avec "Rousseau", mais il ne s'agit que du nom du lycée où Djiraël et sa bande de copains étudient pour cette année de Terminale.

Dès les premières pages, l'écriture et la façon de parler des personnages m'a perturbée. L'auteur a choisi un registre de langue soutenu, mélangé à du vocabulaire "djeuns". ça ne fait pas naturel. Je ne suis pas sûre que les jeunes vont adhérer.

Ensuite c'est le personnage de Djiraël qui m'a irritée. Je l'ai trouvé insupportable à se prendre pour le roi du monde et à tout tourner en dérision. Ses copains n'étaient pas franchement mieux. Je veux bien croire qu'ils ont des situations familiales compliquées, mais ça n'excuse pas tout. En plus, leurs aventures au lycée étaient peu crédibles.

Bref, je donne tout juste la moyenne à ce roman. Il est mention d'une "comédie urbaine" sur la couverture, mais je n'ai pas ri à un seul moment. ça ne m'a pas donné envie de lire les autres histoires de cette série.
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Je n'avais encore jamais lu une histoire d'Insa Sané alors j'étais curieuse de découvrir sa plume qui m'a transportée sans difficulté dans une histoire haute en couleurs au côté d'un protagoniste qui semblait vrai avec des qualités tout comme des défauts !


Je ne m'attendais pas à rencontrer et à m'attacher à des personnages aussi forts avec un vécu, un passé, une vie tourmentés. J'ai découvert une bande d'amis soudés, basée sur la confiance et l'humour, car même si leur contexte familial est compliqué, cela n'empêche pas au groupe de s'éclater et de se fourrer parfois dans les ennuis... D'ailleurs, si je me souviens bien, Djiraël évoque ses amis comme sa deuxième famille.


Des personnages plaisants à découvrir au caractère bien trempé même si j'aurais apprécié que les personnages secondaires prennent davantage de place et soient encore plus approfondis car l'ébauche commencée était intéressante !
Au début, ce n'était pas évident de s'immerger dans le récit avec leur langage mais je m'y suis faite, puis le cadre se révèle réaliste.


Le récit va durer le temps d'une année scolaire, mais pas n'importe laquelle puisque c'est celle de la terminale pour Djiraël et ses amis qui ont prévu d'en faire un évènement inoubliable, de créer de fameux souvenirs ! Et je peux vous certifier que ce sera le cas, sans vous spoiler, évidemment. Entre amitiés, amours, coups bas, rigolades, colères, disputes et bagarres, cette dernière année de lycée est jonchée de péripéties et d'émotions qui n'amèneront pas moins les personnages à grandir, à se découvrir, à s'amuser, à prendre des responsabilités, à vivre leur adolescence d'une manière plutôt intense. Je n'étais pas prête à être autant captivée par l'intrigue remplie de rebondissements !


J'ai adoré cette lecture pour les idées et thèmes abordés qui font réfléchir et ouvrent l'esprit, à travers les différences sociales, les discriminations encore présentes aujourd'hui malheureusement..., la vie dans certaines banlieues,... On en ressort mûri, révolté mais en souhaitant vivre avec plus de bienveillance, sans émettre de préjugés !


Pour conclure, j'ai passé un excellent moment avec Djiraël en partageant ses émotions, en essayant de le comprendre, en ayant envie de le secouer *parce que son idéalisation de Tatiana, une fille hautement détestable !, était très frustrante !!!* ! Les rapports entre les enfants, la famille, l'école, les amis et la société sont traités avec sensibilité et un dynamisme qui ne peuvent laisser indifférent, un livre que je recommande vivement !


Petite dédicace à Monsieur Fèvre, le professeur (ici, d'économie) qu'on aimerait tous avoir ! Il sait parler aux élèves en les considérant comme des individus singuliers et rendre un cours intéressant. Un personnage inspirant, au top !
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Alors voilà, avec Insa Sané, tu peux commencer version JT de 13h : Insa Sané est un jeune auteur noir talentueux, qui puise son inspiration dans sa jeunesse sarcelloise et ses racines sénégalaises, bla bla bla...

Ou alors, t'attaques version slameur/commentateur de foot : Enflammez-vous pour la prose acérée de l'insensé, l'essentiel, le sensationnel Insa Sanééééé ! Bla bla bla...

Ou encore, prof de lettres qui s'inspire de Wikipédia (ouais, le mec, il a une page Wikipédia quoi !!!) : Insa Sané est né à Dakar en 1974 (44 ans) et vit en France depuis l'âge de 6 ans. D'abord adepte de musique rap, sa plume le porte vers le slam, bla bla bla...

Ou enfin, t'acceptes juste qu'Insa (je peux t'appeler Insa ?), il kiffe pas trop les étiquettes. le type, il a tellement de talents que tu pourrais dire que les fées se sont penchées sur son berceau pour lui donner tous les dons, mais Insa, il est plutôt du genre à leur tirer leur baguette pour jouer avec et faire des étincelles. Tu peux toujours parler de racines, mais Insa, c'est plutôt le genre rhizome, tu vois. Il pousse partout tant qu'y a de la vie, il puise ce qui l'inspire là où il est, que ce soit Dakar ou Sarcelles, et il prend un malin plaisir à se pointer là où tu l'attends pas. Dans Les cancres de Rousseau, le dernier titre en date de sa "comédie urbaine", il te chope et t'emmène avec lui, il te présente ses potes, ses profs, sa ville. Tu vois et vis tout ça de l'intérieur. Alors, soit tu découvres ce "milieu" et t'es bien content de casser tes préjugés, ou de voir tes intuitions confirmées ("Y sont pas méchants ces jeunes, en fait") ; soit tu viens de là et tu fais un big up à ce mec qui arrive enfin à écrire sur Sarcelles, le bitume et ta jeunesse avec justesse, bienveillance et réalisme, loin des clichés et des phrases toutes faites.

Mais quoi qu'il en soit, tu profites du voyage, tu t'accroches au train de sa plume qui glisse à 100 à l'heure, et tu vibres au rythme de sa langue aussi poétique et musicale que brute et affirmée. Les mots d'Insa sonnent juste, ils ricochent et dansent, ils respirent l'amour de la langue. Ils s'éclatent les uns avec les autres, comme Djiraël et sa bande de potes qui te font marrer, sourire ou trembler. Cette année de Terminale ne ressemblera à aucune autre, et surtout pas à celle qu'ils avaient prévue. Galères avec les filles, avec les butés qui dirigent le lycée, prise de tête avec le daron, et surtout respect total de la mater (mon idole !!!)... Tous les ingrédients d'une bonne comédie sont là, et cette recette, c'est de la bombe : les pages tournent toutes seules, tu sautes le repas de midi et même les Kinder Country du goûter pour dévorer les rebondissements de ce roman addictif et ne perdre aucune miette d'un texte aussi riche dans la forme que dans le fond.

Insa Sané est gourmand et généreux : il emmagasine des moments forts, drôles ou poignants, ses colères et ses indignations, ses espoirs et ses convictions, et il nous les restitue avec finesse et malice dans ses excellents livres. N'hésitez pas à les découvrir et à les partager, à les lire à voix haute à vos amis, vos enfants, vos élèves (à partir de 13 ans) pour faire vivre encore plus les mots puissants d'Insa.
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Les cancres de Rousseau, c'est l'histoire d'une bande de cabossés de la vie. Leur quotidien varie et se ressemble : certains dealent avec l'alcoolisme ou la violence d'un père, celui d'un autre s'est fait la malle, une autre, adoptée par une famille blanche, est devenue invisible à la naissance d'un enfant tout aussi blanc… Et en dehors de la maison (ou de l'appartement plutôt) ? On découvre (ou on redécouvre) ce que signifie réellement être noir.e ou arabe. le racisme ordinaire, la discrimination, les contrôles au faciès, le mépris des enseignants qui ont abandonné, la violence et n'avoir personne vers qui se tourner…
Un tableau riche et nuancé de la banlieue parisienne qui permet de la voir autrement que par l'oeil des caméras du JT.
Un autre monde pour moi avec mes yeux bleus et ma famille modèle.

Pourtant ce qui frappe au milieu de toutes les embrouilles, ce sont les plans malins, les vannes, le rire plutôt que les larmes, la pirouette plutôt que le lâcher-prise. Djiraël et ses amis sont formidablement solidaires et, s'ils se charrient à longueur de journée, c'est simplement parce qu'ils se connaissent parfaitement et tiennent les uns aux autres. Certes, parfois de petites trahisons viennent bouleverser cette magnifique amitié – car cette année de terminale, ce sont aussi des histoires de coeur qui touchent les uns et blessent les autres – mais on sort malgré tout de ce roman avec la conviction que nous sommes plus forts à plusieurs. Les personnages sont encore à un âge plein de rêves et de fureurs, ils refusent de suivre la résignation lasse de leurs parents. Ils y croient encore, pour un temps du moins.

(L'histoire se passe en 1994, mais elle est parfaitement actuelle. D'ailleurs, j'oubliais sans cesse ce détail, même si c'est vrai que les portables sont absents. C'est une histoire des années 1990, des années 2000 et des années 2010. Peut-être avant, peut-être après.)

Les personnages sont merveilleusement personnifiés. Leurs points forts (si divers, si colorés : l'impertinence, une réserve dissimulant une explosivité insoupçonnée, la force, la tchatche, l'humour, l'optimisme…), leurs faiblesses, leurs hésitations, leurs espoirs… la bande est attachante et vivante (j'ai l'impression de me répéter un peu avec les Exprim', mais que voulez-vous, à chaque roman, je tombe amoureuse des personnages !). Autour d'elle, des personnages réalistes – de la brute au professeur sadique en passant par l'élève modèle – qu'on reconnaîtra tous plus ou moins.
Heureusement, la bande peut aussi compter sur une personne incroyable, Monsieur Fèvre, prof d'économie. Monsieur Fèvre, c'est le top de la crème du haut du panier des professeurs. Juste derrière Mr. Keating (Robin Williams) dans le cercle des poètes disparus, vous voyez ? Humain, enthousiaste, il croit en eux et en leur intelligence comme aucun prof n'a jamais cru en eux, ces « cancres » abandonnés par le système scolaire.

Un autre ingrédient de ce délice littéraire : la plume d'Insa Sané. Formidable. Fascinante. La langue est imagée, rythmée et en parfaite harmonie avec le contexte et ses protagonistes. Rapidement, les mots deviennent musique et poésie. Il a la verve du conteur, le bagout de ses personnages, l'humour qui dédramatise, la colère qui gronde. Par le rire et l'émotion, il fait passer son message avec justesse et sans clichés.

Cette « Comédie urbaine » se hisse illico parmi mes romans Exprim' préférés et j'ai hâte d'en poursuivre la découverte avec Sarcelles-Dakar. C'est un roman intelligent, humain, engagé, qui mêle les sujets classiques des histoires de lycée – amours, amis, premières fois, cours, parents… – à l'univers plus atypique de la banlieue.
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Voilà un auteur que je ne connaissais pas mais que je vais m'atteler à découvrir car cette première lecture m'a vraiment séduite !

Le lecteur rentre dans l'univers de Djiraël, un adolescent en Terminale ES à Sarcelles. Sarcelles, ville connue pour sa banlieue difficile, qui ressemble en tous points à celle dans laquelle je travaille (à part qu'à Sarcelles il y a un lycée, ce qui n'est pas le cas dans la commune où je travaille malgré les 3 collèges et les 27 000 habitants, bref)

Djiraël et sa bande de copains, inséparables depuis des années. Il y a Sacha, une jeune fille garçon manqué qui doit s'occuper seule de son père alcoolique, Jazz, le passionné de musique dont le père a déserté le foyer familial depuis longtemps, Rania, belle jeune fille qui fait tout pour ne pas se faire remarquer depuis que ses parents adoptifs ont eu un enfant naturel, Armand, qui a du mal au lycée, et Doumam l'intello. Et puis il y a Djiraël. Djiraël est bon élève, mais il a beaucoup de colère en lui. Colère contre son père, toujours absent, colère contre les adultes du lycée, qui ne semblent pas le respecter, colère contre la misère sociale dans laquelle son quartier évolue. Djiraël est fait pour la politique ! D'ailleurs, il décide de se présenter aux élections pour être délégué. Mais pas facile de se faire élire quand les profs, le CPE et le Proviseur préféreraient un élève modèle à ce poste.

Djiraël est très amoureux de Tatiana, ça fait des années qu'il lui court après. Alors quand Djiraël doit choisir entre l'élection, ses amis, et Tatiana, il ne sait plus où donner de la tête !

J'ai adoré l'écriture d'Insa Sané ! On est tout de suite pris par le récit, on évolue avec les personnages et leurs sentiments, on comprend chacun d'eux et on ne juge pas parce qu'on sait ce qui les a amené là. Bien sûr, dans Djiraël et ses amis, je retrouve une grande partie mes élèves. Je retrouve le quartier, si bien décrit par l'auteur; je retrouve les situations familiales, toutes (ou presque) bien trop dures à gérer pour des enfants. Je retrouve cet énorme sentiment d'injustice, cette colère qui en qualifie certains, mais aussi ce désir de s'en sortir, quel que soit les moyens employés.

Je dois quand même dire que le discours sur l'Education Nationale m'a beaucoup gênée. Même si je respecte totalement ce texte, cette vision de l'auteur dont on sent bien qu'il a mis une grande part de lui dans ce texte. Déjà, il dit que les profs qualifient ce groupe de "cancres". Or, un élève qui a 13 de moyenne de terminale, je crois que mes collègues et moi en rêvons ! Jamais il nous viendrait à l'idée d'utiliser ce mot pour un élève comme Djiraël. Et puis il y a beaucoup de passages sur le lycée où seul M. Fèvre trouve grâce à leurs yeux. Tous les autres profs semblent détester leurs élèves, le CPE est vraiment une ordure et le Proviseur pas mieux. Je sais bien qu'il y a des profs qui sont comme ça, mais bon la grande majorité des profs ça me semble un peu bizarre quand même... Et puis différentes réflexions montre la méconnaissance du système éducatif (ce qui n'est pas gênant en soi mais Djiraël semble très sûr de lui pour le reste alors un lecteur qui ne connaît pas le système le croirait sur parole !)

J'ai beaucoup aimé la vision de la maman. Au lieu de montrer une mère dépassée par ses nombreux enfants et son mari toujours absent, Djiraël dépeint sa mère comme forte, indépendante, gérant sans encombre sa famille et décidant de reprendre ses études. Un bel hommage ! Par contre, la plupart des pères sont décrits, au mieux comme absents, au pire comme de véritables boulets que les enfants doivent soutenir.
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On pourrait croire qu'il y a chez l'éditeur Sarbacane une arrière-cuisine où quelque Grand Schtroumpf concocte le fond de sauce des livres qui en sortent, tant ils ont tous ce petit parfum reconnaissable, fait d'humour vache, d'insolence désespérée et de beaucoup d'amours de toutes sortes. Bien sûr, personne n'a reconnu ici le bonnet rouge de Tibo Bérard…

La semaine dernière, je vous parlais du livre d'Emilie Chazerand, La fourmi rouge, justement. Rappelez-vous. Son anti-héroïne, Vania, faisait une entrée tonitruante au lycée où elle allait être poursuivie toute son année de Seconde par un mystérieux message tombé de nulle part sur son ordinateur, la mettant au défi de cesser enfin d'être le « brouillon terne et médiocre » d'elle-même.

Cette semaine, Djiraël aborde, lui, la Terminale. Djiraël, c'est le héros d'Insa Sané qui, dans Les cancres de Rousseau nous dépeint une bande de potes bagarreurs et insolents, malins et vivants, qui s'apprêtent à prendre le pouvoir au lycée, au grand dam de l'administration qui préférerait voir élus comme représentants de l'établissement des jeunes gens et jeunes filles mieux sous tous rapports. Mais, hélas pour le CPE du lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles, la popularité ne se décrète pas.

Notre auteur emmène donc Djiraël, Sacha, Rania, Doumam et les autres de la rentrée jusqu'au Bac, ce Bac redouté et attendu, même par des présumés cancres, parce qu'il reste tout de même le passeport pour une autre vie. Terminale ! Tout le monde descend, annonçait naguère Susie Morgenstern. Ce Bac qu'on vivra comme un épilogue, des épreuves aux résultats, avec « la peur au ventre », tout dur qu'on soit.

Entre ces deux moments, Djiraël vit la vie d'un grand ado de banlieue : entre Rania, la fille qui t'aime depuis toujours et en qui tu ne vois qu'une amie, Tatiana, la fille que tu aimes et qui ne te « calcule » même pas, cécités croisées, et les virées au coeur de Paris, les petites combines pour se faire de l'argent, un rival menaçant qu'il faudra finir par réduire car on ne peut pas se laisser marcher dessus dans une cité où tout se sait à la vitesse de la rumeur amplifiée par les réseaux, la vie de famille avec une maman qui fait régner tant bien que mal sa loi pour suppléer à celle d'un papa à éclipses, partagé entre l'Afrique et la France. « J'ai toujours eu plus peur d'elle que de Papa », avoue Djiraël. « Maman, c'est une Amazone ». Sa « daronne » chiante et bien-aimée.

En fait de loi, Insa Sané en évoque quatre, comme autant de trames de son livre. La loi de Jules Ferry, scolaire, est la première, omniprésente l'année du Bac. Insa Sané dresse au passage un beau portrait d'enseignant, Monsieur Fèvre, le seul à reconnaître et à considérer l'intelligence vivante de ces élèves pas dans le moule et pas toujours dans les clous. Il y a aussi la loi de la tanière, qui interdit à Djiraël, par la voix de son père, d'être un médiocre en France, lui l'Africain surdoué sur lequel ses parents ont tout misé. La loi de la rue, enfin, où il ne faut rien céder, et son corollaire, la loi du talion.

Avec Les cancres de Rousseau, Insa Sané n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il a l'ambition d'écrire une Comédie urbaine comme jadis Balzac a écrit sa Comédie humaine. Rien que ça ! Plusieurs de ses livres sont déjà sur les étagères des libraires et l'auteur a d'autres cordes à son arc, de musicien, de slameur, qu'on découvrira par exemple sur YouTube.

Si l'on sort maintenant de la métaphore culinaire pour lorgner du côté des champs de course aux prix et des pur-sang de librairies, n'y aurait-il pas désormais, avec Insa Sané et quelques autres déjà recensé·e·s ici, comme un début d'écurie Sarbacane, en passe d'occuper une place de choix dans la littérature pour la jeunesse d'expression française ? Son entraîneur, le Grand Schtroumpf sus-nommé, y travaille, apparemment.
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