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Le livre est une critique drôle et violente de nos démocraties ; auteur engagé, Saramago s'insurge contre les démocraties occidentales qui dit-il « ... ne sont que des façades politiques du pouvoir économique... ». Dans La lucidité, José Saramago pose la question de la légitimité du système électoral.
C'est une satire politique construite autour d'une énigme et que l'on lit comme un thriller.
L'auteur dissèque la machine gouvernementale, les échanges entre les membres du gouvernement sont fameux : perversion, ambition, rivalité, rien n'est laissé dans l'ombre.
L'écriture de Saramago, de style baroque, procède souvent par phrases amples, ourlées, comprenant de nombreuses digressions, intégrant les dialogues dans le texte sans les signaler ; le récit, cependant, reste fluide. Cette écriture particulière demande parfois un effort, mais elle se savoure.
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Je viens de finir ce roman, lu avec enthousiasme ! Un point de départ farfelu: lors d'une élection, une écrasante majorité d'électeurs vote blanc. a réaction des autorités ne se fait pas attendre, et nous voici partis dans un univers absurde, qui sans en avoir l'humour m'a fait penser à Ionesco...
Il y a aussi quelques passages de pure poésie, une écriture magistrale, des personnages (dont aucun n'a de nom...) bien campés.
Une lecture que je recommande sans retenue !
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Un récit éclatant

Du début à la fin, dans sa prose dense, l'auteur nous emmène dans cette ville, où l'anonymat règne. Pas besoin de s'embêter sur qui est qui, tout est sous contrôle. Enfin presque... L'histoire est réellement incroyable : une épidémie de vote blanc frappe la capitale, déjà déboussolée par un de ses sens perdus il y a quelques années. Que va-t-il se passer ? Eh bien, que des rebondissements. Jusqu'aux dernières pages. Refermer ce livre, ce chef-d'oeuvre même, est un choc pour moi

De nombreuses actions donnent des pistes de réflexion sur des sujets vastes. La population fait toujours bloc contre un gouvernement idiocrate, arrogant, outrecuidant, infatué ; de quoi prendre quelques exemples sur ces valeureux concitoyens...

Après l'aveuglement, vient la blanche lumière ou les noirs ténèbres ?
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Ils ne se sont pas concertés, ils n'ont pas fait campagne. Pourtant, ce jour-là, ils sont 83% à voter blanc aux élections locales, dans la capitale de ce pays sans nom. Un camouflet auquel le pouvoir en place répond par la répression : en état de siège, la ville doit expier ce qui est vu comme un crime de lèse-démocratie. Mais la population s'organise et résiste, dans un grand élan de fraternité.

Dans sa langue lumineuse et ouvragée, le Nobel de littérature José Saramago déroule le récit de cette prise de pouvoir, douce malgré l'hostilité étatique, par le peuple. Une troublante fable politique, à la fois abstraite et profondément réaliste, qui échappe à tout partisanisme mais invite chacun à reconsidérer le sens qu'il donne à son vote.
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Ce livre est la lecture d'août du club de lecture "Faites le tour du monde" qui nous emmenait au Portugal. Ce n'est pas le livre que j'avais choisi durant le sondage, mais j'aime jouer le jeu auquel je participe. Et bien m'en a pris. Ce n'est pas une lecture facile, j'étais d'ailleurs un peu réticente lorsque j'ai vu sur Livraddict qu'il était défini comme un essai et non comme un roman. C'est une lecture très ardue d'une part à cause de sa structure et d'autre part à cause de son thème.
Parlons d'abord de sa structure ou plutôt de sa "non-structure". En effet il n'y a pas de paragraphes, ni de dialogues bien définis et les phrases sont très très longues. Les dialogues se fondent dans la masse du texte qui apparait comme un gros bloc de mots.
Ensuite le thème, la politique. Sujet dont je ne suis pas, mais vraiment pas, friande.
Et pourtant... J'ai apprécié cette lecture ! Je l'ai même conseillée sur Twitter lors du #MardiConseil de Vendredi Lecture, c'est vous dire.
Après avoir un peu galérer au début à me dépatouiller dans ce texte brut, j'ai pris mes marques et ma lecture s'est fluidifiée au fil des pages. Il ne faut pas se braquer sur cette drôle de structure de texte, je pense, mais prendre certains indices (virgules, lettres majuscules) pour faire sa propre structure. Quant au thème et bien... il est fascinant ! Il est traité avec sérieux mais aussi avec beaucoup d'ironie (que j'ai particulièrement appréciée). le sujet est d'actualité (qui ne râle pas sur le gouvernement de son pays ???) et chacun peut y retrouver un peu ou beaucoup de sa réalité.
En bref une lecture ardue mais très très intéressante et interpellante.
Ce que j'ai aimé : l'ironie qui parcours l'histoire du début à la fin.
Ce que j'ai moins aimé : vous l'aurez sans doute déjà bien compris : la structure du texte.
Lien : http://jenta3.blogs.dhnet.be..
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Je viens de terminer "La Lucidité" de José Saramago.
L'humour, la gravité, l'absurde mais aussi une certaine fatalité se côtoient dans ce roman en tout point passionnant. La description de chacun des personnages (y compris celle des responsables politiques avec leur cynisme et leurs ambitions) est excellente. J'ai beaucoup apprécié la justesse des dialogues (c'est presque du théâtre !). Un beau livre que je conseille vivement.
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Une bonne réflexion sur la démocratie et le droit de vote. L'auteur cherche à savoir si nos sociétés vivent toujours sous le régime démocratique. Le peuple est-il encore vraiment souverain ? Sommes nous passés à un régime oligarchique ? Une réflexion intéressante et nécessaire...
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N°479– Décembre 2010.
LA LUCIDITÉJosé Saramago *– le Seuil

« La lucidité est la blessure la plus proche du soleil » disait René Char. Je ne gloserai pas sur cet aphorisme, d'autres le feront sans doute mieux que moi mais selon de dictionnaire, la lucidité évoque la raison saine et claire, la conscience, la clairvoyance...

Selon son habitude, Saramago met en scène une capitale sans nom dans un pays également anonyme et concocte une fable apparemment surréaliste : lors d'une élection municipale, 83% des électeurs ont voté blanc. Il n'y a pas eu d'abstention, c'est à dire que ces mêmes citoyens ont fait leur devoir électoral, mais ce qu'ils ont signifié au pouvoir sort des réponses traditionnelles que les sondages sont censés prévoir. D'ordinaire l'électorat porte la droite au pouvoir face à une gauche inexistante, mais là, la réaction populaire est sans précédent. Il n'est pas imaginable que cela exprime un rejet de la politique en général, qu'elle soit proposée par le parti au pouvoir ou par l'opposition. C'est une forme d'expression qui n'est, de ce fait, pas admissible en démocratie.
Les hommes politiques n'estiment jamais tant le peuple dont ils tiennent leur mandat qu'au moment des campagnes électorales. Elles révèlent leur imagination et excitent leurs facultés de surenchère, mais surtout, ils ne peuvent pas s'imaginer que leur fonction est menacée. La paranoïa ordinaire refait surface et avec elle la théorie bien connue du complot qui prend ici la forme d'une improbable conspiration subversive d'un petit groupe d'anarchistes contre la pensée unique. le pouvoir politique, loin de s'interroger sur les raisons profondes de cette attitude, ne songe qu'à culpabiliser les électeurs, estimant que ces bulletins n'auraient pour but que d'attenter à la stabilité du régime. le vote blanc rend le système ingérable, même s'il y a une tentative d'auto-gestion par le peuple. Tout cela aurait contaminé tout le pays et il est urgent d'y mettre un terme.
Les « blanchards » assument pourtant leur option politique avec calme, le peuple s'organise au quotidien mais, à cause de leur posture jugée illégitime par les hommes politiques, ils sont des adversaires tout trouvés contre lesquels la violence va se déchaîner. Cela va donner une intrigue policière où il va falloir trouver des coupables... ou en inventer ! Dans les situations de crise, davantage peut-être que dans le quotidien ordinaire, la faculté humaine de délation trouve son terrain de prédilection. Ici, le sycophante ne peut pas ne pas se manifester et grâce à lui, le pouvoir trouve aisément le responsable de ce vote blanc. Il s'agit d'une femme qui aurait échappé quatre ans plus tôt à une épidémie temporaire de cécité et qui aurait commis un meurtre. Ce fait est regardé comme hautement suspect par les autorités même s'il n'y a évidemment aucun lieu entre les deux événements. Une enquête est quand même diligentée qui doit être menée à son terme. Elle mettra en évidence, non la vérité mais la nécessaire et judéo-chrétienne culpabilisation de l'individu et une conclusion déjà concoctée par les autorités . Dans une ville en état de siège un commissaire de police diligente cependant des investigations réglementaires où Courteline donne la main à Kafka, sans pour autant se faire beaucoup d'illusions sur le sens de sa mission. L'épilogue sera celui d'un véritable roman policier.

Je n'oublie pas non plus que Saramago a été membre du parti communiste portugais, a milité dans les rangs des altermondialistes et n'a pas caché sa sympathie pour les Palestiniens contre Israël. Il a même été tenté par une carrière politique en se présentant aux élections européennes en 2009. Faut-il voir dans ce roman le prolongement de ses réflexions personnelles ou une critique ironique des démocraties occidentales. C'est un roman subversif comme les aime Saramago. L'auteur, sous couvert d'une fiction un peu surréaliste met en évidence les travers de l'espèce humaine qui est bien moins humaniste qu'on veut bien le dire. Il lui permet de pointer du doigt la fragilité de la démocratie qui est toujours mise en avant et regardée comme une avancée face aux dictatures. Selon Churchill, elle est « la pire forme de gouvernement , sauf tous les autres qui ont été essayées ». Il est donc parfaitement possible de l'instrumentaliser. Est-ce la reconnaissance implicite d'un rejet populaire des partis politiques traditionnels ou la mise en évidence de l'absurde d'une situation, le peu de cas qui est fait du citoyen face à la raison d'état ?

Saramago quitte ici son rôle purement littéraire pour revêtir l'habit du militant, pour donner aux citoyens du monde l'occasion d'inviter le pouvoir à redessiner autrement le paysage politique, de prendre en compte ce qui et un véritable « suffrage exprimé », loin des partis politiques traditionnels, même s'il ne correspond pas à ce qu'on s'attend à voir sortir des urnes. Conclut-il à un échec programmé de toutes les subversions, même les plus constructives ? Pense-t-il que l'appareil politique reste le plus fort face à l'individu ou que le « pré carré » des politiques doit resté ce qu'il est ?

Je continue d'être enthousiasmé, malgré des pratiques rédactionnelles originales et des digressions parfois un peu longues et difficiles à suivre, par l'oeuvre de Saramago dont cette revue s'est largement fait l'écho (La Feuille Volante n° 475 – 476 - 478)

*José Saramago (1922-2010] – Prix Nobel de littérature 1998.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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L'aveuglement", dystopie clairvoyante cynique et osée, s'attaquait aux conséquence d'une épidémie et de l'effondrement de la société qui en découlait... Si j'avais été happée par l'histoire, j'avais été aussi portée par le style bien particulier de Saramago auteur nobelisé en 1998 et fidèlement traduit, d'après mon enquête auprès de lecteurs lusitaniens ! Dès lors, j'étais curieuse de lire d'autres ouvrages de l'auteur et j'ai choisi "La lucidité".
Dans cet opus, on retrouve la plume si particulière de l'auteur qui aligne descriptions et dialogues sans démarcation, avec des personnages sans nom, dans une ville non identifiable. le style rebutera sans doute certains lecteurs, mais passé l'effet de surprise, on fait abstraction, tant la lecture se révèle fluide et le message universel et puissant !

Dans "La lucidité", Saramago imagine une élection où la population rend des bulletins blancs à plus de 70% ! A coup d'arguments ridicules -sans doute pleuvait-il trop ?- on repasse aux urnes, mais le résultat est pire ! La déferlante blanche est en marche ! La presse se déchaîne, la réponse maladroite du gouvernement ne se fait pas attendre, elle craint une "épidémie blanche" dans tous le pays ! État de siège, évacuation, enquête à l'aide d'espions ? Que faire ? Y aura t'il quelqu'un ou saura faire preuve de lucidité dans ce capharnaüm ?

Véritable conte politico-philosophique, bourré d'ironie, de sulfureuses digressions et d'humour noir, "La lucidité" est un livre savoureux, politiquement incorrect et délicieusement subversif ! Et à lui seul, le premier chapitre du livre est un véritable petit bijou d'écriture, racontant avec humour et sarcasme, la banale et ennuyeuse journée au bureau électoral, alors que la tempête fait rage à l'extérieur !

Brillant, à n'en pas douter, mais un poil moins addictif que "l'aveuglement" auquel il fait écho et dont il est la suite !
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Un récit à la fois politique et fantastique par lequel les mots sont utilisés abusivement afin de manipuler l'opinion publique, d'exercer un pouvoir de domination sur le peuple et de justifier l'état chaotique de siège. Plusieurs passages sont de longues logorrhées démagogiques n'expliquant rien aux enjeux du roman, mais visant plutôt à identifier les coupables de l'impasse démocratique dans laquelle est plongée la société mystérieuse d'un pays non identifié. La lecture du livre m'a fait souvent penser à une fusion d'un roman de Kafka et de Boulgakov.
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