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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Menus souvenirs est l'autobiographie de José Saramago, le célèbre auteur portugais, nobelisé en 1998. Mais cette collection de souvenirs aborde très peu son oeuvre littéraire, on y retrouve quelques mentions ça et là mais l'essentiel se concentre sur son enfance, son adolescence. Bref, ces années qui ont fasciné l'homme qu'il est devenu. J'ai cru comprendre qu'il projetait d'écrire un autre tome pour les années suivantes.

Au début de ma lecture, j'étais un peu déconcerté, les souvenirs se suivaient mais ils n'étaient pas tous dans l'ordre chronologique (pas que je tienne à tout prix à un pareil ordre, parfois ennuyeux) mais ça semblait aller dans toutes les directions. Il ne semblait pas y avoir de liens dans cette succession d'événements. Mais c'était mal connaître Saramago. Un tel esprit classique fonctionne souvent par circonlocutions et il revenait sans cesse aux mêmes thèmes, aux mêmes faits marquants qui trouvaient leur écho et leur dénouement plus tard.

C'est fascinant de voir comment le cerveau fonctionne, ce dont il se rappelle et ce qui reste flou. C'est que Saramago a entrepris l'écriture de Menus souvenirs sur le tard. À la fin du 20e siècle, se remémorer des dates et des événements s'étant déroulée dans les années '30, alors qu'Internet n'existait pas et que les traces écrites sont incomplètes… Tout un tour de force.

J'ai trouvé l'auteur honnête dans sa démarche. Quand il n'était pas certain d'une information avancée, il le mentionnait. Et parfois il corrigeait une impression quelques pages plus loin. de plus, il décrivait les choses comme elles étaient. le paysage campagnard portugais devait avoir ses côtés bucoliques mais le travail des champs, des oliveraies, pas nécessairement. Pareillement pour les immeubles des quartiers pauvres. Mais la plume réalistes et simple (dans le genre, sans prétention) restait belle et évocatrice.

Il faut dire que la nostalgie battait à plein régime pendant ma lecture. C'est que, à cet âge, l'auteur était tout jeune, des premiers souvenirs de cinq-six ans à son passage au lycée. Et il est un garçon comme tous les autres, espiègle, intelligent et doué (quoique personne ne suspecte encore qu'il deviendra un grand écrivain, à commencer par lui-même), puis charmé par les premiers émois de l'amour.

C'est tout aussi fascinant de constater les situations (vie à la campagne, mort du frère, déménagements, passage à l'école, blessures, etc.) qui auront laissé une impression durable chez Saramago, lesquels il juge important et pourquoi. Pendant ma lecture, je me suis pris au jeu, les souvenirs de l'auteur faisaient remonter les miens à la surface. J'adore être transporté ainsi, voir une oeuvre se prolonger et trouver une résonnance chez moi. Au final, j'en ai appris beaucoup autant sur l'enfance de ce personnage que sur moi.
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« Pendant toute mon enfance et aussi durant les premières années de l'adolescence, ce village pauvre et rustique, avec sa frontière bruissante d'eau et de verdure, avec ses maisons basses entourées du gris argenté des oliveraies, tantôt brûlées par les ardeurs de l'été, tantôt transies par les gelées meurtrières de l'hiver ou noyées par les crues qui pénétraient par les portes, fut le berceau où ma gestation s 'acheva, la poche où le petit marsupial se blottissait pour faire de sa personne, en bien et peut être en mal, ce qui ne pouvait être fait que par elle-même, silencieusement, secrètement, solitairement. (p. 13) »

Lecture débutée en 2015, enfin reprise et savourée complètement, en ce printemps 2020…
Un volume de « menus souvenirs » du Prix Nobel portugais, nous offrant réminescences, anecdotes de son enfance pauvre mais heureuse dans des paysages magnifiques, des grands-parents maternels vénérés… et des évocations de scènes, de personnages réels de cette enfance et adolescence… qui habiteront plus tard ses romans ...!

« L'homme qui s'approche ainsi, brouillé par la pluie qui tombe à seaux, est mon grand-père. le vieillard est fatigué. Il traîne avec lui soixante-dix ans de vie difficile, de privation, d'ignorance. Et pourtant c'est un homme sage, silencieux, qui n'ouvre la bouche que lorsque c'est indispensable. (…)
C'est un homme comme tant d'autres sur cette terre, dans ce monde, peut-être un Einstein écrasé sous une montagne d'impossibles, un philosophe, un grand écrivain analphabète. Quelque chose qu'il ne pourra jamais être. « (p. 123)

Un style limpide et fort poétique, plus fort dans les descriptions de la terre originelle, et des états d'âme de l'enfant qu'était l'auteur ; d'autant plus admirable exercice de la mémoire que José Saramengo a rédigé ses souvenirs d'enfance à la fin de sa vie…rendant vie et hommage à sa famille ainsi qu' à différents personnages, tel le « cordonnier « de son village, lisant Fontenelle !...

Mes deux dernières lectures , même très différentes, se rejoignent sur un thème central : le pays, ainsi que les paysages de nos enfances nous construisent, mais aussi nourrissent en profondeur les artistes, les écrivains. Ce qui est le cas pour Marie-Héléne Lafon avec ses montagnes cantaliennes, et Saramengo, avec le village « rustique » de ses grands-parents maternels, dont il conserve les souvenirs « fondateurs » de ce Portugal pauvre…la vaillance de ses proches dans un quotidien très âpre…


« Sans que quiconque s'en soit aperçu, l'enfant avait déjà déployé des vrilles et des racines, la graine fragile que j'étais alors avait eu le temps de fouler l'argile du sol de ses pieds minuscules et mal assurés pour recevoir la marque indélébile et originelle de la terre, (…) les vents et les bonaces, les douleurs et les joies, les êtres et le néant. J'étais le seul à savoir, sans en avoir conscience, que dans les feuillets illisibles du destin et dans les méandres aveugles du hasard il était écrit je devrais encore retourner à Azinhaga pour finir de naître."

Un magnifique récit… authentique, autobiographique, rendant grâce aux Humbles, aux milieux des plus modestes dont il est issu et fier…
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Un livre doux, poétique et nostalgique regroupant les souvenirs d'enfance de Jose Saramago, prix Nobel de Littérature 1998. L'auteur écrit d'une très belle écriture, teintée d'un léger humour.

J'ai bien aimé ce livre et les souvenirs évoqués : de très beaux paysages de la campagne de son enfance, ses démêlés avec ses voisins et camarades, ses instants de gloire (quand il lit tout un article de journal d'une traite devant les adultes médusés) et ses essais ratés à la pêche et à la chasse. Il évoque aussi ses émois amoureux, la maladie, une attaque assez sordide qu'il a subie de la part de garçons plus grands que lui, et la vie de ses grand parents bien-aimés.

Je pense cependant que le livre aurait gagné à être édité, en retranchant certains passages sans intérêt.
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Saramago avant Saramago! Ce livre de souvenirs est émouvant parce c'est avec beaucoup de tendresse que l'homme retourne dans le pays de son enfance, sur la vie rude et pauvre de sa famille dans le Portugal des années 30. le ton est juste, les images affleurent par vagues, la construction de cette sorte d'autobiographie sort des sentiers battus puisqu'il n'y a pas beaucoup de dates et que la chronologie n'est pas respectée. C'est un récit pudique où nous sommes conviés à partager quelques moments d'intimité.
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J'ai beaucoup aimé la forme narrative de ce livre calquée sur le fonctionnement labyrinthique de la mémoire, un souvenir en appelant un autre. Une très belle écriture, à la fois simple et tout empreinte de poésie.
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Encore un chef d'oeuvre de José Saramago, il suffit de se laisser porter par les lignes pour, par endroits, revivre les étés passés au Portugal… merci.
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SINCÉRITÉ : Pas de promiscuité, non prolixe José SARAMAGO nous crée au travers de "MENUS SOUVENIRS" l'ébaudissement, liesse candide de désuets enfantillages teintés tantôt d'amertumes tantôt de découvertes énamourées
et pleines de désirs inavoués puis vécus. Une lecture incoercible de cet ouvrage par un vocabulaire fébrifuge qui soulage tel un palliatif surabondant de candeur sans omettre quelques litotes bien placées créant l'euphémisme liquoreux et espiègle tant maîtrisé tel une goutte d'eau limpide qui courre intarissablement .
José SARAMAGO se rapproche par le livre du photographe Robert DOISNEAU.
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