L'astragale, ce mot multiple, plante à la vertu médicale où le temps s'étire puis ce mécanisme osseux du pied humain, indispensable pour le mouvement de la marche, un corps de moulure architecturale,
Albertine Sarrazin au fer rouge grave son roman de ce terme à la sonorité lointaine et ambiguë pour un chant sincère et sauvage.
L'astragale empreinte fugace lourde d'une blessure de liberté, est une respiration de vie sans contrainte, une ode d'amour maladroite, une fuite vers l'oasis de la vie.
Albertine Sarrazin est une écorchée vif, sa vie est une aventure tortueuse entre prison, prostitution et l'assistance publique, seront une source profonde pour ses écrits. Révoltée face à un destin tragique, ses livres auront un succès inattendu, boudé par les lecteurs bourgeois de
Sagan et autres auteurs plus conventionnels socialement. Une vie éphémère,
Albertine Sarrazin mourut à l'âge de 29 ans suite à une opération, au moment le plus apaisant de son existence, la gloire de son écriture, une liberté avec son marin julien.
L'astragale, à l'écriture nerveuse, à la première personne, au style argotique à la portée de tous, parsème l'action, les doutes, les humeurs, des anecdotes du passé de l'héroïne comme un miroir à la biographie d'
Albertine Sarrazin. Cette chute de 10 mètres lors de son évasion, brisant
l'astragale de son pied, qui donna le titre de son roman. Cette fracture lui apportera l'amour de sa vie, la rencontre avec julien Sarrazin. Cette fuite vers une vie de liberté se transforme en prison de cache en cache puis en émancipation.
Adolescente, notre jeune héroïne traverse sa vie avec sa naïveté tranquille, une passion sans limite de plaisir, avec un pragmatisme incroyable. Son corps devient une source de rémunération, survivre en volant de l'argent, se donnant aux hommes par envie mais toujours aimant de son sauveur de son protecteur, son âme est amoureuse, son corps aime être aimé.
Cette tribulation narre la souffrance douce de liberté, d'émancipation face à un passé sombre, la sexualité diverse, d'aimer la femme comme l'homme avec la même insouciance. Ce roman étire l'amour dans le temps ; la chair coule lentement vers la jouissance tranquille entre femmes, puis avec l'homme comme une gourmandise multiple sans contrainte avec un naturelle de jeunesse.
Ce roman écrit dans les années 60 plus exactement en 1964 et d'un seul jet en prison, relate la vie de cette époque, la prostitution, la prison pour une jeune adolescente, première fois énoncé dans un livre, l'époque des interdits de séjour.
Ce roman est original dans sa fraicheur d'âme, une hymne à la vie, à la liberté.