si les circonstances ou les convenances (trop proche voisinage, trop minces cloisons, etc) ne permettent pas vraiment de hurler, cela diminue substantiellement la qualité de la jouissance finale
parfois je me demande comment je fais pour tenir debout parmi les débris et les traumatismes, les cassures et les effondrements
le murmure du monde ne m’a pas attendu pour se faire entendre, parfois je rature un mot, mais c’est rare, je rature quand je me rends soudain compte que je me suis trompé, quand par distraction j’ai pris un mot pour un autre, quand je découvre soudain, meurtri, une faute due à ma maigre maîtrise de cette langue qui n’est pas la mienne, quand je découvre que j’ai écrit dissolu pour dissout, le texte ne serait pas lisible, au cas où un lecteur le lirait, pour mon voyage j’ai descendu une petite valise et un petit sac, je ne pars que pour une semaine, trois chemises, ça suffit, et mon peignoir, le matin pendant les premières heures du jour je mets toujours le peignoir, il me protège, sans renier tout à fait ma native nudité, c’est le matin que le monde murmure le moins, parfois j’aimerais me lever avant le jour, accueillir le matin au lieu de le subir,
Lambert Schlechter. Punaise.