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sur 1193 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La Nuit de Feu/Eric Emmanuel Schmitt
C'est un très beau récit que nous offre ici Eric Emmanuel Schmitt, fruit d'une expérience mystique personnelle alors qu'il effectuait une randonnée dans le Hoggar pour les besoins de repérages d'un futur film sur la vie du Père de Foucault au Sahara. EES avait alors 29 ans. Il aura attendu 25 ans avant de confier son aventure spirituelle aux pages de ce livre admirable. Que l'on soit croyant ou non, cette évocation interpelle.
Sur le fond, on a affaire à un récit de voyage dans un cadre somptueux tout autant qu'à une confession et une réflexion philosophique dans un premier temps puis mystique secondairement. Beaucoup d'émotion émane de certains passages et aussi beaucoup de modestie et d'humilité. Un récit riche à tous points de vue.
Sur la forme, comme toujours on rencontre un écrivain qui nous entraine dans une aventure inouïe, dans un style épuré, alerte, sans un mot inutile. Une fois de plus son immense art du dialogue nous rend la lecture très vivante.
Extraits :
« Quelque part mon vrai visage m'attend…Cette pensée cheminait avec moi, lancinante, régulière, à l'unisson de mes pas. »
« Comme ils ne supportent pas l'ignorance, les hommes créent des savoirs. Ils inventent des mythes, ils inventent des dieux, ils inventent un dieu, ils inventent des sciences. Les dieux changent, se succèdent, meurent, les modèles cosmologiques également, et ne persiste qu'une ambition, celle d'expliquer. »
Après la révélation du mont Tahat :
« Ma métamorphose spirituelle, je la ressentais presque organiquement, tel un arbre dont la sève génère des feuilles à profusion…Car telle était bien la conséquence de ma nuit mystique : la béatitude…Quel singulier voyage que cette expédition dans le Hoggar : je croyais aller quelque part et j'arrivais ailleurs. »
« Je suis né deux fois : une fois à Lyon en 1960, une fois au Sahara en 1989. »
Le titre fait allusion au récit sibyllin de sa révélation mystique dans la nuit du 23 novembre 1654 que fit Pascal par la suite : la nuit de feu.
L'épilogue est à lire et relire tant il y a de choses essentielles à en retenir.

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Ce livre est le résumé d'un voyage, un voyage durant lequel EES se rencontre, rencontre sa foi et une nouvelle confiance en la vie. Il part à 28 ans pour une expédition dans le désert du Hoggar, sur les traces de Charles de Foucault (célèbre prêtre, ermite, vénéré en Algérie et mort en martyr). Ils sont dix à parcourir le désert à pied pendant 10 jours, guidés par un américain et un touareg. Chacun est présent pour des raisons diverses, Eric y va afin de se documenter sur Foucault pour les besoins d'un futur film sur l'homme. Mais c'est avec la foi qu'il reviendra de ce voyage qui le marque à vie.
Au delà des paysages magnifiques que décrits l'auteur et de sa plume poétique et captivante, ce roman autobiographique est un véritable cheminement philosophique sur le IL, le Créateur que nous appelons communément Dieu. Cette pensée philosophique et spirituelle se développe au travers de nombreux dialogues, parfois avec lui-même dans ses propres pensées, mais aussi avec une des participantes profondément croyante ou encore avec le touareg qui les accompagne, ces dialogues étant encore plus poétiques du fait qu'ils sont presque muets et liés à l'instinct. C'est un superbe ballet entre eux que nous offre l'auteur, un échange fraternel, un amour de l'autre malgré la barrière de la langue. Grâce à ces différentes rencontres, jusqu'à l'ultime – celle d'avec lui-même – sa pensée sur Dieu se questionne et se transforme.
Au départ sceptique, il se pose en professeur de philosophie nous balançant cette superbe phrase : « Dieu n'existe que sous la forme de sa question » puis il discute, argumente, se questionne tout de même mais sans vraiment ébranler son athéisme. Puis, viens le moment où il se perd, porté par trop de zèle, au milieu du désert. Il croit mourir et nous raconte un moment particulier de fusion avec l'univers, comme une rencontre avec Dieu, il est illuminé. Suite à cela, il retrouve courage et son point de vue sur le IL change. On assiste alors à la fin du cheminement philosophique, à l'anti-thèse du début. Et si Dieu existait ?
L'instant mystique et initiatique ne fait que deux pages, EES l'a écrit – je pense – simplement car il était nécessaire d'en toucher deux mots pour raconter le bouleversement qu'il a eu pendant ce voyage. Plus comme une nécessité de compréhension de l'histoire que comme une finalité du roman. Cela parait si personnelle que ces deux pages sont précisément ce qui suffit à l'ouvrage pour être encore plus mis en valeur. Modeste et humble, l'auteur se livre sans chercher à convaincre.
De mon côté, j'ai été profondément ébranlée par cette lecture qui m'a poussé dans mes retranchements d'athée convaincue, maintenant plus si convaincue. Et malgré y avoir pensé et repensé, j'ai trouvé très délicat de parler de ce livre. Je ne suis pas sûre d'avoir trouvé les mots justes, je crois que cet écrit est fait pour être lu et non pour être raconté ou commenté… J'espère néanmoins vous avoir donné envie !
Lien : https://leslecturesdeninablo..
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Voici un livre qui compte parmi ceux qui me laissent sans voix.
Nul commentaire ne saurait être à la hauteur.
Il va s'agir, je crois, de l'acheter et de l'offrir à chaque fois que je rencontrerai quelqu'un avec qui j'aurais envie de partager l'expérience qu'est la lecture de « La nuit de feu »
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Un livre si intime que j'ai eu l'impression qu'Eric-Emmanuel Schmitt en personne m'en faisait la lecture !
À 28 ans, Eric-Emmanuel part avec Gérard, réalisateur, en voyage de reconnaissance sur les traces de Charles de Foucauld, ce mystique converti qui avait tout abandonné pour vivre avec les touaregs au Sahara. Il s'agit à priori de dix jours d'expédition saharienne au sein d'un groupe qui permettront à Eric-Emmanuel de s'imprégner des lieux et du sage universel afin d'écrire un scénario.
Mais l'auteur, philosophe athée et rationnel, solitaire et plutôt habitué au confort va vivre ce qu'il nomme sa deuxième naissance.

D'abord c'est un « coup de foudre humain » pour Abayghur – le guide touareg aussi pudique que drôle, rêveur, accueillant, pieu et si patient – qui frappe Eric-Emmanuel en plein coeur.

Chacun des membres du groupe s'interroge sur le changement que le désert peut apporter chez quelqu'un. Les discussions vont s'animer, les failles des uns et des autres font surface. Mais une phrase va jaillir dans l'esprit d'Eric-Emmanuel, une phrase obsédante : « quelque part mon vrai visage m'attend ».
Comme les autres, il a ses propres attentes, ses questionnements sur son avenir professionnel, son but de vie.

L'auteur nous livre avec sincérité des secrets de son enfance, certains de ses questionnements, ses fragilités.
Il invite même le lecteur à passer les nuits avec lui, quand la perte de tous les repères familiers et le harassement de la journée de marche ont laissé la place à une angoisse diffuse ravivant même les insomnies contre lesquelles il s'est battu si longtemps. « Comment pourrais-je apprivoiser l'inconnu ? le ramener au banal ? »
Seul au milieu du Hoggar… Seul ? Non, Abayghur est là, figure rassurante et fascinante.

Des journées brulantes, des nuits glaciales, des interrogations sur le divin, ses difficultés à méditer, la disparition de ses rituels font-elles partie de cette remise en question sensée avoir lieu dans le désert ? Rapidement il sent en lui la présence de son père, pas sous forme de souvenir mais de vécu de l'instant présent : « Je m'appelle Eric-Emmanuel Schmitt, je suis le fils de Paul Schmitt et j'existe ». La conscience de l'ici et maintenant est en route. Un cadeau du désert ? du silence ? de l'exil ? du ciel ? de l'univers ? de Dieu ?

Mais arrivé au sommet du Mont Tahat, il prend l'initiative de jouer les chefs de file pour la descente… Il exulte, il vient de découvrir « l'étonnement joyeux » : « Sur terre ce ne sont pas les occasions de s'émerveiller qui manquent, mais les émerveillés ». L'improbable prend alors forme. Il vient de perdre son groupe. Il est seul. « Monsieur le philosophe » se retrouve livré à lui-même.

Eric-Emmanuel nous bouleverse alors en nous partageant le ressenti de sa nuit de feu, cette terrifiante et divine nuit où abandonné, il abandonnera les résistances jusqu'à s'abandonner intégralement.
Avec des mots il tente de retranscrire les émotions, les ressentis, et l'illumination. Il partage comme un frère l'état de béatitude dans lequel il se trouve désormais, cet état qu'il explique avoir vu grandir depuis, encore et encore.

Un livre sur la magie de la venue au monde, la véritable !
Un livre court plus riche qu'une biographie.
Un livre généreux, sensuel et renversant.
Un incontournable de la littérature française et du développement personnel (peu compatibles d'habitude !)
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La nuit de feu est attribuée à Pascal qui découvrit ainsi sa foi en Dieu. Eric-Emmanuel Schmitt connut la même aventure dans le désert du Sahara.
Eric-Emmanuel Schmitt nous livre ses convictions intimes qui ont été chamboulées lors d'une aventure extraordinaire qu'il a connue dans le désert du Hoggar. C'est là qu'il a touché à l'absolu qui bouleversera sa vie. Qu'y faisait-il ? Sur les traces de Charles de Foucauld de Tamanrasset à Assekrem : un trip qui servirait à l'auteur pour alimenter le scenario de film dont Gérard est le réalisateur et qui l'accompagne dans ce voyage. C'est l'occasion pour Eric-Emmanuel Schmitt de rencontrer le touareg Abayghul qui les guide dans ce périple et avec qui il se lie d'amitié.
Une profonde humanité se dégage de ce récit et le lecteur se sent profondément touché par cette expérience qu'a connue l'auteur : toucher à l'au-delà, à Dieu.
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J'ai toujours apprécié le travail d'Eric Emmanuel Schmitt, il fait partie de ces auteurs que je pourrais acheter les livres en fermant les yeux. Après tout, il a réussi à faire quelque chose d'extraordinaire: embellir ma ville dans un de ses livres. Mais ici, on ne parle pas de la ville, on est sur un roman autobiographique, plus exactement une parcelle de vie, il n'est pas facile de réussir à faire une critique sur un roman autobiographique (enfin, je parle pour moi, il y a peut-être des gens qui réussissent cela mieux que moi).

La nuit de feu parle d'une période de la vie d'EE qui a modifié sa vision du monde, sa vision d'un point de vue de l'homme, mais je pense qu'il y a aussi le philosophe qui a changé. Grâce à un voyage dans le désert, il était parti avec certaines convictions, en étant athée et il est revenu avec une croyance. J'admire ce fait, il n'y a pas à dire, mais comme dirait une de mes catéchèses "c'est qu'au départ, il avait déjà des doutes et avait en lui une partie de croyance", bizarrement, j'ai très envie de lui parler, parler de ce qu'il a vécu, de ce qu'il vit encore à l'heure actuelle.


J'ai apprécié ce récit, car je trouve qu'il fait relativement écho à ce que j'ai vécu et ce que je vis. J'aurais aimé en savoir un peu plus notamment sur l'après désert quand il est revenu en France, comment ses proches ont vécu cela.

Je dois avouer qu'au départ, je me suis demandée quand allait arriver cette fameuse nuit de feu qui fait le titre du roman, je me demandais où il voulait m'emmener, mais très vite, j'ai compris pourquoi il n'a pas voulu commencer par la nuit, il devait montrer le cheminement face à cela.

J'ai l'impression d'avoir voyagé, d'avoir appris avec lui, mais j'ai encore tellement de questions suite à ce livre. Mais après tout, c'est peut-être ce qu'il cherchait, qu'on se pose les bonnes questions.
Lien : http://sayyadina.over-blog.c..
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Ce roman vous propose un autre voyage, d'abord un voyage dans le désert du Sahara ou l'auteur à rencontré dans son parcours des scientifiques, des indifférents, des croyants profonds, un touareg et Tarik le chameau.
Mais c'est surtout un voyage initiatique sur la vie, la croyance et la spiritualité.
Éric Emmanuel Schmitt est philosophe, auteur, homme public mais sa capacité à partager son expérience en toute humilité me touche et me permet de me questionner également.
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Dans ce récit, Eric-Emmanuel Schmitt revient sur sa "crise de foi". Il a 28 ans et doit se rendre en expédition dans le désert algérien pour s'imprégner des lieux pour l'écriture d'un livre sur Charles de Foucauld. Philosophe, sportif et athée, il reviendra de ces quelques jours en homme spirituel. Il vivra en effet un événement très particulier. Après l'ascension d'une montagne, il redescend seul et se perd. Une nuit sans eau ni nourriture, sans vêtement chaud, angoissé, mais durant laquelle un événement surnaturel le métamorphosera. J'ai apprécié ce récit dans lequel il se livre en toute intimité. Un récit écrit en 2015, à lire de préférence avant "Le défi de Jérusalem" où il nous livre une autre expérience mystique. (Celui-ci vient juste d'être publié.)
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Eric-Emmanuel Schmitt nous livre dans ces pages une histoire personnelle, une histoire à part qu'il a mis plusieurs années à pouvoir raconter. le pari est réussi, on se laisse flotter à travers ces mots bien choisis , qui témoignent d'une aventure simple évidente et grandiose à la fois. Entre spiritualité et pleine conscience dans un esprit de complète tolérance le lecteur suit avec bonheur le périple de l'auteur à travers les sables du désert qu'il traverse en compagnie d'un homme du désert. Un témoignage touchant qui nous amène au plus profond de nous...
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Page Facebook : Pascale Bookine
blog : pascalebookine.eklablog.com

Dans cette "Nuit de feu", Eric-Emmanuel Schmitt nous livre une part intime de lui-même, celle de sa conversion spirituelle lors d'un voyage au Sahara. Sur les traces de Charles de Foucauld pour les besoins d'un scénario, l'auteur part à la découverte du désert algérien, sans savoir qu'il va y vivre une expérience déterminante pour le reste de sa vie, à l'instar de la "Nuit de feu" vécue par Pascal. Avec un grand talent littéraire et une belle humilité qui lui fait honneur, il partage avec le lecteur ce voyage étrange, qui se lit aisément et avec fluidité malgré son contenu intense.
La description du désert est fascinante et au fil des mots, Eric-Emmanuel Schmitt nous emmène dans un voyage géographique passionnant et dans un voyage intérieur encore plus passionnant, dans une rencontre mystique qui s'opère alors que le désespoir est ultime.
Que l'on soit croyant ou non, on ne peut qu'être interpellé par ce vécu et par la réflexion philosophique et spirituelle qui l'accompagne. Tout n'est qu'ouverture et tolérance dans le message qu'il partage et chacun emportera ce qu'il veut de cette expérience de lecture, la plus grande certitude restant cependant que nous n'en avons pas et que nous ne pouvons que reconnaître humblement que nous ne savons pas, quoi que l'on ait pu toujours nous asséner. Une leçon de modestie dans un monde où règnent les opinions péremptoires et un beau livre dont on sort un peu plus riche.
Lien : http://pascalebookine.eklabl..
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