Je suis un grand fan d'Éric-Emmanuel Schmitt, j'ai lu presque tous ses romans et recueils de nouvelles et je crois bien les avoir tous adorés. Malheureusement,
le poison d'amour fera exception, il n'a pas réussi à m'accrocher. Cette incursion dans le monde des adolescentes, je l'ai trouvé superficielle et artificielle. Et la plume et le talent de l'auteur n'ont rien pu y faire. On entre dans le quotidien de quatre amies : Julia, Anouchka, Colombe et Raphaëlle à travers leur journal intime. Mais, question roman épistolaire, j'ai déjà vu mieux. On passe trop vite de l'une à l'autre. Aussi, habituellement, quand un personnage (ou un individu) couche par écrit les événements de la journée qui l'ont marqué, c'est après-coup. Il y a déjà un certain recul, une certaine distance, qui lui permet d'apporter des nuances, d'ajuster son interprétation des faits marquants. Ici, très peu. Et il ne faut pas braquer l'excuse qu'il s'agit d'adolescentes dans la fleur de l'âge, sensibles, aux émotions exacerbées. Ces quatre jeunes filles – jeunes femmes ! – font preuve de beaucoup d'ingéniosité et d'intelligence. Parfois un peu trop, malgré leur bonne amitié, elles ont des secrets et certaines deviendront manipulatrices et méchantes. Leur excuse ? Elles vivent des situations un peu extrêmes. Bon, peut-être pas tant, tout ce qui leur arrive, d'autres l'ont déjè vécu. Mais, le fait que ce soit concentré chez ces quatre adolescentes, c'est beaucoup à avaler. Je suspecte l'auteur de chercher le drame. Aussi, les événements sont propulsés à la vitesse de l'éclair. Raphaëlle un gros problème et, il n'est même pas encore réglé que celui de Colombe l'éclipse pour être à son tour oublié par celui d'Anouchka. Et ainsi de suite. Divorce des parents, homosexualité, amour, obsession, grossesse adolescente, délinquance juvénile, tout y passe. Ouf ! J'en oublie surement. Ces sujets peuvent paraître anodins vu qu'ils ont été maintes fois traités dans d'autres romans et des séries télévisées mais ils demeurent sérieux. Et les voir abordés sur un ton si léger me cause un certain malaise. J'ai eu beau me répéter que c'est du Schmitt, qu'il en prendre et en laisser, voir la chose avec humour, ne pas tout prendre au premier degré. J'ai eu de la difficulté. Je me suis plusieurs fois demandé quel était le but de cette histoire. Faire comprendre que l'amour est une maladie et qu'il faut s'en détourner ? Que c'est dangereux ? Heureusement, son écriture est toujours aussi belle, sublime, ça m'a aidé à passer à travers ce roman.