J'aime bien Éric-Emmanuel Schmitt, l'homme… finalement, l'écrivain je connais peu… mais j'ai plein d'envie de lecture de ses livres… L'évangile selon Pilate en faisait partie. Une forte curiosité, même si je ne suis pas fondamentalement hyper croyante, bien que d'une famille croyante et pratiquante… j'ai beaucoup de doutes et de questions… donc forcément, ce roman m'intéressait…
Je ne suis pas déçue de cette lecture…
Avec les noms araméens, on commence l'histoire au Jardin des Oliviers, le soir de l'arrestation de Yechoua (Jésus). Il attend… et on replonge avec lui dans son enfance, son cheminement, ses questionnements… et franchement, tout en étant proche, on est tout de même assez loin de l'histoire « traditionnelle » de Jésus. C'est un garçon puis un jeune homme très curieux, différent, qui se pose énormément de questions, qui ne suit pas le chemin qu'on veut lui tracer. Mais il n'est absolument pas question pour lui d'être le fils de Dieu… on le désigne ainsi, comme le fameux messie, attendu de tous…et petit à petit, le chemin se fait… mais pour lui c'est plutôt une recherche intérieure, et finalement une sorte de défi…
On suit son cheminement, son attente… et personnellement bien heureuse, Éric-Emmanuel Schmitt ne nous inflige pas le récit de la crucifixion…
Ensuite, dans la 2e partie, on change d'angle… on se retrouve avec le « fameux » Pilate qui écrit chaque soir à son cher frère Titus, resté à Rome… il lui raconte les évènements, ses doutes, ses difficultés, son amour pour son épouse bien aimée, Claudia, son enquête après la disparition du corps de Yechoua etc.
J'avoue que c'est la partie qui m'a le plus plu… j'ai aimé la personnalité de cet homme, pragmatique, cherchant la vérité, sa vérité, ses doutes, son enquête acharnée pour trouver des explications rationnelles à cette « résurrection », son amour immodéré pour sa femme, qui a rencontré Yechoua, a été entendue de lui, « guérie » par lui et qui s'est convertie au christianisme… etc.
Bref j'ai bien aimé… beaucoup de questions bien sûr et à chacun ses réponses, sa vérité… En plus, Éric-Emmanuel Schmitt est comme moi, très dubitatif concernant Myriam (Marie), la mère de Yechoua, son rôle, les histoires qu'on a raconté très tard sur elle (immaculée conception…). Et puis j'apprécie aussi le nouvel angle avec lequel il nous parle de Yehoûdâh (Judas)…
Dans ma version poche, le roman est suivi du petit ajout « Journal d'un roman volé ». En effet, le manuscrit du roman, l'évangile selon Pilate, en relecture, a été dérobé à
Eric-Emmanuel Schmitt… après déjà de nombreuses années d'écriture… il doit tout réécrire… c'est pour lui l'occasion de nous dire, de partager avec nous lecteur, ses impressions, ses propres doutes, ses croyances, ou non croyances d'ailleurs… Comment il a écrit le roman, ses choix, son propre cheminement… intéressant… personnel !