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sur 361 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une histoire sensible d'une femme, Reine, perdue et abandonnée de tous. Au chômage depuis trois ans, elle peine à s'occuper correctement de ses trois enfants, du moins comme elle le voudrait. Reine a difficile, à avancer, à vivre, alors elle rêve qu'un paradis existe, qu'avant de le trouver au ciel, il doit bien être quelque part, peut-être bien au fond d'elle. Quand elle part dans ses rêveries, elle imagine enlever son monde à la vie, elle et ses enfants, elle imagine le pire comme ces femmes mélancoliques qui imaginent un bonheur hésitant dans un autre monde, celui des morts.
Pourtant Reine est une très belle femme dotée de qualités précieuses. Quand elle voit une annonce pour un travail de thanatopracteur recherchant une personne gentille, elle y voit un signe.
Avec sa mobylette, elle va avancer plus vite. Elle va aller travailler, remplir le frigo, rafraîchir le jardin laissé à l'abandon. Elle finira aussi à rencontrer l'amour à travers un homme artiste qui peint l'amour.
Pauvre Reine pour qui le courage et la volonté ne suffiront pas.
Car la société est telle qu'on la connaît, pernicieuse, voleuse, et elle damne les saints, elle convoite jusque dans la misère pour déplumer les plus nus.

Femme à mobylette est écrit avec beaucoup de sensibilité, de réalisme aussi, avec beauté et simplicité.
Un portrait ode à la féminité dans toute sa splendeur.
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Ayant beaucoup aimé « En vieillissant les hommes pleurent », je me suis laissée tenter par ce nouveau roman qui trônait sur la table consacrée aux nouveautés de la bibliothèque, donc difficile de résister…

Ce roman démarre sur une scène magistrale : Reine est assise près de la table de la cuisine, un couteau à côté d'elle et redoute d'avoir tué ses enfants car il règne un silence inquiétant dans la maison. Que s'est-il réellement passé?

L'auteur nous raconte l'histoire d'une femme, Reine, sur laquelle le destin s'acharne : elle est au chômage, a pris du poids car elle a enchaîné trois grossesses de suite et son mari l'a quittée pour une femme plus jeune, plus aisée. Elle a du mal à nourrir ses enfants et il est parfois difficile de payer la cantine pour qu'ils puissent avoir au moins un repas correct dans la journée. En plus, les services sociaux menacent de lui prendre ses trois enfants, son cher mari prétendant qu'elle est une mauvaise mère…

Comment trouver un travail quand on habite dans une maison assez retirée, sans moyen de locomotion et sans avoir suffisamment d'énergie pour s'accrocher à la vie ? Un jour, elle trouve la force de nettoyer le jardin, enseveli sous des tonnes de ferraille, bric-à-brac en tout genre, car elle veut voir l'herbe… et surprise, sous les gravats : une mobylette en état de marche.

On va assister à une transformation de cette femme, qui devient thanatopractrice, s'occupe des morts pour les rendre plus beaux pour les familles ; elle coud des sortes de patchworks avec des restes de tissus pour en faire des oreillers, des scènes qui symbolisent la vie des autres ou ses propres émotions.

Durant ses voyages à mobylette pour se rendre au travail, elle fait la connaissance d'un routier avec lequel elle va découvrir le véritable amour : il la traite avec délicatesse, elle se sent à nouveau vivante, femme, mais l'a-t-elle jamais été vraiment ?

Jean-Luc Seigle raconte cette femme, lui redonne une légitimité, une dignité qu'on lui a prise, (ou qu'elle ne s'est jamais vraiment sentie en droit d'avoir). Il lui donne vie, alors qu'elle a surtout vécu pour les autres, en s'oubliant au passage. Reine est inscrite dans une longue lignée de femmes qui ont eu des vies difficiles : l'exil, la nécessité de s'en sortir en faisant des travaux difficiles, les unes confortées par leur foi en Dieu, puis sa grand-mère, avec les rêve d'une utopie communiste chevillée au corps.

L'auteur excelle à décrire ces êtres dont la vie est difficile, un combat au quotidien pour survivre, avec les illusions d'un monde meilleur, les inégalités sociales, l'injustice dans ce monde qui se déshumanise, le travail des mains qui ne signifie plus rien à l'heure où tout se dématérialise… une histoire magnifique qui touche le lecteur…

Jean-Luc Seigle nous propose ensuite une réflexion qu'il a appelé « A la recherche d'un sixième continent » partant à la recherche de ce qu'on appelle le roman populaire, et les vrais portraits de femmes (une femme comme personnage principal, qui soit autre chose qu'une nunuche… il faut attendre Lamartine !). Cette réflexion qui nous emmène jusqu'à New-York, la statue de la liberté, les immigrants, Ellis Island, est magistrale.

J'ai beaucoup aimé Reine, son histoire, son combat et le regard sans complaisance que jette l'auteur sur la société de consommation.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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J'aime beaucoup Jean-Luc Seigle, sa sensibilité d'écorché vif, sa pudeur de paysan, sa fraternité avec tous les sans-grade, les sans voix, les sans dents. Et aussi sa fidélité à son pays- la belle Auvergne-, à ses aïeux - un ancien poilu, une grand-mère communiste.

J'ai pourtant été un peu déçue par la première partie de ma lecture: Femme à la mobylette, un récit presque misérabiliste, doloriste, toujours à deux doigts du poncif.

Est-ce le second métier de Seigle -scenariste- qui l'a à ce point influencé, mais je n'ai cessé de penser à "Y-aura t'il de la neige à Noël ?" de Sandrine Veysset , à " Lady Bird " de Kenneth Loach et à "Une femme sous influence" de John Cassavetes ..et pourtant derrière cette histoire à vous arracher des larmes un peu trop convenue, je ne cessais de sentir la sincérité, la vibration d'un autre message complètement vécu et vraiment original...

"Femme à la mobylette ", -sans article- est un titre de tableau, et J.L. Seigle a longtemps hésité à être peintre...

Ce roman "femme à la mobylette" est comme la deuxième couche qui tente de recouvrir un pentimento : derrière elle, l'écrivain publie un court récit de voyage qui, à lui seul, vaut la lecture.

Parce qu'il éclaire et creuse à la fois les ombres du premier récit.

Parce qu'il est l'ébauche discrète, timide, et toute personnelle d'une ambition -écrire un roman populaire dont la femme du peuple, cette éternelle assujettie de la littérature, serait l'héroïne.

Parce qu'il fait entendre l'expression d'une fêlure, presque d'une folie - celle d'un abandon maternel qui a investi le recours à la langue " maternelle "d'un pouvoir absolu et terrifiant- surtout quand autour de lui on ne parle plus que l'anglais..

"A la recherche du sixième continent De Lamartine à Ellis Island"-c'est le titre intrigant de ce deuxième récit- est un petit essai...et une grande lecture!

Rien que pour lui, il faut lire Femme à la mobylette!

Juste un mot, encore: Reine, l'héroïne de Femme à la mobylette porte le même prénom que la femme du peuple venue demander au grand Lamartine, initiateur du roman populaire et "féministe" d'écrire enfin des romans sur elles et pour elles , ces femmes du peuple, avec ou sans mobylette, vraies "prolétaires" au sens étymologique, puisqu'elles n'ont parfois que leurs enfants - en latin: proles, rejeton- pour se sentir exister...quand on ne les leur enlève pas..
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Jean Luc Seigle à une "belle plume",de nombreux lecteurs s'accordent à le dire et cette qualité ne se dément pas dans ce très émouvant roman.Quel beau personnage que cette jeune femme,Reine,qui,au bord du désespoir absolu,va recevoir un "petit coup de main"du destin pour tenter sa remontée de nulle part,pour retrouver l'amour de ses enfants,l'amour d'elle même, l'amour de l'autre ,le droit à la dignité ,tout simplement.On vit avec elle,on pense avec elle,on l'aide moralement tant on espère qu'elle sortira victorieuse d'un combat inégal ,passeport pour la liberté de crier "j'existe!".
Autre héroïne du roman,la mobylette bleue,objet du renouveau,source de l'espoir et....Ces fameuses mobylettes bleues, quel hommage à ce cyclo si essentiel ,il n'y a pas si longtemps , à la vie de milliers de personnes aux moyens modestes pour qui l'achat d'une voiture ne constituait rien d'autre qu'une cruelle chimère.
Un beau roman âpre ,dérangeant ,un roman qui nous dit que,oui,pour certains, trop nombreux, la vie est un sacré combat, qui nous incite aussi à n'a jamais oublier qui l'on est et d'où l'on vient, les racines quoi,on y revient encore et encore....
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Drame social noir et fable "fleur bleue" : Reine, dotée d'une richesse intérieure et créative, élève seule ses trois enfants ; disposant de revenus précaires dans un premier temps, elle va pouvoir rebondir grâce, entre autres, à une mobylette ! Je vous laisse découvrir la suite ....

D'une écriture captivante et fluide, Jean-Luc Seigle croque le personnage de Reine qui s'égare par moment et vit "en dehors" du monde qui l'entoure. Elle est ainsi incomprise par la société qui a des codes différents des siens.

Ouvrage émouvant et touchant.
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Dans Femme à la mobylette, Jean-Luc Seigle nous montre une nouvelle fois sa sensibilité et son attrait pour les femmes qui semblent abandonnées par tous.

En effet, j'avais connu l'auteur grace à son précédent roman, Je vous écris dans le noir, qui réhabilitait un peu avant Philippe Jaenada, cette Pauline Dubuisson à la destinée incroyable.

Cette année, si Reine, l'héroïne de Femme à la mobylette, le nouveau roman de Seigle est totalement fictionnelle, elle n'en est pas moins également malmenée par la société et les vents contraires .

Mère de trois enfants, abandonnée de tous et notamment de son mari Olivier , cette femme essaie de s'en sortir tant bien que mal, malgré les difficultés financières et la difficulté d'élever ses enfants.

Lorsqu'elle découvre une vieille mobylette bleue des années 60 sous les détritus de son jardin bien encombré, l'espoir renaît : une nouvelle vie est possible. Qui dit engin dit travail et peut etre aussi l'amour

C'est cet espoir et cette possibilité d'un avenir moins sombre et moins plombant qui interesse surtout Jean Luc Seigle dans ce feel good book, qui cherche à nous raconter combien le sourire peut revenir sur le visage d'une femme.

Une femme qui était au bout du rouleau et comment une simple mobylette peur lui faire rendre un peu de cette dignité qu'elle avait perdu, cette Reine, qui n'avait, malheureusement, à cause des aléas de la vie, plus grand chose de royale.

Posant un regard juste et sensible sur les laissés-pour-compte de la société, Jean luc Seigle tente- et y parvient la plupart du temps, malgré quelques personnages secondaires réduits au rang de silhouette- de nous faire partager sa vision aussi réaliste que résolument optimiste.

Vu la société actuelle, on a tout à fait envie de le suivre et d'enfourcher avec son attachante héroine la mobylette qu'il nous présente comme catalyseur de sa nouvelle vie.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"On ne tue plus à bout portant les pauvres qui se rebellent. Aujourd'hui on les tue en les abandonnant, en les affamant, en les oubliant."
Terrible constat ! Criant de vérité.

Elle s'appelle Reine, mais n'a de royal que son prénom. C'est une reine déchue. Une reine sans château ni cour. Une reine sans-le-sou.
J'ai vraiment aimé ce portrait de femme abandonnée, laissée-pour-compte, désespérée.
Une femme comme il en existe malheureusement tant dans notre société. Une femme qui n'y arrive plus et se demande avec angoisse comment elle va pouvoir nourrir ses enfants.
J'ai beaucoup aimé l'intervention de la mobylette, un peu comme lorsqu'un objet miraculeux apparaît dans un conte et change tout. Une baguette magique, en somme.

Et après ?
Après, j'ai nettement moins accroché.
Autant le portrait de Reine et de ses enfants m'a semblé très juste et du coup très émouvant, autant la suite m'a paru basculer dans quelque chose de trop sirupeux à mon goût.

Jean-Luc Seigle m'avait régalée dans "Je vous écris dans le noir", un livre bouleversant dans lequel il s'était montré extrêmement fin dans son portrait de femme devenue meurtrière.
Je relirai cet écrivain sensible, c'est certain, même si ce roman-ci ne m'a pas totalement convaincue.
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Que le mal puisse se cacher sous le bien, que les sans voix meurent dans la solitude, que la sincérité soit étouffée par les plus hypocrites,qu'une femme puisse mourir d'amour, mais aussi d'être mère, que la loi soit inflexible, que les faits ne parlent jamais d'eux-mêmes.
Que l'amour surgit d'une rencontre, qu'un rebut puisse être l'instrument d'une re(co)naissance, que de la mort puisse jaillir la joie, que d'une mère puisse s'épanouir une femme,
Que de ce qui est transmis, il ne se perd presque rien,
Que de notre vie, nous ne soyons que rarement les maîtres,
Voilà , entre beaucoup d'autres réflexions et émotions, ce que m'a apporté Femme à la mobylette
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Ce livre il a été beaucoup cité depuis sa sortie, je ne l'avais pas encore lu et je m'étais imaginée je ne sais quoi. Une histoire de femme qui va peut-être s'en sortir grâce à une mobylette, trouvée sous un tas d'immondices.
La solitude, la misère, l'abandon, les assistantes sociales.... et puis un couteau sur une table. La femme s'interroge. A-t-elle poignardé ses enfants? Alors je suis entrée dans l'histoire, j'ai enfilé les phrases les unes après les autres. Comme si je défrichais un terrain. Avancer pour savoir... J'ai aimé découvrir la lignée de cette femme, des ébauches de vie simples mais plus ou moins fracassées.
Le livre est court et pourtant il y une rupture dans le récit au milieu. Cette partie là je l'ai lue encore plus vite, pour m'en débarrasser. Je n'en voyais pas l'intérêt. Je n'accrochais pas à cette rencontre improbable... Elle m'expliquait par contre cet étrange bandeau sur le roman. Et puis le métier de thanatopracteur je l'avais déjà rencontré dans un roman d'Akli Tadjer alors…
J'ai fini le roman sans pousser les phrases, c'est lui qui me guidait pour cette dernière partie.
Je pensais ne pas avoir (trop aimé) cette histoire et depuis elle ne me lâche pas. J'ai l'impression d'avoir rencontré Reine, de l'avoir connue. Son histoire semble tellement convenue et pourtant j'y ai trouvé une force, une empathie, une douleur qui m'ont touchées.
Tout est dit avec l'amour de cette mère pour ses enfants, et contre cette société qui rejette les plus démunis. Implacable, terrible et sans doute vrai.
Femme à mobylette ce n'est pas une caricature, c'est un désespoir.
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Toute une nuit entière elle a pensé mettre fin à la vie de ses enfants, puis à la sienne. Même si la sienne n'a plus aucune importance. On ne dit jamais le nom de ceux qui chutent. La chute de Reine dure depuis trois ans, la chute n'en finit pas. Olivier est parti de la maison après qu'elle ait perdu son travail, il l'a laissée avec trois enfants de moins de dix ans. Des enfants soudés pour mieux résister aux secousses que leur mère ne parvient plus à leur éviter. Effacée du monde, elle se débobine., le jardin qui s'est transformé en dépotoir, les enquêtes des assistantes sociales,pas d'argent, pas d'avenir.

Une mobylette qui après deux ou trois étouffements, finit par vrombir et Reine revient définitivement à la vie. Elle trouve un emploi de passeur entre les vivants qui ne le sont plus et Dieu que personne ne voit. Sans un caprice de la mécanique de la mobylette elle n'aurait jamais rencontré Jorgen. Il éclaire quelque chose dans sa nuit pour qu'elle ne s'égare plus, il est peintre et elle sera l'amour du peintre. Mais le retour au réel va être terrible.

Portrait d'une femme qui lutte avec courage et acharnement contre les galères. Une femme qui rêve d'être emportée le plus loin possible tout en restant sur place, mais qui n'arrive pas à faire quelque chose de sa vie sans mettre les autres en danger. Une femme pauvre qui n'a rien, rien que ses enfants et qui va les perdre. Un récit simple, bouleversant, où la sensibilité de l'auteur transpire à chaque page.

A noter que ce roman est suivi d'un texte intitulé « à la recherche du sixième continent » à la fois carnet de voyage, souvenirs d'enfance mais surtout une réflexion profonde sur les migrants, sur leurs apports à nos pays, réflexion aussi sur les pauvres, les sans grades, ceux qui ne prennent jamais la parole. Ce texte à lui seul justifie l'achat de ce livre.


Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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