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sur 360 notes
Je suis une "aficionada" de Jean-Luc Seigle... Sa sensibilité, ses thématiques, son style me touchent au plus profond... Là aussi, cela a marché... sauf que je suis comme les enfants, j'ai du mal à accepter les histoires qui finissent mal...

Une histoire qui débute dans le désespoir d'une femme, Reine, acculée financièrement, et mentalement. Au chômage depuis un long moment, abandonnée par son mari, elle ne sait comment sortir du tunnel, et faire vivre décemment ses trois enfants...Elle pense à faire le pire...Ouf, elle se reprend, nettoie son jardin, embarrassé par des tonnes d'objets,
de ferraille, que son mari avait accumulés... Elle veut au moins retrouver un jardin digne de ce nom, des fleurs...une sorte de beauté dans le quotidien, qui aide à vivre et à espérer... ....et MIRACLE, elle va trouver une vieille mobylette, qu'elle parvient à faire démarrer. Cette chère mob. va lui permettre de se présenter à un
entretien de boulot...

Elle deviendra thanatopracteuse", pourra redresser "la barre",faire vivre ses enfants; parallèlement, elle rencontre un homme,"cabossé" comme elle, cela sera le coup de foudre immédiat, entre eux... On est content... La vie semble à nouveau sourire à Reine, mais le sort... va revenir s'acharner ! je n'en dis pas plus...

Même si le style est aéré, poétique, ne fait que suggérer; A nouveau le ciel s'assombrit très violemment ! A tel point que j'ai achevé l'histoire de Reine et de ses enfants, la gorge complètement nouée...On espérait tellement que les batailles, l'acharnement, la gentillesse et les talents de cette femme voient la fin du mauvais temps, des tempêtes !..

"Travailler avec des morts ne pouvait pas être pire que travailler à l'usine. Et puis, les morts, sûrement à cause de sa proximité depuis l'enfance avec les ancêtres, lui faisaient au fond moins peur que les vivants. Ca risquait même d'être assez agréable de préparer
des hommes et des femmes à devenir des fantômes" (p. 32)

"Les enfants médusés, ne posent aucune question. Sacha se contente de dire: "Tu touches les morts", avec une certaine admiration. Sonia ajoute: "Non elle ne les touche pas, elle les habille pour les faire beaux."
Igor est des trois le plus impressionné à l'idée que sa mère serve de passeur entre des vivants qui ne le sont plus et Dieu que personne ne voit. Il aime les points de force de sa mère , son courage, sa vivacité, son acharnement à vouloir transformer la réalité avec ses
tissanderies, sa propension aussi à l'émerveillement tout en sachant que son comportement volontariste, cette violence qu'elle se fait subir à elle-même pour être à la hauteur, n'ont pour socle que son extrême fragilité." (p. 91)


Comme à chacune de mes lectures de Jean-Luc Seigle, je ressent très vivement l' empathie, et la compréhension intime de l'écrivain envers les personnages qu'il met en avant !

J'ai été très émue par ce personnage féminin, pauvre, accablée par la précarité, mais qui reste un personnage lumineux, qui aime la vie , l'amour , ses enfants, sa grand-mère qui l'a élevée avec intelligence et bienveillance... qui garde un esprit d'enfant, elle
s'émerveille de tout, croit à une renaissance possible grâce à l'amour qu'elle rencontre en la personne aussi attachante et blessée qu'elle, Jorgen, routier au demeurant qui se révèle être un peintre connu, de talent mais qui écoeuré par le monde commerçant, vénal de l'art, lâche tout !!
. Deux êtres "purs", authentiques qui veulent une vie meilleure, comme un monde meilleur...

Je ne reviens par sur la conclusion qui me peine et que
j'imagine différente, dans ma tête !!

Ce qui m'a particulièrement retenu c'est le deuxième texte qui prolonge le roman...Et qui donne quelques clefs sur les sujets récurrents qui habitent depuis très jeune, Jean-Luc Seigle....

Ce deuxième texte plus autobiographique, où des éléments de son parcours nous permettent de mieux saisir le choix de ses personnages parmi "les éclopés de la vie", des exclus, des personnes trop modestes pour se sentir le droit de prendre la parole...Il est le digne petit-fils de ses grands-parents communistes qui l'ont élevé: un grand-père , paysan, et une grand-mère, femme de ménage, qui lisait la nuit, et a transmis son amour des livres à son petit-fils....

Dans ce texte intime, il relate un voyage qu'il a effectué en Amérique... Cela lui permet d'aller au-delà du Voyage, à proprement dit, pour parler du monde, des "pauvres" sur cette terre, des émigrants qui participent
à la richesse, à la construction des pays d'accueil... mais ils sont le plus souvent les laissés pour compte... Une crise économique survient, des troubles sociaux... et très vite, les mauvais comportements envers "l'Etranger" resurgissent...encore et encore !

"Quand les pauvres n'en peuvent plus, ils prennent des balais qu'ils chevauchent et montent au ciel pour échapper à l'injustice sur terre. C'est ce qu'elle raconte souvent à ses enfants qui ne la croient pas." (p. 33)

Sans être un manifeste, ce texte accompagné de photographies éloquentes dont des clichés de Long Island, et d'autres lieux...est de façon sous-jacente, une réflexion sur les devoirs d'un écrivain, qui ne peut pas rester neutre dans une société remplie d'injustices
criantes et inacceptables!

Je ne peux m'empêcher de me rappeler le texte fabuleux de Jean-Luc Seigle sur Charles Péguy, qu'il a sorti avec bonheur des clichés habituels, et des images
stéréotypées où il se trouvait...

Péguy a écrit, s'est battu, a écrit pour se battre et défendre l'essentiel à ses yeux. Curieusement, nous retrouvons un petit garçon vif, élevé avec amour
par une mère veuve et pauvre, qui rempaillait des chaises pour survivre et élever son fils...
Des échos, des liens résonnent entre les ouvrages de Jean-Luc Seigle, dont les mêmes injustices,
dysfonctionnements de la société... le font sortir de ses gongs et lui font prendre la plume... ! Pour notre immense plaisir et émotions sans partage !!

Je termine cette chronique déjà bien longue par cette dernière citation:

"Au fond, elle n'a rien voulu d'autre dans sa vie qu'inventer le paradis, sans pour autant l'étendre à toute la terre comme sa communiste d'Edmonde le lui avait appris; Reine voulait seulement l'inventer dans
sa maison. Peut-être l'étendre jusqu'au jardin. Ca lui paraissait raisonnable. Plus réalisable que le paradis sur terre." (p. 66)
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Une histoire sensible d'une femme, Reine, perdue et abandonnée de tous. Au chômage depuis trois ans, elle peine à s'occuper correctement de ses trois enfants, du moins comme elle le voudrait. Reine a difficile, à avancer, à vivre, alors elle rêve qu'un paradis existe, qu'avant de le trouver au ciel, il doit bien être quelque part, peut-être bien au fond d'elle. Quand elle part dans ses rêveries, elle imagine enlever son monde à la vie, elle et ses enfants, elle imagine le pire comme ces femmes mélancoliques qui imaginent un bonheur hésitant dans un autre monde, celui des morts.
Pourtant Reine est une très belle femme dotée de qualités précieuses. Quand elle voit une annonce pour un travail de thanatopracteur recherchant une personne gentille, elle y voit un signe.
Avec sa mobylette, elle va avancer plus vite. Elle va aller travailler, remplir le frigo, rafraîchir le jardin laissé à l'abandon. Elle finira aussi à rencontrer l'amour à travers un homme artiste qui peint l'amour.
Pauvre Reine pour qui le courage et la volonté ne suffiront pas.
Car la société est telle qu'on la connaît, pernicieuse, voleuse, et elle damne les saints, elle convoite jusque dans la misère pour déplumer les plus nus.

Femme à mobylette est écrit avec beaucoup de sensibilité, de réalisme aussi, avec beauté et simplicité.
Un portrait ode à la féminité dans toute sa splendeur.
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Reine apparaît au début du roman comme une jeune femme prête à commettre l'irréparable. Le couteau de cuisine est sur la table.
Va-t-elle tuer ses trois enfants et elle ensuite ?
Olivier, son mari, est parti. Elle arrive en fin de droits, n'a plus de travail.
Premier miracle, elle trouve une mobylette en état de marche dans le grand fatras de son jardin qu'elle se décide à nettoyer.
On s'aperçoit que Reine qui se trouvait bonne à rien, sait coudre, se révèle être une artiste en réalisant de petits tableaux qu'elle appelle ses tissanderies.
Elle retrouve un travail non déclaré, hélas mais tout à fait en accord avec ses capacités.
Deuxième miracle, elle arrive à plaire à un homme.
Jean-Luc Seigle nous fait partir sur une ascendance d'évènements heureux.
C'est sans compter sur la suite...
Troisième livre que je lis de l'auteur et c'est un très beau roman écrit avec une grande sensibilité et des personnages pêchés on ne sait où comme Edmonde, la grand-mère de Reine, communiste, en adoration devant la Russie; Anna, sa mère qu'elle n'a pas connue, qui lisait Anna Karénine; le camionneur Jorgen qui lui parle de Rembrandt et de Bethsabée.
La scène que je préfère, c'est lorsqu'elle se coud un caban avec un rideau de douche garni de pivoines.
Le camionneur qu'elle rencontre l'appelle "Femme à la mobylette" comme on donnerait un titre à un tableau.
Une histoire percutante, d'une grande profondeur qui colle à l'actualité pour la pauvreté vécue en toute modestie avant qu'elle n'éclate dans les rues ces derniers temps.
J'avais eu peur du début que je craignais être trop violent mais c'est une très belle lecture, une très belle rencontre avec une dame bien plus riche en talents qu'elle ne le croyait.
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Ayant beaucoup aimé « En vieillissant les hommes pleurent », je me suis laissée tenter par ce nouveau roman qui trônait sur la table consacrée aux nouveautés de la bibliothèque, donc difficile de résister…

Ce roman démarre sur une scène magistrale : Reine est assise près de la table de la cuisine, un couteau à côté d'elle et redoute d'avoir tué ses enfants car il règne un silence inquiétant dans la maison. Que s'est-il réellement passé?

L'auteur nous raconte l'histoire d'une femme, Reine, sur laquelle le destin s'acharne : elle est au chômage, a pris du poids car elle a enchaîné trois grossesses de suite et son mari l'a quittée pour une femme plus jeune, plus aisée. Elle a du mal à nourrir ses enfants et il est parfois difficile de payer la cantine pour qu'ils puissent avoir au moins un repas correct dans la journée. En plus, les services sociaux menacent de lui prendre ses trois enfants, son cher mari prétendant qu'elle est une mauvaise mère…

Comment trouver un travail quand on habite dans une maison assez retirée, sans moyen de locomotion et sans avoir suffisamment d'énergie pour s'accrocher à la vie ? Un jour, elle trouve la force de nettoyer le jardin, enseveli sous des tonnes de ferraille, bric-à-brac en tout genre, car elle veut voir l'herbe… et surprise, sous les gravats : une mobylette en état de marche.

On va assister à une transformation de cette femme, qui devient thanatopractrice, s'occupe des morts pour les rendre plus beaux pour les familles ; elle coud des sortes de patchworks avec des restes de tissus pour en faire des oreillers, des scènes qui symbolisent la vie des autres ou ses propres émotions.

Durant ses voyages à mobylette pour se rendre au travail, elle fait la connaissance d'un routier avec lequel elle va découvrir le véritable amour : il la traite avec délicatesse, elle se sent à nouveau vivante, femme, mais l'a-t-elle jamais été vraiment ?

Jean-Luc Seigle raconte cette femme, lui redonne une légitimité, une dignité qu'on lui a prise, (ou qu'elle ne s'est jamais vraiment sentie en droit d'avoir). Il lui donne vie, alors qu'elle a surtout vécu pour les autres, en s'oubliant au passage. Reine est inscrite dans une longue lignée de femmes qui ont eu des vies difficiles : l'exil, la nécessité de s'en sortir en faisant des travaux difficiles, les unes confortées par leur foi en Dieu, puis sa grand-mère, avec les rêve d'une utopie communiste chevillée au corps.

L'auteur excelle à décrire ces êtres dont la vie est difficile, un combat au quotidien pour survivre, avec les illusions d'un monde meilleur, les inégalités sociales, l'injustice dans ce monde qui se déshumanise, le travail des mains qui ne signifie plus rien à l'heure où tout se dématérialise… une histoire magnifique qui touche le lecteur…

Jean-Luc Seigle nous propose ensuite une réflexion qu'il a appelé « A la recherche d'un sixième continent » partant à la recherche de ce qu'on appelle le roman populaire, et les vrais portraits de femmes (une femme comme personnage principal, qui soit autre chose qu'une nunuche… il faut attendre Lamartine !). Cette réflexion qui nous emmène jusqu'à New-York, la statue de la liberté, les immigrants, Ellis Island, est magistrale.

J'ai beaucoup aimé Reine, son histoire, son combat et le regard sans complaisance que jette l'auteur sur la société de consommation.
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Parfois je me dis dis que j'ai un sérieux problème mental… Choisir ce livre alors que je passe toutes mes journées de travail avec des femmes comme Reine est une aberration.

Mais bon, il est là ce livre avec la vie de Reine, un peu comme une évaluation de travailleurs médicaux-sociaux, rédigée cette fois par un écrivain poète.

Reine est pleine de richesse mais elle ne le sait pas. Elle survit. Avec ses trois enfants. Avec le chien et le bordel du jardin, laissés par son mari quand il est parti avec une femme plus attirante et riche.

Elle est en fin de droits, nourrit ses enfants avec du chocolat chaud et des tartines le soir, ne peut plus payer la cantine et doit faire avec toutes les mauvaises pensées qui l'assaillent sans lui laisser de répit et lui font frôler la folie sous le regard lucide de ses enfants.

Après une pensée particulièrement morbide puis le soulagement ce matin-là en voyant ses trois enfants se lever, elle décide de se reprendre. Elle va nettoyer la décharge qui lui sert de jardin et la solution est là sous cet amas de ferraille : une vieille mobylette bleue qui va lui permettre d'accepter un job dont personne ne veut. Parce quand on est pauvre à la campagne, on cumule le chômage et le manque de mobilité. Alors cet engin c'est le début de sa nouvelle vie, de sa liberté. Pouvoir acheter des bricoles pour les petits et de la nourriture. S'habiller correctement, être propre et avoir un but dans la journée. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, elle rencontre à nouveau l'amour.

De l'argent, de la dignité, de l'amour, un travail et vous pensez que Reine va s'en sortir ? Vous pensez qu'avec un coup de baguette magique, la vie de cette femme et de ses enfants va changer ? le malheur colle à la peau comme la crasse, je vous le dis, et pire je suis payée pour le savoir.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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J'aime beaucoup Jean-Luc Seigle, sa sensibilité d'écorché vif, sa pudeur de paysan, sa fraternité avec tous les sans-grade, les sans voix, les sans dents. Et aussi sa fidélité à son pays- la belle Auvergne-, à ses aïeux - un ancien poilu, une grand-mère communiste.

J'ai pourtant été un peu déçue par la première partie de ma lecture: Femme à la mobylette, un récit presque misérabiliste, doloriste, toujours à deux doigts du poncif.

Est-ce le second métier de Seigle -scenariste- qui l'a à ce point influencé, mais je n'ai cessé de penser à "Y-aura t'il de la neige à Noël ?" de Sandrine Veysset , à " Lady Bird " de Kenneth Loach et à "Une femme sous influence" de John Cassavetes ..et pourtant derrière cette histoire à vous arracher des larmes un peu trop convenue, je ne cessais de sentir la sincérité, la vibration d'un autre message complètement vécu et vraiment original...

"Femme à la mobylette ", -sans article- est un titre de tableau, et J.L. Seigle a longtemps hésité à être peintre...

Ce roman "femme à la mobylette" est comme la deuxième couche qui tente de recouvrir un pentimento : derrière elle, l'écrivain publie un court récit de voyage qui, à lui seul, vaut la lecture.

Parce qu'il éclaire et creuse à la fois les ombres du premier récit.

Parce qu'il est l'ébauche discrète, timide, et toute personnelle d'une ambition -écrire un roman populaire dont la femme du peuple, cette éternelle assujettie de la littérature, serait l'héroïne.

Parce qu'il fait entendre l'expression d'une fêlure, presque d'une folie - celle d'un abandon maternel qui a investi le recours à la langue " maternelle "d'un pouvoir absolu et terrifiant- surtout quand autour de lui on ne parle plus que l'anglais..

"A la recherche du sixième continent De Lamartine à Ellis Island"-c'est le titre intrigant de ce deuxième récit- est un petit essai...et une grande lecture!

Rien que pour lui, il faut lire Femme à la mobylette!

Juste un mot, encore: Reine, l'héroïne de Femme à la mobylette porte le même prénom que la femme du peuple venue demander au grand Lamartine, initiateur du roman populaire et "féministe" d'écrire enfin des romans sur elles et pour elles , ces femmes du peuple, avec ou sans mobylette, vraies "prolétaires" au sens étymologique, puisqu'elles n'ont parfois que leurs enfants - en latin: proles, rejeton- pour se sentir exister...quand on ne les leur enlève pas..
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Jean Luc Seigle à une "belle plume",de nombreux lecteurs s'accordent à le dire et cette qualité ne se dément pas dans ce très émouvant roman.Quel beau personnage que cette jeune femme,Reine,qui,au bord du désespoir absolu,va recevoir un "petit coup de main"du destin pour tenter sa remontée de nulle part,pour retrouver l'amour de ses enfants,l'amour d'elle même, l'amour de l'autre ,le droit à la dignité ,tout simplement.On vit avec elle,on pense avec elle,on l'aide moralement tant on espère qu'elle sortira victorieuse d'un combat inégal ,passeport pour la liberté de crier "j'existe!".
Autre héroïne du roman,la mobylette bleue,objet du renouveau,source de l'espoir et....Ces fameuses mobylettes bleues, quel hommage à ce cyclo si essentiel ,il n'y a pas si longtemps , à la vie de milliers de personnes aux moyens modestes pour qui l'achat d'une voiture ne constituait rien d'autre qu'une cruelle chimère.
Un beau roman âpre ,dérangeant ,un roman qui nous dit que,oui,pour certains, trop nombreux, la vie est un sacré combat, qui nous incite aussi à n'a jamais oublier qui l'on est et d'où l'on vient, les racines quoi,on y revient encore et encore....
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Moi qui avait beaucoup aimé les romans précédents de Jean-Luc Seigle, me voilà bien embêté avec cette "Femme à la mobylette" qui malgré un sujet fort m'a pourtant ennuyé pour ne pas dire désintéressé. La belle écriture de Seigle est là bien présente mais le miracle tant désiré par Reine son héroïne me semble qu'effleurer par un style distancié qui pour ma part m'a laissé constamment en marge du récit. La vie de cette femme constamment en lutte pour rester debout et garder intact l'amour de ces enfants prend des chemins escarpés qui m'ont plus perdu que touché.
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« Femme à la Mobylette » : Pourrait être le nom d'une toile peinte avec les pinceaux des mots émouvants, justes et précis du peintre de l'âme : Jean-Luc Seigle.
Au premier plan : Reine, femme sans emploi, trois enfants, quittée par son mari.
Le noir des ténèbres de la misère, de la tristesse et de la désillusion domine sur l'ensemble de l'oeuvre.

Cette peinture sociale est éclairée par la « bleue », mobylette emblématique érigée par l'artiste en véritable sauveur de la condition de Reine.

Le style hyperréaliste nous entraîne droit au coeur de l'intrigue. Nous sommes littéralement absorbés, happés par les phrases courtes en petites touches alertes à croquer pour en conserver l'urgence, le cri du désespoir.

J'ai un travail ! Elle illuminera la mort en apprêtant les corps par son métier de thanatopractrice.

La palette des sentiments de Reine est extrêmement bien nuancée particulièrement dans ses rapports avec ses enfants, ses ancêtres et notamment avec sa grand-mère Edmonde qui l'a élevée, forgée.

La lumière viendra d'ailleurs, orange irisée, produite par le clignotant du camion de Jorgen, routier hollandais qu'elle rencontrera sur un parking, mobylette en panne.
« Tu es le modèle de la vie ». Sincérité, amour. le bleu du ciel se déverse sur Reine. Jorgen veut la peindre, la compare à Bethsabée de Rembrandt. « C'est mon tableau, le préféré au monde. Et toi, ma femme à la mobylette, tu es belle comme elle ».

Reine n'échappera pas à la triste réalité. « Il faudrait que les pauvres se contentent de la joie d'être en vie ».

Jean-Luc Seigle est un hypnotiseur, ses phrases ensorcelantes te dévorent, dévorent ton sommeil. Tu vies la vie que tu lis. Ce roman est triste, sa fin l'est encore plus.

Si ce n'était que moi, sur le porte-bagage de la mobylette, dans un cageot, j'y aurais bien mis deux litres de « rouge » pour faire plus beau dans le tableau et surtout pour oublier le chagrin et le malheur mais pas la façon de les dépeindre.
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Reine est à bout. Au bout du bout. Plus de mari, parti voir ailleurs. Plus de travail. Plus de voiture pour en trouver. Plus d'argent. Que reste-t'il au bout de la route quand il n'y a plus rien à quoi s'accrocher. Les enfants ? Ses enfants, ses trois petits qu'elle surnomme affectueusement le monstre à trois têtes ? Mais même eux n'arrivent plus à la maintenir à flot. Alors elle lutte, elle lutte contre l'envie d'en finir et de les emmener dans sa chute. La frontière est fragile, l'équilibre est précaire...
Reine lutte. Et puis un jour pour embellir la vie de ses petits, elle décide de redonner vie au jardin et de le débarrasser de ses encombrants. Et là, elle retrouve une mobylette bleue. Une mobylette qui va enfin pouvoir changer sa vie...

J'aime l'écriture de Jean-Luc Seigle. J'aime ses histoires et ses personnages. Il y a toujours tant d'humanité en elles et eux. Tant de vérité, d'amour et de détresse aussi. Des petits morceaux de vie qui disent tout des émotions et des sentiments qui traversent ces héros du quotidien.

C'est une très belle peinture que l'auteur fait de Reine, femme inadaptée au système économique actuel. Une femme ensevelie sous les procédures et les papiers administratifs qu'elle ne prend même pas la peine de lire. Une femme qui aurait pu vivre ses rêves comme elle coud si bien sa vie, à travers les petits tableaux de couture (ses tissanderies) qu'elle réalise à la perfection. Une femme extravagante soutenue par la mémoire de ses ancêtres, une génération de femmes disparues qui content et la rattachent à son histoire, son passé.

Oui j'ai beaucoup aimé l'univers de Reine et les mots inventés par l'auteur pour créer son personnage et le définir. La poésie y trouve sa place.
C'est encore un très beau roman de Jean-Luc Seigle que je partage ici, après « Je vous écris dans le noir » et « En vieillissant les hommes pleurent », et qui me fait prendre bien conscience de la disparition d'un grand écrivain.
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