Pauline DUBUISSON est le personnage principal de ce roman, mais fut également une personne réelle à l'histoire de vie complexe.
Pauline DUBUISSON est née en 1927, dans une famille bourgeoise. Sa scolarité se stoppe vers 14 ans lorsqu'elle est aperçue en compagnie de soldats allemands. Son père la sollicite alors pour fréquenter les allemands afin d'améliorer leur condition. Elle sera, pour ces raisons, humiliée (tondue, tatouée de croix gammées, violée) sur la place publique après la Libération.
Se destinant à une carrière médicale, Pauline DUBUISSON entame des études de médecine. Elle tue par balles son ancien petit ami, camarade de promo, par balles en 1951. Elle est alors jugée et condamnée à perpétuité et sera incarcérée 6 années. A l'annonce de ce crime, son père se suicide.
Tentant de se reconstruire après sa sortie de prison, avec le soutien de sa mère, Pauline reprend des études de médecine. Elle fuira la France pour se réfugier au Maroc lorsque le film La Vérité sortira, inspiré de son crime passionnel et de son histoire.
A nouveau contrainte de recommencer sa vie, au Maroc, elle rencontre un homme dont elle tombe amoureuse, qui la demande en mariage. Par souci d'honnêteté envers son futur mari, Pauline lui raconte son histoire, ce qui aboutit au refus de cet homme de l'épouser.
Pauline DUBUISSON s'est suicidée dans sa maison du Maroc en 1963. Des carnets dans lesquels elle avait raconté son histoire ont été retrouvés dans sa demeure. C'est le contenu de ceux-ci que Jean-Pierre SEIGLE a imaginé et qui constituent donc ce roman.
Il a composé la partie manquante de la vie de Pauline DUBUISSON, entre les éléments qui ont défrayé la chronique et son suicide.
Jean-Pierre SEIGLE a donc plongé dans tous les pans qui constituent une histoire et une personne : des faits, du vécu, des ressentis, des relations, de l'histoire, de l'Histoire…
Ce livre est bouleversant de réalisme, ponctué de réflexions et empreint d'une incroyable fluidité et continuité. C'est bien simple : on ne lâche pas le livre, page après page, on pense réellement lire les écrits de Pauline DUBUISSON et non un roman. L'auteur parvient à cette « illusion » par son talent à se mettre à la place de cette femme, faisant des allers-retours dans les sentiments, des passerelles avec des évènements qui se sont produits, comme le déchainement de la presse par exemple.
En 3 mots, ce livre est magnifique, éprouvant, émouvant.
Il parle également, en filigrane, de l'amour filial et de l'amour adulte, des relations d'amour qui lient les êtres entre eux, et causent tant de soutien et de complications dans une vie.
Il aborde le besoin de relation, d'amour et d'humanité pour exister, l'importance de la transmission dans une famille : de ses impacts, de ses valeurs et aussi de ses dégâts.
Jean-Luc SEIGLE parvient avec brio à faire parler une femme, à faire témoigner une femme. Son écriture est familière mais fine, il se permet de décrire des scènes sordides tout en respect et en délicatesse, des choses obscènes sans vulgarité aucune.
Tout ceci donne très envie de s'attaquer aux autre livres de cet auteur !!