Ce vingt-troisième album des aventures de Blake et Mortimer est typique de ce que doit ressentir un lecteur non averti de la série. Je m'explique. Normalement, les albums d'une série se suivent. Or, depuis le décès d'
Edgar P. Jacobs, les différentes équipes de scénaristes se baladent dans la chronologie, se permettant des retours en arrière. Ainsi, le tome précédent était une suite directe de "La marque jaune", un tome 6 bis en quelque sorte. de même, dans cet album intitulé "Le bâton de
Plutarque",
Yves Sente et
André Juillard ont fait plus fort : ils ont créé un prologue au premier tome de la série, un tome 0 !
Pour rappel, au début du tome 1, "Le secret de l'Espadon", nous sommes en 1947 en pleine Troisième guerre mondiale au cours de laquelle les Alliés occidentaux, tout juste vainqueurs des forces de l'Axe, affrontent les armées Jaunes de l'empereur tibétain Basam Damdu.
Dans "Le bâton de
Plutarque", nous sommes au printemps 1944, durant la Seconde guerre mondiale, et les forces alliées préparent le débarquement en Normandie. Pour ce faire, ils doivent faire croire aux forces de l'Axe que l'opération aura lieu sur une côte méditerranéenne. C'est là qu'interviennent nos deux héros.
Francis Blake ne fait pas encore parti des services secrets et n'est que le meilleur pilote de la RAF, capable de prendre en main tout type de prototype volant. Philip Mortimer, lui, est un ingénieur travaillant dans les différentes bases secrètes britanniques, à l'élaboration du célèbre Espadon mais aussi aux leurres chargés d'attirer les forces de l'Axe dans la Méditerranée. Ils vont devoir faire équipe ensemble pour mener à bien leur mission, indispensable à la réussite de l'opération Overlord.
Comme c'est un peu l'album 0, nous assistons à des premières comme les retrouvailles entre les deux protagonistes une bonne vingtaine d'années après leur rencontre quand ils étaient jeunes hommes, l'apparition du super-méchant de colonel Olrik dans leurs vies, ou celle de leur logeuse londonienne Mrs Benson.
Le duo Sente-Juillard ayant déjà commis quelques-uns des meilleurs albums de l'après-Jacobs, je n'avais aucune crainte au sujet de la qualité de celui-ci, même s'il faut bien l'avouer que le suspense et l'action sont un peu mous. Un bon tiers de l'ouvrage est occupé par la présentation de
Francis Blake. Ensuite, la partie espionnage à Bletchley Park qui permet d'introduire la présence d'un traître dans l'équipe n'aura troublé que les plus novices des lecteurs car les plus aguerris auront tout de suite découvert son identité.
Malgré ces défauts, c'est à un bon album des aventures de Blake et Mortimer que nous avons droit, peut-être parce qu'il ne contient pas d'élucubrations pseudo-scientifiques comme certains.