Citations sur Dernières nouvelles du sud (45)
« Un jour mourait en Patagonie mais, à l’aube suivante, une vieille dame de quatre-vingt-quinze ans, qui avait fêté son anniversaire avec deux hommes des grands chemins, garderait la merveilleuse habitude de vivre. »
Ni mon socio ni moi n'appartenons à la corporation des chercheurs de lumière et de paix intérieure. D'un agnosticisme salutaire ,nous savons qu'on trouve la paix intérieure en faisant ce qu'on doit faire au moment voulu et qu'on découvre la lumière en ouvrant grand les yeux,mais nous nous sentions bien,là,près de la vieille dame ,à siroter notre maté en nous laissant hypnotiser par le langage du feu.
Vous connaissez les bêtes enfermées dans l'enclos ? Ce sont des génisses et bientôt, elles deviendront des vaches. Certains les trouvent laides mais il faut savoir les regarder. A l'intérieur, elles sont pleines de biftecks, de filets, de ris, de lait, de fromage et, à l'extérieur, elles sont couvertes de chaussures, de ceintures, de blousons et même de porte-clés, nous a-t-il-dit en nous tendant la main.
« La steppe patagone invite les humains au silence car la voix puissante du vent raconte toujours d’où il vient et, chargé d’odeurs, dit tout ce qu’il a vu. »
Avec ou sans nuages, le ciel patagon semble toujours bas, il cesse d'être l'immense voûte céleste des autres latitudes et écrase le voyageur.
Au cours d'un précédent voyage, alors que je chevauchais aux alentours de Rio Mayo, j'ai croisé un gaucho venant en sens inverse. A vrai dire, on ne peut pas parler de rencontre car le cavalier dormait, mais les chevaux se sont arrêtés face à face pour nous rappeler les coutumes humaines.
- Comment ça va l'ami?
- Bien et vous?
- Comme vous voyez, entre le ciel et la terre, m'a-t-il dit avant d'éperonner son cheval.
Effectivement, dans la steppe patagone, on est entre ciel et terre. Ajouté à l'uniformité de la plaine cela permet de tout voir, objet ou détail, aussi loin soit-il et tout prend un caractère inédit, extraordinaire.
Les premiers habitants de la Patagonie utilisèrent la "quila" pour soutenir les peaux de guanaco de leurs tentes, les "rucas", mais aussi pour fabriquer les lances qui freinèrent l'avance de nombreux régiments de cavalerie pendant la Conquête. Plus tard, en 1880, quand on commença à coloniser le grand territoire austral et que la presse britannique fit remarquer non pas la fragile beauté de ce monde mais son potentiel économique qui induisait la « triste nécessité d'anéantir les barbares », les lances de "quila" ajoutées au flèches et aux "boleadoras" affrontèrent de nouveau les envahisseurs, mais, cette fois, elles furent vaincues par le plomb et les arguties juridiques des usurpateurs avides de terres qu'ils n'aimeraient jamais, de richesses qui engraisseraient les banquiers d'Europe et d'un prestige que l'histoire n'a pas encore commencé à juger.
N. B. "Boleadoras" = lanceurs de boules
... en organisant la vie pour que vivre soit un peu plus qu'un verbe.
(...) il a ouvert les yeux et m'a salué :
- Comment ça va l'ami ?
- Bien et vous ?
- Comme vous le voyez, entre le ciel et la terre, m'a-t-il dit avant d'éperonner son cheval.
(...)
- Vous allez dans quelle direction ?
- Droit devant, comme presque tout le monde
Ni mon socio ni moi n’appartenons à la corporation des chercheurs de lumière et de paix intérieure. D’un agnosticisme salutaire, nous savons qu’on trouve la paix intérieure en faisant ce qu’on doit faire au moment voulu et qu’on découvre la lumière en ouvrant grand les yeux…
Les mains de dona Délia racontaient mille histoires en faisant tourner sa quenouille. Presque un siècle de vie passé à accomplir la tâche simple mais nécessaire de protéger les corps. Le pire siècle de l'humanité n'avait pas touché ses mains ni la saine habitude d'être utile sans le savoir.